Aujourd’hui, je vous propose un «
jet » à turbine électrique à l’échelle
1:1 de 150 cm d’envergure. Non, ce n’est pas un missile,
ni un F-16 pour Jivaro mais bien la reproduction fidèle d’un
goéland, une sorte de grosse mouette rieuse. Ce produit original
de la firme PlanePrint
est à imprimer en 3D.
Cet oiseau est entièrement imprimé
en 3D à partir de filament PLA et LW-PLA. Il existe une version
"planeur pur" pour le vol de pente. Celui qui est présenté
est équipé d'un très discrète turbine
électrique.
Vidéo de l'oiseau modifié
pour la turbine de 50 mm. Décollage facile même sans
vent de facel, des montées, des tonneaux, des boucles,
des immelmann et même un vol inversé confortables
sont possibles !
Caractéristiques
techniques
Fabriquant : PlanePrint
Modèle : Seagull
(un modèle de René Marschall)
Envergure : 150 cm
Masse au décollage : 550 g (2S, EDF 40 mm) à 650 g
(3S, EDF 50 mm)
Taille d’imprimante : 200x200x200 mm au minimum
Filaments recommandés : PolyLight
(120 g) et PolyAir
(130 g) de 3DLabPrint
Vues 3D du corps de
l'oiseau dans le Slicer permettant de créer le fichier
à imprimer.
Je ne m’étendrai pas sur l’impression et le montage.
PlanePrint maîtrise son sujet et je n’ai éprouvé
aucune difficulté à sortir les pièces sur mon imprimante
(CrealityEnder 3S1). Une fois de plus j’ai opté pour les
filaments de 3DLabPrint : PolyLight
et PolyAir,
un couple gagnant en ce qui me concerne. Il faut aussi un peu de TPU
flexible pour les charnières et les brides de la voilure. Les
ailes nécessitent un longeron en tube de carbone de 6 mm. Si
vous n’en trouvez pas, les flèches en carbone 5,5 mm «
Discovery » de chez Décathlon conviennent. J’ai choisi
de les coller dans le « corps » de la bête. C’est
plus encombrant mais aussi plus rigide. Chauffez la pointe en métal
avec un briquet pour la retirer (sans vous brûler) et arasez les
empennages avec une lame neuve. Pour les commandes, trois servos 5 g
sont indispensables, les 9 g plus courants sont trop gros.
Aperçu des
notices de fabrication et de montage très bien faites et
vraiment complètes.
Tous les collages se font à la cyano moyenne, avec de l’accélérateur
en bombe. Enfin, essayez de trouver une turbine qui supporte un accu
3S pour plus de confort en vol, ou imprimez directement la version 50 mm
(voir plus loin). Notez que le moteur 8.600 kV de la turbine 40 mm
recommandée par PlanePrint ne survit pas en 3S, sauf si vous
limitez la course des « gaz » dans l’émetteur
de façon à ne pas dépasser 20A à fond.
Les pièces
du « fuselage », imprimées en filament «
PolyAir » de chez 3DLabPrint.
Tous les morceaux sont imprimés,
prêts à être réunis.
Mixages
Les instructions sont limpides et l’assemblage rapide. Si vous
ajoutez un « rim » (radeau) à vos pièces pour
une meilleure adhésion, n’oubliez pas de l’enlever
aux emplantures des tronçons d’ailes, sinon il obturera
le conduit pour le câble du servo. C’est du vécu
!
La programmation de la radio est un peu complexe car plusieurs mixages
sont nécessaires : formule delta ailerons-profondeur, compensation
à piquer sur le manche des gaz et 50% de dérive sur le
manche des ailerons. Pas de souci pour ma Radiomaster TX16s, qui se
programme facilement sur PC. Avec un accu Li-Po 2S 1.300 mAh, le
centrage préconisé nécessite 2 g (!) de plomb au
fond du bec. PlanePrint insiste : il est impératif de respecter
très précisément le CG recommandé. On verra
plus loin qu’il y a une astuce à ce sujet…
Vérifiez le site du fabriquant, qui propose des pièces
optionnelles améliorées. C’est le cas pour les ailerons,
qui s’impriment désormais par deux. Pour la finition, je
me suis fait plaisir avec une peinture à l’aérographe
en me basant sur des photos trouvées sur Internet. Moi qui croyais
que les mouettes étaient blanches, j’ai découvert
qu’elles portent une robe grise et noire caractéristique.
En vol, les ouvertures pour la turbine ne se voient pas trop, en revanche
le décor est bien visible, ce qui aide pour estimer l’attitude
de l’animal.On évite aussi de voir la structure interne
par transparence. L'oiseau terminé et décoré pèse
juste 547 g au décollage.
C’est déjà un modèle
de bonne taille mais il reste facile à transporter. Je ne
démonte d’ailleurs jamais les ailes. Le décor
doit rester léger. Il permet d'atténuer la structure
visible par transparence.
Envol !
C’est avec un peu d’inquiétude que je pousse le
manche des watts sur mon émetteur. Pourtant j’ai l’habitude
de faire voler les engins les plus variés mais dans le mode d’emploi
du goéland, il est indiqué que le lancement peut être
acrobatique. En plus je sens que même à fond, la turbine
de 40 mm alimentée en 2S ne pousse pas bien fort. J’ai
noté 20A et 140 watts à l’atelier, sur un accu plein…
Je prends donc soin de lancer vigoureusement mais sans courir et bien
à plat, surtout pas vers le haut !À ma grande satisfaction,
l’animal part droit devant dans une belle trajectoire rectiligne.
Après un palier de prise de vitesse, la mouette gagne peu à
peu de l’altitude mais gare au décrochage ! Le pilotage
me rappelle les débuts en électrique, avec un motoplaneur
2 axes poussif et trop lourd… Entre-temps, le volatile a atteint
une trentaine de mètres. Je coupe la turbine et profite du spectacle.
L’illusion est totale, je pilote un « vrai » oiseau
! Les modélistes du bord de mer devront se méfier de ne
pas confondre leur modèle avec un de ses congénères
biologiques tant la « maquette » est fidèle.
Les formes sont vraiment réussies.
Difficile de deviner s'il s'agit d'un véritable goéland
quand il est en vol plané.
Le modèle est plus docile à piloter en vol plané.
La turbine cause des « effets secondaires » qui rendent
le contrôle délicat, voire aléatoire par moments.
Si on tire trop, la sanction est immédiate. Le décrochage
ne ressemble pas du tout à l’abattée classique d’un
planeur, avec un certain flottement suivi d’une abatée.
On a plutôt l’impression que l’animal décide
subitement de plonger à gauche quand on essaie de spiraler à
droite… La mouette a une volonté propre. On ne la pilote
pas, on l'apprivoise, ce qui n’est pas de tout repos !
L’autonomie est limitée. Si on parvient à éviter
les décrochages, on peut faire deux circuits pour chaque montée.
A raison de quatre ou cinq montées par accu, le temps de vol
est donc réduit, moins de cinq minutes.
Inter-Ex
Quelques jours plus tard, je retrouve les copains à l’occasion
de la rencontre Inter-Ex à Gembloux (Belgique). Après
un premier vol un peu chahuté de ma mouette, Laurent et Greg
me convainquent d’ajouter du plomb dans le nez, malgré
les mises en garde de PlanePrint. Je glisse donc 5 grammes au bout du
bec.
C’est un tout autre volatile qui prend son envol ! Il est cette
fois docile et la montée se passe beaucoup plus sereinement,
même si la puissance reste marginale.
La version avec turbine de 50 mm testée à
Inter-Ex. L’oiseau faisait ses premiers vols et n’était
pas encore peint.
Depuis cette photo j’ai raccourci la tuyère,
un peu trop visible à mon goût. Cette chirurgie n’a
pas eu de conséquences sur le vol.
Conclusion : Le centrage d’origine est trop arrière
!
Avec seulement cinq grammes en plus, ma mouette s’équilibre
à plat avec les doigts juste devant la ligne moulée sous
les ailes. Tant qu’on maintient une vitesse réaliste, aussi
élevée que celle d’une vraie mouette, l’animal
trace de belles courbes et se pilote précisément. La meilleure
finesse s’obtient en translation rapide mais quand on parle de
« finesse », c’est très relatif. Ce n’est
pas un poulet mais pas une « grande plume » non plus. Avec
ce centrage amélioré, l’autonomie augmente un peu
mais on reste sur sa faim.
Version "custom"
La pièce centrale a été redessinée
pour accueillir une turbine de turbine de 50 mm (au lieu de 40 mm).
Clic droit pour télécharger
le fichier STL.
La partie arrière a également été
retravaillée pour y intégrer la tuyère de plus
grand diamètre.
Clic droit pour télécharger
le fichier STL.
J’avais décidé d’améliorer ma mouette
déjà avant Inter-Ex. Un passage rapide dans Blender a
montré qu’il était possible d’agrandir le
conduit d’air pour une turbine standard de 50 mm, au diamètre
extérieur de 56 mm. La « tuyère » déborde
un peu sur les pattes de l’animal mais reste assez discrète.
J’ai donc modifié le fuselage arrière et la pièce
de raccordement. Ceux qui aiment l’aventure trouveront ici les
fichiers modifiés.
La petite turbine de 40 mm peut supporter un accu
3S en limitant la courbe des « gaz » pour ne pas dépasser
20A.
La turbine de 50 mm (diamètre extérieur
56 mm) passe tout juste. Elle est fixée par une simple vis
sur le dessus.
Ma turbine 50 mm avec moteur 4.600 KV développe 27 A en 3S,
soit ±300 W. En mains ça pousse nettement mieux que la
40 mm d'origine, je pense qu'on dépasse les 500 g. C’est
un modèle à 12 pales courant sur Internet. Je l’ai
commandée sur le site Amazon pour un peu plus de trente euros.
Turbine 50 mm à gauche et 40 mm à droite.
Attention de ne pas aspirer les câbles de servos ou la fiche
d'équilibrage du Li-Po !
Les capots imprimés en PolyLight (LW PLA).
Celui de la version 50 mm est découpé pour agrandir
un peu l'ouverture.
Bien entendu, avec une plus grosse turbine, un accu 3S et un contrôleur
plus costaud, la masse augmente sensiblement. Ainsi gavée, la
mouette accuse 650 g sur la balance. D’autant que je n’avais
que des accus 1.600 mAh. Cela dit, il faut ça pour centrer la
bestiole (juste devant la ligne en relief indiquant le CG recommandé).
Elle est donc plus lourde mais le rapport poussée/poids est doublé.
Par manque de temps j’ai terminé le montage la veille d’Inter-Ex.
Cette rencontre pour modèles atypiques est l’endroit rêvé
pour le premier vol du proto. On va voir si cette mouette est rieuse,
ou si c’est moi qui vais pleurer...
Mouette rieuse !
Avec le modèle à turbine
40 mm, le décollage peut être délicat, surtout
en l’absence de vent : il ne faut surtout pas lancer vers
le haut. La version en 50 mm part en revanche toute seule.
Dès le décollage, je suis rassuré : le goéland
part à l’assaut du ciel sous une pente rassurante et je
ne dois quasi pas toucher aux commandes. L’altitude de sécurité
est vite atteinte, je coupe le moteur et à ma grande surprise
la vitesse est plus élevée mais le taux de chute est meilleur
que celui de la version « light » en 2S. J’oublie
cependant très vite le vol plané réaliste, car
l’animal est joueur et ne rechigne pas à passer un peu
de voltige. Pas vraiment de l’Aresti mais les évolutions
typiques d’un oiseau : renversements, prises de vitesse, virages
serrés rapides et même de beaux loopings. En revanche,
le tonneau est laid et grand consommateur d’altitude. Il y a une
raison pour laquelle les vraies mouettes n’en font jamais !
Avec la turbine 50 mm, l'oiseau devient
remuant pour tourner quelques figures acrobatiques. Pas vraiment
réaliste, sauf s'il s'agit de faire comme dans l'histoire
de Jonathan le Goéland...
Je n’ai utilisé la mienne qu’en plaine mais je
suppose qu’une pente pas trop turbulente doit être l’environnement
naturel idéal de la bête. Enfin, l’atterrissage est
une formalité, le modèle arrive vite et allonge un peu
mais reste très précis.
Mouette ou goéland, l’oiseau a convaincu les copains, qui
veulent tous en faire un, mais à leur sauce. L'un veut une version
4S pour en faire un « racer », l'autre entend le décorer
façon « F-14 », avec bombes et missiles sous les
ailes,... Pour les plus sages, il existe aussi une version « planeur
pur », moins chère (29 € contre 39 €
pour la mouette EDF).
Le volatile se prête à pas mal de délires, y compris
le réservoir à « guano » pour bombarder les
spectateurs… Alors, qu’attendez-vous pour vous mettre à
l’ornithologie ?