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Corsair IILe « laid petit branleur trapu »…Présentation : Laurent Schmitz Après le F-100F et le Su-9, ma fascination pour les "jets" de bonne taille est loin d’être calmée. En plus, je suis tombé sur une photo de deux A-7 Corsair II de la "Navy" américaine. Mon dieu que cet avion est moche ! On ne l’appelait pas pour rien le "SLUF", Short Little Ugly Fucker. En français ça pourrait se traduire par : "laid petit branleur trapu". Tout à fait l’avion que je veux ! Comme modèle réduit radiocommandé, le A7 est intéressant. Le fuselage simple, la surface alaire généreuse et l’aile haute qui n’interfère pas avec l’entrée d’air sont autant de points forts. L’entrée d’air béante qui lui donne cet air inimitable est en revanche un peu délicate à fabriquer. Quelques rapides calculs ont permis de déterminer la taille maximale pour voler avec une bonne turbine de 90 mm et un accu 6S. L’envergure s’établit à 130 cm pour 154 cm de long et 3,5 kg au décollage avec quelques accessoires. La charge alaire reste raisonnable, autour de 90 g/dm². Comme à mon habitude, je n’ai pas prévu de train rentrant : le modèle décolle à la catapulte et se pose sur le ventre. Avec un train rentrant en plus, cet avion ne volerait tout simplement pas aussi bien, serait beaucoup plus fragile et bien plus cher…
Le plan trois vues trouvé sur Internet est légèrement
adapté pour rendre le modèle plus docile : les ailes sont
agrandies au bord d’attaque tandis que l’empennage prend
quelques centimètres au bord de fuite pour augmenter le bras
de levier. Pour le reste, le modèle est "maquette". La partie la plus complexe à découper est l’avant
du fuselage, qui n’est pas évolutif. Le bloc de mousse
est d’abord posé en "vue de côté"
de façon à découper la forme de la verrière.
Notez que celle-ci monte légèrement avant de s’incurver.
Ensuite, je découpe longitudinalement selon les gabarits A et
C mais sans suivre la partie haute du cercle formant le radôme.
Pour cette partie, je guide le fil à l’aide de la dépouille
interne du gabarit C, de façon à découper un "U’
inversé. Quand la moitié gauche est faite, je retourne
les gabarits pour découper
l’autre côté à l’identique. Après
avoir enlevé les dépouilles, le gabarit A est maintenu
dans la mousse et la partie haute du radôme est taillée
pour suivre l’arrondi. Ce travail de sculpture est moins complexe
qu’il n’y paraît et on se retrouve vite avec quelque-chose
qui ressemble à l’avant d’un A-7. Il reste à
découper l’intérieur de la prise d’air et
à poncer la lèvre en arrondi. L’étape suivante
consiste à séparer la verrière et à se servir
du bloc de mousse obtenu pour mouler une feuille de PETG "Vivak"
à chaud. Le radôme subit un sort similaire.
Les ailes et empennages sont en mousse de polystyrène blanche coffrée au balsa. Voyez la technique expliquée dans l’article sur le Su-9. L’aile possède ici une clé en carbone de 14x750 mm qui coulisse dans des fourreaux de 16x14x330 mm. L’accu 6S de 4.500 mAh prend place tout à l’avant, jusque dans le radôme. La turbine est une "Dr MadThrust" de 90 mm trouvée chez Hobbyking. Son corps est en métal et elle développe 2 kW en pointe. Deux ouvertures dans les flancs assurent le ravitaillement en air frais. Le contrôleur 190 A prend place juste devant la turbine. Son radiateur dépasse légèrement dans la veine d’air. Il est muni de deux gros condensateurs de protection additionnels car la rallonge doit arriver jusqu’à l’accu dans le nez. Ce câble est au standard "8AWG". C’est lourd mais c’est le seul moyen d’éviter les pertes de courant. Le fuselage est entièrement recouvert de fibre de verre 80 g/m² enduite d’époxy fluide. La partie au-dessus des ailes est en outre renforcée d’une couche de 180 g/m². Le cockpit est fait de Dépron et accueille un pilote du commerce réaliste mais un peu trop grand pour l’échelle. La fibre protège efficacement la mousse, surtout au niveau de l’entrée d’air, très exposée. Les ailes s’emboîtent dans une ouverture pratiquée de part et d’autre du fuselage. Quatre vis en plastique transparent servent de verrou pour éviter qu’elles s’écartent. Les deux vis arrière sont couvertes avec un marqueur à alcool rouge de façon à ressembler à des feux de position. Les vis s’enfoncent simplement dans un trou, leur filet accroche la matière et évite qu’elles se détachent.
L’avion est entièrement couvert de film rétractable
de chez Hobbyking en blanc et gris clair. La pose est fastidieuse sur
la fibre car le film doit adhérer partout, ce qui n’est
pas évident. Il faut travailler par petites surfaces et à
température modérée. Les marques et cocardes sont
dessinées sur PC et sorties à l’imprimante laser
couleur sur du vinyle autocollant. La verrière tient par quatre petites vis. Pas très pratique mais sûr à 100%. La tranchée creusée dans la mousse sous le cockpit est assez spacieuse pour l’accu 6S. Celui-ci repose sur une languette de velcro. Une tige de brochette traversant le fuselage de part en part évite qu’il recule. Enfin, le morceau de carbone noyé sous le fuselage devant le bord d’attaque ressemble à une antenne mais sert en fait au lancement à la catapulte. Pour le centrage, j’ai procédé aux calculs savants de la méthode de Frank Aguerre, exposée dans le magazine de ma fédération. Force est de constater que ça marche, même si ça prend "un certain temps" pour bien comprendre le texte et procéder à toutes les mesures.
Premier décollage, à la catapulte comme il se doit pour un avion embarqué… L’avion part selon une pente idéale d’une vingtaine de degrés mais il tire sur la droite. Manche d’ailerons à fond à gauche et il entame un virage bien trop ample en prenant de l’altitude. Quand il revient enfin vers le terrain, je constate que pour le maintenir à plat le manche est à plus de la moitié à gauche. J’ai déjà eu des avions "tordus", mais pas à ce point ! Entre-temps, le trim est à fond aux ailerons et à la dérive, mais le problème persiste : un aileron doit être bloqué en partie braqué. Je tente un virage à droite, l’avion passe instantanément sur le dos. Pas le choix, je termine le tonneau et remets l’avion à plat, manche d’ailerons à fond à gauche. Je suis dépité : qu’est-ce qui peut bien causer ça ? En virant tant bien que mal uniquement à gauche, je ramène péniblement l’avion dans l’axe de piste et parviens à le poser en douceur. Le voilà sur une des tables de montage, à hauteur des yeux. Les ailes ne semblent pas vrillées et les ailerons fonctionnent ?!? Si ça ne vient pas des ailes, est-ce que… Oui ! Les deux volets de profondeur n'ont pas exactement la même incidence. La différence est faible, mais ça suffit pour qu’ils agissent en "tailerons". Décaler simplement le palonnier de servo d’un cran donnerait trop de correction, je dois intervenir via la radio. Comme chaque volet a son servo, c’est vite programmé en ajoutant 30% de "subtrim’. Je recharge l’accu et c’est reparti pour un tour. Cette fois, le Corsair est parfaitement docile. C’est un tout autre avion que j’ai au bout des manches : il vole sur des rails ! La puissance semble d’abord un peu "juste" car cette turbine fait très peu de bruit. Mais ce n’est qu’une impression car l’avion monte sans effort malgré sa masse importante, preuve qu’il est correctement motorisé. Effectivement, il tient le palier avec un filet de watts, on l’entend encore à peine. Tonneaux à gauche et à droite, virages amples, passages à raz de la piste… C’est un régal de précision ! Il faut juste anticiper à cause de sa masse, mais ça contribue aussi au plaisir du pilotage. Le A-7 a une énorme présence en vol. On a l’impression de voir et piloter un avion bien plus gros. Après quatre minutes de bonheur, j’entame l’atterrissage sans appréhension. L’appareil allonge bien et touche nez haut à vitesse réduite. Le testeur annonce 15% dans l’accu après presque cinq minutes de vol mais à la recharge je remets seulement 3.000 mAh. Il restait donc une réserve confortable. Quelques jours plus tard, le temps est au beau fixe. Un copain a pris les commandes du Nikon pour une séance de photos. En plus des deux "Sidewinder’ d’autodéfense, je décide de charger les six pylônes de tout un arsenal : un missile antiradars "Shrike", un "Maverick", un "Bullpup", une bombe "Rockeye" et pas moins de six Mk82 "Snakeye" pour faire bonne mesure. Je vous ai déjà dit que c’est un "camion à bombes" ? En fait, c’était mon objectif depuis le début : faire voler le Corsair avec tout son chargement. Alors : décollera, décollera pas ? L’avion part bien droit comme si de rien n’était. Il semble même encore plus stable. D’une part les charges avancent un peu le CG et d’autre part toutes ces ailettes contribuent à stabiliser la trajectoire. Je n’ai même pas l’impression qu’il peine à grimper. Derrière moi j’entends les rafales du Nikon en mode automatique alors que j’enchaîne les passages à l’anglaise avec un grand sourire : Mission Accomplie !
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org |
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