Présentation : Laurent Berlivet
Si comme moi vous aimez dessiner vos propres modèles
ou les construire à partir de plans, alors vous connaissez la
galère pour trouver dans le commerce la verrière qui s’adapte
parfaitement. Pourtant, sans avoir à disposer d'une machine à
thermoformer, il existe un moyen simple d’en réaliser nous-mêmes,
à conditions que leurs dimensions ne soient pas trop importantes.
Si votre master peut entrer dans une bouteille de soda, vous êtes
sauvé !
Les bouteilles de Cola et autres boissons pétillantes sont fabriquées
à partir d'un matériau très résistant :
le PET (polytéréphtalate d'éthylène). Elles
sont soufflées à chaud dans des moules à partir
de tubes en forme d’éprouvette pour obtenir les formes
variées qu'on trouve sur les rayonnages des boutiques. Ce plastique
est également thermorétractable, c'est-à-dire que
sa taille va réduire lorsqu'on le chauffe assez fortement. C'est
cette particularité qui nous intéresse.
Les bouteilles contiennent pour la plupart 1,5 litre mais on en trouve
également en 2 litres, ce qui permet de mouler des bulles un
peu plus grandes.
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Il existe
de nombreuses formes et plusieurs teintes de bouteilles. A vous
de choisir.
Celles qui sont striées sont à éviter pour
des verrières transparentes. |
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Voilà à quoi ressemble une bouteille
quand elle n'a pas encore été soufflée à
chaud. La teinte bleutée s'atténue avec l'étirement. |
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Pour retirer les résidus de colle et d'étiquette,
l'eau écarlate convient parfaitement, sans altérer
le plastique. |
Pour obtenir une belle verrière, il faut sélectionner
la bouteille dès le départ. Ce n'est pas forcément
le breuvage qui importe mais la forme et l'aspect de la bouteille...
Choisir celle à l’étalage qui est la moins marquée
et la conserver précieusement pour éviter les rayures
(voyage dans le chariot, sur le tapis roulant puis dans le coffre de
la voiture, la cave ou encore dans le réfrigérateur...)
car ces défauts de surface ne disparaîtront pas au moulage.
Certaines bouteilles sont striées. Elles peuvent être utilisées
pour un capot, ou une verrière teintée. Mais pour une
verrière transparente, elles ne conviennent pas ; il resterait
un moirage désagréable à l’œil.
Pour enlever l’étiquette, utiliser de l'eau écarlate
et un chiffon doux. D'autres diluants peuvent parfois faire blanchir
le plastique.
Pour les teintes, on trouve des bouteilles transparentes mais également
fumées ou vertes (beurk !).
Il est aussi possible de les teinter soi-même avec des bombes
de peinture plus ou moins opaque. Et la couleur n'a pas d'importance
quand il s'agit de fabriquer un capot ou un carénage qui sera
peint.
La forme qui sert à mouler la bouteille doit être la
plus belle possible. Le balsa est facile à former mais ne sera
plus utilisable après quelques moulages car il se marque très
vite. Pour de la fabrication en série, prendre du bois plus dur
au grain fin comme du poirier par exemple. Si vous n’avez pas
de blocs et que vous êtes obligés de contre-coller des
planches, ne prenez pas une colle trop dure : les raccords pourraient
apparaître après moulage. Pour de la colle blanche, éviter
la cellulosique et préférer l’aliphatique bien plus
facile à poncer. La mousse polyuréthane en bloc, de densité
assez importante, donne également de bons résultats. Le
gros avantage, c'est que contrairement au bois, il n'y a pas de fil
pour faire dévier les outils lors de la mise en forme. La densité
est également constante.
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Quelques masters en bois et en mousse polyuréthane.
La seule contrainte - de taille - c'est qu'ils doivent entrer dans
la bouteille sans dépasser. |
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Quelques exemples de formes : en bois (balsa), en
mousse polyuréthane dense, ou en plâtre, plus durable. |
Il n’est pas nécessaire de recouvrir cette forme d’enduit
ou de peinture pour obtenir un glacé parfait, au contraire :
le plastique se collerait dessus plus facilement et vous risqueriez
de voir le produit de finition réagir avec la température.
Si vous souhaitez fabriquer des verrières en série, il
est préférable de couler du plâtre dans la première
qui aura été réalisée afin d'obtenir un
nouveau moule plus durable.
Dans tous les cas, la forme devra avoir des contours supérieurs
de quelques millimètres à la pièce définitive.
Un décapeur thermique, de préférence un modèle
avec régulateur de température, permet un travail précis.
Pour ceux qui n’en possèdent pas, un petit camping-gaz
ou à défaut la gazinière fera l’affaire.
Le décapeur permet de diriger le jet de chaleur exactement où
l’on veut.
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Même si le camping-gaz rend service, l’idéal
est d’utiliser un décapeur thermique. |
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Un décapeur avec régulateur de température
permet de bien optimiser la chauffe. |
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La découpe s'effectue à
l'aide d'une paire de ciseaux. Ceux à pointes courbées
utilisés pour les carrosserie de voitures RC sont parfaits. |
Un gant de cuisine évite de se brûler la main lorsque
l’on manipule la bouteille qui peut rester chaude un moment.
Pour le traçage des découpes, un feutre indélébile
à pointe fine va bien. Il s’efface ensuite avec un chiffon
imbibé d’alcool à brûler. Les découpes
sont réalisées au cutter ou à l’aide d’une
paire de ciseaux. Celles à extrémités courbées
utilisées pour les coques de voitures RC conviennent parfaitement.
Enfiler la forme dans la bouteille découpée en gardant
le plus possible de marge aux extrémités à cause
de la rétraction. Il faut immobiliser la forme avec des cales
en bois de manière à ce qu’elle ne puisse plus bouger.
Il reste à chauffer tout autour, en rétractant le plastique
progressivement. Il faut parfois chauffer un peu plus pour faire disparaître
les cloques.
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L'arrière de la bouteille est découpé.
Deux verrières peuvent parfois être moulées
en même temps. |
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L'important, c'est que les formes soient
bien immobilisées dans la bouteille. |
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Un tasseau de bois intercalé permet
de faire tourner l'ensemble afin de bien répartir la chauffe,
tout en gardant les doigts éloignés. |
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Bien chauffer tout autour afin de rétracter
le plastique autour des formes. |
Si l’on chauffe trop, le plastique devient blanc et laisse apparaître
des micro-bulles. Dans ce cas, vous n’avez plus qu’à
tenter de nouveau votre chance en vidant une autre bouteille…
(Les premières fois, il arrive qu’on ait l’estomac
un peu ballonné... )
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Ne pas trop chauffer sinon le plastique
blanchit et de petites bulles apparaissent. |
Dans les courbes prononcées, vous pouvez tirer avec une pince
pour forcer le plastique à prendre la forme voulue.
Bien laisser refroidir et découper délicatement. Une astuce
consiste à tracer directement le contour de la forme définitive
sur le master. Vous n’avez plus qu’à le reproduire
sur la bulle à l’aide d’un feutre indélébile.
Attention aux doigts en travaillant au cutter.
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Les contours sont tracés au feutre
indélébile avant démoulage. Une lame de scie
à métaux fait office de réglet, qui ne glisse
pas. |
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Ce qu’il reste de la bouteille,
et la verrière à retailler. |
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L'excédent matière est découpé
avec soin le long du tracé. |
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Deux verrières prêtes à
être collées sur des avions. La qualité est
tout à fait acceptable. |
Une paire de ciseaux est bien plus précise. Côté
goulot, la matière est très épaisse. On peut la
couper à l’aide d’une scie à métaux
ou d’un disque à tronçonner monté sur une
mini-perceuse.
De longues verrières ne pourront pas être fabriquées
en une seule fois à cause du format des bouteilles. Dans ce cas,
on s'arrangera pour camoufler le raccord au niveau d'un arceau réalisé
au moment de la finition, masqué par la peinture ou avec une
bande de vinyle adhésif.
Il reste à habiller le poste de pilotage avec une figurine, un
tableau de bord, un siège et toutes sortes de petits accessoires
qui donnent vie à une maquette, c’est toujours plus joli
qu’un grand espace vide.
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On trouve chez Tamiya des bombes de peinture
« smoke » pour donner un aspect fumé
au plastique. |
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Plus on en met, plus la verrière
devient opaque. |
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La verrière de ce CheapMonkey est teintée
afin d’éviter un aménagement du cockpit. |
Une alternative, lorsqu'on ne souhaite pas aménager la cabine,
consiste à teinter la bulle par l’intérieur, afin
de la rendre plus ou moins opaque. Pour cela, on peut utiliser de la
peinture « smoke » de chez Tamiya. Une fine couche
donne une teinte légèrement fumée et plusieurs
la rendent totalement opaque.
Si le plastique est transparent, la peinture est posée par l’intérieur,
ce qui permet de conserver l’aspect glacé en surface. Avec
du plastique teinté ou si la bouteille choisie comportait quelques
stries, il vaut mieux peindre par l'extérieur afin d'obtenir
un aspect uniforme.
Pour un rendu parfait qui fait même disparaître les micro-rayures,
on peut passer une couche de vitrificateur
à parquet (Klir ou équivalent) après avoir
bien essuyé le plastique, et laisser sécher dans un endroit
hors poussière.
Le collage s’effectue avec de la colle néoprène
transparente ou silicone, ou encore à l’époxy. Un
congé de micro-ballons et parfois quelques aiguilles peuvent
aider à bien maintenir la verrière en place sur la cellule.
Cette méthode peut également être appliquée
pour réaliser toutes sortes de capots et carénages, parfois
en plusieurs parties si on veut pour pousser le bouchon un peu plus
loin… Dommage que les fabricants de boisson ne fassent pas encore
des bouteilles de 5 litres pour vendre leur breuvage...
Vous n’avez plus qu’à essayer, sans vous brûler
les doigts...
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Confection d’un capot rond en utilisant
la partie haute de la bouteille, le goulot centré sur l'avant.. |
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Après rétraction, on découpe
délicatement l'excédent de matière. |
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Le démoulage s'effectue en poussant
depuis l'avant. |
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Un capot circulaire issue d'une bouteille
striée à la base. Certaines zones sont moirées
mais l'effet disparaît après peinture. |
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Sur ces
petits Sukhoï 26, verrières et capots sont issus de
bouteilles thermoformées. |
Contacter l'auteur : laurent@jivaro-models.org