Lentus "Evo"
Comment améliorer le kit Multiplex
Présentation : Pierre
Alban
Aider à la préparation et à la formation
intensive au pilotage des 4M les plus performants, tel est l'objectif
quasi surréaliste que j'ai assigné au Lentus. Comment
retrouver en vol les sensations d'un planeur valant 3 fois plus cher
? Il fallait trouver les moyens d'augmenter son potentiel. Le résultat
est probant et accessible à tous.
Est-ce encore une mousse ? |
La question de la maturité de ce type de
machine chez Multiplex ne se pose plus depuis longtemps, mais
force est de reconnaitre qu'une autre étape vient d'être
franchie. Obtenue grâce à une hybridation de la technique
de construction, le dernier Lentus n'est plus vraiment une mousse.
Cette technologie n'est plus que la partie visible, l'enveloppe
du planeur. Dès lors, ce planeur de 3 m, qui se paye
le luxe d'offrir une aile très travaillée avec un
bel allongement, peut se permettre de venir prétendre à
certains équipements et technologies plutôt inattendus.
Nous verrons qu'en fait c'est toute la réflexion autour
de l'idée même du produit qu'il faut revoir, avec
une approche différente, basée sur une vision à
long terme de tout ce qui est couteux, contre du moyen terme pour
ce qui est remplaçable. C'est ainsi que le planeur en lui
même passe au second plan, alors que son équipement
et périphériques viennent prendre la place la plus
importante. Qu'importe, si la prestation ouvre de nouveaux horizons
?
La forme de l'aile est superbe et l'état
de surface excellent. |
|
|
Caractéristiques techniques |
Envergure : 300 cm
Longueur : 141 cm
Poids en vol : 2500 g
Surface alaire : 52,6 dm²
Charge alaire : 46 g/dm² |
|
Servos ailerons et profondeur : Hyperion DS11 SCB
Servos volets : Corona DS 939 MG numériques
Servos dérive et train rentrant : Corona CS 939 MG analogiques
Moteur : Pro-Tronik DM2820 950 kV
Accu Li-Po : 3S 3200 mAh
Hélice : 13x8, conseillée 13x6
Contrôleur : Hobby-Wing 60 A @Ubec 5A
RX-gyro : Wingstabi 7ch DR |
Pour qui, le Lentus « Evo
»? |
|
|
On peut voir deux type de clientèle pour Lentus. D'abord
le modéliste qui cherche un Cularis amélioré,
c'est-à-dire un EasyGlider de 3 m. L'option FES va dans ce
sens, pour les modélistes d'un certain âge inquiets
de ne pouvoir lancer un planeur et cherchant quelque chose de grand
mais pas trop pour mieux le voir en l'air.
A ceux-là, il convient de suivre scrupuleusement toute la
notice Multiplex et surtout de ne rien y modifier. Ils obtiendront
un planeur décollant facilement du sol, se posant lentement
et volant plutôt pas mal. Un motoplaneur en quelque sorte.
A ceux-là, tout ce qui va suivre est de peu d'intérêt,
voir déconseillé.
Par contre, on peut aussi vouloir en faire un outil relativement
performant quand on est un planeuriste plus exigeant, mais que l'on
souhaite disposer d'une machine tout terrain, quelles que soient
les conditions locales. |
C'est justement la bonne question. Pour faire tout ce que l'on ne
peut pas faire avec d'autres planeurs plus fragiles. Voler partout avec
un joli planeur au look maquette de 3 m, c'est quand même un bien
sympathique programme. Il se lance facilement à la main, il se
pose comme une fleur partout et il gratte très bien. En fait
ce Lentus est le partenaire parfait pour voler avec les avantages d'une
mousse, sans avoir de gros compromis à faire sur les qualités
de vol. C'est justement là que commence l'histoire me concernant,
puisqu'il s'agit d'améliorer l'animal pour le rendre plus performant,
plus pratique, plus formateur et au final, plus agréable pour
mes stagiaires.
Tout se paye et il est bien évident que les accessoires et
certaines améliorations ont un coût. Dès lors, on
peut se poser la question d'investir de l'argent pour au final, juste
une mousse.
Ce jugement est en fait une énorme erreur, car il ne correspond
pas au changement de paradigme.
Il faut comprendre qu'une paire d'aile coûte 100 €, Un fuselage
itou (il est truffé de renforts en fibres). La mousse n'est donc
que de l'emballage et on peut le changer facilement. Pour autant, ce
n'est pas non plus du consommable. Par exemple, mon Heron
et mon Funray présentent
les stigmates d'un âge certain, mais ils sont toujours là.
Quel planeur traditionnel peut se vanter d'avoir survécu à
plusieurs crashes et de toujours voler au bout de 6 ans ? Et au pire,
ou si vous en avez assez des cicatrices du temps, il suffit de changer
la pièce.
Dès lors, puisque la structure est non seulement durable mais
également interchangeable, que les performances sont réelles,
que le nombre d'heures de vols est bien supérieur à vos
autres modèles, pourquoi ne pas investir, petit à petit
éventuellement, pour augmenter encore l'agrément ?
Multiplex ne fabrique pas en Chine, où l'on fait une série
puis l'on démonte la chaîne de production. Fabriqué
en Allemagne, toutes les pièces seront encore disponibles dans
plusieurs années.
Quand je vois l'âge de mes autres mousses de la marque, l'utilisation
que j'en fais, il est en fait de pure logique de bien équiper
ce Lentus et même d'en prendre soin !
|
Comment encore prétendre
que cette mousse n'est pas un planeur ? |
|
|
|
Le kit complet du train rentrant; le servo n'est
pas inclu. |
|
Les pièces doivent être découpées
avec soin puis poncées. |
C'est un très bel objet et j'ai trouvé son montage très
agréable. Il faut cependant être ultra vigilant à
la notice, bien regarder la position de chaque vis et chaque rondelle.
Même en vérifiant 4 fois on arrive encore à se tromper.
Bien faire un montage à blanc avant de passer toutes les vis
au frein filet ! Pour le servo, j'ai utilisé un Corona 939MG
analogique. Un peu plus petit que prévu, sur lequel j'ai adapté
les équerres defixation d'un autre servo, adapté les bras
de levier, etc. Même avec un servo de 2,5 kg, cela marche très
bien sans forcer, sans lubrification. Ce qui n'empêche pas de
mettre un coup de WD40 ensuite. Le servo utilisé n'est pas plus
puissant que celui recommandé, dans tous les cas bien vérifier
la consommation des fins de courses ainsi que le bon verrouillage du
train. Bref j'y ai passé plus de temps que pour le montage du
planeur ! Au final, c'est vraiment se compliquer la vie pour rien car
pour que l'assemblage marche sans problème, il faut déjà
avoir un bon passé modéliste.
|
|
|
Le train terminé, la consommation
des fins de courses doit être vérifiée pour
que le servo ne force pas en vol. |
Mon conseil : n'installez pas cette option ! Ca ne sert à rien,
à part à faire joli et à utiliser une voie pour
rien. Si vous voulez vraiment une roue pour protéger le fuselage,
vous trouverez un montage de roue fixe sur le site zhype.com.
Perso j'ai pris le train rentrant pour éloigner les vilains cailloux
pointus des pentes de ma région. Décoller du sol est de
l'ordre de la plaisanterie avec ce planeur qui ne demande qu'à
quitter la main pour partir. Il vaut bien mieux augmenter un peu la
taille de l'hélice pour s'arracher plus facilement encore, sans
besoin de courir. En fait le principal « intérêt
» de ce train rentrant, c'est de peser 200 g, qui ne sont pas
de trop pour améliorer les perfos du Lentus « Evo ».
Vous me direz que cela fait cher le gramme et qu'il faut mieux ballaster
avec du plomb. Je vous l'accorde. Vouloir le sortir léger va
à l'encontre de bonnes performances car il faut de l'énergie
cinétique pour compenser la trainée du gros fuselage et
ne pas trop bouchonner.
Si vous êtes sur radio Multiplex, tout est prévu pour
loger le module, les Durit et le tube de Prandtl du vario à énergie
totale du fabriquant. N'hésitez pas une seule seconde à
vous offrir ce vario magique. Tout en mesurant la vitesse réelle
du planeur avec précision, la vitesse air, le système
utilise cette donnée pour inclure dans la mesure du vario votre
énergie cinétique. Concrètement, le système
va vous dire où ça pompe pour de vrai et ne confondra
pas vos prises de vitesse avec une ascendance, comme le font tous les
varios « normaux ». A l'usage c'est redoutable
d'efficacité, vous permettant d'enrouler là
où vous n'auriez pas cru devoir le voir, tout en vous évitant
d'enrouler là où il n'y a rien. Pour être
franc, l'ego en prend parfois un coup, car trompé par une
illusion d'optique ou une perturbation, on se rend compte très
vite que notre belle spirale est descendante ! Là même
où un vario classique aurait pu vous mettre aussi le doute.
Pas besoin d'installer le système au montage, tout est
prévu pour le faire après coup, c'est même
mieux. Le logement du module est aussi prévu dans un décaissement
près du train.
Absolument nécessaire sur le Heron, le gyro apporte un petit
mieux au comportement du Lentus. J'ai en effet remarqué une petite
instabilité en spirale de la version stock du Lentus sur l'axe
longitudinal. Le gyro lisse ce phénomène. Aux ailerons,
le petit surcroit de stabilité donne l'impression d'un planeur
plus grand, c'est très agréable. En effet, sans gyro,
les ailes étant légères, le planeur « vibre
» en permanence sous l'effet des perturbations. On pourrait penser
que cela aiderait à détecter les petites pompes, il n'en
est rien, au contraire, le gyro sert un peu de filtre et on peut davantage
se concentrer sur la communication avec le planeur. Mais comme toujours,
on peut le couper en fonction des circonstances et ainsi apprécier
le gain ou pas. De plus, comme un gyro améliore les perfos en
spirale, c'est tout bénef. J'ai pour ma part utilisé un
RxWingstabi 7ch « EasyControl ». Dans le cas d'un gyro additionnel,
son emplacement se trouvera à la place du train rentrant, avec
le ballast dont on a parlé plus haut, tous deux ayant intérêt
à se trouver au centre de gravité. Le cas échéant,
le train rentrant intègre aussi une petite platine qui pourra
recevoir le gyro. J'ai écrit pas mal d'articles
sur l'intérêt de disposer d'un gyro sur un planeur, je
n'y reviens pas plus, si certains, ancrés dans leurs certitudes,
continuent de penser que c'est une assistance, je n'y peux plus rien.
|
L'installation radio avec le
RxWingstabi 7ch « EasyControl » placé contre
un flanc. |
Le planeur rentre tout entier dans son carton, mais celui-ci tient
une place folle. Il faut pourtant absolument protéger l'état
de surface de tous les chocs de transport. Au minimum, faites-vous des
housses avec du papier bulle. Le côté tout terrain du planeur
plaide pour le sac à doc ad hoc qui est vraiment très
bien fait. Il y a 3 grands compartiments à l'intérieur,
dont une avec une grande sangle centrale pour le fuselage. Une poche
interne latérale interne permet de ranger le stab. A l'extérieur
une grosse poche pour placer une radio pouce dessus (une Jeti loge aussi),
perso je ne m'en sers pas, de cette poche. Ce sac de transport est vraiment
pratique au quotidien, c'est de la bonne qualité, là aussi
il me parait difficile de s'en passer.
|
La housse de transport proposée
par Multiplex est parfaitement adaptée au Lentus. |
Ayant acheté la version « kit » pour y installer
le matériel que j'avais dans les tiroirs, j'ai pris l'option
du faisceau de câbles déjà assemblé. Tout
est à la bonne longueur et tombe pile poil comme il faut, cela
ne vaut vraiment pas la peine de s'en passer. Les rallonges torsadées
pour les servos de prof et dérive sont aussi présents
de même que les clips pour sécuriser ces deux prises. D'autre
part, j'achète chez Lindinger des vis nylon avec une tête
spéciale pour visser à la main. Placées dans le
sens de vol la trainée est minime, par contre c'est vraiment
pratique sur la pente de ne pas avoir à chercher un tournevis.
Quelles que soient les vis, attention à bien les serrer, car
sur le mien le stab aurait tendance à ne pas bien se caler. Crash
assuré au décollage (trop de piqueur).
|
|
|
Les servos sont collés à la UHU Por. |
|
Le baquet de verrière est peint puis la bulle
collée avec de la colle B7000. |
Il est bien entendu que les réglages dépendent du centre
de gravité et ne valent donc qu'avec mon centre de gravité
reculé à 77 mm. C'est la valeur que je retiens pour
mes élèves. Pour moi je mets 4 g de plus dans la queue,
ce qui le rend neutre.
|
Le logement prévu n'est pas suffisant pour
plomber l'arrière, l'auteur à rajouté quelques
billes de plomb dans ces logements (2x4 g). |
J'ai mis le maxi de débattements partout, pas d'expo, pas de
différentiel à la radio et je n'ai rien eu à retoucher.
Pour les mixages, ce n'est pas un planeur de compétition ni de
voltige. Le mieux étant bien souvent l'ennemi du bien, il s'agit
d'apporter des solutions réellement utiles plutôt que de
tordre l'aile dans tous les sens pour rien. Ainsi mettre du Snap Flap
ne sert à rien sur ce genre de planeur, on ne ferait qu'augmenter
la trainée et augmenter les contraintes sur les ailes, qui vont
déjà devoir encaisser des vitesses plus importantes que
de série. Pareil pour les volets en tant qu'ailerons. Cela apporte
de la trainée et cela ne va changer considérablement votre
taux de roulis, vu les grands winglets qu'il y a en bout d'aile. Si
vous voulez quand même utiliser ce mixage, comme d'habitude, les
volets ne doivent débattre que vers le haut dans la fonction
« ailerons ». Vers le haut c'est déjà peu
utile mais alors vers le bas c'est carrément contre productif.
J'ai préféré que les servos de volets donnent le
maximum de débattement vers le bas pour la fonction croco (AF)
et donc je n'ai gardé que le strict minimum de débattement
vers le haut, c'est à dire 1,5 mm pour la position « vitesse
».
Ne pas oublier que chaque ordre donné est un coup de frein, c'est
encore plus vrai sur ce genre de machine et il vaut mieux au contraire
travailler sur l'anticipation et les micro-corrections. Pour cela le
gyro est un outil très intéressant car il donnera plus
vite que vous un ordre plus adapté, donc moins de coups de frein.
Réglages Lentus «
Evo » |
Centrage : 77 mm du bord d'attaque
Ailerons : -30 / +25 mm
Profondeur : +/- 9 mm
Dérive : 24 mm de chaque côté
Croco volets : + 40
Croco ailerons : -20
Croco prof : + 4 |
|
Phases de vol
Volets vitesse : -2 mm/ 1 cran de trim à piqué
Volets thermique : +2,5 mm / 3 crans de trim à piqué
Ailerons : dans le prolongement des volets |
Nota : ces réglages
correspondent à ce centrage pour un pilotage fluide |
Les phases de vol : simples mais
efficaces |
|
En prenant soin de bien régler
le Lentus sans que ce soit difficile, on en tirera toute la quintessence. |
Très utiles, comme sur tous les planeurs à volets, mais
là particulièrement, quoique simplifiées par rapport
à d'autres machines bien plus performantes. Ici, les phases de
vol n'ont pas besoin d'inclure des modifications de différentiel,
de débattements, etc. Tout ce dont on a besoin, c'est d'augmenter
la courbure sur toute l'aile en position durée et de la diminuer
pour la position vitesse, avec à la clé, c'est presque
le principal, une mémorisation du trim de profondeur pour chaque
phase. On obtient ainsi un planeur beaucoup plus doux et gonflé
à l'hélium en position durée, un planeur plus rapide
et plus agréable sur le dos en position « vitesse ».
La position normale étant parfaite pour les transitions et la
prospection, le Lentus « Evo » accélérant
maintenant fort bien. Avec ce centrage, la modification du trim de profondeur
est très faible. 3 crans de trim à piquer en position
« Thermique », juste un cran en position « vitesse
». Un servo numérique précis est donc important.
Hyperion 11mm dans mon cas.
|
Ne croirait on pas un 4M ? |
Evolution, stage 1
Etape 1 : Le centrage
Comme d'habitude, le centrage est trop avant. Il existe certainement
une raison à cette triste habitude, perso je ne comprends
pas que l'on donne un mauvais outil à un débutant.
Car un planeur n'est pas plus sécurisant, il vole moins bien,
pas seulement en terme de performances, mais en terme d'agrément.
Le Lentus ne déroge pas à la règle, avec le
centrage donné, il oscille à la moindre prise de vitesse,
même en spirale il semble un peu instable sur l'axe de tangage
(profondeur). Bref il faut piloter contre lui en permanence. C'est
normal. Ce qui l'est moins c'est de penser pouvoir progresser ainsi.
Petit à petit j'ai donc pas mal reculé le centrage
jusqu'à le garder encore un peu avant, enfin le planeur est
beaucoup plus stable, sans effet parasite, il enroule très
agréablement, la dérive est efficace, le décrochage
est toujours aussi gentil et se rattrape très rapidement.
En transition, le planeur trouve seul son assiette pour le meilleur
taux de chute.
En voltige, le planeur se freine assez vite et la boucle inverse
ne passe pas, il s'écroule avant d'avoir pu finir la boucle.
Nous verrons que ce n'est que provisoire.
Etape 2 : Ebavurer les contours des ailes
Autant l'état de surface des ailes est parfait, autant
bord d'attaque et surtout bord de fuite peuvent être améliorés.
Il faut faire attention avec cette matière car ça
bouloche vite et le remède serait pire que le mal. Pour
bien bosser on va se faire une cale à poncer avec du papier
très fin, du 800 ou du 1000. C'est principalement côté
intrados que les bords de fuite doivent être arasés.
Il faut poncer doucement, sur une grande longueur en faisant bien
varier l'inclinaison de la cale à poncer. Le but n'est
pas de faire des lames de rasoir, juste de retirer toutes les
aspérités de moulage. On procédera de la
même façon pour le bord d'attaque, où il y
a une légère marque de moulage. Attention de ne
pas modifier la forme du bord d'attaque, on y va doucement.
Etape 3 : Arrondir les bords d'attaque des gouvernes
On ne peut toujours pas passer à du plus gros grains, pourtant
il va falloir bien arrondir la partie avant, côté
intrados des gouvernes car un angle vif tel qu'il arrive d'usine
accroît considérablement la trainée. L'arrondi
à faire est un peu fonction de votre courage car c'est
un peu fastidieux.
Evolution, stage 2
J'ai essayé, je ne pensais pas que le résultat
serait à ce point probant, mais le fait est que masquer
les fentes fait faire un bond au planeur. On se rend compte tout
de suite que le sifflement est plus léger, la vitesse de
pointe est augmentée et surtout la restitution est bien
meilleure. Pour preuve, la boucle inverse qui ne passait pas.
Quelle ne fut pas ma surprise de voir que non seulement dorénavant
elle passe, mais encore avec de la marge. Alors que le débattement
à piqué était insuffisant pour rétablir
en fin de figure, maintenant je n'ai plus besoin de tout le débattement
pour remettre le planeur à plat. Se freinant moins, il
peut prendre davantage de vitesse et perd aussi moins d'énergie
lors de la remontée dos.
A propos de vol dos, la figure se fait en position « vitesse
» c'est-à-dire les gouvernes légèrement
relevées. Le vol dos est nettement amélioré
ainsi.
|
|
|
Les fameuses bandes de recouvrement
destinées à masquer les fentes d'articulations
des gouvernes |
|
Les fentes d'articulations masquées par
l'auteur améliorentnettement les qualités de
vol |
Je considère donc cette amélioration comme nécessaire,
surtout au vu de la facilité pour masquer les fentes. Pour
cela deux méthodes. Pas cher, utiliser du scotch transparent
« Magic ». La partie venant masquer la fente sera
talquée pour ne plus coller. Pour procéder, on étale
bien le talc sur la gouverne, alors que côté aile
on dégraissera bien à l'alcool. C'est un coup à
prendre, ce n'est pas aussi facile à faire au début,
pour un bon résultat. L'autre solution est d'acheter chez
Graupner le scotch de masquage dont seule une partie est collante.
C'est ce que j'ai utilisé. Le rouleau de 5 m n'est pas
particulièrement donné, mais c'est vraiment bien
fait. Là aussi, le bord d'attaque inférieur des
gouvernes doit être un peu arrondi, sinon la lèvre
vient buter contre la gouverne et se plier au lieu de glisser
au-dessus. C'est surtout valable pour les volets, où la
fente est très large et où il faut bien faire attention
au positionnement du scotch afin de masquer la fente entièrement.
Volets, ailerons et stab ont tous reçus ce traitement côté
intrados. Toutes les aspérités, comme le renfort
de stabont aussi été masqués, soit avec de
la déco, soit avec du scotch transparent.
|
En version « Evo », le Lentus est tout à fait assez
fin pour mieux voler ballasté que léger. Les 200 g du
train rentrant sont donc les bienvenus, j'avais prévu davantage
mais au final c'est suffisant. La vitesse de décrochage est à
22 km/h ce qui est plutôt lent. Le vol dans le petit temps est
très bon et le Lentus vole très bien aussi dans le vent
plus fort. Pas besoin de la position « vitesse » pour remonter
le vent. C'est pour moi, à ce poids, le parfait compromis, eu
égard à sa destination. Pour anecdote, par temps venteux
(20 km/h au sol), temps gris et 18°, j'ai enroulé une
pompe à 19 m d'altitude, ce qui démontre l'étendue
du domaine de vol.
Un piqué de 100 m et passage dos ne l'impressionne pas davantage.
Ok, ce n'est pas un F3f ni un F5j, mais c'est un planeur sympa.
|
Après réglage en vol du trim de profondeur,
la commande de profondeur doit être sécurisée
par du frein filet sur la tige filetée |
Lancer le Lentus «Evo »
et motorisation |
Un chapitre un peu inhabituel pour une position de la main qui l'est
tout autant. Surtout ne pas prendre le planeur en arrière du
centre de gravité comme on le fait habituellement : vous allez
vous tondre les orteils. Il faut en fait le prendre sous le bord d'attaque,
ça fait bizarre je vous l'accorde, ce n'est pas non plus super
confortable, mais c'est le seul moyen pour que le planeur parte bien
à plat. Ensuite il va rester en palier tout en accélérant,
en attendant votre ordre à cabrer qui va le monter sous un angle
régulier sans vraiment besoin de corriger la trajectoire, ou
très peu à piqué de temps en temps pendant l'ascension.
Le planeur est donc très neutre au moteur et c'est bien agréable.
|
La bonne position de la main,
plus avant que d'habitude pour bien lancer à plat le Lentus. |
Ensuite il monte assez fort, entre 9 et 11 m/s en début
de charge, et aux environs de 8 m/s en fin de charge. Mon moteur
est très proche de celui recommandé, mais j'ai mis une
hélice plus grande. Une 13x8, qui charge un peu trop le moteur,
car à 58 A au sol, que j'aiabaissé à 52 en réduisant
la course à l'émetteur. Une 13x6 serait donc plus adaptée.
La batterie est une 3S 3200 mAh reculée au maxi contre le train,
il m'a encore fallu plomber tous les orifices possible dans la queue
pour bien le centrer.
|
Le Lentus ne demande qu'à
quitter la main pour partir, sans besoin de courir. |
Je n'aime pas trop les chiffres, car d'une part il est difficile de
reproduire les mêmes conditions de vols à chaque fois,
c'est donc sujet à débat sans fin, et surtout cela ne
rend pas compte d'une donnée essentielle : l'agrément
ressenti. Une équation, ça ne vole pas. Cependant, ce
qui m'a encouragé à faire part de mon expérience
c'est en effet le ressenti, mais aussi l'amélioration très
significative de certaines perfos. Je n'ai pas poussé, je le
reconnais, le vice à faire des tableaux de tout, randomisés
ou que sais-je ! Dès lors qu'il y a un résultat positif,
faire une liste exhaustive me parait vain, pour ne pas dire scabreux.
Mais chacun est libre de continuer ce que j'ai commencé.
|
|
|
Au lancé le planeur part bien à plat
et garde la pente demandée. |
|
Le vent fort n'effraye aucunement ce beau planeur. |
Nous avons donc vu que la boucle inverse passe « crème
» après les modifs quand elle nepassait pas avant.
Le taux de chute en vol dos est lui aussi très amélioré.
Surtout en phase « vitesse » où la compensation à
pousser est faible. C'est un peu moins glorieux en phase « normale
» : Ca s'écroule davantage.
En prise de vitesse, le gain est très important. Quand après
un long piqué à 30° la vitesse atteignait péniblement
les 82 km/h, cette vitesse est maintenant atteinte beaucoup plus rapidement
,un bon tiers de moins en altitude. Avec le même genre de long
piqué qu'avant, la vitesse atteint maintenant les 100 km/h. je
n'ai pas poussé plus loin. Ce n'est pas un F3b. Les ailes ne
bougent pas, mais au sol la souplesse des winglets m'incite à
la prudence. Le planeur siffle beaucoup moins, peu dans l'absolu même.
En résumé, la restitution est bien meilleure comme en
témoigne la boucle inverse, le vol dos est pas si mal, l'accélération
est plus rapide. Franchement je n'en attendais pas autant.
Concernant le taux de chute : les conditions de vol non neutres ne m'ont
pas permis de chiffrer l'amélioration. Au final il s'établit
aux alentours de -0,6 m/s en moyenne. Même si c'est deux fois
plus qu'un Finesse Max, c'est loin d'être mauvais, c'est même
plutôt bon. Mais notez qu'ici il y a une marge d'incertitude.
Le décrochage s'établit toujours vers les 22-23 km/h,
ce qui est très peu.
La vitesse en palier en lisse oscille entre 28 et 35 km/h , et en phase
« thermique » entre 25 et 28 en moyenne. Le vario à
énergie totale étant assez précis pour renouveler
les mesures plusieurs fois.
Conclusion sur les accessoires |
Certains Ayatollahs objecteront qu'il y a pour aussi cher d'accessoires
que de planeurs, que c'est beaucoup de chichis pour une caisse à
poisson. Il faut prendre la question autrement. Tous ces équipements
serviront des années, sur ce planeur ou d'autres. Le fait que
ce soit une mousse est aujourd'hui une caractéristique et non
pas un jugement de valeur. Là où certains voudraient y
voir un ersatz, l'EPO de ce Lentus est en fait une peau cachant une
structure très High Tech. Sa particularité étant
d'accepter certains chocs et de pouvoir être remplacés
facilement. Une paire d'aile coûtant 100 €, un fuselage aussi
(truffé de renforts en fibre), un Lentus est en quelque sorte
immortel, car tous ses équipements de prix sont protégés
et l'enveloppe extérieure facile à changer. C'est pour
cette raison qu'on ne peut pas appliquer la façon de penser à
l'ancienne, ça ne fonctionne plus comme cela…
Lentus Vs Heron
Beaucoup se posent la question de la différence en vol
entre le Heron
et le Lentus. Ces deux machines sont presque à l'opposée
l'une de l'autre, mais en même temps complémentaires.
Le Heron est beaucoup plus vif et pardonne moins, quand le Lentus
est beaucoup plus calme et majestueux.
Le Heron décroche plus rapidement, mais bien réglé
et sans trop faire d'erreur il vole très bien. Plus maniable,
c'est un planeur formateur que j'utilise beaucoup pour mes stagiaires.
Le Lentus permet de s'approcher davantage d'un planeur de 4 m
mais le Heron permet mieux à mes élèves de
comprendre ce que j'attends d'eux. Ensuite ils peuvent confirmer
leurs acquis sur Lentus. Le Lentus n'est donc pas un grand Heron
et n'est pas davantage indiqué pour un débutant.
Pour ma part j'aime bien les deux. |
En version de base, le Lentus est déjà une très
bonne machine. Equipée, modifiée, améliorée,
la version « Evo » permet de s'approcher des performances
d'un 4M, en tout cas les sensations et agrément de pilotage en
sont maintenant très proches. Que ce soit pour s'initier aux
3-4M ou pour voler partout facilement. Centré correctement, fentes
masquées, légèrement ballasté le Lentus
en devenant « Evo » est plus facile et plus agréable
qu'avant, plus performant aussi. Plus fin, il n'est pas moins lent pour
poser et enrouler. Agrément et perfos peuvent être encore
augmentés avec l'addition d'un gyro en mode basique ainsi qu'un
indispensable vario.
Cette version « Evo » est désormais capable de satisfaire
un planeuriste habitué à un minimum de performance, afin
de voler partout sans prise de tête avec un partenaire fiable
et efficace, assez performant pour voler dans toutes les conditions
et poser sur un mouchoir de poche. Ce planeur fait donc tout à
fait illusion, le plaisir étant bien présent. Apte à
satisfaire à la formation sur 4M, le Lentus « Evo »
et ses réglages s'adressent à des pilotes relativement
expérimentés ou sous surveillance d'une double commande.
Il faut avoir conscience que l'amélioration des performances
peut dépasser le domaine de vol pour lequel il est conçu
initialement (désolé de ne pas avoir poussé l'essai
au crash test !).
Contacter l'auteur : pierre@jivaro-models.org