NE JAMAIS RIEN JETER...
Présentation : Christian
Stolz
Les avions en mousse sont facilement réparables quand
les dégâts ne sont pas trop importants.
Souvent, au bout de quelques réparations rapidement bricolées,
parfois directement sur le terrain, l'état de l'avion s'en ressent,
ses qualités de vol également et l'appareil termine parfois
sa carrière à la poubelle...
Dans les lignes qui suivent, il sera question de ramener à la
vie ces épaves et de démontrer qu'il est tout à
fait possible de leur accorder une seconde vie...
L'Easy Star de ches
Multiplex |
Cet excellent motoplaneur de chez Multiplex, premier avion d'un ami,
avait eu une vie tumultueuse...
Parmi ses différents avatars, entre autres joyeusetés,
il avait subi : une fracture de chacune de ses 2 ailes, une autre de
sa profondeur, de part et d'autre de la dérive, le fuselage avait
été et réparé en 3 endroits, le nez de l'appareil
ressemblait à un accordéon, tous les câbles, habituellement
insérés dans l'appareil lors de son montage, avaient été
enlevés...
Bref, l'épave parfaite destinée à la poubelle,
épurée de tout son équipement...
A noter que pour agrémenter encore l'aspect de cet avion, la
plupart des remises en état avaient été effectuées
à l'eau bouillante avec comme conséquence de faire gonfler
les bulles de l'Elapor, le matériau utilisé par Multiplex
pour ses avions en mousse.
Le fuselage a subit un nouveau passage dans l'eau bouillante, en utilisant
la cocotte-minute familiale, pour en redresser l'alignement.
L'avantage de l'eau bouillante est de permettre à l'Elapor de
retrouver sa forme d'origine... ou presque.
L’inconvénient, ce sont les bulles qui apparaissent et
qui sont pour le moins disgracieuses...
1e étape : la
remise en forme |
Après ce traitement, l'avant du fuselage, très fragilisé
par des chutes à répétition, avait besoin d'être
renforcé.
A l'aide de 2 morceaux de contre-plaqué de 3 mm glissés
à l'intérieur du cockpit, l'avant de l'avion retrouva
de la rigidité tant longitudinalement que transversalement.
Le reste de l'avion avait déjà été renforcé
par mon prédécesseur, y compris un morceau de manche à
balai glissé dans la partie arrière du fuselage.
2 joues en contre-plaqué de 3 mm viennent renforcer
la rigidité de l'avant du fuselage.
Vous remarquerez que l’extérieur du fuselage est déjà
plus lisse que sur la photo précédente, suite à
un vigoureux ponçage manuel avec du papier de verre très
fin, grain 360.
Plus épais, le papier de verre arrache l'Elapor et n'en permet
pas son ponçage. Plus fin encore... et vous allez y passer votre
vie !
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Pour arriver à ce résultat, il a fallu :
- Poncer l'Elapor,
- l'enduire avec un mélange de vernis acrylique et de talc officinal
(oui, oui...).
- renforcer la partie supérieure, très fragilisée,
par une bande de papier Kraft blanc collée à la colle
à bois légèrement diluée à l'eau
- enduire une nouvelle fois avec le mélange vernis/talc et poncer
encore…
Vous remarquez une tache plus sombre en haut du cockpit ?
Il s'agit d'un aimant qui a été inséré dans
le fuselage afin de permettre à la future verrière de
rester en place.
L’ensemble de l'avion, fuselage et ailes va subir ce traitement
: enduisage, ponçage, enduisage, ponçage...
Une fois que tous les défauts auront été éliminés,
vous pourrez passer à l'étape suivante.
L'enduit à base de vernis acrylique et de talc permet d’obtenir
un état de surface impeccable tout en étant très
facile à poncer.
L’inconvénient est que ce résultat n'est pas très
dur et résistera mal aux chocs et griffures lors des atterrissages...
ou du transport dans la voiture.
Aussi, pour finir de renforcer l'avion et "bloquer" l'enduisage,
j'ai recouvert l'ensemble du fuselage et des ailes d'un tissus de verre
de 50 g/m².
Plutôt que d'utiliser de la résine (très lourde),
j'ai opté pour la solution de Papy Kilowatt, à savoir
un mélange de colle universelle et d'éthanol qui au final
n'auront alourdi l'appareil que d'une quarantaine de grammes. Négligeable
au regard de la solidité recherché et surtout de la finition
désirée.
Après l'entoilage terminé, un nouveau passage d'enduit
et un ponçage au papier à l'eau (grain 600) permet de
faire disparaître les raccords de toile de verre.
L'avion est prêt à peindre !
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Afin d'obtenir un joli rendu, finir de bloquer la toile de verre et
l'enduit et tester la laque glycérophtalique, j'ai appliqué
une peinture à la bombe sur l'ensemble de l'appareil après
avoir caché l'intérieur du cockpit, resté brut.
J'étais méfiant des conséquences du contact des
solvants avec l'Elapor, malgré le soin que j'avais apporté
aux préparations.
Au final, le rendu est très satisfaisant : une peinture très
dure, lisse et brillante et aucun incident à regretter. Nickel.
Par contre, le poids de cette peinture, appliquée en 3 couches,
a considérablement alourdi l'engin. Au final il aura pris 100
g entre le tissus de verre, l'enduit et la peinture.
Juste un petit bémol, le scotch utilisé pour délimiter
les zones était un peu trop adhésif et a réussi
à m'enlever un peu de peinture et d'enduit à 1 ou 2 endroits.
La prochaine fois, mieux vaudra utiliser du ruban adhésif de
peintre.
Les différents textes et dessins qui sont ensuite venus agrémenter
l'appareil ont été réalisés à l'aide
d'une imprimante laser sur des feuilles autocollantes transparentes.
Tout de suite, ça habille !
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La verrière a été réalisée dans
une bouteille en plastique formée à chaud sur un master
en mousse de polyuréthane.
Le support de la verrière a été réalisé
dans du Dépron de 6 mm, en 2 couches croisées.
Ce support a ensuite été peint à la peinture à
l'eau, puis recouvert du même vernis acrylique que celui utilisé
pour l'enduit afin de lui donner du brillant.
La verrière a ensuite été plongée dans un
bain de ce vernis pour obtenir là encore un aspect bien brillant
qui a la particularité de donner l'impression que toutes les
rayures ont disparues. Un Must !
Pour éviter les traces de colle, toujours très vilaines
sur les verrières, c'est encore avec ce vernis qu'elle fut collée
au support en Dépron.
Quel est ce vernis magique ?
Tout simplement du KLIR, un nettoyant pour sol vendu 5€ en supermarché…
On en parle plus en détail
ici.
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Financièrement, il n'aura fallu que quelques Euros pour remettre
l'Easy Star en état de vol. Pour moins de 10 €, peinture
comprise (achetée chez Lidl), l'avion n'attend plus qu'un ESC
de 30 Ampères, une Lipo de 1500 à 2200 mAh (j'ai essayé
les 2), et 4 servos de 9 grammes.
Visuellement, le résultat est très intéressant.
De la bouche de son ancien propriétaire, l'avion est même
plus beau que dans sa version d'origine
L'avion ayant pris du poids, le moteur brushless dont je l'ai équipé,
un 4800 kV de 300W, est tout juste suffisant, mais encore assez pour
un motoplaneur, sauf à vouloir faire des montées à
la verticale.
Plus lourd, les réactions de l'avion sont saines, notamment dans
le vent fort, mais par vent léger sa faible portance lui permet
moins facilement de profiter des thermiques.
En conclusion, ne jetez jamais un avion qui vous semble avoir fait son
temps. Il y aura toujours un bricolo qui arrivera à en sortir
quelque chose...
Contacter l'auteur : chris@jivaro-models.org