Aucun amateur d'aviation ne peut rester insensible
à la pureté et à la finesse des lignes des avions
Caudron, encore moins à celles du C.460 qui est pour moi le plus
beau et abouti des avions de course. Les Caudron de tous types ont tout
naturellement un certain succès auprès des modélistes
mais les reproductions à petites échelles sont rares et
c'est ce qui m'a poussé à concevoir un petit modèle,
facile à construire, à faire voler et à transporter.
Le C.460 comme tous les Caudron de course a une géométrie
particulière avec une envergure identique à sa longueur,
il en résulte un fuselage très long (gage de stabilité
et de précision), volumineux (pratique pour y faire rentrer le
matériel) et une aile effilée de faible surface (là
ça se complique)...
Conception
L'objectif était de concevoir un avion "facile",
autant à construire qu'à faire voler. Ça tombe bien,
le C.460 a des formes simples !
Le fuselage est construit autour d'une "caisse" en dépron
de 3 mm entièrement habillée de bois, ce qui permet d'obtenir
une rigidité exemplaire pour un poids contenu. Ce mode de construction
permet en outre de reproduire fidèlement et rapidement les formes
de l'original et la finition pourra se faire simplement avec du film thermorétractable,
gage de solidité et de pérennité !
Pour les ailes (minuscules...), même logique, faire
simple ! Afin de garantir de bonnes qualités de vol, le profil
est un Eppler 193, c'est une valeur sûre avec une épaisseur
relative de 10 % et un intrados plat ou presque. Les ailes sont construites
sur le coffrage de l'intrados ; de cette manière, impossible de
se rater et on obtient rapidement des ailes très légères
et suffisamment rigides. Les logerons sont constitués de baguettes
balsa dur de 3 mm, l'extrados de l'aile n'est pas coffré pour gagner
un peu de poids, mais il est tout à fait possible de la coffrer
entièrement.
Le
plan est disponible en format A0 (0,7 Mo) ou en plusieurs formats
A4 (1,7 Mo).
Caractéristiques
Nom : Caudron C.460
Envergure : 80 cm
Longueur : 85 cm
Poids : 450 g
Surface : 9,6 dm²
Charge alaire : 47 g/dm²
Profil de l'aile: Eppler 193
Motorisation : Turnigy 28/26B kV 1350 ou équivalent
Hélice : 8”x4”
Accus : Lipo 3S1P 800 mAh
Servos : 4 à 9 g
Difficulté de construction
: moyenne
Pilotage : accessible à
tout pilote 3 axes
Météo adaptée
: vent nul à 20 km/h
Construction du
fuselage
Tous les collages ont été réalisés
avec de la colle à bois blanche ; malgré mes craintes, les
collages bois / dépron tiennent parfaitement, il faut juste prendre
son temps et laisser la colle sécher comme il se doit.
On commence par découper dans du dépron de 3 mm les flancs
et les couples constituant la caisse principale qui se construit à
l'envers sur le plan pour s'assurer de sa symétrie. Une fois cette
caisse réalisée, il suffit de l'habiller de bois, les flancs
sont partiellement doublés, ce qui permet de reproduire la structure
de l'avion original. L'avant du fuselage est entièrement coffré
avec du balsa tendre, de même que la partie supérieure arrondie
où il faudra auparavant coller les couples et les baguettes en
balsa. Le couple n°2 devra être doublé avec du contre-plaqué
fin pour pouvoir y fixer le moteur.
Les deux flancs assemblés
à l’envers avec les couples A, B et C.
La partie supérieure avant
le coffrage
Le stabilisateur est posé sur les flancs.
La partie arrière du fuselage
peut être réalisé avec des blocs de balsa, ce
sera plus facile à entoiler, mais attention au poids.
La large trappe sous l’aile
est réalisée avec une planche de balsa 10 mm. Il faudra
y aménager un trou pour la ventilation.
Sur les flancs, il est important de repérer avec
précision l'emplacement de la clé d'aile et la position
de la nervure d'emplanture, ce qui facilitera grandement la mise en croix
finale de l'avion.
Le capot moteur demande
du doigté.
'avant du fuselage demande un peu de soin car le capot
moteur est poncé dans un bloc de balsa qu'il faudra ajuster au
mieux, comme la large trappe sous l'aile qui permet d’accéder
aux entrailles de la bête.
La verrière est réalisée avec un
morceau de rodoïd pour le vitrage, la partie supérieure est
un simple morceau de balsa mis en forme, on peut alors passer aux ailes.
Construction des
ailes
Le profil retenu a un intrados quasiment plat, ce qui
facilite la découpe des nervures et permet surtout un assemblage
à plat sur le chantier. Il faut préparer le coffrage d'intrados
et venir y coller le longeron inférieur après avoir repéré
sa position avec précision. On peut ensuite coller les nervures
une à une et mettre en place le longeron supérieur.
Les âmes en balsa sont collées de part et d'autre des longerons,
cette étape est importante car la rigidité de l'aile en
dépend !
Il reste alors à coller le coffrage sur le dernier tiers de l'extrados
et les chapeaux sur chaque nervure. Les ailes peuvent enfin être
enlevées du plan de travail, ce qui permet de coller et de poncer
le bord d'attaque.
Une fois finies, ces ailes sont particulièrement légères
et si vous utilisez de la glue rapide, il ne vous aura même pas
fallu l’après-midi !
Les ailes peuvent être construites
« légères »… en coffrant partiellement
l’extrados.
Ou plus solides, entièrement
coffrée avec les saumons pleins… On aperçoit
la clé d’aile qui vient se glisser entre les longerons.
Stabilisateur
et dérive
Pour ces éléments, on procède de manière
très classique, tout est découpé dans une planche
de balsa de 3 mm dense.
Mise en croix
Pour cette étape, ô combien importante,
il faut tout d'abord découper la nervure n°1 entre les deux
longerons pour venir y glisser la clé d'aile en contreplaqué
3 mm. Si tout va bien, vous avez déjà repéré
avec précision l'emplacement de l'aile sur la fuselage : il n'y
a plus qu'a découper dans le fuselage le passage de la clé,
emboiter le tout et coller.
Pour que tout se fasse dans de bonnes conditions, je vous invite à
dégager le plan de travail pour avoir de la place, on peut s'aider
d'épingles pour immobiliser l'aile depuis l’intérieur
du fuselage.
Les ailes en place, la clé d’aile
traverse le fuselage.
Finition
Normalement à ce stade, ça doit commencer à avoir
de la "gueule" ! Un ponçage général appliqué
permettra de sublimer les formes du Caudron ; attention quand même
au coffrage qui est fin. Ne pas oublier de découper les ailerons
et de poncer les gouvernes pour qu'elles puissent s'articuler correctement.
Il suffit ensuite de recouvrir l'avion avec de l'Oracover "bleu France"
qui correspond tout à fait au sujet du jour : le C460 n'a existé
que de cette couleur.
Les marquages sont réalisés avec de l'entoilage blanc ou
de l'adhésif. Il est ensuite possible de s'amuser à reproduire
les échappements ou les différents détails présents
sur le capot du vrai.
Entoilage du fuselage…
La verrière est facilement
développable.
Les marquages sur la dérive
sont réalisés dans de l’adhésif.
Vous pouvez les commander contre 5€ port compris en contactant
Laurent.
Installation radio
Les servos d'ailerons sont directement collés
sur le coffrage. Pour ne pas avoir à charcuter l'entoilage il faut
donc les régler correctement au préalable.
Pour le fuselage, les servos sont vissés sur une
platine en balsa dur sous la verrière. Les gouvernes de profondeur
sont commandées indépendamment avec de la corde à
piano de 0,8 mm et la dérive subit le même traitement.
Le moteur est fixé par l’arrière
sur le couple numéro 2, je vous conseille d'ailleurs de faire les
trous avant de le coller car une fois l'avion coffré, il n'y a
pas beaucoup de place dans le nez pour bricoler. Le variateur est tenu
avec du velcro devant le couple A.
Enfin, pour obtenir le centrage correct, l'accus 3 éléments
Lipo trouve sa place contre le couple A et le récepteur contre
le B, tout ce petit monde reste en place avec quelques morceaux de velcro.
L’installation complète…
Les épingles qui ont immobilisé les ailes lors de
la mise en croix sont encore en place.
Dernier détail, aménager
un trou dans la trappe sous l'aile pour ventiler l'intérieur
de l'avion, l'entrée d'air se fera depuis le capot moteur.
Le servo d'aileron est collé
directement sur le coffrage.
Sortie de commande de profondeur.
La dérive mobile n'est pas indispensable.
Prêt pour le 1er vol !
Réglages
Centrage entre 63 et 68 mm
du bord d'attaque, juste devant le longeron.
Pour les débattements:
Profondeur : +/- 9 mm
Ailerons : +/- 9 mm
Dérive : 25 mm
Pas ou presque pas d'expo.
En vol
Le grand moment arrive... volera ou volera pas ? Avec
seulement 450 grammes tout rond sur la balance, notre Caudron affiche
déjà presque 50 g/dm². L’effilement est important
et encore, la corde en bout d'aile a été augmentée
par rapport au vrai. Mais autant le dire tout de suite, ça vole
formidablement bien !
Remarquez la pureté du geste...
On saisi l'avion sous l'aile au niveau de la trappe,
gaz à fond et on lance vigoureusement mais sans forcer, pas la
peine de courir !
Déjà il s'éloigne à vive allure, immédiatement
l'avion apparait sain et stable, le vol est tendu et les trajectoires
sont tirées au cordeau. C'est assez bluffant pour une si petite
machine, merci le bras de levier important...
La propulsion est idéale pour un vol "maquette", la mi
puissance suffit largement pour maintenir le vol en palier et à
fond il grimpe sous 70° sans faiblir. La petite hélice 8"x4"
ne permet pas des vitesses importantes, mais l'avion vole de manière
réaliste et la forte traction est un atout lors du lancé
et à basse vitesse. D'ailleurs, le décrochage est aux abonnés
absent, tout juste on obtient une abattée symétrique lorsque
l'avion s'immobilise dans le ciel, profondeur cabrée à fond.
Mais on n’est pas la pour traîner, puissance
à 75%, l'avion se cale sur un rythme soutenu et enchaîne
les passages sur toute la longueur de la piste au ras du sol, c’est
un régal pour les yeux !
Le C.460 vient de passer
la ligne d’arrivée en tète ! Il salue la foule
d’un passage glissé…
L'avion est capable de la voltige de base composée
de tonneaux et de loopings, le vol dos quant à lui, demande de
pousser sur le manche à mi course.
La dérive a un comportement particulier, elle nécessite
beaucoup de débattements pour être efficace, ce qui engendre
des effets parasites sur la ligne de vol, autant l'utiliser avec modération
juste pour le plaisir d'améliorer ses trajectoires. On pourrait
d'ailleurs très bien faire l'économie de cette gouverne.
Déjà 8 minutes de vol, est il est temps
de songer à se présenter dans l'axe de la piste pour ne
pas puiser dans les réserves, l'avion allonge un peu et il est
préférable de faire son approche sur une pente douce avec
un peu de moteur. A un mètre du sol, on coupe le moteur pour arrondir
sur l’élan en s’efforçant de garder l'avion
à plat jusqu'au contact avec la planète. Il finit alors
sa course par un glissage de 4 ou 5 mètres et s'immobilise enfin
sous le regard du public que le vol de ce moustique aura captivé.
A l’approche,
le C.460 reste stable et allonge modérément.
Conclusion
Attachant ! Ce petit Caudron est un régal à
regarder et à faire voler, il rentre tout monté sur la plage
arrière d'une voiture et permet de voler souvent car le vent (raisonnable)
ne lui fait pas peur ! Son pilotage est accessible à n'importe
quel pilote à l'aise avec un avion de début.
Pour les accros de la vitesse, l'avion a du potentiel et acceptera sans
broncher des motorisations plus véloces, je vous conseille dans
ce cas de coffrer entièrement l'aile... avec quelques watts en
plus et une hélice adaptée, le vol sera sans aucun doute
balistique !
Sur la base du 460, il est possible de réaliser un C.450 pour ceux
qui ont la chance d'avoir une belle piste goudronnée, l'installation
d'un petit train rentrant ne poserait pas trop de difficultés,
ou encore le superbe C.561 comme le suggère le plan....
On pourra alors revivre les courses de la grande époque où
les ailes françaises brillaient au plus haut niveau.
Alors à vos cutters et bons vols !
Un post concernant
cet avion existe sur le forum modelisme.com
Le C.561
Sur le plan figure la ligne de ce Caudron extrême, il vous
faudra modifier tous les couples supérieures, mais il n’y
a rien d’insurmontable !
A vous de jouer !
La dérive du C.561 est toute en rondeur…
Découpage
du poste de pilotage.
Vidéo
(désolé pour la qualité)
Remerciements
à "Icarus64" et "Beech1900" pour la mise
à disposition des photos qui illustrent cet article.