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Douglas DC-6
Un modèle exceptionnel
!
Texte et photos : Laurent
Schmitz OO-AS300
Les kits de DC-6 sont rares, pour ne pas dire
introuvables. L’avion a pourtant joué un rôle majeur
dans la démocratisation des voyages aériens dans les années
cinquante. Le DC-6 était un appareil robuste, fiable et confortable
pour l’époque. Ses qualités de vol lui permettaient
de survoler des régions tropicales souvent touchées par
le mauvais temps. Le modèle conçu par Troy Mc Millan a
hérité des bonnes caractéristiques du grandeur.
En plus le kit est facile à monter et bien détaillé.
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Difficile de croire que ce liner
est entièrement imprimé en 3D. C'est pourtant vrai. |
Caractéristiques techniques |
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Nom : Douglas DC-6
Concepteur :
Troy Mc Millanrc
Envergure : 180 cm
Longueur : 160 cm
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Masse au décollage : 3600 à 3900 g
Options : Train rentrant ou fixe et volets
4 moteurs de type 2212 1400KV
Batterie : Li-Po 3300 à 4400 mAh 4S |
"Zaventem control, DC-6
Sabena Tango Mike to Leopoldsville, ready for Take-Off".
Au seuil de la piste 23, le gros quadrimoteur tremble
légèrement dans le vent de travers, comme son pilote
d’ailleurs, car c’est le premier vol de l’appareil. |
Le terrain est dégagé, c’est
le moment !
Je pousse le manche des watts et les quatre moteurs atteignent
rapidement leur régime maximal, produisant une résonance
sympa. Mais est-ce assez pour décoller, surtout sans vent
de face ?
Je sais que la puissance est juste suffisante, avec seulement
40A en 4S, soit à peine 600 watts pour ce gros modèle
de 3,7 kg. |
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Après avoir avalé 70 mètres
d’herbe, la roue avant de l’avion quitte enfin le
sol et après encore une dizaine de mètres de roulage
"nez haut", le DC-6 prend son envol sous une pente absolument
réaliste !
La vitesse de vol est relativement faible mais l’appareil
atteint malgré tout une altitude de sécurité
correcte en sortie du premier virage. Les sensations de vol sont
excellentes.
Le zinc est un camion, mais précis et sain, sans la moindre
mauvaise surprise. D’ailleurs, je n’ai dû ajouter
que trois crans de trim à cabrer.
Son attitude queue haute est fort agréable et l’apparence
en vol est incroyable. |
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Pour le pilote et les spectateurs, aucun doute :
nous sommes en 1956 et le DC-6b de Sabena World Airlines est en
route pour le Congo Belge avec 86 passagers à bord…
< Un terrain en dur ou en herbe très rase
est nécessaire.
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Le modèle est vendu 65$ sur
Cults3D (58 €) et sur le site du concepteur : troymcmillanrc.com/dc-6
Ce prix relativement élevé est justifié
par la complexité de l’appareil, mais aussi par la
renommée de l’auteur et la qualité du kit.
En effet, les modèles de Troy, pilote de ligne de profession,
sont coup sur coup une réussite.
Outre la notice en PDF, Troy propose une vidéo professionnelle
détaillée de la construction, ce qui justifie aussi
le prix demandé.
Ce DC-6 est remarquablement conçu. Les pièces s’impriment
facilement avec du filament PLA, même sur une petite imprimante
(20x20x20 cm minimum). |
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Le modèle de Troy Mc Millan,
concepteur du kit. |
J’ai opté pour du PolyAir de 3DLabPrint, un matériau
de type « PLA+ » développé spécialement
pour les aéromodèles. Il s’imprime à 230°
et n’a absolument pas tendance à se délaminer. Notez
qu’il ne faut aucun renfort en carbone, clé d’ailes
ou autre : tout est intégré dans la structure en PLA.
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L’impression dure à peu près 200
heures et il est vite évident que le modèle est gros,
très gros !
Pensez qu’il faudra pouvoir le stocker, d’autant que
l’aile de 180 cm est d’une pièce.
Je n’ai eu qu’un seul souci, la pièce F5 est
sortie deux fois avec une déformation de mon imprimante.
Rien de rédhibitoire, mais ça se voit quand même
sous certains angles. J’attribue ce défaut à
mon imprimante car sur le logiciel on ne voit rien de particulier. |
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Attention, le modèle est imposant et nécessite
à peu près 200 heures d’impression. |
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Le DC-6 remplit tout l’atelier, un coin de table
de cuisine ne suffira pas… |
L’avion est "vendu" pour 3,6 kg au décollage,
ce que je trouvais assez élevé. J’ai donc décidé
de dévier des instructions pour gagner en masse. Ainsi, j’ai
imprimé les fuseaux moteurs, capots et surfaces mobiles en filament
"lightweight" (LW), qui pèse deux fois moins que le
PLA préconisé.
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L’empennage, trop souple à
mon goût, a été renforcé après
montage de l’avion en introduisant une barre de bois par l’ouverture
d’aération. |
Après montage du stab, je trouvais que la dérive manquait
de rigidité. Les pièces étaient déjà
collées mais j’ai pu insérer une latte de balsa
de 8 mm d’épaisseur par les trous d’aération
sous le fuselage. Elle entre à la verticale jusque dans l’épaisseur
de la dérive et est fixée à grand renforts de colle
P.U. (qui gonfle en séchant).
Tant que j’y étais, j’ai aussi découpé
les vitres du cockpit, opaques d’origine, et je les ai remplacées
par de l’acétate découpé dans un blister
d’emballage. L’opération est délicate mais
améliore bien l’aspect. Du coup, il a fallu aussi ajouter
deux bustes de pilotes.
Avec ces modifications et un accu 4S de seulement 3300 mAh, l’avion
pèse plus de 3,7 kg au décollage. Je soupçonne
donc que les 3600 g annoncés sont seulement valables pour la
version à train fixe.
Je possédais déjà quatre moteurs et quatre contrôleurs
rescapés d’un vieux projet de drone. Mes moteurs ayant
1000kV au lieu des 1400kV recommandés, j’ai opté
pour des hélices plus grandes, des Master tripales 9"x7"
(contre 8"x6" d’origine). C’est vraiment la limite
en diamètre car l’avion a tendance à un peu tondre
l’herbe au passage !
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Quelle élégance
! |
Le montage de la propulsion est un grand moment de solitude…
Non seulement la place est comptée pour insérer les contrôleurs
et faire passer tous les câbles, mais en plus il faut le faire
quatre fois ! Après avoir ajouté deux servos d’ailerons,
deux servos de volets et les deux trains rentrants, le faisceau de câbles
est bien serré dans les logements et la masse de fils est franchement
impressionnante. Pensez à bien labéliser toutes les connections.
Pour économiser, j’ai employé les brins brun/bleu/jaune
d’une rallonge 220V de 1,5 mm² et des connecteurs XT60.
Si c’était à refaire, je prendrais du 1 mm²
et des connecteurs XT30, bien suffisants pour ces petits moteurs. Il
est possible d’épargner ainsi pas mal de masse et d’encombrement.
Après installation, il s’est avéré que les
contrôleurs, rassemblés par trois cordons en "Y"
sur un seul canal du récepteur FlySky FSiA10B, ne fonctionnaient
pas. Il a fallu les brancher deux par deux sur deux voies distinctes.
En parlant de cordon "Y", il en faut au moins six (!) : un
pour les volets, un pour la profondeur, deux pour les trois trains rentrants
et deux pour les contrôleurs. Comme un des volets n’était
pas réglé comme l’autre, je les ai aussi attribués
à deux canaux séparés, pour pouvoir ajuster les
courbes dans l’émetteur. En fin de compte, le récepteur
10 voies est plein
- Aileron gauche
- Profondeur
- Moteurs 1&4
- Direction
- Aileron droit
- Volet gauche
- Volet droit
- Train rentrant
- Moteurs 2&3
- Servo de direction de la roue avant
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L’astuce prévue pour
brancher les volets sur un cordon Y ne marche pas bien, le débattement
n’évoluant pas de façon symétrique.
Mieux vaut utiliser deux voies séparés. |
Heureusement, sur ce récepteur il reste un connecteur dédié
pour l’UBEC d’alimentation ! Dans l’émetteur,
j’ai programmé 30% de différentiel aux ailerons
(l’aileron monte plus qu’il ne descend), pour contrer le
lacet inverse. C’est idéal, l’avion n’a besoin
que de très peu de "pied" pour obtenir de beaux virages.
Quant aux moteurs, contrairement au vrai, ils sont contre-rotatifs :
1 & 4 tournent vers l’intérieur et 2 & 3 tournent
vers l’extérieur. Il faut donc deux hélices tripales
"propulsives". Cette astuce permet d’annuler les effets
de couple, ce qui rend l’avion particulièrement stable
en lacet, en particulier au décollage et à la remise des
watts.
Si vous voulez simplifier le "spaghetti de câbles" et
alléger le modèle, il est possible de réduire le
nombre de voies en mettant les ailerons et les volets sur un cordon
en "Y", ainsi que la direction et la roulette de nez. Si vos
contrôleurs acceptent de fonctionner tous sur une seule voie,
alors un récepteur 6 voies est possible. En fait, vous pourriez
même coller les volets en position de décollage (±25°)
et économiser ainsi deux servos, une voie et un paquet de câbles.
Dès le début, j’avais décidé de décorer
ce DC-6b en livrée de la SABENA, compagnie aérienne belge
aujourd’hui disparue. J’ai donc dessiné les insignes,
hublots et marquages sur l’ordinateur, pour les imprimer sur du
vinyle adhésif. Ces autocollants adhèrent souvent mal
et finissent par se détacher. La solution est d’étaler
une goutte de colle UHU Por avec le doigt sur la périphérie
du motif. Pour le reste, l’avion a été peint à
la bombe, avec juste la dérive et quelques détails à
l’aérographe. Il a fallu quelques essais-erreurs mais j’ai
pu ajuster le bleu des autocollants à la peinture acrylique Tamiya
bleue (XF-8). Les portes sont simplement tracées au marqueur
noir. Le PDF de cette déco est disponible gratuitement pour les
lecteurs de Jivaro-Models.
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Ces planches de décor au format
PDF peuvent être téléchargées puis imprimées
sur du vinyle adhésif (Fichier ZIP 270 Ko). |
Lors du premier atterrissage, j’ai arraché la jambe de
train avant, imprimée en 3D. J’ai pu la réparer
et la renforcer à la fibre de verre. Les atterrissages suivants
se sont mieux passés.
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La jambe de train avant, imprimée
en PLA+, est fragile et ne résiste pas à un atterrissage
un peu brutal. Je l’ai réparée et renforcée
au terrain en tournant de la mèche de fibre de verre autour,
enduite de cyano. La réparation de fortune tient toujours. |
Le DC-6 est un plaisir à faire et voir voler. Les passages "à
l’anglaise" train rentré sont particulièrement
majestueux. Le centrage de Troy s’est avéré idéal
pour un premier vol. Je l’ai reculé un peu pour la suite
(juste derrière le longeron) sans noter de changement majeur.
Mon petit Li-Po est maintenant fixé tout à l’avant
de la platine.
Le décrochage est sans surprise et survient vraiment tard, en
insistant. Avec ma propulsion poussive, je n’ai pas tenté
la moindre figure, ce n’est de toute façon pas le but de
l’appareil.
La sortie des volets cause un moment à cabrer mais comme j’avais
dû trimmer l’avion vers le haut, avec les volets sur la
première position, mon trim revient à zéro. Le
vol avec un cran de volets est plus agréable et l’avion
monte mieux, ce qui m’arrange bien vu la motorisation faiblarde.
Plein volets (±60°), le DC-6 se cabre encore un peu plus
et freine franchement. Cette configuration n’est pas nécessaire
pour se poser car même sans vent il n’allonge pas beaucoup
et se pose facilement là où on veut.
Ce beau gros modèle complexe
confirme que l’impression 3D n’est plus réservée
à de petites machines fragiles.
Le DC-6 de Troy est un bon appareil pour s’initier au pilotage
des avions de ligne sans trop de stress. Il vole bien et se contente
d’équipements bon marché et courants.
Bon, sur ce, je dois vous laisser. Je ne voudrais pas rater
le vol de retour de Léopoldville…
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Prévoyez une grande voiture, d’autant
que l’aile est d’une pièce. |
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org
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