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Un aéroplane virevoltant Présentation : Audren Vigouroux Ce matin-là, une image d’avionnette se dissipe. Je saute alors à mon bureau pour saisir en quelques lignes la silhouette de cet aéronef d’un autre temps. Ses haubans tendus à son mât, l’aile creuse montée en parasol et son fuselage ajouré, prennent la forme de mes rêves. Rien de bien étonnant au lendemain d’une projection du film «Ces merveilleux Fous volants dans leur drôles de Machines». Il ne restait plus qu’ à trouver le type de construction reproduisant au mieux l’esprit de l’époque, avec des matériaux simples et facilement disponibles. Il en résulterait un appareil original, doté de «nervures lattes» alliant la légèreté de la Demoiselle de Santos Dumont, et la simplicité de certains ULM. Munie d’empennages à la géométrie si caractéristique, cette trapanelle montra un comportement qui allait s’avérer pour le moins amusant.
La construction, aussi simple soit-elle nécessite de la précision. Il faudra se munir d’un outillage adapté et veiller à porter des protections adéquates quand cela s’avère nécessaire. Les mêmes matériaux se retrouvent aux divers endroits de la structure, ce qui rationalise la construction et diminue sensiblement le prix. La découpe de pièces essentielles comme celle des couples en contre-plaqué ou d’un «presse-nervures» spécifique, a été réalisée (et expédiée) par Euberlay Modélisme, d’après mes plans numériques. Alors Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs, si vous êtes prêts à vous lancer dans cette escapade dans le temps porteuse de rêves volants, installez-vous. C’est parti...
Le principe : Lors de la réalisation de cet appareil il y a plus d’une dizaine d’années, je résidais sous les tropiques et trouvais difficilement à me fournir en matériaux de construction. Je tenais néanmoins à réaliser une aile constituée de lattes et un fuselage en treillis, fidèles aux appareils de l’aviation balbutiante. Avec principalement des baguettes en bois de section ronde (tourillons), quelques planches de balsa, un tube d’alu léger et de la corde à piano, j’avais tout le nécessaire à la mise en œuvre quasi complète de «l’aéroplane». Pour faire dans le minimalisme, la section du fuselage fut réduite à un triangle et la tenue de l’aile résidait dans les bords d’attaque et de fuite. La résistance de la structure s'apparente plus à la souplesse du roseau qu'au chêne à la rigidité proverbiale. La méthode : Le fuselage se compose donc de trois lisses en tourillons de 3 mm de
diamètre, tout comme les bords d’attaque et de fuite de
l’aile. Les coffrages employés avec parcimonie confèrent
une solidité suffisante à la partie avant du fuselage
et à l’emplanture de l’aile.
Le plan de travail que j’ai utilisé, à la dimension
du plan, s’avère amplement suffisant. Il faut prévoir
de construire à même le plan la plupart du temps, en intercalant
une feuille plastique transparente surtout pour les deux parties d’aile.
Un calque format A3 sera à retourner pour construire le panneau
d’aile gauche.
Le fuselage : On commence par construire un flanc mis à plat dans un premier
temps.
La cabane est constituée de deux cordes à piano ou «jambes» juxtaposées, formées en «V»
pincées inversées. Les «V» sont donc retournés
(avec la pointe en haut qui est pincée), conformément
au plan. L’opération est délicate car la mise en
forme doit être bien symétrique et réalisée
deux fois. Cependant la section de 10/10 permet un pliage aisé.
La partie pincée du V est destinée à être
prise dans la poutre d’emplanture. Terminer la réalisation
de ces «jambes» par un retour d’environ 10 mm en
extrémité pour leur fixation. Ces retours «pieds» de 10 mm sont ligaturés à des baguettes balsa
permettant l’assemblage de la cabane au fuselage (voir la vue
en axonométrie sur le plan). Comme vous êtes bien parti, profitez-en pour réaliser les jambes de train ainsi que les deux clés d’ailes de même facture mais cette fois en corde à piano d’1,5 mm. La poutre d’emplanture, est un bloc parallélépipédique
de 173 x 17 x 5 mm. Elle est faite en lamellé-collé de
balsa composé de 5 épaisseurs d’1 mm. Deux des lamelles
internes sont interrompues aux extrémités pour faire glisser
par l’extérieur les deux jambes de cabanes juxtaposées.
Les extrémités des lamelles sont ensuite fermées
et collées à l’époxy rapide pour maintenir
les jambes de la cabane. Et on laisse dépasser le pincement supérieur
d’1 mm, pour l’emboîtement du mât.
Très simple, l’aile est constituée d’un bord d’attaque et de fuite en tourillon 3 mm, auxquels on assemble les nervures. On se contentera de réaliser deux panneaux d’aile qui coulisseront contre la poutre d’emplanture par deux clés d’aile maintenues dans des fourreaux. Chaque fourreau de 35 mm de long est collé à l’époxy contre les bords d’attaque et de fuite, côté emplanture. Un coffrage recouvrira l’intrados et l’extrados de la partie centrale des ailes. Les nervures d’emplanture, une à chaque demi-aile, sont pleines et viendront s’appuyer contre la poutre centrale au montage. Plus délicate, la réalisation des nervures en «lattes» lamellées-collées. Elles se composent chacune
de trois lamelles de balsa. Ces lamelles de 6 x 15 mm, sont découpées
en série sur une planche de balsa d’1 mm. On doit les cintrer
en faisant rouler, sans trop appuyer, le manche rond d’un outil
(ou un stylo adéquat) contre le plan de travail. La courbure
ainsi imprimée doit se rapprocher au mieux du profil du presse-nervures
spécifique. Il suffit ensuite de les enduire de colle blanche
et les mettre en presse. On ajuste leur longueur côté bord
de fuite (le bord d’attaque étant calé) et on les
met de côté pour la suite de la construction de l’aile. Finissez par les accroches de haubans, en tube d’alu 5 mm de
long, contre les bords d’attaque et de fuite, du côté
intérieur de l’aile conformément au plan.
Ils constituent l’opération la plus simple de cette construction.
Ils sont formés de baguettes balsa section carrée 3 x
3 mm, coffrés aux deux faces en partie centrale.
L’exigence : Avoir la possibilité de démonter
les panneaux d’aile, pouvoir régler la tension des haubans
et assurer la tenue avec une élasticité adéquate. Considérons le côté droit uniquement : Deux départs de haubans parallèles se font des «pieds» de la cabane, depuis deux attaches en crochet. Deux émerillons
distincts y sont accrochés. Ces haubans montent tous les deux
vers le milieu de la demi-aile, l’un vers le bord d’attaque,
l’autre vers bord de fuite pour s’y accrocher. La fixation
sur l’aile est faite à partir d’un trombone ajusté
et formé en crochets dépassant à chaque face d’aile.
Le «trou» de passage du trombone en crochet est un morceau
de tube de
La puissance du moteur Brushless «Pro Tronik DM 2205 / 1600 kV» (2S), muni d’une hélice 8''x4.5'' est bonne. On peut se permettre de monter avec un angle important sans pour autant chercher la verticale non adaptée à ce type d’appareil. L’accu 370 mAh 2S permet un vol d’environ 5 min en volant mi-régime.
Avec ici du papier japon pour avoir un aspect authentique, la structure se prête aussi aux films tissés thermo- rétractables. Le fuselage est simplement verni. Pour l’aile, seul l’extrados est à entoiler et les deux faces pour les ailerons. Attention, rabattre 1 cm aux bords d’attaque et de fuite. Il ne vous reste plus qu’à procéder à l’installation radio. Les servos s’implantent dans une platine en balsa épais de 5 mm et ressortent du capot. Les commandes «à l’air» sont en tiges carbone 15/10 avec à leurs extrémités : des chapes en corde à piano 1 mm et des rotules côté servos.
Posé au seuil de la piste du terrain d’Aéro 2000
au Verger (35) pour les essais un matin calme, je vérifie les
débattements. Quel courage avaient les pionniers avant de se
lancer ! Contact, moteur ! Je mets progressivement la puissance pour
une séquence inédite de vol. L’avion roule, lève
sa béquille pour se mettre en ligne de vol au bout de 5 m. J’augmente
la puissance et donne un ordre à cabrer. Le Pop-Corn grimpe instantanément
en pente forte. Je l’installe très vite en palier et le
voit s’éloigner tranquillement. En sollicitant les commandes
pour un premier virage, la réponse vive rend compte de la légèreté
et la vivacité du Pop-Corn qui mérite bien son nom. Le
vol est stable et les réponses sont franches sur tous les axes. Après un dernier virage, la finale se fait en pente douce,
avec un filet de gaz pour un contrôle optimal. L’atterrissage
est lent et l’avion s’immobilise en moins de 2 mètres.
Bien qu’issu d’un rêve, le Pop-Corn semble tout droit sorti d’un vieux morceau de pellicule jaunie de 1910. Fin, élégant et définitivement original, cet appareil se fait remarquer sur le terrain. Il ne cherche pas à épater par sa puissance ou sa vitesse, mais par son allure minimaliste. Attention, son vol léger et gracieux cache une réactivité qui en fait un appareil délicieux à «piloter» ; vous risquez d’en être accro ! Contacter l'auteur : Audren Vigouroux |
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