Après
10 années de bons et loyaux services, c’était
décidé : mon Dewoitine 338 P.S.S. prendrait
sa retraite pour laisser place à un modèle plus
remuant.
Mes premiers choix se sont d’abord portés sur un
jet, Suhkoi 27/35, F-18 Hornet… Mais voilà, les formes
biscornues de ces jets me laissaient perplexe quant à une
construction rapide et de qualité. Qui plus est comment
obtenir des vols “réalistes” en PSS alors que
les réels ont une poussée supérieure à
1 ?
Et puis je suis allé regarder les avions grandeur à
la Ferté-Alais en juin 2000 et j’ai assisté
à la présentation du Zlin 526 AFS, par Marc Mathis,
dit “Léon”. Une voltige toute en douceur, sous-motorisation
oblige, mais comportant néanmoins de nombreuses difficultés :
cercles en tonneaux, lomcevàks, tonneaux à facettes…
le tout dans un mouchoir de poche, à une altitude pas vraiment
réglementaire et la plupart du temps en négatif
! Bref une présentation bien plus agréable et spectaculaire
que certains Cap 232...
C’était décidé : mon prochain PSS sera
un Zlin.
Benoit aux commandes de son Zlin
sur une pente du Cotentin pour une petite séance de vol
qui déménage...
Petite mise à jour du
1er juillet 2023
Vidéo époustouflante
du Zlin 526 AFS de Benoit PLR pourvuivi en FPV par le kwad
de Pynoyboy.
20 ans après, le pilote et
son PSS n'ont pas pris une ride.
Passage impressionnant du Zlin, à
quelques mètres à peine de la falaise du Nez de
Jobourg, dans le Cotentin.
Les Zlin furent produits par
la Zlinska Letecka Akciova Spolecnost créée en
1935, filiale du fabricant de chaussures Bata. Le premier avion
à en sortir était le Zlin XII, biplace aile basse,
motorisé par un Persy II de 45 ch. C’est après
la guerre que la Zlinska se consacra à l’apprentissage
de la voltige aérienne avec le Zlin 381 équipé
du moteur Walter Minor III de 105 ch. Le premier Zlin de haute
voltige fut créé en 1948, c’était
le Zlin 26 Trener motorisé par un Praga E de 112 ch.
Vinrent ensuite le 126 Trener II puis le 226 équipé
d’un Walter Minor de 160 ch, véritable réussite
puisque produit à 250 exemplaires. Arrivèrent
ensuite le Z-226 Akrobat, monoplace, le 236 avec train rentrant
puis le 526 qui vola pour la première fois en 1966. La
série des 526 sera totalement dédiée à
la voltige de compétition et d’entraînement.
Le dernier né sera le 726K équipé d’un
Avia M-337AK de 210 ch dont la production continuera jusqu’en
1977. A leur époque les avions Zlin prendront très
souvent les premières places des grandes compétitions
internationales. Le Zlin 526 AFS se battait contre les Pitts
S-2 et S-2A, l’Akrostar et le Yak 18.
Pour ceux qui souhaitent monter
à bord d'un Zlin pour une séance de voltige inoubliable,
prenez contact avec voltigenzlin.monsite.
Ce Zlin est entoilé sur la partie arrière du fuselage,
tout comme ses volets de profondeur et de direction. Le moteur est un
avia M-137 de 180 ch à six cylindres de 6,5 litres. L’hélice
est une Avia à cône tournant.
Celui de “Léon” a été construit en
1973. Passé entre plusieurs mains, il a atterri dans celles de
Marc en 1986 qui avait déjà possédé 2 autres
Zlin 526-L. Il subit quelques modifications, passa de biplace à
monoplace, sa voilure fut réduite de 70 cm de chaque côté
et les volets furent supprimés.
Les dimensions du modèles sont imposantes...
Le décor est celui de l'avion de Matis, toujours
impressionnant à la Ferté-Alais.
Caractéristiques
Envergure : 240 cm
Longueur : 197 cm
Poids : 4500 g
Surface alaire : 90 dm²
Charge alaire : 50 g/dm²
Profil : SB 96 V et VS
Le modèle
En modèle réduit, le Zlin a tout pour plaire : l’élégance
et les proportions, bras de leviers, surfaces, qui font que ça
ne peut que bien voler. Pour en faire un P.S.S., il y a là de
gros avantages comme son aile en flèche et son grand bras de
levier avant qui devraient beaucoup aider pour le centrage. Mais le
gros plus qui m’a décidé à entreprendre la
réalisation de ce modèle, c’était la possibilité
d’avoir un fuselage en fibre ! En effet, dans sa “jeunesse”,
un ami (Pascal) avait réalisé un moule du Zlin 526 pour
une envergure de 2,60 m. Un seul avion en est sorti à l’époque,
qui pesait 12 kg motorisé pour un Bully 35 cc. 15 ans plus tard,
un deuxième fuselage ainsi qu’un capot sortait du moule...
mais ce modèle ne serait pas motorisé…
Le fuselage est bien entendu réalisé de manière
à être costaud devant et léger derrière.
N’ayant pas le plan du modèle, j’ai décidé
d’en réaliser un à partir des cotes du fuselage.
Les 3 vues de Zlin se faisant assez rare, j’ai commandé
un photopack ainsi que deux plans 3 vues chez Scale Model Research
par l’intermédiaire de Fly International. Le photopack
m’a permis d’avoir de nombreux détails pour la finition,
et les 3 vues, dont un assez détaillé, ont été
largements suffisant pour la réalisation de mon plan. La longueur
du fuselage m’a donné une envergure de 2,40 m en version
526 AFS Akrobat.
Le servo de direction est placé sous le capot pour
des questions de centrage.
Le volet de dérive est actionné
par câbles aller-retour.
Le servo de profondeur est perdu dans l’énorme
volume du fuselage. La tringlerie rigide est en tube carbone.
Il faut des servos puissants pour
actionner les larges gouvernes.
Ici, ce sont des Futaba 9102.
Les détails sont ajoutés
avec passion, comme ce faux moteur à peine visible à
travers les ouïes du capot.
Le tableau de bord, la radio, le manche,
le siège. De nombreux accessoires qui ajoutent une part
de réalisme.
Le Zlin a un train particulier qui laisse dépasser
la roue. Ca protège l’aile du modèle lors des
atterrissages.
On voit bien ici un des cylindres du
faux moteur, ainsi que le cône particulier avec ses palettes.
Les lignes de structure et les rivets ont été
réalisés avec des bandes adhésives et des gouttes
de colle posées avant peinture.
Les autocollants ont été
tracés sur informatique, imprimés, collés
et enfin vernis sur le modèle.
Le tab de profondeur, non fonctionnel mais indispensable
pour le look.
En 1985, Pascal Nèel avait réalisé
le moule puis une version motorisée par un Webra Bully
de 35 cc et 12 kg.
Pour pouvoir voler de manière réaliste, c’est-à-dire
voltiger, j’ai voulu réaliser le Zlin le plus léger
possible. Mon but étant de ne pas dépasser les 5 kg. L’aile
est réalisée de manière extrêmement classique :
découpe des noyaux en polystyrène, longerons en samba,
bords d’attaque et de fuite en balsa. Le tout est recouvert de
papier kraft puis peint. Les volets ont été supprimés
pour laisser place à de grands ailerons. Je crois que pour la
version 526 AFS grandeur, il en est de même. Une bande de fibre
assez large renforce le centre et protège le dessous à
l’atterrissage.
Le train est bien entendu positionné rentré. L’aménagement
du puit et de sa jambe de train est assez simple et indispensable pour
le look en vol. De part sa façon de rentrer (en arrière)
les roues sortent de moitié et protègeront également
le dessous de l’aile ; décidément ce Zlin à
beaucoup d’avantages ! Les roues sont des Robart recoupées.
Un petit mot sur le profil qui est l’évolution SB 96V/VS.
Après l’avoir essayé sur un planeur, j’ai
décidé de le mettre sur le Zlin. Ce n’est certainement
pas l’idéal pour un P.S.S. mais au moins il pourrait voltiger
sans souci ! Pour en tirer le maximum, j’utilise les ailerons
en volets avec le manche des gaz. Le pilotage est un peu plus complexe,
surtout quand on voltige mais cela permet de bien garder sa vitesse
dans toute les phases de vol, d’avoir une modèle presque
identique aussi bien en vol à plat qu’en vol dos et de
pouvoir “gratter” un peu lorsque le vent est “limite”.
Le stab est réalisé de la même façon que
l’aile, à savoir polystyrène, balsa, kraft et peinture.
La dérive elle, est réalisée en structure coffrée
pour la partie fixe et entoilée pour le volet. La grande arête
dorsale est en balsa de 100/10. Pour s’adapter au fuselage, la
dérive à une épaisseur de 30 mm au niveau de l’articulation.
Celle-ci est donc réalisée comme le réel avec une
articulation en demi-rond.
Départ au trou. Il faut un lanceur efficace pour
lancer les 4,5 kg de ce gros P.S.S. sans partir avec...
Après avoir vu voler Benoit et son Zlin, on garde
longtemps un souvenir ému. Son pilotage est vraiment époustoufflant.
Avec un tel volet de dérive, on comprend que les
renversements passent aisément.
Vol dos à frôler les moustaches.
Impressionnant dans l’objectif...
Adaptation
Sur le fuselage, le plus gros travail fut de refaire l’assise
de l’aile. En effet, le profil prévu pour la version motorisée
était beaucoup plus épais que le SB96. Heureusement, les
grands Karman permettent de cacher ce défaut et pas mal d’époxy
et de micro-ballons aidèrent à boucher l’espacement.
L’aile est fixée à l’aide de 4 vis nylon de
6 m qui serviront de fusible au cas où... Aucun couple n’a
été rajouté dans le fuselage, l’aménagement
de la cabine en baquet et la fixation du servos de profondeur ont été
jugés suffisants pour rigidifier l’ensemble.
Pour le centrage, la radio loge tout à l’avant dans le
grand capot moteur. Une platine en balsa et fibre sert de support au
servo de dérive, au récepteur et à la batterie.
Seul le servo de profondeur est placé au milieu du fuselage pour
éviter une commande trop grande. Celle-ci est en baguette de
bois dur et une fourche vient commander les deux volets de profondeur.
La commande de dérive est en câble acier aller-retour.
La batterie de 4 éléments a une capacité de 2 A.
Il a fallu tout de même près de 300 g de plomb pour obtenir
un centrage correct. Celui-ci est en grande partie dans le cône
et environ une centaine de grammes est fixé sur la platine radio
pour peaufiner le centrage. Le cône a été tourné
dans du Styrofoam puis recouvert de fibre et peint.
Les servos utilisés sont les Futaba 9102 aux ailerons et 9204
pour la profondeur et la dérive. Pour être digne d’un
P.S.S. un minimum de détails ont été réalisés
tels que l’aménagement du cockpit avec les instruments
en relief, un siège… ainsi qu’un faux moteur à
peine visible par l’ouverture de devant du capot et par les ouies
d’aération. Mais il y en a encore beaucoup à faire :
le tube pitot, la roulette arrière non rentrante, un pilote pour
rendre le vol plus réaliste...
Avant peinture, pour souligner les emplacements métalliques,
des bandes de Vénilia coupées en 3 mm de large sont collées
sur le fuselage et l’aile. Quelques rivets posés à
la colle blanche viennent également renforcer l’aspect
métallique de certains endroits, comme le capot moteur et les
réservoirs d’aile.
La décoration choisie est bien entendue celle du Zlin de “Léon”
Mathis, visible à la Ferté-Alais et qui est la reproduction
de celle de l’équipe de voltige tchèque des années
70/80. C’est une décoration ultra simple mais qui jette
un maximum dans un beau ciel bleu !
Passage en légère glissade, à quelques
centimètres de la verdure.
En vol, on croirait presque le vrai.
Il manque un pilote pour occuper l’immense verrière.
En l’air
Les premiers vols du Zlin se sont déroulés sans soucis.
Le lancer doit être énergique comme pour tous ses congénères,
une pente avec un bon rendement et un petit vent dans l’axe sont
préférable pour un vol en sécurité. Le modèle
est très sain grâce à une charge alaire plutôt
faible de 50 g/dm2. Le vol peut être lent, traînée
oblige, mais le Zlin peut également accélérer grâce
au profil retenu (SB96) pour pouvoir passer une voltige basique. Pour
vous donner une idée de la puissance du réel, le Zlin
est capable d’un tonneau vertical mais arrivé en haut,
l’avion est totalement arrêté. On est bien loin des
Cap et autres Sukhoï !
Le modèle est capable de réaliser une voltige très
réaliste même sans moteur. Celle-ci se limitant aux tonneaux,
boucles, renversement, vols dos, vrilles et enchaînements de 8
cubain. La dimension des gouvernes identiques à celles du réel
rendent le modèle assez vif malgré sa taille, surtout
aux ailerons, les tonneaux sont donc assez facile à réaliser
car le fuselage assez haut et le grand volet de dérive aident
bien. J’utilise un double débattement aux ailerons et à
la profondeur que j’active en fonction des figures. Si la pente
“donne bien” il est possible d’enchaîner un
petit programme de voltige en jouant avec l’inertie du modèle.
Ce modèle a été présenté à
la rencontre P.S.S. de Mâcon 2001 où il a terminé
deuxième, mais je vole régulièrement avec car il
est très agréable à piloter.
Il faut être sûr de ses
trajectoires avant de tenter un passage aussi osé. Pas
de problème, Benoit maîtrise parfaitement son Zlin.
Passage au ras de l’antenne.
On voit qu’à Cherbourg, ce ne sont pas quelques gouttes
de pluie qui font peur aux pilotes...