"Pourquoi avoir mis un capot si petit sur cet
avion si volumineux ; il ne semble même pas adapté
au fuselage ?"
C'est un peu la réflexion que je me faisais devant
cet avion avant de voir un jour de près un Skyraider.
Là, dans le déferlement de sa puissance, on
constate que le moteur est déjà énorme,
et que c'est plutôt le fuselage qui est disproportionné
! Quant au pilote, il ne semble même pas être
à l'échelle tellement il est minuscule une fois
installé aux commandes de ce monstre...
Quand Frédéric Klein m'a envoyé quelques
photos de ses modèles, celle d'un petit Skyraider a
particulièrement attiré mon attention. Après
quelques questions, j'ai appris que c'était une semi-maquette
tout balsa de sa conception, qu'il l'avait présentée
sur le forum américan RC
Groups, et qu'un "short kit" était maintenant
disponible, distribué par Manzano
Laser (qui produit également de nombreux autres
semi-kits de warbirds). Il ne m'en fallait pas plus pour passer
commande...
Quelques passages un jour venteux. On voit que la motorisation
est "amplement" suffisante...
Caractéristiques
techniques
Nom : Douglas A-1 Skyraider
Fabricant : Manzano
Laser
Envergure
: 90 cm
Longueur : 70 cm
Surface : 13,5 dm²
Masse : 680 g
Charge alaire : 50 g/dm²
Profil : Eppler 205
Moteur
: Typhoon 15/10
Contrôleur :
Batterie : Lipo 3S 1200 mAh
Hélice : Aeronaut Carbon Elektro 9,5"x5"
Radio : 4 voies (4 servos)
Prix indicatif du short kit : 69,95 $
Pour passer
commande, vous pouvez contacter le fabricant aux USA ou bien
directement le concepteur en France, Fred
Klein.
Il s'agit d'un Short Kit, c'est-à-dire
que seules les pièces découpées sont livrées,
ainsi que le plan imprimé échelle 1.
Il faut donc acquérir séparément quelques
planches pour les coffrages, et toutes les baguettes,
ainsi que tous les accessoires, excepté la verrière
thermoformée.
Les planches livrées sont en balsa un peu lourd à
mon goût, mais cependant régulier.
Les découpes sont précises grâce à
la découpe laser.
Le
fuselage
Les pièces
sont détachées des planches avec
la pointe d'un scalpel.
Le fuselage est constitué de couples
et d'une âme centrale de largeur dégressive,
qui vient se glisser dedans.
Bien respecter l'ordre
de montage. Le couple avant est en contre -plaqué.
Une fois positionnés, les couples sont immobilisés
à la cyano, perpandiculairement à l'âme
horizontale.
Les renforts de flancs
comportent des encoches qui permettent de les caler sur les
couples.
Ce sont eux qui détermineront le calage de l'aile. Une
baguette vient se glisser sur le dessus, suivie d'une planche
de coffrage.
Il manque de petites
encoches dans les flancs, une à l'avant, une à
l'arrière. Elles sont découpées au montage.
Collage des flancs et
des doublages. Des baguettes à l'arrière permettront
un meilleur collage du coffrage.
Doublage du couple au
niveau du téton de fixation d'aile.
Le coffrage du dessus du fuselage est fendu pour se replier
et épouser le couple.
Le dessous est plat.
Il peut être coffré de façon classique.
Par contre pour le dessus bombé, il faut du balsa très
tendre, ou bien coffrer avec des lattes.
Après coffrage
du dessus, on attaque la partie avant du fuselage.
Le plan n'est pas très
explicite à ce niveau. On improvise au fur et à
mesure...
Le coffrage du dessous
est marqué à mi-épaisseur (lame retournée
vers le haut) pour se courber plus facilement.
Plusieurs couches sont
superposées pour pouvoir ensuite sculpter dans la masse.
A droite, assemblage de la dérive.
Il est nécessaire
de coller les parties fixes du stab et de la dérive avant
entoilage à cause des karmans.
Là aussi, il
faut improviser pour découper une pièce qui raccorde
l'ensemble proprement.
Raccord des volets de
stab en tube carbone, et installation des petites charnières
en fibre.
Vu la taille du modèle, les charnières classiques
peuvent être recoupées en 2 ou en 3.
Le
capot
Le capot est conçu
de façon astucieuse. Pas besoin de moule, il est construit
en bois.
Deux âmes croisées servent de support pour les
anneaux de balsa et de contre-plaqué finement découpés.
A noter, les deux couples
de diamètre légèrement différent,
qui permettent de placer la feuille de contre-plaqué
4/10 tout autour.
La bande de contre-plaqué
fait le tour. Elle doit être parfaitement positionnée
dès le départ pour bien suivre la feuillure dans
les couples.
Pour une fixation par
vis, j'ai collé 4 plots sur le couple avant du fuselage,
et 4 renforts à l'intérieur du capot.
L'aile
Construction de l'aile
avec le longeron unique et les nervures encochées qui
viennent se glisser dessus.
La baguette biseautée glissée sous les nervures
d'extrémité donnera du vrillage négatif
en bout d'aile.
Raccordement des coffrages
: les planches sont réunies bord à bord avec du
ruban adhésif sur une face. Ensuite, la planche est retournée
puis de la colle est infiltrée dans la fente. Après
séchage, l'adhésif est retiré et la jointure
rapidement poncée.
Ponçage du faux
bord d'attaque dessus/dessous dans le prolongement des nervures.
Une baguette posée avant coffrage vient renforcer la
partie arrière. Le coffrage est réhaussé
à l'avant pour bien se plaquer contre les nervures.
J'ai choisi de renforcer
le collage des demi-ailes en ajoutant une clé en contre-plaqué
contre le longeron. Les 3 premières nervures sont encochées
pour lui laisser le passage.
Ajustage de la clé
d'aile entre les deux demi-ailes. Les nervures d'emplanture
doivent être parfaitement plaquées.
Collage à l'époxy
lente, en prenant garde à ne pas vriller l'aile. Une
cale au saumon tandis que l'autre aile repose à plat
permet de caler l'ensemble convenablement. Ensuite, on passe
les rallonges des servos d'ailerons.
Mise en place des servos
d'ailerons avant coffrage supérieur. Il s'agit ici de
Naro GWS, qui entrent tout juste sous le coffrage. Une des pattes
a été recoupée pour que les servos viennent
en appui sur le longeron.
Les câbles débouchent
par une saignée dans le coffrage d'extrados. Un petit
renfort a été ajouté pour ne pas fendre
le coffrage en tirant sur les fils. Au moment de coffrer l'extrados,
ne pas oublier de glisser la cale de vrillage côté
saumon. Ca force un peu sur la structure, mais ce vrillage adoucira
le décrochage en vol.
Pose des bords d'attaque
puis des saumons constitués de 2 épaisseurs. Il
reste à profiler l'ensemble.
Première mise
en croix pour se faire plaisir.
Découpe des ailerons
en prenant les cotes sur le plan.
L'articulation est coupée
en biseau puis les chants sont coffrés, après
avoir déduit l'épaisseur du balsa des parties
fixes et mobiles.
Une portion de vis nylon
taillée en pointe est vissée dans le support du
fuselage
pour marquer les emplacements des trous à percer dans
l'aile.
Un morceau de balsa
est ajouté sous l'aile dans le prolongement du fuselage.
Marouflage
Le marouflage a été
effectué au papier Modelspan posé à la
colle blanche pour les parties courbes et non développables,
et au papier japon collé à l'enduit nitrocellulosique
pour les parties planes.
De la colle à bois vinylique diluée à 50%
avec de l'eau est utilisée pour coller le papier. La
consistance du mélange doit rappeler celle du lait.
Les coupons de papier sont découpés légèrement
plus grands que les surfaces à recouvrir.
Il est important de
bien laisser le papier déborder sur les autres faces
de quelques millimètres pour permettre un chevauchement
des différents morceaux. Ainsi, le bois ne sera jamais
apparent. Il est préférable de déchirer
le papier humidifié plutôt que de le découper
aux ciseaux. Ainsi, les raccords sont beaucoup plus discrets.
La pose se fait progressivement,
en chassant les bulles et les plis vers les bords. Prévoir
toujours un peu de matière pour permettre le recouvrement
sur 3 à 5 mm.
Des entures sont nécessaires
pour les arrondis, comme ici au niveau de l'emplacement de l'aile
sur le fuselage. Avec la colle blanche, le papier Modelspan
peut se déformer légèrement, ce qui est
parfois bien utile sur les petits creux et bosses.
On peut recouvrir toutes
les formes. Cette "peau" renforce efficacement la
surface du balsa.
Après séchage de la colle blanche, les raccords
sont rapidement poncés au papier de verre fin puis la
cellule est entièrement recouverte de bouche-pores ou
d'enduit nitro. Comme son nom l'indique, le premier comblera
les minuscules défauts de surfaces. Plusieurs couches
sont nécessaires, avec ponçage fin entre chaque.
Avec un peu de patience, on arrive à obtenir une finition
miroir, ce qui n'est pas toujours indispensable suivant le sujet
reproduit.
Ultime ponçage
général avant mise en peinture.
La
finition
J'ai utilisé de l'apprêt
de carrosserie en bombe de couleur grise.
Les deux premiers voiles ont été poncés.
Le suivant a servi comme finition.
Pour respecter l'esprit "maquette",
un gris-bleu aurait été plus adapté.
Le plan est très
vague en ce qui concerne la fixation du moteur. J'ai dessiné
une coupelle avec Solidworks et la pièce a été
construite avec une imprimante 3D InVision (résine polymérisée
aux UV par couches de 40 microns). Après retrait du support
en cire, le résultat était joli, et assez léger...
mais pas tout à fait assez solide comme le confirmera
le premier vol...
La modélisation
numérique a permis de réaliser une pièce
parfaitement adaptée au capot et au moteur choisi.
Le moteur est un Typhoon
Micro15/10 bien plus que suffisant.
Les ailettes du capot
ont été découpées dans du contre-plaqué
6/10, collées directement sur les flancs avec un congé
d'époxy.
La bulle est livrée,
il faut la découper pour l'ajuster au modèle.
Une bille de bois, quelques morceaux de styro et de carton fin,
2 lentilles (si, si !) pour les écouteurs, et on a un
pilote simple qui participera grandement au réalisme
une fois l'avion en vol.
Le fond de l'habitacle
est peint en noir mat puis le pilote et ses accessoires sont
collés. Vient ensuite la verrière,
avec collage à l'époxy + micro-ballons. Après,
certaines parties sont masquées puis l'avion reçoit
sa couche de peinture définitive.
Ceux qui souhaitent reproduire
le décor choisi pour ce modèle (celui du Skyraider
basé à La Ferté-Alais) et qui ne disposent
pas d'une machine de découpe peuvent me le commander.
Il se compose de planches de vinyle adhésif de 5 couleurs
différentes (noir, rouge, blanc, bleu et jaune) à
coller suivant la méthode décrite ci-dessous.
Les autocollants ont
été tracés sur informatique puis découpés
dans du vinyle adhésif à l'aide d'une petite machine
Craft Robo.
Un film
pour chaque couleur. Les morceaux sont regroupés sur
le même support, puis l'ensemble est posé sur l'avion
à l'aide d'un film transfert. D'autres autocollants ont
été découpés sur papier autocollant
passé dans l'imprimante.
Les autocollants sont
nombreux. Une fois posés, on passe aux lignes de structure
et au vieillissement.
Les lignes sont tracés au crayon à papier. Une
lame de scie à métaux sert de règle. Les
petites dents ne marquent pas la peinture et évitent
à l'outil de glisser.
Pour les surfaces courbes,
un gros élastique ou une bande de carton fin fait office
de guide.
Les salissures sont
réalisées au crayon de papier. La mine est passée
sur une lime, puis étalée sur la cellule à
l'aide d'un morceau de coton.
Ensuite, l'ensemble de l'avion est recouvert d'une couche de
verni satiné
pour bien fixer tout ça.
En
vol
Avec un tel moteur,
l'avion grimpe à la verticale sans s'arrêter...
Pas très réaliste, mais amusant, et en plus on
a quand même une belle autonomie...
Une pichenette suffit,
l'avion est arraché des mains à la mise des gaz.
Lors du premier vol et après quelques violentes figures,
le couple construit en résine a lâché. 120
g qui se baladent devant l'avion, ça ne fait pas très
sérieux et ça ne facilite pas le pilotage...
Le support moteur a été refait en bois, plus classique.
Sorties
des commandes de profondeur et de direction, car l'avion mérite
bien d'être piloté en 3 axes.
La place est largement
suffisante dans le fuselage pour n'importe quel équipement
radio. Sous l'aile, un peu de finition au crayon.
La batterie est constituée de 3 éléments
Lipo de 1200 mAh. Avec la motorisation choisie, le modèle
est plus lourd que le prototype du concetpteur mais la charge
alaire reste cependant raisonnable.
L'avion est vraiment très sympa en
vol. Jamais méchant, il peut voler lentement ou partir comme
une fusée vers le ciel.
L'allure queue haute est très rassurante. Malgré son
profil, plan convexe, il vole très bien sur le dos, et passe
toutes sortes de figures. Les gouvernes sont très efficaces
sur tous les axes.
Une hélice quadri-pale participerait au réalisme, je
n'ai pas encore franchi le pas...
A Crespières
2009, Frédéric Klein, le concepteur, avait également
apporté le prototype de son Skyraider.
"J’aurais mis
du temps mais il est quasi fini ! Il est vernis et n’attend
plus que son moteur et ses servos de prof et de dérive.
Je tenais à le montrer « aux spécialistes
». J’ai hâte de le mettre en l’air.
Amicalement,"
Stéphan Bagardie