Inca

Les artisans français se font de plus en plus rares, c'est malheureux. Pourtant, certains se démènent pour proposer des kits exclusifs et originaux. C'est une nouvelle fois le cas avec Silence Model qui produit cet Inca aviforme, inspiré d'un planeur conçu par l'Argentin Horacio Levit. La construction est traditionnelle, tout bois à assembler mais elle bénéficie des méthodes de découpes actuelles, offrant une précision extrême. En effet, les découpes sont effectuées au laser mais le bois est aussi gravé par endroits pour aider à la construction ou encore creusé dans l'épaisseur pour certaines pièces. De quoi rendre la construction agréable et abordable à tous.

Bien que depuis plusieurs mois ce modèle ajouté au catalogue Silence Model me faisait de l'œil, je n'avais pas craqué, principalement parce que bon nombre de planeurs encombrent déjà l'atelier et ne volent pas assez souvent.
Un jour, mal en point, le moral au ras des pâquerettes, enfermé dans une chambre d'hôpital sans même une fenêtre permettant de voir la couleur du ciel, un copain - Greg Zietek - vient me rendre visite et m'apporte un présent inattendu : un paquet-cadeau contenant... le kit de l'Inca, pour me remonter le moral et m'aider à remonter du trou ! Encore un immense merci mon ami, t'es vraiment "Inca... à part !"

Enfin de retour chez moi, j'ai parcouru les pages du site Silence Model pour commander les équipements indispensables permettant d'équiper l'oiseau, à savoir 4 micro-servos et un pack d'accu un peu particulier.

Et j'en ai profiter pour parcourir l'interminable dossier contenant toutes les photos illustrant chaque étape de la construction. C'est finalement bien plus détaillé qu'une notice de construction imprimée sur papier, et plus écolo aussi.

Comme d'habitude chez Silence Model, la boîte est pleine à ras bord et tout y est. On a même droit à un petit catalogue présentant tous les modèles de la marque.


On y trouve un plan détaillé, des planchettes de bois de qualité découpées au laser et tous les accessoires pour équiper le modèle. Pour la notice, il n'y en a pas dans la boîte mais le site du fabriquant propose un nombre incalculable de photos.

L'empennage



Les empennages sont assemblés à partir de morceaux de balsa léger découpés dans une planches. Des emboîtements sont prévus partout permettant un montage sans erreur possible d'autant que toutes les pièces sont finement gravées et représentées sur le plan. Tous les collages ont été effectués à la colle à bois posée au pinceau.


Partie un peu délicate : le ponçage en biais de la base des empennages afin de former un V. Une représentation vue de face permet de contrôler si l'angle est bon.


Lorsque l'on souhaite éliminer les irrégularités d'une petite pièce, il suffit de la poser sur un morceau de papier de verre à gros grains et de la poncer avec une cale dotée d'un papier à grains plus fins. Ainsi, elle ne glisse pas et reste bien à plat sans qu'on ait besoin de la tenir.


Cette pièce est également à poncer en V précisément. Le balsa est tendre, c'est facile à faire.


Elle renforcera la base de l'empennage tout en profilant l'arrière du fuselage.

Le fuselage



*Le fuselage est intégralement en contre-plaqué. Des tenons et mortaises permettront d'obtenir un objet bien rectiligne.*



Une languette est plaquée sur chaque flanc afin de caler la verrière amovible. Pour ne pas coller tout ensemble, du ruban adhésif est intercalé, servant de démoulant.


A l'arrière, la lumière percée dans les flancs doit être prolongée en sifflet sur les 2 faces permettant ainsi à la commande de glisser librement.


La partie haute des flancs est poncée en biais pour recevoir le stab en V.



Inutile de chercher le couple principal sur une des planches, il se trouve dans un sachet avec d'autres pièces.





Deux petites plaques supportent les écrous prisonniers. Il est nécessaire de recouper les écrous sur un côté. Ils sont ensuite collés efficacement sous la platine.



Les cloisons et platines sont collées sur un des flancs puis le second est ajouté. Les tenons et mortaises permettent de bien aligner le tout.



*Le coffrage est glissé dans les encoches et collé sous presse. Après le dessous, on fait la même chose dessus à l'avant..*



Le dessus de la trappe amovible est collée sur les flancs. Du ruban adhésif servant de démoulant est glissé à l'avant et à l'arrière afin de ne pas coller le tout.




Un autre morceau de coffrage se place derrière la trappe. Il est préférable de le poncer en biseau dans le prolongement du bord d'attaque avant collage.


Le bloc de nez est confectionné à partir d'un empilage de pièces.




*Les flancs et les coffrages sont arasés le long de la cloison à l'avant puis le bloc est plaqué en place durant le séchage.*


Une fois la trappe détachée du fuselage, on peut y coller la languette à l'avant, par l'intérieur.

L'aile


Alors-là, "chapeau" ! J'avais déjà vu du balsa gravé avec les numéros et éventuellement les emplacement des pièces rapportées mais des encoches effectuées à mi-épaisseur, c'est beaucoup plus rare. J'en avais déjà vues sur le kit du CeePee, un autre planeur original de Silence Model.


Bien repérer toutes les pièces avant de commencer le montage.


Les nervures d'emplanture sont collées sur le coffrage préalablement installé. Il est relevé sur la partie avant.


Plusieurs cales sont livrées, permettant de bien positionner les nervures.


Les pièces sont numérotées et percées. Ce petit trou à l'emplanture n'est pas bien positionné (l'erreur a été signalée au fabricant et peut-être corrigée depuis.)


Du fait de la flèche de l'aile, il est nécessaire de poncer légèrement les encoches aux passages des longerons. Une lime à ongles en carton va bien pour ça.


Ne pas oublier d'intercaler entre les nervures la platine destinée à recevoir le servo d'aileron.



Les faux bords de fuite sont encochés au laser dans l'épaisseur lors de la découpe.


Petit ajustage des encoches au passage du longeron.


A cause du passage de la clé d'aile réunissant les tronçons, certaines nervures sont munies d'un "pont" autour du passage du longeron. Il sera supprimé juste avant de poser le coffrage.


Les nervures d'extrémités sont inclinées afin de recevoir les saumons.



Mêmes les âmes fibres verticales à placer contre les longerons sont découpées !



Les longerons sont ajustés aux nervures. Lorsque la colle est sèche, les ponts sont retirés.


*Le passage des câble n'étant pas au bon endroit, il est nécessaire de le reboucher et de le percer plus près de la nervure.*



Le renfort anti-écrasement au passage de la vis est poncé avant d'appliquer le coffrage. Les bandes adhésives évitent les dégâts de la bande abrasive.


Les coffrage d'extrados sont collés en gardant les ailes bien à plat.


Des goussets taillés dans le sens des fibres viennent renforcer les angles au niveau de certaines queues de nervures.



Les coffrages sont arasés bien verticalement devant la pointe des nervures afin d'y placer le bord d'attaque. J'aurais préféré un faux-bord d'attaque avec le coffrage venant se plaquer par-dessus.


Les emplantures sont poncées puis des nervures sont rapportées en bout d'aile.


Les bords d'attaque sont soigneusement poncés en arrondi. Un gabarit permet de contrôler la forme du profil.


*Un téton de centrage vient de coller dans une des nervures d'emplanture.*


Le fourreau de clé d'aile en tube alu est dépoli puis coller à travers les nervures d'emplanture.


Le passage du câble est repercé dans le coffrage, plus proche de l'emplanture. (Petite erreur peut-être corrigée depuis.)		Les vis fournies doivent être recoupées en longueur afin de ne pas appuyer sur les commandes de l'empennage.




Les panneaux d'ailes sont réunis à l'aide de robustes clés en plaque époxy.



Les saumons sont confectionnés de deux épaisseurs empilées. L'emplanture est ensuite poncée en biais afin d'obtenir le dièdre. Une cale inclinée facilite la tâche.



*Après séchage, les saumons sont soigneusement profilés dans le prolongement du bord d'attaque et de l'aileron.*



Les emplacements des trous pour le passage des vis ne sont pas bons dans l'aile. Il faut les reboucher puis repercer au bon endroit. Un vis nylon taillée en pointe et vissée à la main dans l'insert fileté sert de poinçon.


Afin de pouvoir débattre suffisamment vers le haut, il est nécessaire de recouper l'emplanture des gouvernes de l'empennage.


Les bords d'attaque des ailerons sont recoupés en biais de façon à obtenir de bons débattements vers le bas.

La mise en croix pour admirer la cellule est toujours un moment plaisant..

Entoilage


Notre oiseau a été entièrement recouvert à l'Oracover blanc. Bien délimiter les zones de collage avant recouvrement car s'il faut recouper le film après entoilage, on endommage toujours un peu la structure.


Les gouvernes sont articulées avec du ruban adhésif transparent.


Passage des gaines à travers les flancs. Elles doivent être le plus possible rectilignes.


Afin de bien aligner le stab par rapport à l'aile, le modèle a été plaqué au sol sur le dos durant le séchage.


La pièce profilée est entoilée séparément avant d'être collée.

Equipement électronique



L'entoilage est percé à l'aide d'un morceau de corde à piano chauffée au rouge qui "cautérise" le film autour du trou. Le câble servo est ensuite passé dans l'aile.


Des servos Hitec HS-40 se glissent dans l'aile. Ils sont enveloppés dans un morceau de gaine thermo. La gaine est dépolie au papier de verre


Le puits de servo est ouvert, le câble tiré au travers.


*Afin d'éviter les connecteurs inutiles, les câbles de servo sont soudés directement sur les rallonges.*


Les guignols fournis sont fraisés dans de la plaque époxy. Bien dépolir leur zone de collage.


Après avoir vérifié qu'il est bien au neutre, le servo est collé dans son puits. La tringlerie est ajustée.


*Des caches en plastique thermoformés sont collés par-dessus au double-face.*



*Fabrication du pack Li-Ion sur mesure. Les éléments sont soudés bout à bout du fait de l'étroitesse du fuselage.*


*Malgré la batterie placée dans le nez et les servos d'empennage placés en avant, il a fallu ajouter 62 g de lest pour respecter le centrage du plan.*


Le fermoir de la cabine est réalisé avec le petit morceau de cuivre plié à 90°. Il coulisse dans un morceau de tube plastique. La fente est déjà découpée dans la cabine mais on peut prévoir un petit coup de lime au passage du tube.


A l'arrière de l'aile, on colle la petite clé de centrage en corde à piano. Les commandes de l'empennage sont verrouillées avec un petit tronçon de tube plastique.

Finition

Le décor a été tracé à l'informatique. Pour les couleurs, c'est du vinyle autocollant qui a été choisi, couleur noisette et or métallisé.



Le bec et l'œil sont composés de 2 épaisseurs superposées.


Le vinyle est échenillé puis le décor est recouvert d'un film transfert afin de le transporter en un seul morceau.


Des gabarits en papier aident à réaliser un décor bien symétrique.


Il reste à coller l'autocollant Inca et l'oiseau fournis dans le kit.

Réglages

Pascal Cepeda, le boss de Silence Model, construit et teste tout ses modèles avant de les mettre sur le marché. On peut donc lui faire confiance pour les réglages et les adopter, puis éventuellement les ajuster par la suite suivant nos habitudes de pilotage.
Le centrage se situe à 30 mm du bord d'attaque à l'emplanture. J'ai dû ajouter 62 g de feuille de plomb pour l'obtenir. Attention, la place est comptée à côté du pack d'accu de réception et du U-Bec indispensable.
Pour les débattements :
- Ailerons : 15 mm vers le haut / 7 mm vers le bas
- Profondeur : 12 mm de chaque côté
- Direction : 12 mm vers le haut / 15 mm vers le bas
Si votre radio le permet, il est possible de programmer des aérofreins pour l'atterrissage en relevant les ailerons de 10 mm et en mettant une compensation de 3 mm à piquer à la profondeur. Mais attention, on perd beaucoup en efficacité en roulis donc ça n'est pas indispensable si la zone d'atterrissage n'est pas trop étroite.

Vol contemplatif


L'Inca est prêt pour son premier vol. Un poil plus lourd que celui du fabricant mais la charge alaire reste très raisonnable.

Deux vis à serrer après avoir réuni les deux demi-ailes puis 2 rallonges d'ailerons à raccorder : le montage sur le terrain est donc très rapide. La clé d'aile trouve sa place sous la cabine pour le transport donc on ne risque pas de l'oublier à l'atelier.

Les premiers lancers de l'Inca ont été effectués sur une petite colline en attendant de se rendre sur une "vraie" pente.
La fuselage étroit offre une bonne prise pour un lancer efficace. L'oiseau part comme une fléchette.
La vitesse de vol est relativement rapide à cause du profil fin, l'oiseau parcourt du chemin. On privilégiera donc les pentes un peu larges pour voler sereinement.

Il faut tout de même un peu de vent, ce n'est pas un planeur lancé-main même si la charge alaire reste modérée.
Les gouvernes répondent en douceur. On pourrait trouver une certaine mollesse en roulis car il y a un peu d'inertie sur cet axe. Ca surprend un peu car le modèle est compact mais ça n'est finalement pas désagréable et ça donne l'impression de piloter un modèle plus grand.

L'allure en vol est très originale, faisant penser à un oiseau de proie qui spirale. Dans la pompe, on accompagne bien le virage en ajoutant de la dérive pour éviter la glissade malgré le différentiel. Il gratte plutôt bien et transite vite pour rejoindre une zone où ça porte.

Lorsqu'on a gagné un peu d'altitude, on peut attaquer quelques figures de voltige de base. Les renversements basculent très bien. La boucle peut être serrée mais c'est moche. Il vaut mieux prendre une bonne vitesse et en passer une de plus grand diamètre. Les tonneaux sont assez lents, barriqués et accélèrent dans la 2e moitié.

L'Inca est plutôt fait pour le vol contemplatif, celui où on admire ses lignes inhabituelles et ses belles trajectoires.
La charge alaire modérée offre un décrochage doux qui se récupère vite.

Pour l'atterrissage, on vient d'assez loin car le modèle allonge et bénéficie de l'effet de sol. Les ailerons relevés peuvent aider à condition que l'air ne soit pas turbulent, sinon on risque de manquer d'efficacité en roulis.
Il faut commencer à arrondir avant d'avoir perdu trop de vitesse afin de ne pas planter le nez qui pointe vers le bas dans le sol.


*Il faut bien arrondir à l'atterrissage pour ne pas freiner avec le bec...*

Séduit...

Je l'aime bien, cette oiseau. La construction n'a posé aucune difficulté, le kit est de très bonne facture. Grâce à son aile démontable et son fuselage compacte, il ne prend pas beaucoup de place dans la voiture. Et dès qu'il est assemblé, l'allure est incomparable. Les trajectoires sont tendues, les virages amples.
Et il m'a bien aidé à me remplumer avec un peu de marche pour atteindre les pentes.
Ca fait plaisir de voir qu'on a encore quelques artisans qui se démènent afin de proposer des modèles aux lignes originales au comportement en vol sans mauvaise surprise.