Présentation : Franck Aguerre |
Photos : Pascale Constantin |
Après la création
du Rush il y a plus de 10 ans, produit depuis par CCM, j’avais
envie de réitérer l’expérience d’un
petit jet à turbine non maquette, original et performant, uniquement
dédié au plaisir du pilotage. Et cette fois-ci, profitant
de la banalisation des équipements radio et des motorisations
au format micro, il se devait d’être très économique.
Voici donc le Xrush, digne héritier du Rush !
Avant toute chose, il a fallu
établir un cahier des charges le plus clair possible :
- coût de réalisation : 45 euros maxi
- coût des équipements : 200 euros maxi motorisation
brushless (perso) comprise
- masse : 300 g
- puissance : 100 W
- dimensions estimées : envergure 600 mm, longueur 700 mm
- construction tout balsa
- départ à la main (pas de catapulte) et sans aide
- comportement très sain à basse vitesse
- voltigeur
- vitesses de vol dignes d’un jet (palier et ascensionnelle)
- design sortant de l’ordinaire |
Ce jet original est motorisé par une petite turbine
économique type GWS 55 ou Graupner 400.
|
Le Rush, conçu il y a une
dizaine d'années, disponible depuis en kit chez CCM. |
Bref, on est en plein dans l’histoire du beurre
et de l’argent du beurre... Et pourtant, les essais en vol montreront
que le pari a été relevé de belle manière.
Mais n’anticipons pas !
Le cahier des charges étant établi, il ne reste plus qu’à
trouver quelle allure donner au futur bébé. Le hasard
a voulu que je tombe sur un article vieux de plus de 10 ans, sur le
Barracuda de M. Claude Guillory. Le principe repose sur l’utilisation
d’un stabilisateur d’allongement et d’envergure importants,
qui vient se raccorder aux ailes. On appelle cela une aile rhomboïdale.
Sur le papier, les avantages sont nombreux : bien conçue, la
jonction aile/stab joue le rôle de winglet, donc diminue les traînées
induites de l’aile et du stab. D’autre part, la grande surface
de stab garantit un comportement ultra sain. En plus, cela donne une
allure inimitable. Le pilotage se fait uniquement par le stab, avec
un mixage delta. Voilà pour le concept !
Reste à lui donner vie. En premier lieu, la ligne du fuselage,
tout en restant très simple, est bien sûr inspirée
du Rush, avec la partie avant utilisée comme séparation
des entrées d’air, mais non démontable. Seul le
décroché du fuselage si particulier du Rush (au niveau
de l’entrée d’air, décroché jouant
le rôle de piège à couche limite) n’a pu être
utilisé car trop complexe à réaliser. Toutes les
sections sont rectangulaires avec les angles arrondis, afin de faciliter
la construction, et dimensionnées pour accueillir une turbine
de 55 mm de diamètre rotor. La simplification est telle que le
Xrush ne compte qu’un seul couple !
Ensuite, le profil a été conçu pour cet appareil,
suivant des critères de facilité de construction : l’intrados
est entièrement plat. S’il fait 9% d’épaisseur
relative sur toute l’envergure, il diffère cependant du
saumon à l’emplanture. En effet, toujours pour des facilités
de construction, le bord d’attaque a exactement les mêmes
dimensions sur toute l’envergure, ce qui permet d’utiliser
une baguette de section constante. Ceci dit, les profils d’emplanture
et de saumon ont été passés sous XFoil afin d’optimiser
l’écoulement et la répartition de pression, et le
résultat n’est pas mal du tout malgré la rusticité
de ce type de profil. De même, l’aile a été
conçue dans un esprit de grande simplicité : des longerons
ne sont utilisés qu’à l’intrados, sans aucun
coffrage, tandis que l’extrados est coffré intégralement.
C’est une construction un peu atypique, mais finalement très
rigide et solide.
La construction est assez simple, à la portée
de tous les colleurs de balsa. |
La construction
Pour une question de plaisir de construire, j’ai donc choisi une
construction tout balsa. Par la même occasion, je voulais sortir
de la mode du tout Dépron®, en montrant que l’on peut
faire très léger en balsa sans être un pro de la
dentelle. J’y vois aussi le gros avantage d’avoir un appareil
qui vieillira bien, alors que le Dépron® se marque très
vite. Et vu les résultats très satisfaisants, il me semble
vraiment inutile de penser à faire ce jet en Dépron®,
sauf à envisager des vols balistiques avec des montées
verticales à perte de vue.
Mais revenons plutôt à notre engin tout bois. Avant de
commencer la construction, il vous faudra :
- 2 planches de
balsa 10/10
- 3 planches de balsa 15/10
- 1 planches de balsa 20/10
- 2 baguettes de balsa 4x4
- 4 baguettes de balsa 6x6 triangulaires
- une chute de polystyrène extrudé
- 1 tube de cyano
- 1,5 m d’Oralight
- 2 cordes à piano 5/10 mm avec gaine blanche |
L'auteur et son bolide de 60 cm d'envergure. Il ne faut
pas trop s'éloigner pour ne pas perdre de vue un tel modèle.
|
La voilure
Le balsa est bien sûr à choisir avec attention, une planche
pouvant peser du simple au double suivant la provenance. Par contre,
il ne faut pas tomber dans l’excès : le balsa plume est
à éviter, trop fragile pour cet usage.
Le premier travail consiste à réaliser les nervures. Vu
la faible quantité, j’ai choisi de les découper
simplement au cutter, en posant sur la planche de balsa une photocopie
de chaque nervure.
Ensuite commence la construction des demi-ailes, qui sont de conception
un peu originale : les nervures sont d’abord placées sur
les longerons en balsa 4x4 (attention, pas le longeron arrière
qui relie les deux demi-ailes et sera collé ensuite), intrados
sur la table, chaque demi-aile séparément. Tout cet ensemble
est collé à la cyano, en prenant soin d’éviter
tout vrillage. On peut alors coller les bords d’attaque en balsa
4x4 de la même manière, ainsi que les bords de fuite en
balsa 10/10. Un fois cet assemblage bien sec, un dernier coup de poncette
permet d’égaliser les bords d’attaque (surtout ne
pas arrondir !) et les bords de fuite pour assurer une bonne continuité
avec les nervures.
La construction des ailes continue avec la pose des coffrages d’extrados
toujours à la cyano. Pour ce faire, je pointe d’abord le
coffrage sur le bord d’attaque avec quelques gouttes de cyano,
puis je le roule en le pointant sur le premier tiers des nervures d’abord,
ensuite sur le bord de fuite. Les coffrages étant ainsi mis en
place, il suffit de retourner chaque demi-aile pour infiltrer de la
cyano au niveau de la jonction nervure/coffrage. Cette dernière
opération peut se faire en l’air, les pointages empêchant
tout vrillage intempestif. Un coup de poncette pour finir le bord d’attaque
et les extrémités, et on peut assembler les deux demi-ailes,
toujours à la cyano, avec un dièdre nul à l’intrados.
Dans le même temps, on pose le longeron central qui sert aussi
de clé d’aile, ainsi que les goussets qui finissent de
renforcer cette petite plume. Avant entoilage, en utilisant un balsa
moyen (pas du balsa-plume), l’aile terminée pèse
25 g. Voilà qui est très bien !
Les deux servos sont logés à l'avant. Ils actionnent
les élevons mixés électroniquement à
la réception mais presque toutes les radios le font maintenant
à l'émission. |
Le fuselage
On débute par la réalisation de la partie avant, en commençant
par le couple de nez. Cette partie avant reçoit son plancher,
y compris la partie qui s’élargit au niveau des entrées
d’air. Dans le même temps, on prépare les flancs
en balsa 15/10, en y collant les baguettes triangulaires en balsa 6x6.
Pour le cintrage au niveau des entrées d’air, quelques
légers coups de cutter (attention, sans couper complètement
la planche) permettront de facilement donner la forme en S. Ces flancs
sont ensuite collés sur le plancher lié à la partie
avant, puis le plancher est terminé jusqu’à l’arrière.
A ce stade, il est utile de présenter à blanc tous les
éléments, afin de préparer les passages des câbles
d’alimentation du moteur ou des gaines de commande. Il ne faut
pas oublier non plus de présenter la turbine et de coller les
4 lattes en balsa 15/10 qui serviront à la bloquer axialement.
Une fois tout cela préparé, le plancher supérieur
peut être posé. Le fuselage est ensuite terminé
par l’ajout de polystyrène extrudé pour le nez,
un bon ponçage lui donnant les galbes souhaités. Il faut
aussi poser la cale de maintien de l’aile. Cette cale, composée
de plusieurs plaques de 25/10, sera correctement poncée intérieurement
à la forme de la pointe de l’aile, avec le minimum de jeu,
puis collée à la cyano sur le fuselage, aile en place
et correctement triangulée. A ce niveau, il ne faut pas hésiter
à infiltrer de la cyano pour bétonner ce collage important.
Un dernier petit travail, pour l’esthétique, consiste à
coller 4 bouts de balsa 20/10 aux angles intérieurs à
l’extrémité arrière du fuselage, afin de
caréner un peu la turbine. Attention, il ne faut pas les faire
trop enveloppants pour pouvoir retirer facilement la turbine. Avant
entoilage, le fuselage ainsi construit pèse 55 g.
Les éléments de stabilisation sont ensuite préparés
séparément du fuselage. Pour ce faire, on y colle les
goussets, puis on met en place à blanc sur le fuselage, et au
besoin un petit coup de poncette permet d’affiner l’assise.
La tringlerie de commande d'un élevon. Il n'y a que
2 gouvernes mobiles, comme sur un delta.
|
Finition
Elle se fait au film thermo-rétractable, en prenant soin de ne
pas vriller les demi-ailes ou les demi-stabs. Pour ma part, j’ai
choisi de faire très simple, tout en blanc. Par contre, j’ai
fait l’erreur de choisir de l’Oracover, qui n’est
pas adapté à une structure aussi légère
de par la tension qu’il génère, et aussi à
cause de sa masse importante. Quelques essais ont montré qu’un
bon vieux Solar est mieux adapté, ou à défaut de
l’Oracover light, qui fera gagner en même temps une vingtaine
de grammes. La bulle en roofmat a été recouverte de vinyle
adhésif tendu au sèche-cheveux.
Une fois tous les éléments entoilés, on peut ensuite
assembler sur le fuselage les stabs et la dérive, toujours à
la cyano, en ayant au préalable enlevé au cutter l’entoilage
aux endroits à coller. Pour terminer, l’aile est maintenue
par le support du fuselage au niveau de sa pointe avant, et par une
simple vis à bois vissée à environ 20 mm du bord
de fuite de l’emplanture. Après un premier vissage, il
vaut mieux démonter l’aile pour durcir le balsa côté
fuselage (au niveau de l’empreinte de la vis) en infiltrant de
la cyano. Pour terminer, les jonctions aile/stab sont simplement maintenues
par du scotch transparent. A noter que cela contribue beaucoup à
la rigidité des stabs, très souples sans cela.
Les extrémités de l'aile et du stab sont réunies
sur de petites cloisons verticales. |
La pointe avant de l'aile vient se loger dans un support
à demeure sur le fuselage. |
Motorisation et turbine
Deux choix de turbines très faciles à trouver sont possibles.
En effet, on trouve sur le marché la turbine Graupner 400 et
la turbine GWS EDF55-300H qui s’adaptent parfaitement au Xrush.
Ayant essayé les deux turbines, ma préférence va
à la GWS. En effet, sous environ 11 V (soit 3 éléments
Li-Po de très bonne qualité), la Graupner consomme 8 A
(avec un Speed 400 6 V, trop lourd pour le Xrush) pour 160 g de poussée,
alors que la GWS avec le moteur d’origine consomme 9 A (donc environ
100 W avec 3 Li-Po) pour 210 g de poussée. Il n’y a pas
photo, d’autant plus que la GWS ne pèse que 75 g moteur
compris, soit la masse de la Graupner avec un brushless, et qu’elle
coûte presque moitié moins cher. De plus, on ne parle ici
que de moteurs classiques. Avec un petit moteur brushless adéquat
(moteur à cage tournante en kit spécial turbine de chez
Aircraft World au Japon), les essais que j’ai pu mener montrent
que la turbine GWS 55 est capable de délivrer jusqu’à
470 g de poussée sous 250 W, ce qui est exceptionnel, et permet
de transformer le Xrush en véritable racer à sensations
(très) fortes. Avec ce même moteur, la GWS 55 délivre
270 g de poussée sous 100 W.
Plus difficiles à trouver mais offrant aussi des performances
correctes (les données sont issues d’essais publiés
sur Internet, principalement sur le site www.edfinfo.com,
les forums de www.rcgroups.comet
certains sites commerciaux), ici données à 100 W pour
la comparaison avec les deux turbines citée précédemment
:
- Scorpio Fantex 240 : conception séduisante, avec un moteur
situé à l’entrée de la turbine.
Poussée sous 100 W avec moteur Permax 280 BB : 165 g.
Poussée sous 100W avec moteur brushless Hacker B20-15L : 225
g.
- Vasa 55 : belle turbine en carbone, mais assez chère.
Poussée sous 100 W avec moteur brushless ModelMotor 1215/16 :
245 g.
- Wemotec Microfan : conception sérieuse, très utilisée
aux USA.
Poussée sous 100 W avec moteur brushless Razor 300 : 260 g.
Le moteur visible ici a été bobiné
par l'auteur sur la base de celui d'un lecteur de CD-Rom mais des
moteurs du commerce sont bien sûr adaptés.
|
Ce moteur consomme 9,5 A à 24500 t/min. Des performances
intéressantes en perspective. |
Lors des premiers vols du Xrush, je n’avais à
ma disposition qu’une turbine Graupner, qui a donc équipé
ce petit jet par la force des choses. Pour rester dans le cahier des
charges, soit 100 W, j’ai réalisé un moteur brushless
perso, conçu pour fonctionner avec 3 éléments Li-Po
de 1200 mA. Sur la base d’un moteur de CD-Rom de 24,5 mm de diamètre,
il utilise 10 aimants néodyme de 5x5x1 et est bobiné avec
du fil de 0,4 mm (20 spires, câblage triangle). Pour les spécialistes,
le KV est de 3200 tr/min/V. Le rendement est de l’ordre de 75%
(sous 10,5 V, conso 9,5 A, régime 24500 tr/min), ce qui me paraît
très satisfaisant pour un moteur perso. Cette mesure de rendement
est confortée par le fait que le moteur est rigoureusement froid
après 15 min de vol, ce qui prouve aussi qu’il est bien
ventilé (c’est souhaitable dans le cas d’une turbine
!).
Avec ce moteur, donc à environ 100 W, la Graupner arrive à
220 g de poussée avec cône de poussé (de simples
bouts de scotch collés en bout de tuyère pour réduire
la section de passage), et environ 210 g sans cône.
La turbine n'est pas collée mais simplement tenue
en force dans l'arrière du fuselage. |
La turbine électrique est logée à l'extrémité
arrière du conduit. |
Un dernier mot sur les moteurs brushless : pour la
majorité d’entre vous qui ne construira pas son moteur,
il faut savoir qu’il est très facile de trouver un petit
brushless parfaitement adapté à ces turbines. Pour mémoire,
on en trouve sous pas mal de marques : SMT, New Power Carbon, Feigao,
Himax, Razor, Astro, Hacker, ModelMotor, Mega, etc. Il y a en a pour
tous les prix, mais finalement les performances sont souvent proches.
Avec 3 éléments Li-Po, il faudra choisir un moteur ayant
un KV allant de 3200 à 4000 tr/min/V, voire plus suivant
la puissance désirée. Attention aussi au choix des accus,
qui devront être capables de supporter l’intensité
consommée par le moteur.
Au niveau fixation dans le fuselage, quelle que soit la marque de turbine,
la lèvre d’entrée de la turbine devra être
poncée radialement pour réaliser 4 plats afin qu’elle
rentre juste dans le fuselage. 4 morceaux de balsa sont collés
à l’arrière de la turbine pour la maintenir parfaitement
dans le fuselage. La turbine est ainsi simplement glissée par
l’arrière du jet. A noter que de l’air peut passer
entre les angles intérieurs du fuselage et la turbine, ce qui
pourrait causer des turbulences à l’entrée de turbine,
mais finalement la perte en poussée est peu sensible.
L'aile d'une pièce est démontable tandis que
le stab reste solidaire du fuselage. |
Installation radio et réglages
C’est la partie la plus simple. Il faut tout d’abord articuler
les gouvernes : le plus efficace pour cela reste le simple scotch d’écolier.
Les guignols sont quant à eux tirés d’une plaque
verre/époxy 8/10, du genre pour circuits électroniques,
mais sans la couche de cuivre. Ils sont fixés aux gouvernes simplement
dans des fentes pratiquées avec une fine lame de scie et un peu
de cyano pour assembler le tout. Les commandes sont réalisées
avec de la corde à piano 5/10, pliée en S côté
guignols et simplement à l’équerre côté
servos.
L’équipement radio de mon appareil est composé des
éléments suivants :
- récepteur Pico4/5 Multiplex
- 2 servos 5,5 g
- variateur Castle Creation brushless Phoenix 10A BEC
- accu Li-Po E-TEC 1200 mA 3 éléments
L’émetteur devra être pourvu d’un mixage delta.
Dans mon cas, un peu par nostalgie, j’ai utilisé le très
vieil émetteur Sanwa de mes débuts, le mixage étant
réalisé à la réception par un mixeur électronique
à base de PIC 12C509, inspiré de celui que l’on
trouve sur le site Web aeropic.free.fr
(merci Alain !), mais avec le plein débattement sur les 2 voies.
Les réglages que j’ai adoptés sont les suivants
:
- centrage à 148 mm au niveau de la pointe du bord d’attaque
(à l’aplomb du longeron arrière)
- calage élevons : 0
- débattement tangage : +/- 10 mm
- débattements roulis : +/- 10 mm
Une fois l’appareil terminé, on arrive à une masse
en ordre de vol de 320 g, ce qui correspond tout à fait à
mon cahier des charges. Cela donne une charge alaire de 35,6 g/dm²,
et ça devrait voler sans surprise. A noter que cette masse est
obtenue avec la turbine Graupner équipée du brushless
perso. Avec la turbine GWS équipée du même moteur
(-20 g), un entoilage à l’Oralight (-20 g) et l’utilisation
d’un mixage à l’émetteur (-5 g), on arriverait
facilement à 275 g. Choix à retenir donc sans réserve
!
A noter que la turbine GWS avec le moteur d’origine reste cependant
un très bon choix avec 3 éléments Li-Po (295 g
pour 190 g à 210 g de poussée suivant les accus), les
performances demeurant très correctes et le coût très
modéré.
Les extrémités de l'aile se confondent avec
celles du stab ; c'est le principe de l'aile rhomboïdale qui
offre en autres performances un décrochage quasi inexistant.
|
Les vols
Les premiers vols ont eu lieu à la pente, cela laisse toujours
une marge de sécurité supplémentaire si le modèle
n’est pas tout à fait bien né.
Comme vous l’avez compris, ils se sont déroulés
avec la turbine Graupner équipée d’un brushless
maison, la turbine GWS n’ayant été essayée
qu’au banc, faute de temps. Après l’indispensable
vérification au sol, quelques pas de course sont effectués,
appareil tenu à bout de bras. Bon, tout va bien, il ne demande
qu’à partir. C’est chose faite, moteur plein pot
: eh bien, voilà que ça grimpe plutôt fort pour
une turbine ! En effet, la turbine accroche dès le départ,
et le Xrush semble grimper comme un motoplaneur bien motorisé.
Surprenant ! Une fois un peu haut, profitant de la faible portance de
la pente, le moteur est coupé pour tester le décrochage.
Et c’est là que la pratique rejoint la théorie :
impossible de le faire décrocher. L’incidence augmente,
le taux de chute aussi, mais point de décrochage. Par contre,
plus la vitesse baisse, et plus un manque de surface de dérive
se fait sentir : en effet, le Xrush ondule d’une aile sur l’autre,
dans une sorte de roulis hollandais. Et soudain, surprise, j’ai
droit à une belle vrille à plat ... qui se finit gentiment
50 m plus bas, sans aucun bobo, si ce n’est ma fierté blessée
de ne pas avoir pu l’en sortir. D’autres vols seront faits
dans la même journée, confirmant que la vrille à
plat est une figure finalement très facile à engager et
à bien tenir... jusqu’au sol. Blague à part, j’ai
quand même pu relever quelques caractéristiques intéressantes.
Tout d’abord, en dehors des phases à basse vitesse complètement
vérolées par ce roulis, le Xrush vole comme sur des rails.
La vitesse d’évolution est plutôt soutenue, et demande
de rester concentré. Par contre, les commandes sont très
douces et agréables. Seule la commande de roulis, toujours à
cause de la faible surface de dérive, manque de découplage
et induit des perturbations sur l’axe de lacet si le braquage
est un peu trop sec. Et plus la vitesse est faible, plus ces perturbations
deviennent importantes. L’atterrissage en devient même périlleux,
la moindre correction en roulis se transformant en cauchemar.
Les entrées d'air latérales sont rectangulaires,
pour simplifier la construction. |
Quelques jours après, direction une piste en
herbe en plaine, avec une dérive agrandie par un bout de Dépron®
de 25 mm (le plan du Xrush tient compte de cette modification). La confiance
au lancer commençant à venir, celui-ci se fait d’un
geste souple sans la traditionnelle course d’élan. Voilà
le Xrush qui part bien droit. Quelques mètres plus loin, mon
optimisme me dit que le problème de roulis doit être résolu.
L’action suivant la pensée, un coup d’aileron sec
et voilà un beau tonneau bien axé. Effectivement, tout
semble rentré dans l’ordre. Cela se vérifie par
un test de décrochage, qui montre encore une fois que ce mot
a bien été inventé pour d’autres appareils.
Effectivement, le roulis induit est bel et bien un souvenir lointain,
malgré les quelques coups d’ailerons vicieux que je donne
pour le déstabiliser. Je peux enfin souffler, c’est une
réussite !
Depuis, ayant fait une bonne vingtaine de vols, je peux vous livrer
mes impressions. Tout d’abord, la sensation d’aisance musclée
qui se dégage de cet appareil est surprenante. En effet, le taux
de montée est étonnant pour un jet à turbine électrique,
avec un angle d’au moins 30° sans s’essouffler, voire
près de 45° dans les premières minutes de décharge.
D’autre part, le vol en palier ne demande pas plus du tiers de
puissance, avec une vitesse de vol sympa, ce qui semble montrer que
le Xrush bénéficie d’une aérodynamique correcte.
Cela se retrouve dans les temps de vol, atteignant facilement les 15
minutes dont une bonne moitié en utilisation sportive. A noter
que les accus finissent les vols un peu chauds, normal car ils sont
conçus pour 7C, soit 8,4 A. Avec ce moteur maison, l’idéal
serait de mettre les nouveaux E-Tec 1200 mA, qui acceptent 12 A sans
broncher. Par contre, je ne l’ai pas encore fait, une petite ventilation
de la partie avant serait quand même bienvenue pour la durée
de vie des accus.
Quelques morceaux de ruban adhésif permettent de
réduire le diamètre du cône de la tuyère
afin de modifier la poussée lors des essais. |
Une fois les erreurs du début corrigées,
ce jet se révèle être une machine très agréable
à piloter. La vitesse en palier plein pot est plutôt élevée
et comparable à celle de celle son grand frère le Rush
avec 200 W. Question comportement, le vol est extrêmement sécurisant.
Les gouvernes sont assez mordantes sans être trop vives et sont
surtout très homogènes. L’appareil est vif, et plutôt
neutre sur tous les axes, ce qui est très sympa. Le décrochage
est inexistant, et il est possible de faire des approches à très
forte incidence au moteur, et même de poser dans la main sans
difficulté. C’est à mon avis unique dans le monde
des jets à turbine ! Le plané reste lui aussi correct,
mais le taux de chute est un peu élevé pour s’amuser
dans une pompe. Autre point étonnant, c’est le centrage
: il a été essayé à près de 30 mm
en avant et en arrière du centrage optimal, avec une modification
à peine visible du caractère de ce petit jet. C’est
dire s’il est tolérant.
Question voltige, le Xrush n’est pas en reste, du moins avec une
voltige simple compatible avec un jet, ce n’est pas un multi.
Tout d’abord la traditionnelle boucle, qui passe pleins gaz sans
prise de vitesse initiale, même avec un diamètre important.
Facile ! Le tonneau passe lui aussi très aisément, bien
axé, et le vol dos peut se tenir indéfiniment, sauf pour
l’atterrissage, à moins de poser sur une herbe bien haute
(???). Tout passe avec facilité, sans se poser de question. Chose
surprenante, l’action à piquer nécessaire pour tenir
le vol dos n’est pas très importante, malgré le
profil plan/convexe utilisé, à la condition de garder
de la vitesse. Enfin, et c’est le plus agréable, je ne
me lasse pas d’enchaîner les passages plein badin au ras
de la piste, suivis d’une remontée en chandelle, demi-tonneau,
demi-looping, et c’est reparti en radada. Du pur plaisir.
La prise en main est aisée : il n'est pas nécessaire
d'utiliser une catapulte pour mettre le Xrush en l'air.
|
Conclusion
L’objectif du cahier des charges initial est rempli à 100%.
Voilà un jet qui, s’il n’est pas du tout maquette,
offre un rapport originalité / facilité de construction
/ facilité de pilotage / performances pas banal du tout. De plus,
pour ceux qui auront suivi mes conseils, à savoir l’utilisation
d’une GWS55 avec un brushless et un entoilage léger, vous
obtiendrez à peu de frais un jet à turbine électrique
doté d’un rapport masse/poussée de 1, voire moins
suivant le choix du moteur et des accus. Pas banal vous disais-je...
Caractéristiques
Nom : Xrush
Envergure : 60 cm
Longueur : 74 cm
Cordes aile : 20 et 10 cm
Surface aile : 9 dm²
Profil aile : plan/convexe perso 9%
Masse : 320 g
Charge alaire : 35,6 g/dm²
Equipements
Turbine : Graupner 400 ou GWS 55
Moteur : Brushless maison
Batterie : 3 Li-Po 1200 mA
Radio : 3 voies avec mixage delta |
Un X-Rush a été agrandi à 1 mètre
par Dominique. Construction tout bois, poids 1,295 kg, moteur
Mega - accu Li-Po 14,8V. "Le vol est très beau, très
belle ligne est sa vitesse est de 159 km/h testé au pistolet
radar." |
Contacter l'auteur : franck.aguerre@jivaro-models.org