Présentation
: Laurent Schmitz
Le 'Val' a commencé sa carrière
sur les porte-avions japonais lors du conflit contre la Chine,
fin des années 30. Il est cependant plus connu pour son
rôle lors de l'attaque de Pearl Harbor en 1941. C'est
l'avion qui a coulé le plus de navires alliés
pendant la seconde Guerre mondiale. Son armement réduit
(une bombe de 250 kg sous le fuselage et deux autres de 60 kg
sous les ailes) était compensé par la précision
diabolique de son bombardement en piqué. L'entraînement
poussé des équipages permettait d'approcher les
100% de coups au but contre des navires en mouvement ! Néanmoins,
le manque de chasseurs d'escorte et d'équipages qualifiés
ont vite eu raison de ces performances et révélé
les faiblesses de l'appareil, entre autres le manque total de
blindage. Vers la fin de la guerre, les 'Val' ont pourtant connu
de nouveaux succès, cette fois aux mains des kamikazes...
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Belle maquette, équipée d'un moteur
électrique. |
60 ans en arrière... |
Caractéristiques
Envergure : 177
cm
Poids : 3 550 g à 4 200 g
Surface alaire : 52,5 dm²
Centrage : 10,8 à 12 cm du bord d'attaque à
l'emplanture
Débattements
Ailerons : + 1 cm -0,5 cm
Direction : +/- 5 cm
Profondeur : +/- 1 cm |
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L'idée de dessiner le plan et de construire
cette maquette m'est venue alors que je cherchais un warbird
électrique de taille compatible avec un 'équivalent
10 cc. Un train rentrant est trop fragile pour notre terrain
en herbe et coûte aussi très cher, sans compter
le poids et la complexité de la mécanique. Malheureusement,
il n'existe pas beaucoup de modèles simples avec un train
fixe. Le Stuka en est un exemple, mais son aile est trop compliquée.
Dans le genre, le Val présente beaucoup d'atouts : grande
surface alaire, ligne simple, empennage généreux,
fuselage fin, profil épais, etc. Il peut être facilement
propulsé par un moteur à cage tournante, une solution
élégante et efficace. Quelques calculs ont permis
de déterminer l'envergure : 177 cm soit l'échelle
1/8e.
Construction
En tout, la construction de cet appareil m'a demandé
±250 heures (sans compter la conception et le dessin
du plan). C'est moins que certains kits 'prédécoupés'
genre Marutaka (et le même oiseau chez Marutaka pèserait
au moins deux kilos de plus)...
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Les matériaux
utilisés : coffrage balsa 1,5 mm, contre-plaqué,
alu, dépron recouvert ('carton plume') et caisses
de clémentines… |
Le plan imprimé laser
ou photocopié en 'miroir' est transféré
sur le bois au fer à repasser. |
Les photos parlent d'elles-mêmes. Il
n'y a rien de bien difficile à faire, mais certaines
opérations sont fastidieuses, comme le ponçage
des pantalons de trains par exemple. Ce Val ferait un bon sujet
pour un premier warbird perso, après quelques kits en
bois. Ce n'est cependant pas un modèle de débutant.
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Un long plancher
de 'carton plume' permet d'aligner parfaitement les couples. |
Des renforts verticaux de dépron
évitent les déformations. |
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Le longeron d'aile est intégré
au couple principal
du fuselage. |
La partie centrale de l'aile
jusqu'au train est
intégrée au fuselage. Le support de train
est en contre-plaqué. |
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La clef d'aile traverse tout
le fuselage. Le fourreau
en balsa 1,5 mm est roulé directement dessus. |
Les karmans en balsa 3 mm et
le dessous du fuselage, coffré en balsa 1,5 mm. |
Le plan ne dit pas tout car chaque modéliste
a ses habitudes, par exemple pour le choix des matériaux,
l'articulation et le type de gouvernes. Personnellement, j'ai
choisi des ailerons full-span sans flaps. Rien ne vous empêche
de reproduire les volets du vrai, et même les freins de
piqué. Cependant, en électrique la grande hélice
freine l'avion et ces extras ne se justifient pas. Mon but n'était
pas de faire une maquette exacte, mais de privilégier
la facilité. Notez cependant que la forme générale
est 100% maquette. Même le profil d'aile est semblable
au vrai. Le seul problème est qu'il faut construire léger
à l'arrière car le nez est très court.
Ayant l'habitude des modèles thermiques surmotorisés,
j'ai construit mon prototype un peu 'béton', avec des
empennages coffrés fort lourds. Si vous n'êtes
pas puriste, vous pouvez allonger l'avant de quelques centimètres,
ce qui facilitera le centrage. C'est ce que j'ai fini par faire,
après un accident ayant endommagé le capot. Cependant,
en choisissant soigneusement son bois et en allégeant
par-ci par-là il doit être possible de gagner au
moins 200 grammes sur l'arrière. A ce sujet, mon choix
du carton plume était assez malheureux car le fuselage
est tellement rigide que du simple dépron 6 mm aurait
suffit. Si c'était à refaire, je ne conserverais
le carton plume que pour le plancher car sa surface lisse et
dure est bien pratique. Pour les renforts, raidisseurs et couples
arrières, le dépron s'impose donc.
Le bâti-moteur est un simple plat d'aluminium
de 3 mm plié en 'U'. Cette solution permet la fixation
du moteur par l'avant. Selon la souplesse de l'alu, vous devrez
peut-être ajouter des raidisseurs, comme indiqué
sur le plan.
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Le raccord aile-fuselage et les imperfections
sont comblés à l'enduit (pub gratuite !). |
Structure d'aile toute en balsa.
Nervures en balsa 1,5mm avec raidisseurs. Fourreau en
balsa 1,5 mm. |
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Le stab et la
dérive avant coffrage, une solution
bien trop lourde ! |
Les 'pantalons' façonnés
en 'roofmat' avec dos en CTP léger, puis marouflés
à la fibre. La corde à piano 5 mm traverse
une plaque d'alu 0,8 mm vissée pour maintenir le
pantalon dans l'axe. |
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L'aile est protégée
au cellophane et le creux rempli d'enduit. Après
24h, elle est retirée et l'enduit sec durci à
la cyano fluide. |
Le capot de formes simples
se construit rapidement tout en bois. Les ouïes mobiles
fictives se collent par-dessus. |
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Mitrailleuse faite de bric et de broc :
seulement 2 grammes : -) |
Entoilage au Solartex 'métal'
avant peinture. Plus de 2 m² qui renforcent l'avion
mais pèsent lourd... |
Electronique
J'ai opté d'emblée pour un servo par aileron.
Cette solution permet de régler facilement du différentiel,
et donc de limiter le lacet inverse. Mes servos sont du type
standard et situés dans la partie centrale, solidaire
du fuselage. De bons servos de 20 g auraient aussi fait l'affaire.
Les tiges de commandes en tube d'alu sont raccordées
lors du montage des ailes.
La direction et la profondeur reçoivent
un servo standard monté derrière le mitrailleur,
dans le plancher en carton plume. Le récepteur est fixé
au velcro sous la verrière et l'accu de réception
prend place tout à l'avant, sous le moteur. Tous mes
servos sont à l'air libre pour plus de facilité.
Le contrôleur utilisé est un Flash
60A de chez Electronic Model. Le moteur est un Cyclon
60 de la même marque. Mon premier accu était composé
de deux anciens packs de huit éléments Ni-MH 3000
mAh en série, soit 1050 g d'électrons... Ils ont
été remplacés par un pack LiPo 6 éléments
qui donne la même puissance en épargnant 500 g.
Il a cependant fallu 150 g de plomb dans le capot pour conserver
le centrage. Les accus prennent place sur le plancher, le plus
possible en avant et sont maintenus pas une bande de velcro.
Une cale empêche qu'ils touchent la cage tournante et
assurent une 'éjection' propre en cas de crash. Mon contrôleur
a trouvé place sur le côté du bâti-moteur.
Le changement d'accus se fait en déposant le capot, ce
qui n'est pas très pratique. Si c'était à
refaire je couperais le capot en deux à l'horizontale,
ce qui permettrait de ne démonter que la partie supérieure
pour l'accès aux accus, sans avoir à retirer l'hélice.
Avec mes accus faiblards et une hélice
APC 14"x7", la consommation reste sous les 40A.
Finition
L'avion est couvert de Solartex peint au rouleau à
l'aide de latex (je n'avais pas encore d'aérographe).
C'est une peinture à base d'eau, très facile à
utiliser, assez matte et qui résiste bien, même
à l'essence. Elle ne convient cependant pas au méthanol.
Dans bon nombre de 'Brico-machin' on peut obtenir des pots de
latex ou acrylique de n'importe quelle teinte sur simple présentation
d'un échantillon (photo, dessin, morceau d'entoilage,…).
Celui-ci est scanné puis la machine mélange les
couleurs de base pour obtenir exactement la nuance de l'original.
C'est évidemment très pratique pour les avions
militaires. Les lignes de structure sont simplement tracées
au crayon 2B, puis 'frottées' au doigt vers l'arrière
(sur l'aile) et le bas (sur le fuselage) : simple et efficace.
L'intérieur du fuselage est peint en
vert foncé mat, conformément au vrai. Le faux
moteur est simplement imprimé sur du papier adhésif
puis collé sur un disque d'alu de 0,8 mm d'épaisseur.
Quelques coups de ciseaux forts et vous obtenez des 'pétales'
parfaits pour faire illusion… et surtout refroidir le
moteur.
Les pilotes sont de la marque américaine
Hangar9, difficile à trouver en Europe et même
sur internet. Ces bustes sont fixés au velcro sur le
plancher, décidément bien pratique. Les roues
étroites sont en mousse de 10 cm de diamètre (!).
Le cockpit est volontairement simplifié
par rapport à l'original en trois parties coulissantes.
Il s'agit d'un simple cadre en balsa habillé d'une feuille
de plastique récupérée d'un emballage de
jouet. L'ensemble est retenu par des élastiques. Le pare-brise
est développable et ne pose pas de problèmes particuliers.
Réalisez son cadre en contreplaqué solide car
il servira de poignée pour soulever de deux doigts votre
avion! La mitrailleuse est indispensable au look. Elle est faite
de chutes de balsa, de tubes en plastique et d'un couvercle
de boîte de film pour le chargeur. Une bonne couche de
peinture Humbrol recouvre le tout. Les échappements et
orifices des mitrailleuses de capot sont en tube d'alu.
Envol…
Le premier vol a eu lieu en février 2005. L'avion
était presque fini, mais je ne comptais pas voler ce
jour-là car la météo n'annonçait
rien de bon... Le matin pourtant, grand soleil ! Je mets tout
à charger et je termine de monter les servos à
toute vitesse. Après trois heures de précipitation,
je suis sur le terrain. Un léger vent souffle complètement
de travers mais la visibilité est bonne et il ne gèle
pas. Test radio ? Avec et sans moteur : OK. Centrage ? Euh...
avec le vent, pas facile à contrôler. De toutes
façons, les accus sont au plus loin vers l'avant. Il
doit être bien centré, enfin je crois...
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Un essai de taxi pour voir si le moteur tire
bien. Le Twister 60 est en forme et l'avion bondit malgré
l'herbe irrégulière. La roulette est très
efficace. Je respire un grand coup et pousse doucement le 'manche
des watts'. Le Val accélère rapidement dans l'axe.
Il faut très peu de pied à droite pour le maintenir
en ligne. Je lui laisse avaler trente mètres de piste
puis tire tout doucement... C'est alors que le paisible bombardier
monte en chandelle comme un 3D ! Panique, manche à piquer
et le voilà le nez dirigé vers la planète
! Au gré des montagnes russes, je parviens à lui
faire prendre son altitude de sécurité. De grosses
embardées ont mis l'avion en vent arrière, les
ailerons full-span sont aussi très sensibles. Alors qu'il
a tendance à monter comme un fou, deux crans de trim
vers le bas le rendent piqueur... Je parviens à le remettre
à plat, mais il vole queue basse. Il est maintenant bien
placé pour une approche, je décide d'abréger
la torture...
La finale est un cauchemar. L'avion vole vite
et pourtant menace de décrocher dès que je tire
un peu. Finalement, il part sur l'aile droite à un mètre
du sol et capote dans un craquement sinistre. Consterné,
je m'approche de l'épave... pour constater que seul un
pantalon de train est légèrement endommagé.
Les fixations de train en nylon ont joué leur rôle
de fusible.
Retour au hangar...
Le verdict est clair : centrage trop arrière. A l'atelier,
je mesure 36% de la corde à la jonction d'aile... Il
faudrait 30 à 33%, ce qui fait 10,8 à 12 cm du
bord d'attaque. Je décide d'ajouter une cale en balsa
pour avancer les accus à la limite du moteur. En cas
de choc, la cale les fera glisser au-dessus de la cage, enfin
j'espère...
L'avant du capot-moteur reçoit du plomb et l'accu de
réception Ni-Cd déménage dans le compartiment
avant. Avec tout ça, l'avion pèse 4 140 g
et il est centré à 31%. Inutile de dire que le
deuxième essai s'est nettement mieux passé...
Peu après, l'avion a été
endommagé sur faute de pilotage. Je l'ai reconstruit
en allongeant le nez. Cette modification a permis un centrage
à 30% de la corde à l'emplanture sans ajout de
plomb. Compte tenu de la légère flèche
inverse, cela correspond à 1/3 de la corde moyenne. Le
comportement en vol est dès lors excellent. C'est un
tout autre avion qui a repris son envol : docile et facile à
piloter pour un warbird. L'adoption d'accus LiPo plus légers
n'a fait que renforcer ce sentiment. La "présence"
de cet avion en vol est extraordinaire.
Extrait
du carnet de vol
Décollage :
Un décollage en dix mètres est possible,
mais il vaut mieux accélérer lentement et
décoller à 2/3 des watts, ce qui est plus
réaliste. À fond, le taux de montée
est excellent, comme celui de l'avion réel.
Enveloppe de vol :
Les ailerons et la profondeur sont très efficaces.
L'Aichi Val peut voler très lentement. Il freine
bien grâce à la grande hélice et l'utilisation
de volets n'est pas nécessaire. Le décrochage
est classique et facile à récupérer.
Plein pot, l'avion n'accélère pas franchement,
le profil épais 'bourre' et il monte à plat.
Comme le vrai, il a tendance à déclencher
en virage serré si le centrage est arrière.
Il vaut donc mieux suivre des trajectoires amples et coulées,
plus réalistes. Avec 50% de différentiel,
le lacet inverse est faible. L'usage de la grande dérive
n'est pas obligatoire, mais améliore la beauté
des courbes.
Voltige :
Ce bombardier n'est pas fait pour la voltige. Le type
de construction n'autorise d'ailleurs pas les figures
violentes telles que les déclenchés. Son
domaine de vol est en fait celui du grandeur. Le Val excelle
donc aux passages à l'anglaise, aux piqués
avec sortie progressive et aux loopings larges, avec une
légère prise de vitesse au préalable.
Le tonneau barriqué lent est un vrai régal,
tout comme les dégagements 'en oreille'. Le moteur
Cyclon 60 en 6 éléments LiPo est exactement
ce qui convient à cette cellule pour un vol réaliste,
typique du bombardier qu'il est. Si vous désirez
un avion plus remuant, il faut augmenter le nombre d'éléments,
mais ce ne sera plus du tout réaliste. Mieux vaut
alors construire un chasseur, un A6M 'Zero' par exemple,
qui était petit, maniable et deux fois plus rapide...
Atterrissage :
L'atterrissage se fait en gardant un peu de moteur jusqu'au
dernier moment car la grande hélice freine franchement.
L'avion se pose 'de piste', sur son train principal. Il
vaut mieux ne pas poser 'trois points', tant pour le réalisme
que pour éviter un décrochage. Les énormes
roues permettent d'opérer depuis une piste en herbe
et les pantalons de train ne posent aucun problème.
Le Val est très facile à taxier, profondeur
à fond à cabrer tant que le moteur souffle
les commandes. La tendance à passer sur le nez
typique de ce type d'avion est heureusement réduite.
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Le plan détaillé
peut être téléchargé gratuitement
à cette adresse :
http://users.telenet.be/Les_Busards/extra.htm
Il est au format
Turbocad 4 et reprend tous les éléments
de l'avion. La version à long nez est aussi incluse,
ainsi que le faux moteur et quelques photos.
On trouve sur internet
une version d'étude gratuite de cet excellent logiciel
sous le nom 'Turbocad LE'. |
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Mort
au combat...
Après trois saisons, mon 'Val' a été
victime d'une collision en vol avec une maquette de Zero
(kit Marutaka au 1/7e). J'ai pu atterrir l'appareil malgré
une dérive et un empennage gauche raccourcis de
moitié par l'hélice du chasseur... Ce dernier
s'est posé sans accroc. J'ai reconstruit l'empennage,
cette fois aux couleurs portées par cet avion en
1940 sur le front Chinois (queue rouge). Mais quelques
mois plus tard, lors d'un vol de patrouille avec un P-47
à la même échelle, les deux avions
se sont heurtés violemment. Le P-47 avait le fuselage
proprement coupé en deux et était réparable,
mais les dégâts au Val étaient du
genre 'définitif'... Depuis ce jour, les morceaux
du Val ornent mon atelier et le Thunderbolt de mon ami
Claudy arbore fièrement un drapeau de victoire! |
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org
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