HotWing 1200 - Hacker
Coupez court !
Présentation : Emmanuel
Elie
J’aime les ailes volantes. La simplicité
de ces engins, et pour autant leur réelle efficacité en
vol me fascinent.
Heureux propriétaire d’une Z’Aile que j’emporte
partout, je cherchais nonchalamment un modèle similaire mais
de la taille au-dessus.
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D’un côté une aile
toute assemblée qui vole fort bien. De l’autre un paquet
très transportable et plat qui passera partout. |
Le but était d’être adaptable à
une plus grande variété de situations de vol tout en facilitant
la visualisation lorsque l’engin s’éloigne.
En seconde main, je suis tombé sur une Hacker HotWing 1200 EVO,
dont le propriétaire n’avait pas terminé le montage.
Problème : les deux demi-ailes étaient déjà
collées et les renforts carbone dessus/dessous aussi. Ce qui
donne un bloc de 1200mm, soit plus que la largeur de mon coffre. La
HotWing, tout en EPP est légère. Je peux donc envisager
de la rendre démontable, d’autant plus que les surfaces
verticales, dérives et autres appendices, ne sont pas posées.
Pour 50€ avec moteur, variateur et servos, ça me donnait
peu d’excuses, c’est décidé, je me lance.
Quelques excuses préliminaires à vous faire, néanmoins.
En effet, l’idée de l’article est née alors
que j’avais effectué l’essentiel des modifications.
Du coup, les photos ne sont pas aussi didactiques qu’elles auraient
pu l’être.
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Elle est belle cette aile. Mais
elle est grande, assez grande pour le vol, mais trop pour le transport. |
L’idée est de tailler des puits pour
3 blocs de contreplaqué, porteurs d’une clé d’aile
et de 2 pions de centrage.
L’aile est en EPP donc pas besoin de contreplaqué dur type
aviation. Le bouleau sera parfait et bien plus facile à travailler.
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Voilà le matériau
de base pour recevoir clé et pions de centrage. |
Pour garantir un bon alignement horizontal, les blocs
seront pré-percés à la perceuse sur colonne. Ils
seront aussi prévus plus longs que nécessaire, et pointés,
par une goutte de cyano, alignés sur une plaquette verticale
qui garantira leurs angles dans la verticalité.
Pour la meilleure rigidité, la clé d’aile et son
bloc porteur seront positionnés vers le centre de gravité,
et l’un des blocs porteurs de pion reprendra les tiges en carbone
insérées dans l’aile, dessus/dessous, qui font office
de longerons.
A cause de ces longerons, ce bloc ne pourra être posé qu’après
découpe de l’aile et des longerons. Il sera donc préparé
avec les deux autres mais posé dans un second temps.
Un adhésif de masquage est utilisé pour
tracer le futur axe de coupe et les emplacements des blocs, ainsi que
les puits en veillant à tailler "serré" ces
puits. J’ai tracé un bon millimètre plus petit que
les blocs.
La plaquette d’alignement est tracée avec les 3 repères
verticaux, puis les blocs sont pointés dessus à la cyano.
On utilise alors cet "outil" en forme de fourche comme guide
de découpe des puits dans l’aile. En appuyant la lame neuve
d’un cutter sur les blocs, on obtient des découpes assez
parallèles.
Attention, pour le bloc du milieu, celui qui reprendra les longerons,
il faut qu’il soit serré dans le sens de la corde, mais
pas dans le sens de l’envergure de l’aile. En effet, comme
il sera posé une fois l’aile découpée, il
faudra qu’il puisse s’enfoncer plus librement dans son logement.
On peut dépointer le bloc du milieu seul, puis enfoncer dans
l’aile l’espèce de fourchette constituée de
la plaquette d’alignement et des 2 blocs restant, en faisant dépasser
des deux côtés.
Ainsi on peut marquer sur chaque bloc les limites du profil, dessus/dessous,
et sur les 4 faces de chaque bloc, au niveau de chaque puits.
On ressort le tout, pour constater qu’il y a toute la place nécessaire
pour percer les blocs au diamètre de la future clé et
du pion. Pour ma part, la clé sera de diamètre 6mm dans
un fourreau aluminium de 8, et le pion de diamètre 4mm. Pions
et clé sont en carbone.
A ce stade, le bloc du milieu, n’est plus solidaire de la plaquette
d’alignement et n’est pas percé. C’est normal.
Je vous conseille de dégrossir les blocs, proches du tracé
de la limite de profil pour la partie opposée à la plaquette
d’alignement. C’est plus facile qu’une fois collé
dans l’aile.
Justement, c’est le moment de coller les deux premiers blocs dans
l’aile. Epoxy ou PU mais évitez la cyano qui ne permet
pas de bien vérifier les alignements avant prise définitive.
Quand c’est bien sec, la plaquette d’alignement, bloquée
dans un étau, permet de découper les blocs qui dépassent
de l’aile à l’aide d’une scie fine, genre scie
japonaise.
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La plaquette, après sciage
des deux premiers blocs, avec le troisième présenté
à sa place, tenu par une pince. |
Vient le moment fatidique |
Alors on la coupe cette aile ? Eh bien oui, c’est maintenant
! A l’aide d’une scie fine et longue, là encore la
scie japonaise est idéale. On peut couper l’EPP et les
deux premiers blocs en suivant le tracé initial.
On y va doucement, on respire, l’important est l’aller droit.
Vous serez satisfait à ce moment d’avoir choisi du contreplaqué
tendre.
Enfin, on a deux moitiés d’aile. Mais le bloc central,
celui qui reprend les longerons, n’y est pas.
On va d’abord y faire deux encoches verticales, et suivant l’angle
des longerons pour pouvoir le mettre à sa place. Une fois ces
encoches ajustées et le bloc capable d’être correctement
mis à sa place, on trace les limites supérieures et inférieures
du profil sur ce bloc, et on peut y localiser l’emplacement du
dernier pion pour le percer, encore à la perceuse sur colonne.
C’est le bon moment pour y prévoir l’emplacement
futur de la connexion du servo qui se retrouvera isolé. Je l’ai
fait après, c’est moins facile et le risque est plus grand
de perte d’alignement.
Il s’agit de coller en place le dernier bloc. Pour ce faire, pion
et morceau de fourreau de clé des premiers blocs sont mis en
place. Le dernier bloc est encollé et mis en place sur une première
moitié d’aile. Je recommande la PU qui garnira les espaces
liés au mauvais ajustement éventuel. La seconde moitié
d’aile est enfilée sur ce bloc et le pion/morceau de fourreau.
Puis on replace la plaquette d’alignement sur les découpes
de premiers blocs et on y appuie le dernier bloc à l’aide
d’une grande pince ou d’un serre-joint. On vérifie
les alignements. On cale le tout du mieux possible, et on laisse prendre.
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Simulation de pose du troisième
bloc, celui du milieu. La plaquette dispose encore des restes des
blocs avant et arrière, délicatement sciés
au ras de la mousse. Le troisième bloc a été
préparé pour laisser le passage des longerons carbone.
Il est placé, avec une pince sur la plaquette d’alignement.
Il est encollé et enfilé sur la première demi-aile.
On rapporte la seconde demi-aile avec pion de centrage et un morceau
de fourreau de clé. La plaquette permet de vérifier
les alignements du troisième bloc, dans les 3 dimensions,
pendant le séchage de la colle. |
Lorsque c’est bien sec, on reprend la scie japonaise, pour couper
le troisième bloc dans le prolongement de la première
découpe.
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C’est coupé,
poncé, mais ce n’est pas terminé. |
Il reste à faire la place au fourreau de la clé, grâce
à un petit tube dont le bord sera affuté et dentelé
pour, à travers le bloc porteur de la clé, creuser l’EPP.
Ne pas hésiter à creuser un peu large, l’alignement
final sera fait ensuite à la PU.
On prépare les fourreaux à la dimension finale. Je les
bouche avec une rondelle de SuperBoard fixée à la cyano,
pour éviter les inclusions de colle. L’EPP est chargé
à la colle PU aux endroits qui recevront les fourreaux, je mouille
les fourreaux. Ils sont mis en place. La clé est insérée
dans les fourreaux en passant au travers d’un morceau de plastique
fin (adhésif d’emballage, film alimentaire...), les pions
sont mis en place et les deux demi-ailes sont assemblées. Le
tout est immobilisé au mieux pour séchage de la PU.
Lorsque tout est sec, le démontage permet de contempler une aile
de plus d’un mètre, mais démontable en deux parties.
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Tadaaaaa ! L'aile
est désormais séparable en 2. |
Un ponçage des blocs au ras des extrados et intrados finalise
le travail. Là encore, on se félicite d’avoir choisi
un contreplaqué tendre.
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Détail du
troisième bloc, celui du centre, où l’on voit
les encoches pour les longerons, et la prise du servo, qui est
collée dessus à la colle polymère pour s’ajuster
au mieux à l’autre partie qui est, elle, collée
à la cyano. |
Je me suis questionné pour ajouter un système de verrouillage,
tel qu’un "U" en corde à piano, qui viendrait
prendre dans 2 trous verticaux, faits dans le bloc du milieu. Je crains
un arrachage en cas de posé mal contrôlé.
Je préfère ajuster le jeu de la clé d’aile
à la cyano. Pour cela, je fais couler de la cyano fluide sur
ma clé d’aile pendue en l’air. J’essuie les
excédents avec un mouchoir en papier ou autre papier toilette,
et je vaporise un voile d’accélérateur.
Normalement, la clé n’est plus en mesure de rentrer dans
ses fourreaux. Je m’arme de patience et d’abrasif fins,
du 400 et du 800, et je ponce la clé jusqu’à obtenir
un glissement libre, mais doux et sans jeu. Ça tiendra très
bien en vol.
En plus, la batterie étant placée sous l’aile
dans un EPP qui va se comprimer avec le temps, il faut y adjoindre une
sécurité. Ce sera fait avec une bande velcro. J’utilise
le type qui est vendu au mètre pour ranger les câbles électriques
et autres informatiques.
Enfoncé dans une fente à 45 degrés dans l’EPP
à un bout du logement batterie, la bande est collée à
la colle polymère (genre "Résiste-à-tout"),
côté velours vers le bas. De l’autre côté
un morceau de cette bande, débarrassé de son velours,
est collé à la cyano gel, à cheval sur la séparation
entre les deux ailes. Une fois la cyano prise, un coup de cutter sépare
de nouveau les deux parties.
De cette façon, en sécurisant la batterie, on verrouille,
par la même occasion, l’assemblage avant de l’aile.
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Le bandeau de Velcro
maintient la batterie et sécurise les 2 tronçons
d'aile. |
Cette HotWing de chez Hacker n’est vraiment pas prévue
pour le transport. En plus d’une envergure d’un seul tenant
qui ne tient pas dans un coffre, les surfaces verticales sont normalement
collées.
Bref, c’est pas glop ! (Je laisse les anciens expliquer cette
expression de boomer aux plus jeunes...
)
Petite coquetterie personnelle, je vais remplacer les dérives
d’origine, avec les autres appendices verticaux répartis
le long du bord d’attaque, qui sont tous en EPP noir. C’est
certainement très esthétique, mais l’EPP c’est
mou. Je vais me passer des appendices de bord d’attaque, et refaire
des dérives agrandies par rapport à l’original et
en Coroplast.
Le Coroplast est bien plus lourd que l’EPP, alors quid du centrage
? Je vous envoie vers le chapitre dédié. En attendant,
traçage et découpe des nouvelles dérives.
Comme le Coroplast est issu de panneaux d’affichage récupérés,
ils sont peints d’un côté. Plutôt que de consommer
des litres d’acétone, un ponçage à l’eau
au papier grain 800 efface ce décor, en laissant des lignes de
couleur le long des nervures. Je trouve le rendu assez cool. Quelques
trous d’allègement et du film de lamination pour couvrir
les trous et le champ (bord) des dérives pour éviter le
chant (sifflet) de ces mêmes dérives avec les cannelures
du Coroplast.
Pour la fixation, 4 vis nylon M4 prendront dans 4 tourillons de bois,
percés et taraudés.
Pour éviter l’écrasement du Coroplast et servir
de rondelle d’appui, des petits morceaux de bois - j’utilise
des brochettes asiatiques en bambou - sont glissés dans les cannelures
au droit du passage des vis avant d’en percer les trous. Puis
quelques gouttes de cyano fluide passées dans ces mêmes
trous les sécuriseront.
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Le "kit" de dérive. Une dérive,
sur laquelle les trous sont tracés. 6 morceaux de bambou
pour le renfort, 2 tourillons percés et taraudés,
et les vis de fixation.
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On creuse les saumons pour recevoir les tourillons. L’EPP permet
difficilement de travailler proprement avec un foret, mais il vaut mieux
être un peu large et laisser les alignements se peaufiner au collage.
Pour des tourillons de 10mm, j’utilise un foret de 7mm et j’ajuste
peu à peu le positionnement des trous en utilisant la dérive
équipée des tourillons.
Avant le collage final, je protège la dérive avec un adhésif
d’emballage, puis je remonte les tourillons. Le collage des tourillons
est fait à la PU. Pendant le séchage on bloque le tout
comme on peut. Pour info, c’est plus facile en faisant les deux
dérives ensemble sur l’aile assemblée car on peut
être en appui symétrique, pour peu que l’on bloque
bien l’avant de l’aile.
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Là, c’est terminé
! Reste juste à entoiler les dérives.
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La PU va gonfler et figer les positions et les alignements. Inévitablement,
il y aura des débordements, donc protégez bien le chantier
des éventuelles gouttes et coulures. Bien attendre la fin de
durcissement de la PU, genre attendre le lendemain, pour araser les
excédents avec une lame de cutter neuve.
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Dérive entoilée,
vissée en place
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L’EPP, c’est mou, je l’ai déjà dit.
Mais, en plus, ça prend des déformations assez facilement.
J’ai constaté que les bords de fuite présentaient
de petites ondulations.
Il me reste du jonc carbone de 1mm. Allez zou ! On va renforcer tout
ça.
Une lame de cutter scotchée sur un morceau de balsa de 1.5mm
fera un outil parfait pour pratiquer une saignée régulière.
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Avec un angle très ouvert,
une lame neuve pour couper bien net la saignée dans le
bord de fuite, bien plaqué contre le chantier, et contre
lequel la planchette de balsa glisse sans effort.
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Le jonc carbone est inséré dans la saignée,
poussé au fond à l’aide d’un tournevis.
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Puis, à l’aide d’une canule maison
montée sur un tube de cyano, on colle le jonc en place. |
La canule est réalisée à l’aide d’un
bout de gaine thermorétractable, étirée entre deux
pinces plates pendant que l’on chauffe avec un décapeur
thermique. Une fois refroidie, la gaine a la forme idéale. N’ayant
que deux, mains, une pour chaque pince, le décapeur est tenu
entre les genoux. Comme l’opération est rapide, il n’a
pas le temps de surchauffer.
Toutes les modifications sont faites. Au passage, ayant opté
pour une hélice repliable, j’ai ajouté une cale
qui empêche les dites pales, de se replier au-delà de 90
degrés. En effet, sans cela, à la mise des gaz, il y a
risque qu’une pale reste repliée jusqu’au cône,
créant un très fort balourd et des vibrations apte à
tout casser côté moteur.
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Une cale intercalée
entre le porte-hélice et le cône empêche les
pales de se replier au-celà de 90°. |
Petit focus sur le centrage |
La notice indique un centrage à 180mm de la pointe mais, une
petite recherche sur les forums indique que c’est très,
mais vraiment très avant, et ça fini souvent par mettre
du plomb, et pas qu’un peu, à l’arrière de
l’aile.
Allez hop ! Un coup de PredimRC, et 180mm correspondent à une
marge statique de presque 12 %. Tu m’étonnes qu’il
soit avant le réglage préconisé !
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J’opte pour un centrage à 200mm de la pointe, soit 4
% de marge statique. Avec une présentation des dérives
modifiées, de l’hélice et de la batterie, je constate
que l’obtention du centrage à 200mm se fera sans ajout
de plomb.
Avec toutes ces modifications, l’aile, sans batterie, pèse
335 grammes. Hacker annonce un poids supérieur à 375 grammes
en ordre de vol mais n’annonce pas de maximum, curieusement. Je
vais donc utiliser une LiPo 3S de 1300 mAh qui portera le tout à
un poids de 460 grammes.
PredimRC me calculant une surface alaire de 29,78 dm², cela donne
une charge très raisonnable de moins de 16 g/dm². Sur une
envergure de plus du mètre, ça va voler !
Spoiler alerte ! Ça vole, et même bien. Quelques lancés
main ont vite confirmé le bien fondé du centrage à
200mm. Par contre, je ne peux pas le reculer plus, la batterie étant
déjà presque à toucher le longeron carbone.
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L'aile entièrement
démontée. Elle méritait bien une housse pour
la protéger... et ne pas égarer des morceaux. |
Contacter l'auteur : manu@jivaro-models.org