Présentation : Alban
Dury
Lancée sur le pari que le monde des maquettistes
sachant encore construire existaient toujours, cette rencontre réunit,
depuis plus de dix ans, un nombre constant de modélistes passionnés.
Capables de réaliser leurs plans eux-mêmes, de construire
et d’équiper leur maquette, ils sont tout autant capables
de les faire voler ensuite.
Cela fait d’eux la fine fleur du modélisme en France.
Un monde de passionnés
exigeants |
Anjou Ailes Maquettes, tirant son nom d’Anjou Ailes Rétro,
notre meeting « grandeur », a pour but de réunir
les maquettistes amoureux de machines anciennes.
Une catégorie exigeante car, loin des kits d’avions ou
de planeurs se trouvant dans le commerce et prêts à voler,
en échange d’un gros chèque, le travail présenté
lors de ces deux jours, à Pâques, est en tout point unique.
Chacun des modélistes présents possède les qualités
multiples et nécessaires à la bonne conduite de ces divers
projets volants. Il faut en effet, pour être un maquettiste achevé,
maîtriser la confection d’un plan (souvent issu d’une
liasse de plans de l’avion réel), découper ses pièces
une à une, les assembler en tenant compte des paramètres
connus en aviation (résistance des matériaux, légèreté
de l’ensemble, centrage...), équiper en système
radio les gouvernes de l’aéronef et enfin, le faire voler...
sans le casser.
On imagine aisément dans quel état de stress peut se trouver
un maquettiste, au seuil d’une piste, radio en mains, au moment
de lancer sa maquette dans les cieux en tentant d’oublier les
milliers d’heures de construction qu’il lui a consacré.
AAM offre à ces passionnés un nouveau terrain de jeu
d’un genre absolument unique à ce jour.
Cette rencontre tient en effet compte de la désaffection des
modélistes, depuis une dizaine d’années, pour la
compétition.
Expliquer ce divorce serait bien hasardeux, même si certains arguments
sont parfois avancés comme l’envie de construire et de
voler sans avoir à se confronter à des juges.
Si nous connaissons suffisamment ces derniers pour penser qu’ils
jouent leur rôle avec probité, il semble que le fait de
se retrouver simplement pour le plaisir de parler maquette, sans autre
défi à relever, manquait encore aux acteurs de ce milieu.
AAM est là pour ça.
Un règlement simple fut donc conçu en une soirée
:
- Présenter une maquette représentant une machine du GPPA.
Celle-ci sera placée sous l’avion ayant servi de modèle
afin de jouer au jeu des sept erreurs.
Ou
- Présenter une maquette de tout autre aéronef ancien.
Avions, planeurs, montgolfières ou hélicoptères
sont éligibles.
Toutes ces maquettes devront être volantes, ou en cours de le
devenir, et seront jugées uniquement par le grand public, visiteur
de notre musée.
Sans doute motivés par le côté relax de cette rencontre,
les modélistes s’inscrivent chaque année en nombre
à peu près constant depuis onze ans.
Cette année encore, 42 maquettes prétendirent officiellement
au titre avec même quelques retardataires non inscrits, ce qui
semble être la marque de fabrique de notre rencontre...
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Le concours étant ouvert à tout type d’aéronef
à la seule condition qu’il soit ancien, les modèles
ne manquent pas.
L’aviation militaire, toujours fortement plébiscitée
par les modélistes était bien sûr de la partie.
Celle-ci était représentée sous diverses formes
allant des anciens Sopwith Pup de 2.80 m de P. Le Luyer, ou du Nieuport
28 de A. Guernion, au T6 de M. Taeger, en passant par le Dewoitine D520
de D. Hembise, sans oublier le FW-190 de P. Kroll qui nous fut confié
à l’issue du week-end.
Une mention spéciale fut attribuée à D. Hembise
qui scénarisa sa maquette lors de l’exposition statique.
Il reproduisait en effet une scène trouvée sur une très
vieille photo montrant les mécanos en train de casser la croûte
sur le stabilisateur de la machine. Tous les détails y étaient
reproduits tels le camembert ou la bouteille de vin, le tout au 1/5e.
Chapeau !
Les planeurs sont aussi de la partie et représentés en
force par les membres de Rétroplane, forum modéliste évoqué
ailleurs.
L’émulation sur ce site est telle que les constructions
en sont arrivées aujourd’hui au niveau des plus belles
marqueteries.
Spécialisés dans les machines anciennes, les membres de
ce forum offrent à nos yeux des planeurs connus comme l’AIR
100, le Caudron C800, le Nord 1300 ou le KA8, mais aussi de bien plus
rares comme les Castel SD, Harbinger, Musger MG 12a ou 19b, Rubik R11,
Cimbora, Karakan.
A croire que plus c’est dur à prononcer et à construire...
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JP. Frossard ajoute encore un critère aux deux précédents
en ne construisant que des machines étranges et difficiles à
faire voler. Il présentait son pou planeur motorisé (allez
comprendre !), sa Tcheranovsky Bich-3 et son Abrila A13 Buse, tous plus
étranges les uns que les autres.
Parmi tous ces planeurs, deux se démarquaient encore car en préparation
pour un grand concours en juillet prochain, à savoir : le
André Thomas de notre ami P. Lamisse et le Bardin B1 de P. Chaussebourg.
Ils concourront cet été sur la célèbre pente
de Vauville, pour une réunion n’autorisant que les planeurs
de 1925.
Que le meilleur gagne et bravo pour votre participation à la
mémoire de cette aviation ancienne qui nous est si chère !
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Espace Air Passion étant principalement dédié
à l’aviation légère et sportive, c’est
dans cette catégorie qu’on retrouve le plus fort contingent.
Comme chaque année, Papy « Jurca » Boissière
nous présentait un... Jurca.
Il s’agissait d’un Tempête à l’échelle
1/2.8 en cours de finition, mais déjà très impressionnant
de qualité.
Tout aussi spectaculaire, le Norécrin de G. Serpaggi, au niveau
de finition quasi-microscopique et dont le tableau de bord vous donne
envie d’aller faire un tour.
Il fut très bien classé l’an dernier car en cours
de finition. Cette année, totalement achevé, il emporte
le prix GPPA sans aucune équivoque.
Deux Stampes, respectivement présentés par P. Le Luyer
et JL. Mechelaere (2,10 m d’envergure pour les deux) représentaient
une aviation qui vit encore à quelques centaines de mètres
de notre musée par le biais du CPVA (centre de perfectionnement
de voltige aérienne).
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Très impressionnant car peu représenté : le gros
Caudron C450 de R. Pelé au 1/3 pour 15 kg. Prenant place sous
notre « Rafale » ils évoquaient tous deux les
belles heures de courses d’avions et des noms célèbres
comme Arnoux, Boucher ou Riffard.
A mi-chemin entre l’aviation civile et l’aviation militaire,
M Duboust nous présentait son gros Breguet 14 de 3,20 m d’envergure,
en cours de finition.
Laissant voir sa belle structure non encore entoilée, ce joli
modèle devrait être spectaculaire en vol.
AAM étant conçu pour mélanger les anciens et les
débutants dans la catégorie, c’est à J. Gautron
que revint d’occuper ce poste de novice. Il nous présentait
un Potez 58 au 1/6,6 en cours de finition. Plutôt impressionné
par ses camarades plus anciens dans la discipline, il fut rapidement
pris en sympathie et abreuvé de conseils judicieux pour terminer
sa maquette. J’ai vu là le vrai sens de cette rencontre
: réussir une osmose parfaite entre ceux qui savent et ceux qui
apprennent, le tout sans esprit de compétition démesuré.
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J’ai gardé le plus émouvant pour la fin.
G. Bon nous avait présenté, en statique, son RG III volant
depuis plusieurs années. Il avait remporté le prix du
GPPA avec sa maquette. Il eut enfin cette année l’occasion
de la faire voler sous nos yeux ébahis.
Rappelons que si l’original n’avait certainement pas les
qualités de vol d’un Airbus, la maquette est encore plus
difficile à faire voler.
Gérard le fait pourtant.
De nombreuses maquettes de ce RG III furent réalisées
par le passé, mais aucune ne fut mise en vol, ce qui fait du
travail de Gérard un véritable exploit.
Bien sûr cette maquette nécessite certaines conditions,
notamment météo, pour s’élever dans les airs
en toute sécurité, mais le ciel clément de ce week-end
de Pâques ne s’opposa en rien au plaisir de voir René
Gasnier survoler à nouveau les terres angevines.
Des conditions de vol enfin idéales |
Les vols d’Anjou Ailes Maquettes furent par le passé le
point noir de cette rencontre.
Soutenu par aucune structure le reste de l’année, le modélisme
ayant disparu lors du transfert d’Avrillé vers Marcé,
le modélisme doit s’imposer le temps d’un week-end
dans un monde qui le redécouvre chaque année.
Dès la naissance de cette rencontre, l’ensemble des acteurs
de la plate-forme fit son possible pour l’aider à vivre.
Le directeur de l’aéroport, la DGAC, mais aussi les pompiers
nous peaufinant une piste moelleuse, participèrent à son
essor.
Longtemps, le club de vol à voile voisin accueillit les participants
pour les vols du dimanche matin.
Une solution élégante mais bien peu pratique pour le maquettiste
dont le modèle nécessite plusieurs dizaines de minutes
de montage et démontage de la maquette, devant en plus reproduire
quatre fois cette opération pendant le week-end.
Pour ces raisons et d’autres encore, l’équipe d’EAP
souhaitait depuis longtemps pouvoir voler devant le musée sur
la piste en herbe.
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Plus facile à dire qu’à faire ! Ce souhait
fut pourtant exaucé cette année.
Il fallut pour cela convaincre nombre d’intervenants et risquer
de voir annuler ces vols à la moindre alerte Vigipirate, menace
non exclue de nos jours.
Les dieux de l’aviation semblèrent pourtant de notre côté
puisque la DGAC, la préfecture et notre directeur se mobilisèrent
pour que cette opération se déroule dans les meilleures
conditions.
Certes, les conditions de vols furent drastiques avec notamment un NOTAM,
déposé en bonne et due forme, laissant passer les avions
grandeur si nécessaire.
Une discipline de fer fut réclamée à nos participants,
et le respect des consignes, parfaitement observées, nous aideront
à demander le renouvellement des vols dans ces conditions.
Il est clair que nous venons jouer là où d’autres
travaillent et que, le modélisme inexistant le reste de l’année
à Marcé, il faut chaque fois lui faire une place et rappeler
qu’il est composé de 28000 licenciés représentant,
eux aussi, l’aviation légère.
EAP inscrit cette manifestation au nombre de celles ayant pour but de
faire rayonner l’aéroport. Le nombre de visiteurs présents
à cette manifestation, et leur fidélité, montrent
l’engouement pour cette discipline.
C’est peu de chose mais pourquoi s’en passer ?
2017 fut donc l’année de l’AAM dont nous rêvions
depuis dix ans.
La grande piste en herbe, fraîchement tondue, recevait les 40
maquettes pour le plus grand plaisir de tous.
Une solide équipe encadrant les vols avait bien sûr été
mise en place sous la houlette de P. Lamisse qui fit preuve de la rigueur
nécessaire à ce poste.
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Les modèles prirent donc leur envol de 10h00 à 12h00
sous un soleil radieux et une température estivale.
On y vit voler la quasi-totalité des maquettes exposées
mais aussi des modèles plus modernes ou non inscrits au concours.
Le temps d’une matinée, les remorqueurs satellisèrent
les grands planeurs en toute sécurité et les warbirds
firent gronder leurs moteurs dans des rondes infernales.
Le savoir-faire de ces pilotes d’exception permit de faire évoluer
en même temps plusieurs modèles sans qu’aucun incident
ne soit à déplorer.
Par deux fois, comme cela avait été convenu, les vols
furent suspendus afin de laisser passer des aéronefs utilisant
la piste en dur.
Les modélistes, posant immédiatement leurs modèles,
se retirèrent alors de la piste en herbe, le temps des décollages,
évitant ainsi une situation à risque.
Une discipline parfaitement comprise et respectée par l’ensemble
des pilotes. Bravo messieurs !
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AAM est certes un moment de rencontre et d’échange, mais
aussi une belle occasion de parler de l’aviation légère
sous divers angles.
Nos réserves, habituellement fermées au public, sont à
cette occasion ouvertes aux modélistes qui ne manquent pas d’envisager
de nouveaux projets après leur passage dans ce lieu étrange
et grisant.
Les archives également ouvertes à nos participants lors
de ce week-end, sont source de projets et d’exaltation.
Une quantité non négligeable des maquettes présentées
lors d’AAM a d’ailleurs été produite sur la
base des plans issus de notre centre d’archives, unique à
ce jour, dans le domaine de l’aviation légère.
Enfin, puisqu’il n’est pas interdit de s’amuser en
apprenant, C. Ravel nous gratifie désormais de deux conférences
sur des machines typiques de l’aviation que nous préservons,
ce qui ravit nos invités qui ne s’en lassent pas !
Une remise de prix symbolique |
Tous l’ont parfaitement compris, le concours AAM n’est
en lui-même qu’un prétexte à la rencontre
et à l’échange des savoirs.
Il n’en reste pas moins que le public tranche chaque année
pour son chouchou.
Cette édition consacra donc G. Serpaggi pour son splendide et
adorable Norécrin. Le trophée AAM trônera désormais
dans son atelier, l’incitant sans doute à se lancer dans
un nouveau projet.
Le prix du public fut décerné à P. Chaussebourg
pour son Castel 3010, avec lequel il remportera aussi le Challenge Castello.
Ce prix, passant de mains en mains, récompense tout modéliste
souhaitant reproduire un planeur issu des usines Castel-Mauboussin.
Le prix de l’aviation française était reçu
par D. Hembise pour son Dewoitine D520 : comme quoi la mise en
scène a du succès. Une idée à creuser pour
l’an prochain...
Sept autres participants furent aussi encouragés par divers lots,
EAP souhaitant également soutenir ceux qui préservent
l’aviation ancienne, même sous sa forme réduite.
C’est le cas depuis de nombreuses années : les modélistes
reconnaissent notre musée comme le leur, nous confient du matériel
afin d’augmenter une collection toujours plus riche.
Radios, avions, planeurs furent ainsi confiés à notre
association qui ne peut que se réjouir d’une telle confiance.
Même endroit, même heure !
C’est du moins ce que nous nous attacherons à obtenir tout
au long de cette année, afin qu’Anjou Ailes Maquettes reste
cette formidable rencontre à la gloire de ceux qui font vivre
notre belle aviation au travers de leurs maquettes !
Liste des
récompensés: |
- Prix AAM :
Guy Serpaggi, Norecrin
- Prix du public et Challenge Castello :
Pierre Chaussebourg, Castel 3010
- Prix aviation française :
Dominique Hembise, Dewoitine D-520
- Encouragements :
Prodhomme, " Corsair "
Bon, RG III
Champavier, Caudron C-800
Boissière, Jurca " Tempête "
Douet, Hélica
Perrot, planeur Karakan
Pelé, Caudron C-450
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Contacter l'auteur : alban@jivaro-models.org