Jetman

Version Depron et hélice

Chers amis modélistes, j’avais été "emballé" par la présentation du Jetman de Laurent, dans le numéro d’avril 2014 de Modèle Magazine.
Toutefois, étant déjà un "vieux modéliste", je savais par expérience que les modèles très sophistiqués, qui ont été longs à construire et à mettre au point, et qui nécessitent une mise en œuvre un peu compliquée… ont tendance à dormir ensuite à la maison, par manque de courage pour les préparatifs de vol, et aussi par crainte de les "planter" !

Ainsi que je l’ai mentionné dans mon article sur la construction de "fuselages en tranches d’extrudé", ayant depuis longtemps un banc de mesure de moteurs, j’avais constaté que les turbines électriques avaient le défaut d’être très gourmandes en ampères et donnaient surtout de la vitesse, mais nettement moins de poussée "statique", et donc de poussée ascensionnelle, qu’une hélice.
Il s’en suit des avions plus chargés par des Li-Po plus lourds, qui deviennent moins performants en vol, avec une vitesse d’atterrissage plus élevée et plus scabreuse, et des risques de décrochage en virage si on ralentit trop. Bref, des avions qui ne sont plus à la portée de pilotes "moyens.
J’ai donc imaginé une version « simplifiée » du Jetman, plus facile à construire, et plus rapide à mettre en œuvre au terrain.

Le cahier des charges était le suivant :

- Construction plus simple de l’aile, en Depron, et en remplaçant le profil biconvexe par un "plan-convexe" où les élevons seraient relevés d’environ 5° au neutre, pour remplacer le profil "autostable" à bord de fuite relevé.

- Remplacement des 2 turbines par un moteur à hélice au-dessus du centre du bord d’attaque, caréné pour simuler une caméra "GoPro".

- Renoncement au parachute de retour au sol et atterrissage sur le ventre… du pilote !

Il m’a fallu imaginer beaucoup de choses, surtout à base d’objets de "récup", selon mon habitude, et mon article sera surtout basé sur une série de photos qui parlent mieux qu’un long discours.

L'aile

Tracer la forme sur du Depron de 6 mm selon le plan et préparer des nervures d’emplanture et de saumon en contreplaqué (bouleau ou peuplier).

Utiliser la méthode de "longerons en éventail", pour remplacer les nervures, qui assure un parfait respect du profil (alors qu’il est très difficile de réaliser des ailes trapézoïdales avec une dégressivité parfaite des nervures) et donne une rigidité accrue à l’aile.

Il suffit de mesurer l’épaisseur du profil tous les 3 cm environ sur la nervure d’emplanture et de reporter l’espacement de façon proportionnée sur la nervure de saumon, selon la règle de trois, de façon à garder un profil identique sur toute l’envergure.



Fabrication de l'aile avec des longerons en éventail qui garantissent le respect du profil tout en offrant de la rigidité et une fable masse.

Pour assurer une rigidité maximale, j’ai incorporé un longeron carbone de 8 mm de diamètre et 75 cm de long sur toute la partie centrale, au niveau du centre de gravité ainsi que des tubes carbone de 4 mm de diamètre en bords d’attaque. Il suffit de se reporter aux photos.

NB : Toute aile ayant l’avant du profil courbé, le Depron doit être préparé par la méthode du rainurage avec un crayon de papier pas trop pointu, en traçant des sillons en éventail également, sur environ 6 cm à partir du bord d’attaque, et en roulant le Depron doucement et en plusieurs fois successives sur un tube ou une barre à rideaux en bois de 5 cm de diamètre.

La même opération devra être effectuée sur la feuille de Depron de recouvrement supérieur, qui sera, cette fois en 4 mm d’épaisseur (c’est suffisant pour la solidité, on économise du poids, et surtout cela se prête mieux pour la courbure plus prononcée de l’extrados).

J’ai réalisé les 2 élevons en "Coroplast" noir, cette matière plastique alvéolée que j’ai récupérée en Grande Surface, qui sert d’intercalaire dans les palettes de boissons. J’ignore de quelle marque il s’agissait mais il faut éviter les variétés trop minces où les bouteilles ont tracé des ronds en creux, pour l’esthétique. L’articulation se fait avec des charnières nylon classiques, qu’on peut "goupiller" avec des épingles, par sécurité.

Les 2 dérives sont réalisées de la même façon.


L’aile concentre toutes les fonctions : profondeur/ailerons par mixage des élevons, et le moteur surélevé au bord d’attaque.

La figurine du Jetman

La silhouette du "Jetman" contiendra seulement le Li-Po et le contrôleur, derrière la tête.
Pour le "fun", j’ai réalisé un montage pivotant de la tête du pilote, actionné par un micro-servo de 4 g sur la voie de direction, restant libre avec le pilotage par élevons.
Ainsi, en faisant des passages, le Jetman tourne la tête vers les spectateurs.


La tête du Jetman est articulée par un servo.

Pour le harnais, j’ai utilisé de la sangle en tissu noir trouvée en mercerie, les boucles rectangulaires ont été découpées dans de la tôle d’offset, les ajourages par perçages en ligne et finition à la lime fine… Les 2 boucles d’épaule sont des anneaux d’ouverture de canette de boisson !


*Le corps est évidé au maximum. Il reçoit des pattes de fixation permettant de l'éloigner de l'aile de quelques centimètres.*


La batterie est placée entre les omoplates du pilote et reste donc accessible.

Ici, une autre modification personnelle : Laurent précisait dans son banc d’essai que le fait d’avoir le pilote accolé à l’aile faisait perdre un surface portante sensible, puisque située justement à la partie la plus large de l’aile. J’ai donc implanté 3 pattes en contreplaqué 3 mm collées à l’époxy dans le corps et 3 groupes de 2 petites équerres en alu, vissées sur 3 carrés de contreplaqué noyés en correspondance dans l’aile, qui viennent prendre en sandwich chaque patte avec des boulons traversants en nylon de 6 mm (1 au niveau des épaules, et 2 au niveau de l’aine) qui laissent un espace de 3 cm entre l’aile et le corps. J’ai rendu cet espacement invisible en collant au dos du pilote 2 cloisons verticales parallèles, en Depron de 6mm, espacées de 8 cm environ, sur toute la corde de l’aile. Elles remplissent ainsi l’espace et, peintes en noir, se confondent avec le noir de l’aile et masquent en même temps le passage des fils d’alimentation du moteur, en vue de profil.

Cette petite entorse à la réalité ne se remarque pas et réduit nettement la charge alaire.

La motorisation

Le moteur choisi est un brushless 35-30 en 1250 kV, avec hélice nylon 9x6 (en pouces) soit 23x15, contrôleur 35 A et Li-Po 3S/ 2450/30C.
Il donnait au banc de mesure 1400 g de traction en attaque à 30 A, et 1300 g en « stabilisé » vers 27 A.

Le moteur est dissimulé dans une carénage façon GoPro

Important : J’avais monté le moteur horizontal au départ mais, au 1er lancer main, le modèle a piqué aussitôt et s’est écrasé, avec des réparations à la clé.
Bien sûr, le moteur surélevé provoque un couple piqueur et il m’a fallu arriver à 17 degrés de cabré, je dis biens 17 degrés très exactement, pour obtenir un vol parfaitement neutre, même en acro.
En fait, comme mes modifications ont considérablement allégé l’ensemble, le Jetman de Laurent qui pesait 2210 g ne pèse plus que 1400 g ici, même avec les faux réacteurs (160 g les 2), la tête maquettisée et le faux harnais du pilote.
Le vol est tonique et acrobatique, et il atterrit au plané à la vitesse d’un motoplaneur.

Les détails "maquette"

J’ai réalisé les faux réacteurs avec 4 boîtes de Coca Cola Zéro peints à la bombe couleur alu (pub gratuite), les tuyères avec des goulots de bouteille d’eau gazeuse teintés en gris alu à la bombe, puis brunissement au pinceau à peine imprégné de peinture marron. Les tubes avant simulant les démarreurs sont des tubes à prise de sang peints en noir, les capuchons qui les entourent sont des couvercles de déodorant antitranspirant Vichy peints en violet (re-pub gratuite) le centrage qui les maintient est du polystyrène noir de barquette à viande… dégraissé !



Fabrication des réacteurs factices à base de canettes et autres matériaux de récup'.

La bande de cerclage noire qui groupe les réacteurs par paires est du Depron de 3 mm, cintré selon la méthode du rainurage et peint en noir.
Et la plaque de fixation est de la tôle d’offset pliée en forme, avec 4 mini-vis d’assemblage… au final, 80 g la paire, quand même…
J’avais pris de nombreuses photos et j’espère qu’elles suffiront aux amateurs, sinon je suis prêt à répondre à toute demande de renseignements ou de photos de montage complémentaires.


Les modifs et simplifications ont permis d'économiser beaucoup de poids.

Voilà, Laurent souhaitait un dossier sur la construction d’ailes en Depron avec longerons en éventail mais j’ai pensé faire d’une pierre deux coups, au cas où la nostalgie du Jetman Yves Rossy (ou celle de son acolyte Vince Reffet, tragiquement disparu victime de sa passion) susciterait des vocations maquettistes.

Pour le plan téléchargeable, le décor Breitling, voir le Jetman de Laurent équipé de turbines électrique et d’un parachute pour un atterrissage tel que dans la réalité.

Contacter l'auteur : daniel_pierre@jivaro-models.org