Ta-152H
Vous auriez le même en
plus grand ?
Présentation : Laurent
Schmitz
Dans l’article
sur l’impression 3D, je vous faisais part de mes expériences
avec le Ta-152 de 3DLabPrint. Cet avion me plaît beaucoup, dommage
que le modèle ne soit pas plus grand, 1,60 m par exemple. J’aurais
préféré aussi une version à train rentrant
et avec la dérive fonctionnelle… Et après tout,
pourquoi pas ? Puisque j’ai acheté les fichiers stl, ça
doit bien être possible.
Caractéristiques techniques
Envergure : 161 cm
Longueur : 119 cm
Masse : 1990 g décoré, sans accu
Accu : Li-Po 4S, 3300 mAh (360 g)
Moteur : brushless à cage tournante
Surface alaire : 36,2 dm²
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Le Ta-152H n’a pas la même "présence"
qu’un P-47 ou un Tempest de 160 cm mais c’est quand
même déjà un beau modèle. |
Le fabriquant a beau dire que changer la taille donnera des résultats
inutilisables, je ne vois vraiment pas pourquoi. Mathématiquement,
ça doit marcher. J’ai donc essayé d’imprimer
quelques pièces à 130% d’agrandissement dans Cura.
Même sans modifier les autres réglages, je n’ai pas
constaté de souci particulier. L’épaisseur des parois
reste inchangée mais ça ne pose pas de problème,
c’est encore assez épais. On pourrait aller au-delà
de 130%, mais il faudrait alors augmenter l’épaisseur des
"murs" dans le programme, ou renforcer physiquement les pièces,
en ajoutant des couples et des nervures à l’intérieur
ou en fibrant l’extérieur, par exemple.
130% ne semblent pas beaucoup mais l’avion est quand même
bien plus grand. En fait, la surface évolue selon le carré
des dimensions et le volume selon le cube. Donc le modèle "XL"
possède 1,7 fois plus de surface et 2,2 fois plus de volume.
La masse finale s’établit à 2300 g contre 960 g
pour le petit mais avec l’ajout d’un train rentrant et de
la dérive fonctionnelle. Toutes les pièces passent toujours
sur une imprimante standard, comme ma Creality 3D S1 (220x220x270).
Seule la partie centrale de l’aile dépasse. Je l’ai
donc importée dans le logiciel Blender, puis je l’ai découpée
en deux par la méthode "BooleanDifference", en soustrayant
un simple cube. Blender crée une "face" sur la coupure.
Celle-ci est positionnée de façon à faciliter l’assemblage
car les deux surfaces se collent l’une sur l’autre. La double
paroi obtenue sert en outre de longeron, à défaut de vraie
clef d’ailes. Pour vous faciliter la vie, j’ai joint les
deux fichiers stl issus de cette opération, il ne vous reste
qu’à les imprimer. Pour obtenir la pièce de droite,
utilisez la fonction "miroir" de votre "slicer".
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La partie centrale de l’aile est coupée
en deux avec le logiciel Blender sinon elle dépasse des limites
de l’imprimante 3D. |
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Clic droit puis "enregistrer sous..."
sur chacune des images ci-dessus pour télécharger
le fichier STL de la partie centrale de l'aile scindée en
2. |
Pour un modèle de cette taille, le filament ultraléger
"LW" ou "PolyLight" ne convient pas, d’autant
que j’ai opté pour les ailes de grand allongement de la
version Ta152H (160 cm pour cette "taille XL"). J’ai
donc employé du PLA "aviation" de type PolyAir, vendu
à un prix démocratique par 3DLabPrint. Ce matériau
est plus solide que du PLA ordinaire tout en s’imprimant toujours
très facilement. Seule la partie du fuselage avec la verrière
est en PETG transparent, pour un "look" plus authentique,
même si on ne voit pas grand-chose à travers. Comme je
l’avais fait pour le petit modèle, j’ai renforcé
le fuselage en y glissant des "planchers" en Dépron
de 6 mm. Cela permet de manipuler l’avion sans risque de
l’écraser, au prix d’une cinquantaine de grammes
supplémentaires.
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J’ai renforcé le fuselage avec des "planchers"
en Dépron 6mm, exactement comme je l’avais fait pour
le petit modèle sur cette photo. |
Avec ce facteur d’agrandissement, les emplacements des servos
conviennent à des "minis" d’une vingtaine
de grammes. Les supports livrés d’origine doivent juste
être agrandis à la bonne taille pour ce type de servo.
Il faudra peut-être faire quelques essais pour trouver la bonne
échelle. L’installation du moteur reste inchangée,
à ceci près que j’ai ajouté ± un degré
d’anticouple. Cette correction évite à l’avion
de partir à gauche au lancement ou quand on remet brutalement
les watts. Il suffit d’ajouter une rondelle sous la croix du moteur
pour incliner ce dernier légèrement vers la droite. Du
coup, le cône d’hélice n’est plus centré.
Il faut donc décaler la croix sur la gauche du modèle,
ce qui ne pose pas de souci particulier. Il y a largement assez de place
mais bien entendu il faut forer de nouveaux trous à côté
de ceux d’origine, prévus pour un montage "tout
droit".
En plus de l’anticouple, j’avais ajouté un degré
de piqueur au moteur, mais au final ce n’est pas nécessaire,
l’avion n’ayant pas vraiment tendance à grimper.
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L’installation du train rentrant demande en revanche
un peude chirurgie lourde. Le train dont je disposais, prévu
pour un modèle un peu plus grand, est plus haut que l’épaisseur
de l’aile, ce que j’ai bien entendu découvert
après avoir tout imprimé… Il est donc simplement
vissé par-dessus l’aile, au lieu d’être
encastré. C’est moins joli mais bien plus simple. J’ai
dessiné dans Blender un puits de train à insérer
dans l’aile (vous pouvez télécharger le fichier
stl). |
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Les trains rentrants ne sont pas encastrés
mais vissés sur la surface de l’aile renforcée
à la fibre de carbone. En vol, ça ne se remarque pas
trop. |
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Clic droit puis "enregistrer sous..." pour
télécharger le fichier STL du puits de roue. |
Il m’a servi de gabarit pour découper l’intrados
et retirer la "peau" de la voilure. Il a encore fallu retirer
toute la structure interne pour pouvoir pousser le puits contre l’extrados.
Après séchage de la colle PU, tout ce qui dépasse
est alors arasé. Comme le modèle n’est pas conçu
pour un train rentrant, j’ai posé des coupons de carbone
imprégnés à la colle époxy pour renforcer
l’aile et pouvoir y visser le train. J’avais quelques doutes
mais le résultat est finalement très solide. Détail
important : pour pouvoir passer les câbles et aussi pour plus
de facilité, il vaut mieux réaliser cette opération
avant de coller les deux ailes, et même avant de coller les extrémités
au-delà des servos d’ailerons. Enfin, pour habiller les
jambes du train j’ai imprimé deux carénages trouvés
sur Thingiverse. Ils sont prévus pour un Me109 mais bon, de loin,
ça fait l’affaire…
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Position des servos d’ailerons au neutre pour
créer 50% de différentiel mécaniquement, sans
diminuer la précision en bidouillant dans la radio. |
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La dérive reste démontable en retirant
son axe en tige de carbone. Notez aussi la commande de roulette,
très simple mais efficace. |
La découpe de la dérive est un autre grand moment de
charcuterie fine. Ici, pas d’autre choix que de reconstruire un
bord d’attaque pour le volet du gouvernail de direction, ce que
j’ai fait avec du balsa. L’opération est fastidieuse
mais pas particulièrement difficile pour un modéliste
habitué aux kits en bois. La partie fixe est renforcée
à l’intérieur. On peut se permettre quelques grammes
à ce niveau car avec son grand nez, l’avion sera facile
à centrer. La charnière est constituée d’un
bout de tige en carbone, le volet reste donc amovible. Le servo est
implanté dans le flanc droit. Il commande aussi la roulette via
une simple tige en "L".
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La place ne manque pas pour l’accu (4S 3300
mAh). |
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Comme sur le petit, une turbine fixée derrière
le cône assure un excellent refroidissement tout en participant
à la traction. |
Après une belle peinture à l’aérographe
"façon été 1945", l’appareil a
fière allure sur notre "piste
en mou". Le vent modéré est bien dans l’axe
et je pousse progressivement les watts en donnant un peu de "pied"
à droite à la dérive. Après une vingtaine
de mètres le Ta-152 est dans son élément.
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Le Ta152 "XL" vole mieux
que son petit frère, c’est un régal aux manches
et pour les yeux. |
Sans surprise, l’avion vole mieux que son petit frère.
Il est plus précis et se voit forcément mieux. Cela dit,
il n’a pas la présence d’un P-47 ou d’un Tempest
de la même envergure. Avec sa taille de guêpe et ses fines
ailes, on n’a pas l’impression de voir un modèle
de 160 cm. Je ramène l’avion vers la piste et rentre le
train. Le retard programmé sur une des jambes donne un effet
réaliste et bien visible. L’avion ne change pas d’assiette
mais accélère un peu.
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J’ai programmé un retard sur une des
jambes du train, ce qui donne un effet réaliste et bien visible. |
C’est parti pour les figures habituelles : renversement, Immelmann,
looping... La structure est assez solide pour passer la voltige classique
d’un "warbird". À cause des longues ailes, le
tonneau passe lentement, même manche à fond, d’autant
que j’ai monté les tringles des servos pour avoir deux
fois plus de débattement vers le haut que vers le bas. Avec ce
différentiel la trajectoire est rectiligne, quasi sans lacet
inverse.
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L’avion ne barrique pas trop,
malgré le dièdre prononcé. La dérive
est moyennement efficace mais suffit pour de beaux passages "à
l’anglaise", légèrement en crabe.
L’avion est très agréable à piloter
et ne présente aucune tendance vicieuse. En guise de décrochage,
il se dandine d’une aile sur l’autre mais sans partir
en vrille.
Il n’a pas de volets d’atterrissage mais l’approche
se fait à allure modérée grâce à
la faible charge alaire.
Curieusement, j’ai l’impression qu’il allonge
moins que le petit. Il est vrai que ce dernier se pose sur le
ventre et subit donc au maximum l’effet de sol.
Enfin, comme tout Warbird du même type, le Ta-152 a tendance
à passer sur le nez si l’herbe est un peu haute car
le train d’atterrissage est assez proche du centre de gravité.
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C’est ce qu’on appelle un "revêtement
travaillant", exactement comme le vrai ! Rassurez-vous, la
structure est assez solide pour passer la voltige classique d’un
"warbird". |
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Le Ta-152H en approche exhibe les ailes démesurées
de ce chasseur ultra-performant. |
En conclusion, l’exercice prouve qu’il est possible de
changer l’échelle d’un modèle 3D, ce qui ouvre
des perspectives intéressantes. En effet, qui n’a jamais
eu envie d’avoir une version plus grande ou plus petite d’un
kit ? Aujourd’hui on peut décider soi-même en fonction
de ses envies, de la motorisation qu’on possède déjà…
ou de la taille de sa voiture !
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org
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La verrière en PETG "transparent"
ne l’est pas vraiment mais c’est mieux qu’une
simple peinture. |