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Présentation :
Pascal Bourguignon
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Photos :
Laurent Berlivet |
"Et si l'exemple venait de l'Est ?"
A en croire les statistiques,
le P-51 Mustang est de loin le warbird le plus reproduit en maquette
et je reconnais une certaine lassitude auprès de quelques modélistes
en mal de nouveautés qui ne trouvaient pas d'intérêt
à sortir un énième kit de ce modèle. De
ce fait, la sortie de cet avion aurait pu passer inaperçue si
le fabricant tchèque Alfa Model, spécialiste du ready
to fly tout Dépron n'avait pas poussé le degré
de finition de ses modèles au maximum.
Considéré comme le concurrent
direct du non moins célèbre label Flying Styro Kit, cette
firme a su se démarquer en proposant un catalogue bien étoffé,
composé essentiellement de warbirds, à mon grand regret
d'ailleurs. Les modèles sont à 99% terminés, commandes
de vols installées. Jetons un bref regard sur l'un des modèles
de sa collection, le P-51D Mustang dont la livrée opéra
en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale et sur la base de Saint-Dizier
à partir de 1944.
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Les fabricants comme Alfa Model
sont passés maîtres dans le moulage du polystyrène
extrudé.
Ce petit Mustang très réussi en est la preuve. |
A l'origine, le décor
est bien différent du modèle présenté.
L'auteur a préféré personnaliser le sien, pour
seulement 15 g de peinture supplémentaires. |
Le kit
L'emballage de très bonne qualité assure le parfait état
de son contenu et pourra même servir par la suite pour le transport
du modèle sur le terrain. On ouvre la boîte et on découvre
bien emballé : un fuselage avec les empennages collés,
l'aile d'une seule pièce, un sachet avec différents éléments
complémentaires. Toutes les gaines de commandes sont posées
et les tringleries en place. Le moteur n'est pas fourni mais par contre,
il y a un cône déjà peint. Pour finir, un écorché
hyper détaillé du modèle comporte toutes les cotes
utiles au montage. On se passera de la notice qui n'est pas traduite
en français et bien entendu la planche de décoration utilisant
le principe de la décalcomanie à l'eau. Ceux qui découvrent
le modèle se rendront compte de la finition du modèle.
La peinture est parfaite et le rendu convaincant. Les éléments
sont à manipuler avec beaucoup de précaution, le Dépron
se marque rapidement.
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La dérive reste fixe.
Pour la profondeur, il faut faire jouer la gouverne afin de supprimer
d'éventuels points durs. |
La commande d'aileron est assurée
par une commande souple. Les lignes de tôle et les rivets
sont parfaitement marqués à la surface du matériau. |
Le montage
Comme je vous le disais au début, tout sera fait en quelques
heures et ceci sans s'énerver. Tout d'abord, vous allez sûrement
comme moi percevoir des bruits de frottements lors de la manipulation
des gouvernes sauf à la dérive... normal, elle est fixe
! Si c'est le cas, découpez un morceau de papier abrasif 400
que vous glissez avec précaution entre le chant de la gouverne
et la partie fixe et faites un allez-retour pour ébarber légèrement
le surplus de matière qui génère le point dur.
Ensuite, vous préparez votre servo d'ailerons. Le constructeur
préconise de le monter debout et légèrement en
biais dans l'ouverture prévue à cet effet. Non seulement,
je le trouve dans une position quelque peu inconfortable mais qui plus
est, bonjour la gymnastique pour visser, serrer ou même démonter
sans risque de passer au travers de l'aile. J'ai fait une ouverture
plus importante dans le logement du servo de telle sorte que celui-ci
soit maintenu à plat sur une platine propre et lisse, le servo
collé sur celle-ci au double face. La jonction de la commande
de gauchissement se fait à l'aide des micro-dominos qui viennent
pincer les cordes à piano. Attention, n'oubliez pas de respecter
les 11 mm entre l'axe de pivotement du servo et la commande. Ensuite,
faites de même pour le servo de profondeur et fixez-le sur la
platine. Celle-ci sera collée à 60 mm en avant de la partie
arrière de la verrière. Ce collage se fera à l'époxy
et vous en garderez quelques gouttes pour immobiliser la gaine de commande
dans le logement prévu à cet effet. J'ai scindé
cette platine en deux parties car l'accu se trouve bien plus avant du
fait que le moteur est plus léger. Elle se situe aux trois quarts
avant au niveau du bord d'attaque.
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Le servo d'ailerons a été
placé un peu différemment de ce qui est indiqué
dans la notice. |
La radio loge sans peine dans
le fuselage. |
Moteur et radio
Vous pouvez vous contenter d'équiper votre modèle
du moteur préconisé par le fabricant, un Speed 280 réducté.
Cependant, ce n'est plus la configuration la plus économique
à moyen terme. Je m'explique : Les moteurs ferrite, on le sait,
ont une durée de vie très limitée en comparaison
avec les brushless de nouvelle génération. Pour quelques
euros supplémentaires, faites l'acquisition soit d'un Flyware
220/1300 qui a une puissance phénoménale ou alors le Booster
04 NPM que j'ai testé sur le P-47
du même fabricant. La puissance est légèrement inférieure
mais la consommation du coup a chuté pratiquement de moitié,
soit 6,6 A avec une hélice 9"x7" APC Slow Fly, à
vous de voir. Les servos sont des 9 g classiques, le récepteur
est un Jeti 05 et le variateur, un Wema Sinus 08. Pour compléter
tout ça, j'ai voulu tester les accus Li-Po de chez NPM, j'ai
monté un pack 3S1P 1600 mA Power Dragon. Le pack pèse
100 g environ avec les connecteurs et j'ai constaté que l'autonomie
est plus que probante puisqu'avec le Booster 04, j'ai posé après
26 minuntes de vol et 12 minutes avec le Rex 1300... A suivre.
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Le petit cône est livré dans
le kit. Sous le capot se cache un brushless Rex 220 mais un Speed
280 réducté est prévu à l'origine. |
Même l'intérieur
du cockpit est détaillé, avec le pilote qui ajoute
une touche indispensable au réalisme en vol. |
Les réglages
Pour les novices du centrage, sachez que pour un avion aile
basse, le mieux est de le centrer en position dos, c'est plus pratique.
Donc, vous pointez les repères constructeur qui eux sont à
l'intrados et vous les reportez à l'extrados. Une fois centré,
ne pas oublier de vérifier les débattements de votre Mustang.
Déjà, le fabricant dit sur la notice de relever les ailerons
d'1,5 mm, on se demande pourquoi. Soit il a fait une erreur de calage
ou alors le choix du moteur avec un taux de réduction aussi important
génère un comportement qui oblige à mettre les
gouvernes en positif, bizarre. Moi, j'ai mis tout ça au neutre
et ça fonctionne très bien. J'ai constaté aussi
que les débattements préconisés sont trop importants.
Au premier vol, on se fait peur, c'est du rodéo. Le taux de roulis
est monstrueux et le comportement en tangage est limite. Diminuez au
moins de 50% aux ailerons et de 20 % à la profondeur et vous
vous sentirez beaucoup mieux.
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Quelques touches d'aérographe,
comme ici au bord d'attaque de l'aile et le réalisme est
accentué. |
L'aile n'est pas démontable
étant donné les dimensions assez petites de ce modèle. |
La finition
Soit vous vous contentez de la décoration du kit et votre
seul travail sera d'appliquer les décalcos livrées dans
le kit. Cette étape, je vous le rappelle, représente 70
% du travail. D'une part, parce que les décalcomanies sont très
fragiles et que leur positionnement très délicat demandera
beaucoup de patience. De plus, j'ai remarqué qu'ils ne sont pas
d'une qualité parfaite et que leur adhérence laisse à
désirer. Si tel est le cas, après séchage complet,
passez une couche de vernis cellulosique mat qui fixera le tout. S'assurer
qu'il n'attaque pas la matière en faisant un essai. Pour ce qui
me concerne, j'ai préféré changer complètement
la décoration, ce qui a alourdi mon avion de 15 g, pas de quoi
fouetter un chat. Je l'ai entièrement repeint couleur alu pour
faire la livrée "Marie". La queue a été
peinte en jaune bouton d'or. L'avant ainsi que le cône en rouge
vif. Pour cette étape, la peinture spéciale Dépron
vendue sous la marque Graupner est parfaite, elle couvre vite et le
séchage en surface ne prend que quelques minutes. De plus, elle
existe maintenant en plusieurs couleurs. Certains marquages sont également
en rouge et j'ai dû fabriquer de vraies décalcomanies à
l'eau. On en trouve soit chez Eol ou chez Euro Maquettes sous la marque
Bare Metal. Ce sont les seuls à ma connaissance qui acceptent
l'impression jet d'encre, n'utilisez surtout pas ceux qui proviennent
de la marque Carpena, c'est une catastrophe. Je pense qu'ils sont plutôt
dédiés à la maquette plastique où l'on utilise
d'autres procédés.
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Passage dos. Pas
de mauvaise surprise à craindre si le point de centrage indiqué
est respecté. |
Etant donné les matériaux
utilisés, il est impératif de se poser sur une bande
d'herbe tendre. |
Le vol
Avec un brushless, c'est autre chose. D'une part, le gain de
poids n'est pas négligeable, j'ai gagné environ 40 g
sur la motorisation, ce qui ramène le modèle à
370 g. De bon augure pour entreprendre la mise en l'air du Mustang.
Premier lancer, l'absence du train aide pas mal et dispense d'une piste
qui ne serait pas utile au vu de la faible masse du modèle. Et
puis en vol, il traînera nettement moins. Allez, c'est parti,
on lance le modèle bien à plat sans courir et l'avion
part immédiatement sur un rail dans un bruit à peine perceptible.
Altitude de croisière à une dizaine de mètres pour
commencer puis virage par la gauche et léger piqué vent
arrière. Le Mustang accélère, la vitesse est croissante
et passage au ras des moustaches comme je les aime, il va vite le bougre.
Ensuite, prise d'altitude de nouveau, là on monte vraiment et
le Rex 220/1300 libère toute sa puissance jusqu'à une
quarantaine de mètres. Aussitôt l'altitude atteinte, je
me cale face au vent et je diminue les gaz. Mise du modèle en
configuration décrochage, c'est-à-dire manche au ventre
et là, on attend. Le Mustang se freine puis oscille légèrement
mais reste contrôlable jusqu'au départ sur l'aile gauche.
On libère l'animal immédiatement et hop, il reprend sa
ligne de vol aussi vite. Remise des gaz, virage et à nouveau
face au vent, mise en vrille du Mustang, j'engage une dizaine de tours,
je le stoppe en pleine action et il obéit de suite, ouf ! Boucles,
renversements et tonneaux même à facettes et c'est très
surprenant ne sont que simples formalités. L'atterrissage demande
une attention particulière car il se fait avec un peu de vitesse
au bout de 10 minutes, voire plus en gérant les gaz à
bon escient. Pour la séance photo, j'ai fait un vol avec un vent
soutenu au ras de l'antenne et le Mustang garde toujours la même
trajectoire. En virage serré et à basse vitesse, il se
contrôle parfaitement bien mais méfiance quand même
pour ne pas décrocher.
Pour conclure
Sans être le petit avion pépère, ce modèle
est d'une docilité surprenante. En plus, malgré sa petite
taille, il est criant de réalisme et on se prend vite au jeu.
Il n'en demeure pas moins que le Dépron reste un matériau
fragile alors attention, il a besoin d'être choyé. En l'air,
pas de problème mais dès que l'on se rapproche de la planète,
le contact doit être parfait sinon la sanction est immédiate
et définitive. Enfin, vous le savez, le Mustang est un cheval
sauvage et ce que j'ai eu entre les mains ne ressemble en rien à
un animal fougueux, bien au contraire.
Bons vols à tous.
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Les trajectoires
sont tendues, le Mustang demande quand même un bon volume
pour voler en sécurité. |
Caractéristiques
Nom : P-51D Mustang
Fabricant : Alfa Model
Envergure : 85 cm
Longueur : 74 cm
Surface alaire : 12,4 dm²
Poids : 370 g
Charge alaire : 30 g/dm² |
Equipement
Moteur : Flyware 220/1300
Variateur : Wema Sinus 08
Batterie : 3S1P lipoly Power Dragon 1600 mA |
Contacter l'auteur : pascal.bourguignon@jivaro-models.org