Moi, enfin je veux dire "mon cher avion"...
Car je dois avouer avoir planté deux modèles sur panne
de radio, la batterie de réception étant vide. Deux
fois, mais pas trois. J'ai donc installé un voltmètre
embarqué. Damned ! Plus de crash, mais pas non plus moyen de
voler quand le truc clignote au rouge vu que j'ai oublié de
charger la veille... Là, j'en ai marre : j'installe un UBEC...
Texte et photos : Laurent Schmitz
Keskidi ? Un nu bègue ? Parfaitement madame,
et j'en suis fier ! Ce petit gadget est un boîtier électronique
de quelques grammes que l'on connecte entre la batterie de propulsion
et le récepteur, dont il assure l'alimentation. On peut ainsi
se passer d'un accu de réception souvent lourd et encombrant.
La majorité des UBEC acceptent une batterie de propulsion de
2 à 5 éléments Lipo (6 à 23 volts et parfois
plus) et délivrent jusqu'à 5A de courant. Les avantages
sont multiples, notamment pour la sécurité du modèle.
Tout d'abord, plus de risque de décoller avec un accu de réception
vide ou défaillant. Même si vous avez oublié de
charger l'accu de propulsion, le UBEC donne toujours assez de courant
au récepteur. Par ailleurs, la radio se met en marche toute
seule dès que l'accu de propulsion est connecté : pas
besoin d'interrupteur, cause de bien des pannes radio. Mieux encore
: par définition, il est impossible d'alimenter le moteur avec
la radio éteinte. Les mises en marche intempestives sont donc
en principe exclues, sauf si vous oubliez l'émetteur, mais
là c'est le fail-safe qui devrait vous protéger...
Comme toujours, un sérieux test de portée (moteur éteint
et en marche) s'impose avant de voler, histoire d'éviter les
surprises. De nos jours, avec le 2,4 GHz, on devrait être à
l'abri des "tops radio".
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Cet UBEC fournit jusqu'à
15A en pointe sur base d'un lipo dédié de 2 ou
3 éléments. Idéal pour les planeurs ou
les avions de voltige, même thermiques. |
Gros consommateurs
Beaucoup de contrôleurs brushless sont munis d'une fonction
BEC embarquée. Celle-ci permet elle aussi d'alimenter la réception
sans avoir recours à une batterie dédiée. Mais
cette solution n'est valable que pour de petits modèles calmes.
En effet, les circuits BEC au fonctionnement généralement
"linéaire" présentent deux inconvénients
majeurs. Tout d'abord, leur petite taille limite le courant qu'ils
délivrent à deux, voire trois ampères maximum.
C'est insuffisant pour alimenter plus de trois ou quatre servos, surtout
si ceux-ci sont gourmands. Servos numériques, commandes qui
forcent, grandes surfaces de volets sur les avions 3D, servos d'anticouple
sur les hélicos... Autant de gros consommateurs de courant
qui font chauffer le BEC. Ce qui aggrave encore le second problème
qui est lié au voltage. En effet, la différence de voltage
entre l'accu de propulsion et les 6 volts requis par le récepteur
se traduit par un important dégagement de chaleur. Dans la
pratique, il est impossible d'utiliser le BEC avec plus de trois éléments
de propulsion lipo (±12 volts). En cas d'échauffement
trop élevé ou de consommation exagérée
des servos, le régulateur de tension se met en sécurité
et... coupe l'alimentation de la radio ! Maigre consolation : le contrôleur,
lui, est protégé. Ce phénomène fatal se
produit encore plus vite quand les composants du contrôleur
sont fort sollicités car ils sont situés à proximité
immédiate du BEC.
A la différence du BEC embarqué sur un contrôleur,
un UBEC fonctionne normalement par "découpage" du
courant. Il a tendance à moins chauffer, même s'il est
alimenté par un voltage élevé et que les servos
consomment beaucoup. De ce fait, il est utilisable sur des modèles
bien plus conséquents.
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L'UBEC est une bonne solution pour les avions
électriques de taille intermédiaire alimentés
en 4 ou 5 éléments lipos. |
Planeurs et thermiques aussi !
Tout cela c'est fort bien, mais si le modèle est thermique
ou muni d'une douzaine de servos digitaux "maousse costauds"
? Dans ce cas, la Science vient à votre secours sous la forme
d'une autre sorte de UBEC. Celui-ci se connecte à un accu de
2 à 3 éléments Lipo (séparé de
l'éventuelle batterie de propulsion). Il délivre un
courant important (jusqu'à 15A) pour alimenter de nombreux
servos. C'est très intéressant pour les grands planeurs
par exemple, mais aussi et surtout pour les gros modèles de
voltige, électriques et thermiques. En effet, les UBEC fournissent
une tension constante aux servos et au récepteur, même
en cas de grosse consommation subite. Là où auparavant
le voltage de l'accu de réception chutait dangereusement lors
de certaines manœuvres, il reste désormais strictement
constant. Il est d'ailleurs inutile d'équiper le modèle
d'un voltmètre à LED car celui-ci indiquerait toujours
le même niveau. Cela signifie qu'outre un fonctionnement optimal
du récepteur, les servos gardent une vitesse et un couple constants,
que l'on vole à plat ou pendant un cercle en tonneaux. L'avantage
en compétition n'est pas négligeable. Tout cela s'ajoute
à un gain important de masse. Si on utilisait typiquement 5
éléments Ni-Cd "haute décharge" de
2.400 mAh (300g) pour être certain de "tenir le choc",
on peut désormais se contenter d'un pack lipo de 2.000 mAh
(±120 g) et de l'UBEC (±30 g). Le Lipo peut délivrer
60A en pointe, c'est (beaucoup) plus qu'il n'en faut. Par ailleurs,
l'autonomie est comparable car l'excédent de voltage du lipo
(7,4 V) par rapport au Ni-Cd (6 V) se traduit par une autonomie un
peu plus élevée, comme si c'était un accu 6 V
de 2.466 mAh.
Bien sûr, il ne faut pas oublier de charger l'accu de réception,
comme "dans le temps". Mais là aussi l'UBEC offre
une sécurité supplémentaire puisque certains
intègrent un voltmètre à LED pour surveiller
le voltage du lipo. Voilà donc un outil qui ne devrait pas
passer inaperçu !
Un peu de pratique
Dans mon Pilatus de 170 cm, l'UBEC 3A est scotché directement
au dos du contrôleur OPTO 60A. L'avion est muni d'un récepteur
8 voies, dont quatre pour l'aile (ailerons & volets), profondeur,
direction, aérofrein ventral et moteur.
L'alimentation de l'UBEC est soudée directement sur les
câbles menant à l'accu lipo de quatre éléments
(1), après avoir légèrement
entaillé la gaine thermorétractable du contrôleur
pour accéder aux points de soudure. J'en profite pour dessouder
et séparer le fil rouge de la nappe tricolore menant au
récepteur. Il ne sert à rien sur ce contrôleur
OPTO et peut donc être retiré, ce qui sera bien pratique
par après. Un tour de collant transparent assure l'isolation.
Sur l'UBEC, le fil noir allant au récepteur est replié
sur lui-même et isolé (2). Il ne
sert pas dans ce cas car l'UBEC partage la masse négative
du contrôleur et de l'accu. C'est le fil noir de la nappe
allant du contrôleur au récepteur qui fait ici double
emploi.
Le fil rouge sortant de l'UBEC est enfin soudé au rouge
de la nappe (3) que nous avons séparé
plus tôt. De cette façon, un seul fil plat part de
l'ensemble contrôleur/UBEC vers le récepteur. Il
assure en même temps l'alimentation de la radio et l'acheminement
du signal "moteur" vers le contrôleur, économisant
du même coup une voie libre sur le récepteur. Une
fois câblé, l'ensemble est compact, facilement amovible
et les risques de faux contacts sont réduits. |
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org