Alors que le Covid s’estompait enfin,
une idée a germé sur le groupe Facebook de mon club. Tout
a commencé par cette question anodine : "Vous avez vu les
petits jets de Freewing
sur le site MotionRC
?". Il n’en fallait pas plus pour qu’une mini-escadrille
se forme…
Aujourd’hui, nous alignons sur la piste du club quatre modèles
de jets militaires différents : MiG-15, F9F Panther, F-8 Crusader
et F-22 Raptor. Voilà qui nous permet de réaliser un petit
test comparatif. En plus de ces 4 avions légendaires, Freewing
produit encore un F-86 Sabre, un F-105 Thunderchief et une aile Lippisch
P.15 avec la même propulsion, mais ces modèles n’ont
pas trouvé acquéreur parmi nos pilotes. Un avion de "sport"
est aussi disponible dans la même série : le Stinger.
Les appareils de notre
escadrille : lequel préférez-vous ?
Tous ces appareils ont en commun la propulsion basée sur une
turbine de 64 mm à cinq pales. Un accu Li-Po 3 éléments
apporte l’énergie nécessaire à un moteur
à cage tournante de type 2627/4500KV.
Les avions sont livrés entièrement équipés.
Il ne reste qu’à les assembler pour voler. Ils sont peints
d’origine et comportent de nombreux détails "maquette" moulés dans une mousse de type EPO à la finition
convaincante. Le prix des modèles varie de 119 € pour
le MiG-15 et le Panther, à 169 € pour le F-22, plus
volumineux et un peu mieux fini. Tous sont très "maquette"
; c’est-à-dire que les proportions de l’original
sont relativement bien respectées. C’est joli mais ça
ne simplifie pas le pilotage.
Tout y est !
A l’ouverture de la boîte, on s’inquiète
d’abord de la taille vraiment réduite de l’appareil.
Les ailes du Panther par exemple, sont bien plus petites que la dérive
sur la plupart de mes autres avions… Elles tiennent dans la main
! Cela dit, c’est "de la belle ouvrage". Tout se trouve
dans la boîte, il ne manque que le mini-récepteur (à
partir de 3 voies) et l’accu. Pas besoin de se creuser les méninges,
le montage et les accessoires préconisés conviennent parfaitement.
En un minimum de temps, l’appareil est terminé et ne demande
qu’à décoller. Attention tout de même au centrage,
qui n’est pas toujours facile à obtenir sans plomb.
Contenu de la boîte : tout y est, parfaitement
protégé et de belle facture.
Les accessoires sont de qualité.
Pilote d'essai
En tant que "pilote d’essai" du club, j’ai eu
l’occasion de mettre en l’air les quatre avions. Je peux
donc aisément comparer leurs caractéristiques de vol.
La bonne nouvelle, c’est que tous volent correctement. Notamment,
la propulsion retenue par Freewing est suffisante et on n’a jamais
l’impression de piloter un appareil poussif. Cela dit, ces modèles
ne conviennent absolument pas pour débuter car ils sont petits,
rapides et vifs. On s’éloigne vite et sous certains angles
on voit très mal dans quelle attitude se trouve l’avion.
Je recommanderais donc ce type de modèle à un pilote qui
maitrise la voltige de base avec une aile basse et surtout, qui utilise
le manche des watts autrement qu’en "tout ou rien".
En effet, c’est "plein pot" que ces avions volent le
moins bien. Garder le manche à fond pendant tout le vol va d’une
part réduire fortement l’autonomie et d’autre part,
rendre le vol difficile. Les virages vont être trop amples, les
lignes droites trop brèves, l’avion sera vite trop loin
et les commandes trop vives. Sans parler du réalisme et du bruit…
Donc à part pour le décollage et les évolutions
verticales, je vous invite à réduire les watts. Les quatre
modèles volent très bien et la pleine puissance n’est
absolument pas nécessaire en palier.
Quant au décrochage, il est inexistant avec les débattements
préconisés par le fabriquant. Lever le nez freine franchement
l’engin et dès que la vitesse baisse, il perd de l’altitude.
Manche au ventre et gaz à zéro, les jets s’enfoncent
bien à plat, sans tendance à partir en vrille.
Autre caractéristique commune aux quatre avions : ils s’écroulent
en virage. Comme ils sont pilotés en deux axes (voir même
en "un axe et demi" pour le Crusader, comme on le verra plus
loin), le seul moyen de virer est d’incliner l’avion et
de tirer sur la profondeur pour "enrouler" le virage. Mais
comme pour beaucoup de jets, surtout à ailes en flèche
ou en delta, le facteur de charge lors de cette manœuvre freine
énormément l’appareil, qui tombe alors dans le sens
du virage. Pour maintenir son altitude, le pilote tire alors un peu
plus la profondeur, ce qui accroit le phénomène. Si on
n’est pas prudent, le virage bas peut se terminer en crash sur
la tranche... Si vous avez toujours piloté des "trainers"
légers, ça peut surprendre ! La bonne façon de
virer avec un de ces jets est de suivre une trajectoire ample, comme
les "vrais". Inclinez modérément l’avion
(pas plus que 45°), tirez la profondeur dès le début,
comme pour un virage en montée, et ajoutez un peu de puissance.
Plus l’avion sera rapide au début du virage et plus grand
sera le rayon. Virer court, pour arriver en finale par exemple, demande
une vitesse de départ modérée et engendre une perte
d’altitude qu’il faut anticiper. Rassurez-vous, on s’y
fait vite et c’est très formateur en vue de passer plus
tard à un jet plus conséquent.
Côté pilotage, les petits jets de Freewing se comportent
comme des grands et procurent les mêmes sensations. De ce fait,
ils peuvent aussi voler quand il y a un peu de vent, même s’ils
sont bien secoués dans les turbulences. L’impression visuelle
est alors moins agréable mais ça reste tout à fait
pilotable. Enfin, Freewing a eu la bonne idée de concevoir ces
modèles sans stabilisateur électronique. Ils volent très
bien sans ce gadget, ce qui n’est pas le cas pour tous les kits
de cette taille.
Catapulte
Le lancement est possible, mais pas évident.
Le vrai décollait
aussi à la catapulte !
Il est possible de lancer ces jets à bout
de bras, mais ça demande tout de même un lanceur
habitué et costaud. En effet, les turbines électriques
demandent un minimum de vitesse initiale pour "mordre"
dans l’air et emmener le modèle dans son élément.
Une bonne impulsion est donc nécessaire. Le F-22 est muni
de roues et peut décoller d’une piste en dur bien
plane mais l’aspect en vol en prend un coup ; c’est
bien plus joli sans le train. En plus, ça freine et ça
consomme moins. C’est moins fragile aussi, surtout à
l’atterrissage. En fait, l’idéal est d’employer
une catapulte. Voyez l’article à ce sujet sur
cette page.
Vidéo de la catapulte
compacte et très efficace pour modèles jusqu'à
1 kg.
MiG-15
La déco n’est pas d’origine
: j’ai repeint l’avion à l’acrylique
Tamiya selon un camouflage nord-coréen. La boîte
propose une livrée argentée aux cocardes russes.
L’ouverture découpée
dans le fuselage alimente la turbine en air frais.
Ce modèle a fière allure dans
sa finition "métal", ses deux gros bidons (qui
font office de patins d’atterrissage) et son entrée
d’air béante. Malheureusement, la verrière
est opaque et peinte en noir, mais ça ne se remarque
pas trop en vol. Pour différencier mon avion des autres
MiG-15, je l’ai repeint aux couleurs nord-coréennes.
La peinture acrylique Tamiya accroche parfaitement sur la matière,
aucun souci de ce côté. Mes cocardes sont tirées
sur un film autocollant à l’imprimante laser. Le
choix de décorations possibles est énorme.
Ben oui, c’est
tout petit mais ça vole comme un grand !
Ce modèle vole bien, mais j’ai
quand même pratiqué une ouverture triangulaire
dans le bas du fuselage pour mieux alimenter la turbine car
l’entrée d’air est un peu petite. Le gain
en poussée est sensible et la modification reste assez
discrète. Ainsi modifié, le MiG "grimpe aux
arbres". Des loopings énormes sont possibles et
le décollage à la catapulte ne pose vraiment aucun
souci. Il faut juste faire un peu attention en virage car l’aile
en forte flèche lui donne un vrai comportement de "jet".
Il faut donc le soutenir pour éviter une perte d’altitude,
comme expliqué plus haut.
Les passages mi-gaz au raz de la piste sont magnifiques, on
peut placer l’avion très précisément
là où on veut. Attention quand l’engin est
loin et en contre-jour car il est alors difficile d’estimer
son attitude.
Si on réduit les watts, le MiG vole
avec peu de puissance mais le lacet inverse se fait sentir ;
on se prend à actionner une dérive inexistante.
J’ai donc ajouté 50% de différentiel sur
mon modèle (2x plus de débattement aux ailerons
vers le haut que vers le bas). L’atterrissage sur l’herbe
est quant à lui une formalité, on peut fortement
le ralentir.
Avec l’accu 1600 mAh "Admiral" recommandé
par MotionRC, on peut le centrer sans plomb. Un Li-Po plus lourd
poserait problème pour le centrage. Il faudrait du plomb
à l’arrière et les performances de l’appareil
diminueraient. J’ai programmé un chrono de 4'30''
de façon à conserver une réserve d'une
minute en cas d'atterrissage manqué.
F-9F Panther
Comme j’étais très content
de mon petit MiG-15, j’ai rapidement commandé le
F-9F Panther. Bonne nouvelle, le kit est d’encore meilleure
facture que celui du MiG, avec des pièces très belles
et une verrière transparente mais hélas pas de pilote.
La déco est superbe et se voit très bien en vol.
Le centrage s’obtient sans plomb avec un Li-Po 1600 mAh
glissé loin dans l’ouverture du nez. Notez qu’un
accu plus grand ne passerait pas sans agrandir le trou, mais ce
n’est absolument pas nécessaire.
La géométrie plus classique de l’avion,
avec des ailes droites, fait du Panther le jet le plus
agréable à faire voler des quatre. Il se
comporte très sainement et se pilote sans surprises,
avec un domaine de vol étendu. Il est en outre
possible de voler en palier avec un filet de watts. Plein
pot, ça "déménage" et
toutes les figures classiques sont possibles, jusqu’aux
loopings énormes. A noter que je n’ai pas
agrandi la prise d’air sur ce modèle. Outre
les petites entrées dans le bord d’attaque,
la turbine est alimentée par une trappe ventrale
avec des ouvertures en "persiennes".
Le résultat est convaincant et surtout le bruit
est très agréable : c’est celui qui
ressemble le plus à un réacteur.
Cependant, cette solution semble moins efficace que celle
du MiG car on perd un peu d’autonomie au passage,
avec un chrono à 4 minutes. Lors du décollage
à la catapulte, l’avion part bien droit et
en virage il a moins tendance à s’enfoncer
que le MiG ou le Crusader.
Le lacet inverse gâche un peu les trajectoires,
il vaut donc mieux mettre 50% de différentiel aux ailerons,
comme pour le MiG. Le retour au sol est facile sur la piste en
herbe.
Tant pour sa facilité de pilotage, son budget raisonnable
que ses performances, le Panther est une belle réussite,
à consommer sans modération !
F-22 Raptor
Ce modèle
est beaucoup plus grand que les autres, avec quasi un mètre
de long, à comparer avec le MiG-15 qui a la même
envergure mais ne fait que 70 cm de long. Le volume du Raptor
est aussi plus important, ce qui accentue encore l’impression
"massive" de l’appareil. Sur la balance
aussi, le F-22 est 30% plus lourd (sans accu) que le reste
de l’escadrille. Pour le centrer sans plomb, il faut
un Li-Po 2,200 mAh, ce qui n’arrange rien.
Et par-dessus le marché, il a un train d’atterrissage.
C’est d’ailleurs la fixation de la roulette
avant (directionnelle) qui empêche de mettre un accu
plus léger mais plus en avant.
A part ça, il est très bien
fini, avec notamment un pilote et quelques détails
sous la belle verrière.
Le F-22 peut se taxier aisément, grâce
au train avant orientable.
Pour décoller, il faut une piste en dur,
bien plane. Le lancer est peut-être possible, mais nous
n’avons pas essayé car le fuselage n’offre
aucune prise. Direction notre "piste
en mou" de 4x40 m où l’appareil est taxié
bien dans l’axe face au vent très faible. Eh oui,
ce petit F-22 se dirige très bien au sol malgré
ses petites roues. Mise des watts progressive, la tenue d’axe
est facile mais l’avion efface une bonne partie du tarmac
avant de s’élever.
Après le décollage,
un coup de Photoshop pour "rentrer" le train et
il a tout de suite meilleure allure.
Très vite, l’impression en vol confirme
qu’il est moins surmotorisé que les autres jets.
Malgré un manche des watts fort avancé, la vitesse
de vol est plus faible et surtout les évolutions dans le
plan vertical sont moins convaincantes. Le looping ne passe pas,
ou alors après un fort piqué d’accélération.
Par ailleurs, l’avion est moins chargé que les autres
grâce à sa surface alaire confortable mais du coup
on a l’impression qu’il ne restitue pas lors des mises
en montée. Les tonneaux sont rapides et comme les autres
"jets", le décrochage est remplacé par
une descente aux grands angles. L’avion vole bien et est
assez précis, il n'a juste pas la même "pêche" que ses petits camarades. C’est surtout la comparaison
qui donne cette impression. En soi, l’avion est correctement
motorisé. A basse vitesse, il a une légère
tendance à frétiller mais il ne s’effondre
pas autant que les autres en virage. L’atterrissage sur
notre grande piste en herbe ne pose vraiment aucun souci.
Après trois minutes, l’accu est
vide et très chaud, ce qui confirme que le Raptor nécessite
beaucoup de puissance. Le train fixe le freine en vol et la géométrie
des deux sorties de turbine carrées finit de handicaper
une propulsion fort sollicitée. Je pense que le proprio
du F-22 va très vite démonter le train et installer
un crochet, ce qui devrait rendre au Raptor un peu de mordant.
Notez qu’il existe une version à douze pales de la
turbine de 64 mm. Elle nécessite un contrôleur
50A pour voler en 3S. Ce serait peut-être une solution,
à condition de ne pas trop souvent voler plein pot car
50A me semblent énorme pour ce petit moteur.
F-8 Crusader
Le F-8 se commande en "une voie et demie" : les ailerons et la profondeur sont actionnés
par le même servo.
Quelle gueule ! Avec ses petites ailes en flèche,
son fuselage interminable, son radome pointu et son entrée
d’air béante, le Crusader en impose. Sa déco
magnifique et sa verrière transparente ajoutent encore
à la présence du modèle. La petite turbine
bénéficie d’origine de deux entrées
d’air latérales que nous avons complétées
d’une troisième sous le ventre. De cette façon,
aucun risque que la propulsion étouffe. Côté
commandes, une surprise nous attend. Comme le F-105 Thunderchief
de la même marque, le Crusader se commande en "une
voie et demie". C’est-à-dire que les servos
actionnent simultanément les ailerons et la profondeur,
avec un mixage "delta". C’est nécessaire
car même à plein débattement, la profondeur
ne permet pas un contrôle positif en tangage. J’appelle
cette solution "une voie et demie" car tant qu’on
actionne les commandes séparément, il n’y
a aucun souci mais si on braque en même temps les ailerons
et la profondeur, le débattement de chacun est réduit,
ce qui conduit à une perte d’efficacité.
C’est donc avec un peu d’appréhension
que je fais signe au proprio de l’appareil de le lancer,
ce qui ne pose aucun problème vu que l’aile haute
autorise une bonne prise en main du fuselage. Le voilà
accroché à la turbine, dans une attitude nez haut
oscillante comme la tête d’un cobra. Tombera, tombera
pas ? Péniblement, l’avion prend sa vitesse et une
altitude suffisante pour virer. Là, que dire : ce n’est
plus un avion mais une perceuse ! Le taux de roulis est monstrueux
et il faut à peine toucher aux ailerons pour incliner l’appareil.
Ce n’est pas pour autant qu’il tourne : il faut en
plus soutenir à mort à la profondeur sinon c’est
la chute garantie. Entre-temps le Crusader file à belle
allure, rappelant qu’il était presque deux fois supersonique
dès les années '60. Alors c’est vrai qu’il
n’est pas facile à piloter, ni très stable,
mais quelle allure !
Après avoir réduit les watts l’avion se calme
un peu sans toutefois donner l’impression de voler lentement.
Les passages au niveau des yeux sont superbes. Sa présence
en vol le rend visuellement bien plus grand, malgré une
envergure de seulement 55 cm. Les évolutions verticales
sont limitées mais on n’a jamais l’impression
d’être sous-motorisé.
Après quatre minutes de vol l’atterrissage se passe
sans souci, nez haut et profondeur à fond à cabrer.
Pour les vols suivants l’avion a été muni
d’un crochet pour décoller à la catapulte.
Cela rend la manœuvre moins critique, même si la profondeur
doit être maintenue à cabrer le temps que la turbine
"morde".
Pour centrer l’appareil, il a fallu 20 g de plomb dans la
queue, même en reculant au maximum l’accu 1800 mAh.
Les débattements aux ailerons ont été fortement
réduits alors que ceux à la profondeur ont été
augmentés au maximum. Après quelques vols pour "apprivoiser"
le comportement en vol, le F-8 s’avère être
un appareil spectaculaire en vol et plein de caractère,
un plaisir à voir évoluer.
Lequel choisir ?
Le décollage du F-22 demande
une bonne trentaine de mètres de piste en dur en l’absence
de vent.
Difficile à dire, ils sont tous attachants… Ce sera donc
avant tout une affaire de coup de cœur pour l’un ou l’autre
avion ou décoration. Quoi qu’il en soit, ces modèles
sont bien conçus, assez solides et performants. Malgré
leur petite taille et leur masse limitée, on peut souvent les
faire voler, ils ne sont pas limités aux jours sans vent. Personnellement,
j’avais des réserves concernant cette petite taille. Ma
vue n’est pas fameuse et je préfère généralement
les modèles plus grands. Mais je dois reconnaitre que ces petits
chasseurs me conviennent finalement très bien. Du fait de leur
présence en vol, on n’a pas trop l’impression de
piloter un moustique. J’en ai toujours un dans mon coffre quand
je vais voler. Même tout monté, il ne prend pas de place
entre les ailes de mes gros modèles. Et comme le prix de ces
jets est très raisonnable, pourquoi se priver ?
Dans le coffre de la voiture ou à l’atelier,
ils ne prennent pas de place. Ici, je les ai suspendus par le crochet
de catapultage.