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10 octobre 2024
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Douglas DC-6 de Laurent Schmitz

Douglas DC-6

Un modèle exceptionnel !

Texte et photos : Laurent Schmitz OO-AS300

Les kits de DC-6 sont rares, pour ne pas dire introuvables. L’avion a pourtant joué un rôle majeur dans la démocratisation des voyages aériens dans les années cinquante. Le DC-6 était un appareil robuste, fiable et confortable pour l’époque. Ses qualités de vol lui permettaient de survoler des régions tropicales souvent touchées par le mauvais temps. Le modèle conçu par Troy Mc Millan a hérité des bonnes caractéristiques du grandeur. En plus le kit est facile à monter et bien détaillé.

Un liner imprimé en 3D
Difficile de croire que ce liner est entièrement imprimé en 3D. C'est pourtant vrai.

Caractéristiques techniques

   
Nom : Douglas DC-6
Concepteur : Troy Mc Millanrc
Envergure : 180 cm
Longueur : 160 cm


Masse au décollage : 3600 à 3900 g
Options : Train rentrant ou fixe et volets
4 moteurs de type 2212 1400KV
Batterie : Li-Po 3300 à 4400 mAh 4S

"Zaventem control, DC-6 Sabena Tango Mike to Leopoldsville, ready for Take-Off".

Au seuil de la piste 23, le gros quadrimoteur tremble légèrement dans le vent de travers, comme son pilote d’ailleurs, car c’est le premier vol de l’appareil.

Le terrain est dégagé, c’est le moment !
Je pousse le manche des watts et les quatre moteurs atteignent rapidement leur régime maximal, produisant une résonance sympa. Mais est-ce assez pour décoller, surtout sans vent de face ?
Je sais que la puissance est juste suffisante, avec seulement 40A en 4S, soit à peine 600 watts pour ce gros modèle de 3,7 kg.

Sur la piste

Après avoir avalé 70 mètres d’herbe, la roue avant de l’avion quitte enfin le sol et après encore une dizaine de mètres de roulage "nez haut", le DC-6 prend son envol sous une pente absolument réaliste !
La vitesse de vol est relativement faible mais l’appareil atteint malgré tout une altitude de sécurité correcte en sortie du premier virage. Les sensations de vol sont excellentes.
Le zinc est un camion, mais précis et sain, sans la moindre mauvaise surprise. D’ailleurs, je n’ai dû ajouter que trois crans de trim à cabrer.
Son attitude queue haute est fort agréable et l’apparence en vol est incroyable.

Paré au décollage

Pour le pilote et les spectateurs, aucun doute :
nous sommes en 1956 et le DC-6b de Sabena World Airlines est en route pour le Congo Belge avec 86 passagers à bord…

 

< Un terrain en dur ou en herbe très rase est nécessaire.

Passage à l'anglaise

Un kit bien conçu


Le modèle est vendu 65$ sur Cults3D (58 €) et sur le site du concepteur : troymcmillanrc.com/dc-6

Ce prix relativement élevé est justifié par la complexité de l’appareil, mais aussi par la renommée de l’auteur et la qualité du kit.
En effet, les modèles de Troy, pilote de ligne de profession, sont coup sur coup une réussite.
Outre la notice en PDF, Troy propose une vidéo professionnelle détaillée de la construction, ce qui justifie aussi le prix demandé.

Ce DC-6 est remarquablement conçu. Les pièces s’impriment facilement avec du filament PLA, même sur une petite imprimante (20x20x20 cm minimum).

Troy Mc Millan, le concepteur
 
Le modèle de Troy Mc Millan, concepteur du kit.

J’ai opté pour du PolyAir de 3DLabPrint, un matériau de type « PLA+ » développé spécialement pour les aéromodèles. Il s’imprime à 230° et n’a absolument pas tendance à se délaminer. Notez qu’il ne faut aucun renfort en carbone, clé d’ailes ou autre : tout est intégré dans la structure en PLA.

Fuselage imprimé L’impression dure à peu près 200 heures et il est vite évident que le modèle est gros, très gros !
Pensez qu’il faudra pouvoir le stocker, d’autant que l’aile de 180 cm est d’une pièce.
Je n’ai eu qu’un seul souci, la pièce F5 est sortie deux fois avec une déformation de mon imprimante. Rien de rédhibitoire, mais ça se voit quand même sous certains angles. J’attribue ce défaut à mon imprimante car sur le logiciel on ne voit rien de particulier.
Atelier bien rempli
Attention, le modèle est imposant et nécessite à peu près 200 heures d’impression.   Le DC-6 remplit tout l’atelier, un coin de table de cuisine ne suffira pas…

Modifications

L’avion est "vendu" pour 3,6 kg au décollage, ce que je trouvais assez élevé. J’ai donc décidé de dévier des instructions pour gagner en masse. Ainsi, j’ai imprimé les fuseaux moteurs, capots et surfaces mobiles en filament "lightweight" (LW), qui pèse deux fois moins que le PLA préconisé.

Dérive renforcé Renfort interne
L’empennage, trop souple à mon goût, a été renforcé après montage de l’avion en introduisant une barre de bois par l’ouverture d’aération.

Après montage du stab, je trouvais que la dérive manquait de rigidité. Les pièces étaient déjà collées mais j’ai pu insérer une latte de balsa de 8 mm d’épaisseur par les trous d’aération sous le fuselage. Elle entre à la verticale jusque dans l’épaisseur de la dérive et est fixée à grand renforts de colle P.U. (qui gonfle en séchant).
Tant que j’y étais, j’ai aussi découpé les vitres du cockpit, opaques d’origine, et je les ai remplacées par de l’acétate découpé dans un blister d’emballage. L’opération est délicate mais améliore bien l’aspect. Du coup, il a fallu aussi ajouter deux bustes de pilotes.
Avec ces modifications et un accu 4S de seulement 3300 mAh, l’avion pèse plus de 3,7 kg au décollage. Je soupçonne donc que les 3600 g annoncés sont seulement valables pour la version à train fixe.

Capots en LW-PLA Vitrages découpés
Mes fuseaux moteurs, capots et surfaces mobiles sont en filament LW. Les vitrages ont été découpés.

Equipement

Je possédais déjà quatre moteurs et quatre contrôleurs rescapés d’un vieux projet de drone. Mes moteurs ayant 1000kV au lieu des 1400kV recommandés, j’ai opté pour des hélices plus grandes, des Master tripales 9"x7" (contre 8"x6" d’origine). C’est vraiment la limite en diamètre car l’avion a tendance à un peu tondre l’herbe au passage !

Quelle élégance !
Quelle élégance !

Le montage de la propulsion est un grand moment de solitude… Non seulement la place est comptée pour insérer les contrôleurs et faire passer tous les câbles, mais en plus il faut le faire quatre fois ! Après avoir ajouté deux servos d’ailerons, deux servos de volets et les deux trains rentrants, le faisceau de câbles est bien serré dans les logements et la masse de fils est franchement impressionnante. Pensez à bien labéliser toutes les connections. Pour économiser, j’ai employé les brins brun/bleu/jaune d’une rallonge 220V de 1,5 mm² et des connecteurs XT60. Si c’était à refaire, je prendrais du 1 mm² et des connecteurs XT30, bien suffisants pour ces petits moteurs. Il est possible d’épargner ainsi pas mal de masse et d’encombrement.

Train sorti Train rentré

Spaghetti de câbles

Après installation, il s’est avéré que les contrôleurs, rassemblés par trois cordons en "Y" sur un seul canal du récepteur FlySky FSiA10B, ne fonctionnaient pas. Il a fallu les brancher deux par deux sur deux voies distinctes. En parlant de cordon "Y", il en faut au moins six (!) : un pour les volets, un pour la profondeur, deux pour les trois trains rentrants et deux pour les contrôleurs. Comme un des volets n’était pas réglé comme l’autre, je les ai aussi attribués à deux canaux séparés, pour pouvoir ajuster les courbes dans l’émetteur. En fin de compte, le récepteur 10 voies est plein

  1. Aileron gauche
  2. Profondeur
  3. Moteurs 1&4
  4. Direction
  5. Aileron droit
  6. Volet gauche
  7. Volet droit
  8. Train rentrant
  9. Moteurs 2&3
  10. Servo de direction de la roue avant
  Servos et cordon Y
 
L’astuce prévue pour brancher les volets sur un cordon Y ne marche pas bien, le débattement n’évoluant pas de façon symétrique. Mieux vaut utiliser deux voies séparés.

Heureusement, sur ce récepteur il reste un connecteur dédié pour l’UBEC d’alimentation ! Dans l’émetteur, j’ai programmé 30% de différentiel aux ailerons (l’aileron monte plus qu’il ne descend), pour contrer le lacet inverse. C’est idéal, l’avion n’a besoin que de très peu de "pied" pour obtenir de beaux virages. Quant aux moteurs, contrairement au vrai, ils sont contre-rotatifs : 1 & 4 tournent vers l’intérieur et 2 & 3 tournent vers l’extérieur. Il faut donc deux hélices tripales "propulsives". Cette astuce permet d’annuler les effets de couple, ce qui rend l’avion particulièrement stable en lacet, en particulier au décollage et à la remise des watts.
Si vous voulez simplifier le "spaghetti de câbles" et alléger le modèle, il est possible de réduire le nombre de voies en mettant les ailerons et les volets sur un cordon en "Y", ainsi que la direction et la roulette de nez. Si vos contrôleurs acceptent de fonctionner tous sur une seule voie, alors un récepteur 6 voies est possible. En fait, vous pourriez même coller les volets en position de décollage (±25°) et économiser ainsi deux servos, une voie et un paquet de câbles.

Décoration


DC6 Sabena

Dès le début, j’avais décidé de décorer ce DC-6b en livrée de la SABENA, compagnie aérienne belge aujourd’hui disparue. J’ai donc dessiné les insignes, hublots et marquages sur l’ordinateur, pour les imprimer sur du vinyle adhésif. Ces autocollants adhèrent souvent mal et finissent par se détacher. La solution est d’étaler une goutte de colle UHU Por avec le doigt sur la périphérie du motif. Pour le reste, l’avion a été peint à la bombe, avec juste la dérive et quelques détails à l’aérographe. Il a fallu quelques essais-erreurs mais j’ai pu ajuster le bleu des autocollants à la peinture acrylique Tamiya bleue (XF-8). Les portes sont simplement tracées au marqueur noir. Le PDF de cette déco est disponible gratuitement pour les lecteurs de Jivaro-Models.

Lines windows
Markings   Wing
Ces planches de décor au format PDF peuvent être téléchargées puis imprimées sur du vinyle adhésif (Fichier ZIP 270 Ko).

Quel réalisme !

Nouveaux vols

Lors du premier atterrissage, j’ai arraché la jambe de train avant, imprimée en 3D. J’ai pu la réparer et la renforcer à la fibre de verre. Les atterrissages suivants se sont mieux passés.

Jambe de train fragile
La jambe de train avant, imprimée en PLA+, est fragile et ne résiste pas à un atterrissage un peu brutal. Je l’ai réparée et renforcée au terrain en tournant de la mèche de fibre de verre autour, enduite de cyano. La réparation de fortune tient toujours.

Le DC-6 est un plaisir à faire et voir voler. Les passages "à l’anglaise" train rentré sont particulièrement majestueux. Le centrage de Troy s’est avéré idéal pour un premier vol. Je l’ai reculé un peu pour la suite (juste derrière le longeron) sans noter de changement majeur. Mon petit Li-Po est maintenant fixé tout à l’avant de la platine.

Décollage Passage

Le décrochage est sans surprise et survient vraiment tard, en insistant. Avec ma propulsion poussive, je n’ai pas tenté la moindre figure, ce n’est de toute façon pas le but de l’appareil.

Pilote et avion Passage à l'anglaise

La sortie des volets cause un moment à cabrer mais comme j’avais dû trimmer l’avion vers le haut, avec les volets sur la première position, mon trim revient à zéro. Le vol avec un cran de volets est plus agréable et l’avion monte mieux, ce qui m’arrange bien vu la motorisation faiblarde. Plein volets (±60°), le DC-6 se cabre encore un peu plus et freine franchement. Cette configuration n’est pas nécessaire pour se poser car même sans vent il n’allonge pas beaucoup et se pose facilement là où on veut.

Volets sortis et trains rentrés

Une belle réussite


Ce beau gros modèle complexe confirme que l’impression 3D n’est plus réservée à de petites machines fragiles.

Le DC-6 de Troy est un bon appareil pour s’initier au pilotage des avions de ligne sans trop de stress. Il vole bien et se contente d’équipements bon marché et courants.

Bon, sur ce, je dois vous laisser. Je ne voudrais pas rater le vol de retour de Léopoldville…

Laurent Schmitz et son superbe DC-6
  Prévoyez une grande voiture, d’autant que l’aile est d’une pièce.

Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org

Douglas DC-6
 
 
 
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