Comme beaucoup de modélistes, les planeurs
Lidl m'ont attiré dès le début de leur parution.
Il y avait certainement quelque chose d'autre à tirer de ces modèles
qu'un simple lancé-main ! De l'idée de lui greffer des commandes
de vol à celle de le motoriser puis d'en faire des engins spéciaux,
le pas est vite franchi.
On trouve sur le Net des Lidl à incidence intégrale ou en
forme de planeur canard, de biplans, de triplans et même de dragons
(si si ...).
Alors... pourquoi pas un truc qui ressemble à un vrai qui existe
ou a existé ? Un qui m'a toujours charmé et fasciné
: le Heinkel 162 Salamander. Le temps de faire ressurgir des documents
et des réalisations du Net et hop ! Au boulot !
Essai de bimoteur.
L'idée du Heinkel 162.
Le He162 de Manu Garcia.
Naissance du projet
En premier lieu, j'ai d'abord vérifié
que la transformation était possible en superposant la silhouette
du planeur sur un plan 3 vues du He162.
Cela m'a permis de constater que l'aile devait être reculée,
que la dérive était à supprimer en laissant une partie
de sa base et que le cockpit était à la bonne place.
Naissance du projet... pour voir
si c'est possible.
J'en ai également tiré le dessin du gabarit
de découpe de l'emplacement de l'aile, la taille de la cale sous
l'étambot, le gabarit de découpe des dérives, l'emplacement
de la turbine avec sa tuyère, la forme de l'aile (des rajouts de
bords de fuites à prévoir) et les angles de dièdres
de l'aile, des saumons d'aile et de l'empennage.
Une fois ouverte la boîte, étalé le "matériau"
et (comme toujours) retiré "l'électronique" (!)
d'origine... on ne peut que réaliser l'ampleur du travail à
réaliser.
La boîte
et son contenu.
Bon, quand je disais au boulot... je ne croyais pas
si bien dire ! Ce n'est plus une transformation mais une véritable
métamorphose que je dois effectuer.
C'est donc tout naturellement que Manou, une amie d'enfance, m'a envoyé
une illustration de loup-garou, ou plutôt un "Lidlougarou"
(Merci Manou).
Retrait de "l'électronique"
d'origine...
Le loup-garou...
Modification de la voilure
J'ai commencé par découper l'aile de manière
à retirer le tronçon central. Puisque l'aile doit être
déplacée, il va me servir pour reboucher le trou laissé
dans le fuselage.
Les bords de fuites devant être rectilignes, le rajout ne pose pas
de problème particulier. Ils sont découpés dans du
balsa de 5 mm et collés à la bi-composants époxy.
Découpe de l'aile.
On remet en place le noyau central.
Par contre, la mise en forme des saumons demande un
peu plus de doigté ! Pour y arriver j'ai trempé les bouts
d'ailes dans de l'eau bouillante (15 secondes max) pour les aplatir (ça
marche super bien). Ensuite, j'ai collé tête-bêche
2 lames de scie à métaux, puis j'ai entamé chaque
intrados (à 8 cm du bout d'aile) SANS entamer ni marquer l'extrados.
Une fois la saignée effectuée, retour dans l'eau chaude,
on enduit généreusement de colle époxy et plie doucement
jusqu'à l'angle désiré. Séchage sous cales
et poids obligatoire !
J'ai recollé les ailes en tenant compte du dièdre (6 degrés),
j'en ai profité pour y insérer un renfort de dièdre
qui sert également de support de fixation de turbine.
Mise en forme des saumons et ajout
d'un bord de fuite.
Découpe des ailerons, de l'emplacement des servos
en intégrant les fils dans l'intrados et c'est fini pour cette
partie. Dans le doute (c'est quand même propulsé par une
tuyère de 60 mm ...), j'ai rajouté des renforts d'articulation
en contre-plaqué 1 mm (les charnières passent à travers).
J'ai prévu la même chose pour l'empennage.
Renforts de placement
des charnières.
Le gros morceau...
Le gabarit de découpe aide bien, il en faut deux
(un de chaque coté du fuselage).
Je me suis servi de l'ancien emplacement de l'aile comme repère,
j'ai placé des épingles partout pour que ça ne bouge
plus, bien positionné la cale sous l'étambot, empoigné
enfin un mini fil chaud (bricolé pour l'occasion), respiré
bien fort et en avant pour la découpe ! Hop, d'un seul trait !
Gabarit de découpe de l'emplacement
des ailes.
Gabarit de découpe des dérives.
"Au résultat", si tout a bien été
calé le résultat doit être conforme aux espérances.
C'est le cas ! Chouette !
J'ai évidé le fuselage de l'avant du cockpit jusqu'au dessous
de l'aile. Fils, contrôleur et récepteur y prennent place
laissant tout l'avant à la batterie.
Le dièdre de l'empennage ne permettant pas de placer une articulation
unique, j'ai donc envisagé 2 servos. Son fort "V" me
laisse penser qu'un mixage serait possible pour avoir un effet de dérives,
les vraies n'étant pas articulées. C'est bien tentant...
Arrivé à ce stade, j'ai pu coller bien en place aile et
empennage munis de leurs servos (tous des 4,5 grammes, ça fait
9 grammes pour les ailerons et pareil pour le stab). Les fils de servos
d'empennage courent sur le dos du fuselage qui va être coffré.
A la turbine maintenant
Mise en place des servos d'empennages
et coffrage du dos.
Comme précisé, le renfort de dièdre
intègre directement le support de turbine. Il a la forme d'un "oméga
majuscule" dont les "pattes" se rejoignent, la turbine
s'insère au centre.
La "tuyère", une feuille de plastique roulée,
est collée directement à la sortie de la turbine.
Le contour de la turbine est fait en feuille de polystyrène extrudé
de 3 mm d'épaisseur découpée au fil chaud, les anneaux
de maintien du canal de tuyère sont fait dans le même matériau
mais en 6 mm d'épaisseur.
Un morceau de bouteille de soda
pour la verrière.
Des couples en polystyrène la maintiennent et
donnent l'aspect final une fois coffrés.
Un essai à blanc pour vérifier le positionnement et l'angle
de la tuyère (l'arrière légèrement vers le
haut) et collage à l'époxy également.
Une fois la colle bien sèche, j'ai doublé le coffrage pour
donner un peu de volume et j'ai coffré le dos (nécessaire
pour la ressemblance).
Ponçage et passage à la peinture (pour ne pas dire maquillage).
Gabarit de formage du canal de tuyère.
Début de coffrage de la turbine.
Coffrage de la turbine.
Montage à blanc pour voir.
Turbine de 55 en place.
Mise en peinture
Pour la déco, je me suis inspiré de certain
détails fournis dans le Aircraft Profile 203_Heinkel He162 qui
figure dans les documents.
Pour la peinture du modèle, j'ai un peu (beaucoup)
fait à ma guise... ce n'est pas une maquette exacte, on peut s'amuser
!
N'étant pas très doué dans ce domaine j'ai passé
le pinceau (comme pour chaque modèle) à Isabelle, mon épouse,
c'est une véritable artiste.
Début de mise en peinture.
La déco avance...
Le résultat n'étant pas mal du tout, une
photo avant le premier vol (des fois que...) est requise.
J'en ferai d'autres si le retour au sol se fait en un seul morceau.
Une astuce au passage
Lorsqu'on désire peindre
du polystyrène à la bombe, il faut toujours vérifier
que la peinture est sans solvants, sous peine de voir fondre le
sujet de la déco. Et là, les prix s'envolent... avant
l'avion à peindre !
Pour éviter tous ces désagréments, je mélange
de la colle blanche (colle à bois) avec de l'eau (50-50)
et je badigeonne joyeusement le modèle avec cette mixture.
Ponçage léger et nouvelle séance de badigeon
!
Après ce traitement, vous pouvez appliquer n'importe quelle
peinture... rien ne bougera !
Le vol
Visite prévol avant le départ
au cas où...
Et retour de vol : posé,
pas cassé.
Sécurité oblige, une grosse visite pré-vol s'impose
incluant un test de portée.
Tout allait bien ce jour-là, donc petite photo au terrain sous
les regards intéressés des copains et c'est parti, aidé
de Jean-Louis pour les réglages
Manu m'attend, il doit filmer le vol avec son drone.
L'émotion est vive mais quand faut y aller...
Donc plein pot et lancé !
Ça part bien droit, c'est déjà ça mais les
ailerons et la profondeur sont vifs, il faut réduire les débattements.
Heureusement, j'avais programmé des trims pour ça sur ma
TX16S, c'est bien pratique.
Curieusement l'effet de "dérive" fonctionne bien, étant
donné le faible angle de dièdre je n'aurai pas trop misé
dessus...
Avec l'accu indiqué l'autonomie et de 7 à 8 minutes au 2/3
des gaz.
La vidéo montre des séquences de ce vol, vifs avant de trouver
les bons réglages et plus calme vers la fin.
En conclusion
"ça vole bien" mais c'est un Lidl ! On peut le déguiser
comme on veut, on obtiendra un Lidl modifié certes mais ce sera
toujours un Lidl... donc ça ne peut que voler.
Ce qui est curieux, certainement un hasard, c'est qu'on retrouve en vol
les mêmes défauts que pour le vrai : instabilité chronique
à basse vitesse oscillations en roulis si on va trop vite ! Comme
quoi...
Courte vidéo du Salidlmander
en poursuite FPV par Emmanuel Pompiers (Manu).
Caractéristiques techniques
Envergure : 79 cm
Longueur : 68 cm
Poids : 548 g en ordre de vol
Turbine : 64 mm 12 pales (Une 55 mm aurait sans doute suffit)
Contrôleur : Skywalker 30 A
Batterie : 3S 2200 mAh