Rencontre Vintage à Brétigny-sur-Orge
La tendance est au rétro...
Texte et photos : Jean-Marie
Guyader
Je ne sais pas si l’aéromodéliste
est particulièrement nostalgique, mais toujours est-il que l’on
voit fleurir de-ci de-là nombre des rencontres sous le signe
du « vintage » un peu partout en France. Ce qui, je dois
bien l’avouer, est plutôt plaisant pour ceux qui aiment
se remémorer les combats épiques entre un pilote et son
Charter ou son Westerly, doucement bercés par les doux effluves
de ricin…
C’est donc par une journée dominicale quelque peu fraiche
et venteuse que nous nous sommes réunis le 23 mai 2021 sur le
terrain du club des Cigognes à Brétigny-sur-Orge.
Au-delà du côté vintage, cette journée se
voulait également être un hommage à un grand nom
de l’aéromodélisme français : Francis Plessier.
Disparu trop tôt, ce grand Monsieur nous aura laissé bon
nombre de plans aux noms évocateurs : Goofy, Filochard, Méchant
Truc (I et II …), Storky, Souricette et j’en passe.
Arrivés bien tôt sur les terres des Cigognes, c’est
par Thierry Bordier, l’organisateur de cette journée, que
nous avons été accueillis. L’homme à la moustache
légendaire anime également une chronique vintage dans
les colonnes de Modèle Magazine depuis quelques temps.
Au fur et à mesure du remplissage de la zone parking et du déchargement
des coffres, nous reconnaissons quelques amis rencontrés sur
d’autres meeting de ce type. Les organisateurs de la journée
vintage de Soissons sont là (Grégory et Jean-Claude) et
certains venaient même des Charentes pour être parmi nous…
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Côté MCB (Modèle Club Buxéen), nous étions
3 et au total c’est plus de 40 modèles pour une vingtaine
de pilotes qui avaient répondu à l’appel.
A tout seigneur tour honneur, les avions de F. Plessier étaient
évidemment bien représentés. 2 Storky étaient
présentés par Jean Rousseau. Cet avion à aile parasol
dispose d’un charme certain et vole merveilleusement bien, ils
réalisaient même du remorquage à la grande époque.
Thierry Bordier avait restauré 2 modèles, un antique Goofy,
ainsi qu’un « Méchant Truc II ».
La particularité des avions de Francis Plessier était,
entre autres, un numéro sur la dérive qui faisait office
de numéro d’ordre dans les créations de Francis.
Au total, ce sont 362 avions qui sont sortis de la tête et de
l’atelier de ce modéliste très créatif…
Lorsqu’un petit sifflement d’admiration est sorti de mes
entrailles devant une telle production, Jean Rousseau m’a dit
: « Lorsque je construisais un avion, Francis en faisait 3…
».
Parmi tous les modèles de Francis Plessier présents ce
jour-là, s’il devait n’en rester qu’un, ce
serait certainement le Filochard avec lequel il a participé aux
championnats du monde de voltige en 1963 à Genk (Belgique).
Cet avion a été restauré par un ami du MCB (Laurent
Chauffaille) et Thierry Bordier l’a ensuite emmené au GPPA
pour y être exposé.
La gamme Svenson était également bien représentée
avec des Twinny et des Wayfairer, biplans aux très bonnes qualités
de vol. Un petit rappel de l’historique de la maison Svenson a
été publié récemment dans Modèle
Magazine sous la plume de Thierry Bordier.
Personnellement j’ai eu un petit coup de cœur en redécouvrant
le Progo de Robbe. Avion aile haute au look de Cessna 152, ce modèle
très élégant préfigurait déjà
les productions en composite. Son fuselage était en « Plura
» me semble-t-il (une espèce d’ABS je crois) et les
propriétaires pestaient car peu de colles étaient réellement
efficaces sur cette matière… En tout cas, ce modèle
est vraiment magnifique, d’autant plus que l’exemplaire
présenté sortait de boîte et brillait comme un sou
neuf. Son propriétaire m’a confié qu’il possédait
juste 7 exemplaires de cette machine… Quand on aime !
Le club des Cigognes avait gentiment mis à notre disposition
un BBQ et du charbon de bois pour le casse-croute du midi et comme il
est de coutume, c’est durant ces moments de convivialité
que l’on refait le monde et que l’on récrit l’histoire
de l’aéromodélisme.
Nous n’avons pas raté l’occasion, cela nous a permis
de dépoussiérer nos mémoires et c’était
à celui qui se remémorait le zinc le plus improbable !
Et les radios dans tout ça
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Lorsque l’on parle radio d’antan, on cite bien souvent
les marques historiques comme Robbe, Graupner, Sanwa, etc. mais les
plus anciens réagiront surement au nom évocateur de «
Radio Pilote ». Cette marque de radio française a été
créée par Pierre Marot, une autre figure de l’aéromodélisme
hexagonale, compère de F. Plessier à Genk notamment.
Cet homme de plus de 80 ans, alerte comme un jeune homme, est intarissable
d’anecdotes sur l’aéromodélisme de cette période
reculée et bien souvent, des noms comme Baby Train ou bien la
Source des Inventions se font entendre au fil des discussions. De plus,
Pierre est vraiment quelqu’un d’une gentillesse infinie
avec qui il fait bon évoquer notre passion.
Ses radios bénéficiaient d’un design très
élégant et quelques raffinements, comme la petite pièce
en plastique rouge qui empêchait le basculement de l’interrupteur
marche / arrêt par inadvertance, étaient les bienvenus
et ne figuraient pas au menu des radios concurrentes.
Je l’avais déjà rencontré à Soissons
sur un meeting similaire.
C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai reposé les
yeux sur une Robbe CM Basic également. Cette radio devait compter
parmi les dernières en « tout analogique » et préfigurait
l’avènement des radios programmables à processeurs
et afficheurs LCD qui viendront un peu plus tard.
Ici, toutes les configurations se faisaient par « dip-switchs
» soigneusement protégés par une façade basculante
translucide. Un vrai petit chef d’œuvre de technologie à
cette époque…
Des pochoirs venaient prendre place sur ce tableau de bord afin de connaître
l’utilité de chaque switch ou potentiomètre en fonction
de l’avion.
Son propriétaire s’en servait encore mais l’avait
passé en 2,4 GHz.
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Concernant les fréquences justement, très peu de modélistes
étaient resté en 27 (26), 41 ou 72 MHz, fréquences
encore autorisées en France. La majorité avait franchi
le pas du 2,4, soit par adjonction de module, soit tout simplement par
remplacement complet de la radio.
Lorsqu’on considère la fragilité au choc des quartz,
ou bien l’âge de certains récepteurs, autant jouer
la sécurité et garder la souplesse de gestion de cette
bande de fréquence.
Si vous m’avez suivi jusque-là, vous vous demandez surement
à quel moment je vais parler des avions mythiques des années
folles, non ?
Et bien c’est pour maintenant, entrons dans la légende
et évoquons ces modèles qui nous ont fait rêver
jusqu’à en troubler notre sommeil (paradoxal non ?)…
Plusieurs vénérables Westerly (Svenson) d’époque
étaient présents et se sont illustrésen l’air
malgré le vent soutenu qui nous a accompagné toute la
journée. Le valeureux 2 axes nous a régalé aux
mains de Marc, malgré sa propension à tirer à droite
dès la mise de gaz.
Bien évidemment, pas de Westerly sans Charter (Robbe). J’ai
véritablement un petit faible pour celui-ci car il a fait partie
de mon écurie il y a fort longtemps…
Le Taxi de Graupner était également de la partie à
un exemplaire.
Ces 3 avions, produits en kit, constituaient les outils d’apprentissage
idéals pour tout débutant. On peut également ajouter
à ce trio le Bizuth de la revue MRA, qui à l’époque
n’existait que sur plan et qui demandait un peu plus de patience
avant d’aller voler…
C’est également avec beaucoup de plaisir que j’ai
revu évoluer le Basic 2000 de chez Scorpio. L’exemplaire
présent étaient gaillardement motorisé par un antique
OS avec résonnateur, ça marchait fort.
Un exemplaire de Pinto Svenson était également de la
partie. Bref que du mythique comme vous pouvez vous en rendre compte.
Les modèles Scorpio, comme beaucoup d’entre vous le savent
certainement sont reconnaissables à leurs bulles assez caractéristiques,
que ce soit sur les avions ou sur les planneurs… immanquable.
Quelques fines dentelles de balsa avaient été amenées
par un autre grand Monsieur du modélisme français, j’ai
nommé Sylvère Maisse, Monsieur FF2000 en personne.
Ses modèles ultra-light issus du vol libre camouflaient habilement
leur moteur brushless sous un faux moteur Cox, l’illusion était
parfaite… Malheureusement les caprices du vent nous ont empêché
de voir évoluer ces morceaux de poésie.
Un duo de modélistes, que j’avais déjà
rencontré à Epinay me semble-t-il, avait fait le déplacement
avec 3 grosses machines de plus de 30 ans d’âge : Un gros
Piper, un remorqueur et une semi-maquette d’avion de chasse.
Les amoureux de la voltige à l’ancienne (la balistique)
ont pu apprécier la réédition en kit du Curare
d’HannoPrettner. La particularité de ce piège était
le dièdre inversé du stabilisateur qui lui donnait une
gueule sans pareil…
Cette exemplaire état motorisé par un brushless. Le vol
était conforme à l’original, c’est-à-dire
rapide…
Toute bonne chose ayant une fin, c’est en début de soirée
que nous sommes remontés dans nos voitures le coffre plein de
modèles et la tête remplie d’anecdotes et de souvenirs
extirpés des méandres de nos mémoires.
Pour les nostalgiques du vintage, je vous encourage vivement à
aller consulter la page « RC Vintage » sur Facebook, cela
vous donnera certainement l’envie de venir nous rejoindre l’année
prochaine avec un petit trésor exhumé de votre grenier.
RDV l’année prochaine.
Amicalement,
Contact : jean.marie@jivaro-models.org