100% bois, toile et plaisir
Par Laurent
Schmitz (OO-AS300)
Triste constat : dans notre club de modélisme, la grande
majorité des modèles sont des "mousses" électriques.
Les quelques avions en bois sont des "RTF" asiatiques en contre-plaqué
bon marché. Sur le parking, les kits à construire et les
constructions perso sont rares, trop rares. Le savoir-faire disparaît,
l’âme de l’aéromodélisme est en péril...
Il fallait réagir ! Le comité du club "Les Busards"
a donc décidé de promouvoir la construction traditionnelle.
Une courte enquête nous a appris que les modélistes boudent
les kits à construire suite à quelques idées reçues
: c’est difficile, c’est coûteux, il faut de l’outillage,
les kits sont rares, ça vole mal, c’est fragile, il faut
beaucoup de place, ça prend un temps fou… En outre, plusieurs
copains ne se lancent pas, persuadés qu’il faut des compétences
quasi artistiques pour monter un kit en bois.
Pour les détromper, en octobre dernier le club a lancé
le "Challenge bois et toile". Le principe est simple : chaque
membre reçoit gratuitement un modèle en construction traditionnelle.
La condition, c’est qu’il s’engage à le construire.
Pendant l’hiver, ceux qui se posent des questions ou rencontrent
des difficultés peuvent se rendre au local du club pour se faire
aider à l’atelier de construction. Au printemps, le club
organise une après-midi spéciale pour ces modèles
"bois et toile", avec un morceau de tarte, des boissons et
plein de bonne humeur… Finalement, quatorze membres se lancent
dans l’aventure, sur une trentaine de pilotes.
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Construction traditionnelle obligatoire
! |
Challenge
"bois et toile" |
Une fois la décision prise, nous voilà confrontés
à la première idée reçue : les kits à
construire sont rares et coûteux. Effectivement, à première
vue l’offre n’est pas énorme. Il faut s’écarter
un peu des sentiers battus pour découvrir un véritable
marché parallèle du modèle à construire.
Du plan au kit "tout compris" en passant par les "short
kits", on trouve finalement toujours chaussure à son pied.
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Une structure simple et efficace. |
Pour cette première édition nous avons posé quelques
jalons : les modèles doivent être bon marchés, simples
et assez complets. Le budget est limité à une quarantaine
d’euros par modéliste. Et bien entendu, seuls les kits
à construire en structure de bois sont admis. Pour satisfaire
tout le monde, nous avons sélectionné une petite brochette
d’appareils répondant aux conditions.
Cette marque propose des kits ultra-complets de modèles antiques.
Pour faciliter la construction, le bois est découpé au
laser et les pièces s’emboîtent rapidement. Les structures
sont magnifiques, un vrai plaisir pour les constructeurs un peu plus
expérimentés, même si les débutants peuvent
aussi s’y frotter. Tout se trouve dans la boîte, jusqu’au
"papier japon" pour l’entoilage. Le rapport qualité-prix
est bluffant. Par ailleurs, les qualités de vol de ces modèles
sont tout bonnement extraordinaires. Nous en avons retenu trois :
Invader et Caprice : planeurs de vol
libre d’une envergure de 100 et 130 cm.
Gypsy : avion à moteur caoutchouc de 101 cm
d’envergure.
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Décollage au sandow pour
ce Caprice Keil Kraft. |
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Le Gipsy de Keil Kraft, prévu
pour moteur caoutchouc est ici motorisé en électrique. |
Cette excellente adresse dirigée par Pascal Cepeda est une
vraie caverne du kit à construire. On y trouve surtout des planeurs
et des ailes volantes de hautes performances, mais aussi un modèle
idéal pour débuter : le Robin. Avec ses 89 cm d’envergure,
ce tout petit planeur de vol libre "radiocommandable" venu
de Tchéquie s’assemble facilement, d’autant que le
site jivaro-models.org lui a consacré un article
très complet, qui complète très bien le plan.
Cerise sur le gâteau, l’engin est vendu 22 € (si, si
!) et les frais de port vers la Belgique sont très raisonnables.
Un de nos trois candidats pensait se lancer dans une transformation
assez radicale de ce micro modèle de vol libre, avec radiocommande
et moteur. Un pari un peu osé pour une première construction.
Finalement, l’appareil a sagement été muni d’une
radio mais pas d’un moteur.
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Prévu à la base
en vol libre, le Robin peut recevoir une petite radio 2 voies. |
Le Mini Sport est un petit avion de 90 cm d’envergure qui ressemble
à un "trainer" acrobatique à aile basse, genre
Spacewalker ou Super Sportster. Pourtant, il se pilote en deux axes,
sans ailerons. Sa construction est simple mais la structure traditionnelle
et l’installation moteur en font un kit un peu plus complexe que
les autres. Ses qualités de vol sont étonnantes pour un
2 axes.
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Sig Herr "Mini Sport".
Un deux axes qui vole comme un trois axes. |
La petite aile volante Micro Bullit combine une structure en bois
très simple à monter avec des performances de vol dynamiques.
C’est le bon modèle pour les allergiques aux "bois
et toile" traditionnels, souvent lents et à l’allure
"rétro". Pour une vingtaine d’euros, c’est
une affaire, même si l’entoilage n’est pas inclus.
La Micro Bullit vole super-bien et se monte facilement mais certaines
pièces s’avèrent fragiles lors de la construction.
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Tous les kits "bois et toile"
ne sont pas des trapanelles, comme le prouve la Micro Bullit :
chaud devant ! |
Denis et Pauline ont choisi de construire ensemble un modèle
plus conséquent, le Spacewalker de Pichler. Cet avion radiocommandé
"de transition" mesure 123 cm d’envergure et se trouve
pour moins de 80 € (kit nu, sans l’entoilage). Hélas,
si la marque Pichler jouit d’une bonne réputation, elle
se contente ici de distribuer un kit asiatique bas de gamme qui donnera
un peu de fil à retordre à ses constructeurs, notamment
à cause des instructions défaillantes. Curieusement, il
est livré avec un capot moulé mais sans cockpit. Le centrage
indiqué est en outre trop arrière. Un équilibrage
à la limite de la zone entoilée, près du longeron
principal, est nettement préférable. Une fois les bons
réglages trouvés, c’est un modèle docile
et sans surprises.
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Séance d'entoilage au film
thermorétactable. |
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Le Spacewalker de Denis et Pauline. |
C’est le 12 mai que nous avons organisé notre journée
spéciale "bois et toile". Malgré un vent un
peu fort pour les "dentelles de balsa", nous avons pu assister
au premier vol d’une aile Bullit, d’un Mini Sport, du Spacewalker
et d’un Caprice modifié en "vol libre assisté
RC". Un souci de tringleries a empêché un petit Robin
de voler. Quelques constructeurs n’étaient pas prêts,
d’autres avaient déclaré forfait en ce jour de fêtes
des mères. Malgré cela, l’atelier "bois et
toile" a connu un franc succès et réconcilié
les participants avec la construction traditionnelle. Il est déjà
certain que l’initiative sera reconduite pour l’hiver prochain,
peut-être avec une construction d’un modèle plus
ambitieux, en groupe. Finalement, même ceux qui n’ont pas
participé ont dû se rendre à l’évidence
: construire un kit en bois n’est pas si compliqué, ne
demande pas des années et ne nécessite pas non plus un
atelier de menuiserie. Pour une Bullit ou un Robin, un bout de table
de 50 cm suffit largement. L’outillage se réduit à
sa plus simple expression : un cutter, une latte et du papier de verre.
Pour ce genre d’engin, quelques soirées suffisent. Le Caprice
par exemple, a été monté en deux semaines, en bricolant
après le boulot. Quant au rapport prix/plaisir, il est largement
supérieur à celui des "mousses" chinoises "prêtes
à crasher" qui inondent le marché. La construction
traditionnelle permet de (re)découvrir une forme de modélisme
qu’on qualifierait aujourd’hui de "durable".
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org
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Plaisir de construire et plaisir
de piloter : c’est encore plus fort quand on l’a fait
soi-même ! |