| Texte et photos : Laurent Schmitz Non seulement vous saurez bientôt 
              tout sur les courbes du balsa mais vous apprendrez même à 
              en faire des tubes ! C’est au détour d’internet 
              que j’ai découvert ce secret bien gardé. La 
              fabrication de tubes en balsa est simple, rapide et permet une multitude 
              d’usages en aéromodélisme. Le gain de masse 
              et la rigidité obtenues par rapport aux baguettes et matériaux 
              classiques vaut la peine de s’y intéresser. Et puis, 
              c’est tout simplement beau !  Rendons à César ce qui appartient 
              à… Eclecticspace! 
              Ce site sympa mais pas vraiment à jour a largement inspiré 
              les techniques de fabrication de tubes décrites ici. Merci 
              donc à ses auteurs. Pour le reste, quelques décennies de modélisme m’ont 
              confronté aux montages en balsa les plus tordus (littéralement 
              !). Les solutions sont venues naturellement, à force d’essais-erreurs, 
              ou par la sagesse des ‘anciens’.
 Cintrer le balsa fait souvent peur aux candidats constructeurs. 
              Le matériau a une fâcheuse tendance à éclater 
              dans le sens des fibres, ruinant les courbes les plus simples. Pourtant, 
              quelques astuces permettent de s’en tirer facilement.
 
               
                | De 
                    l’eau et de l’ammoniaque |  
              
                | 
                    Avant de se lancer dans la fabrication de tubes, examinons 
                      de plus près les possibilités de courber le 
                      balsa, pour coffrer un capot moteur ou un fuselage par exemple. 
                      Bien sûr, ce sera d’autant plus facile que le 
                      balsa (ou tout autre bois) est fin et flexible. Lors de 
                      l’achat des planches, comparez-les : on sent facilement 
                      si le matériau accepte de se ‘donner’. 
                      Il y a de grosses différences entre les planchettes, 
                      triez-les soigneusement pour ne garder que les plus flexibles. 
                      Pour la majorité des coffrages de modèles 
                      ‘normaux’, il faut au moins une épaisseur 
                      de 1,5 mm sans quoi les doigts passent trop facilement à 
                      travers.
 A l’état brut, on sent bien que les planchettes 
                      de balsa sont très rigides dans la longueur des fibres. 
                      Difficile de les plier dans ce sens-là, seules de 
                      très grandes courbes sont faisables. Dans l’autre 
                      sens en revanche, le matériau se courbe aisément… 
                      jusqu’au ‘CLAC’ après lequel on 
                      a deux bouts de bois en mains. Pour éviter cette 
                      issue fatale, commençons par tremper la planchette 
                      dans une bassine d’eau tiède parfumée 
                      de quelques gouttes d’ammoniaque. Mieux vaut faire 
                      ça dehors sous peine d’étouffement car 
                      l’ammoniaque a une odeur redoutable ! Le port de gants 
                      peut aussi être une bonne idée, selon la concentration 
                      du liquide. Comptez dix minutes de trempage par millimètre 
                      d’épaisseur. Pour de petites pièces, 
                      la salive marche très bien, mais il parait que c’est 
                      dégoûtant… | 
                     
                      |  |   
                      | De l’eau, de l’ammoniaque et 
                        un peu de savoir-faire… |  |  
              
                |   Une fois les fibres de bois bien imprégnées, 
                    on enlève l’excès d’eau à 
                    l’aide d’un coupon de papier essuie-tout. Maintenant, 
                    on peut ‘travailler’ la planchette avec les doigts, 
                    zone par zone pour façonner une courbe approchant petit 
                    à petit celle que l’on veut obtenir. On peut 
                    aussi ‘rouler’ le balsa sur une table, comme on 
                    roulerait de la pâte à pizza. C’est la 
                    pression des doigts (ou du rouleau) qui permet de courber 
                    le balsa sans le briser. Il faut toujours plier le bois dans 
                    le même sens pour écraser les fils d’un 
                    côté et les étendre de l’autre. | 
                     
                      |  |   
                      | Certaines sortes de balsa se courbent mieux 
                        que d’autres. |  |   Quand la courbe est suffisante, posez la pièce 
              sur la structure et maintenez-là à l’aide d’élastiques 
              ou de ruban adhésif jusqu’à séchage complet. 
              Ensuite seulement, vous pouvez la coller en place. Attention, prévoyez 
              un peu de marge car le bois va se contracter très légèrement 
              au séchage. Détail qui peut avoir son importance : 
              déjà à sec, les planchettes plient mieux dans 
              un sens que dans l’autre ; évitez donc de ‘contrarier’ 
              le balsa et respectez ses penchants naturels. Passons au tuyau suivant. En balsa, bien sûr ! On commence 
              par trouver un tube (PVC, alu, carbone, manche de brosse, etc.) 
              un peu plus petit que le tube de balsa qu’on veut obtenir. 
              Il servira de ‘moule’. Pour un fourreau de clé 
              d’aile, on peut utiliser la clé elle-même. On 
              découpe un rectangle de balsa un peu plus long que le tube 
              désiré et dont la largeur se calcule comme suit : 
              (diamètre de la forme + épaisseur 
              de balsa) x 3,14 Par exemple si la clé d’aile fait 10mm de diamètre 
              et qu’on fabrique un fourreau de balsa 1,5mm ça fait 
              : (10 + 1,5) x 3,14 = 37mm. Bien sûr, les fibres du bois doivent 
              être dans la longueur. Pour faciliter le collage du joint, 
              on peut couper le bois de biais, avec un angle de ±30°. Sur le ‘moule’ on colle des rubans 
              de scotch à intervalle régulier et au moins deux fois 
              plus longs que la pièce est large (dans l’exemple ça 
              ferait ±8cm). Il vaut mieux utiliser de l’adhésif 
              de masquage, moins collant que le ruban classique. On trempe le 
              balsa dans l’eau ammoniaquée, on tamponne soigneusement 
              l’excédent de liquide puis on dépose la planchette 
              contre le moule, sur les rubans adhésifs. Ensuite, on tourne 
              le moule en appuyant de façon à enrouler lentement 
              le balsa. Le ruban adhésif empêche le bois d’éclater, 
              c’est magique ! Si on a bien travaillé, quand le bois 
              est complètement enroulé le scotch qui dépasse 
              vient se coller sur lui-même. Il n’y a plus qu’à 
              attendre jusqu’à ce que la pièce soit sèche, 
              une nuit sur le radiateur par exemple.Quand c’est sec, on découpe le scotch au cutter et 
              on le retire du bois. Comme ce dernier était humide ça 
              n’a probablement pas adhéré bien fort mais faites 
              quand même attention à ne pas arracher les fibres. 
              Vous pouvez maintenant retirer le moule. A ce stade, le plan de 
              joint peut être collé petit à petit à 
              la cyano en appuyant légèrement sur le tube avec un 
              objet rond, le bouchon de la colle par exemple. Utilisez une cyano 
              de qualité, qui comble les trous et prend rapidement. La 
              ‘Zap’ verte est parfaite pour cet usage, avec éventuellement 
              un coup d’activateur en bombe. Si vous devez obtenir un tube 
              d’une taille exacte, il est possible de jouer du cutter pour 
              diminuer un poil celui-ci, ou au contraire ajouter une fine languette 
              de balsa pour augmenter le diamètre. C’est important 
              pour un fourreau dans lequel la clé d’aile doit s’ajuster 
              parfaitement. Il ne reste plus qu’à tronçonner 
              la longueur désirée et éventuellement passer 
              un coup de papier de verre fin. Les tubes de balsa fabriqués 
              de cette façon sont incroyablement légers et résistants. 
              On peut encore les renforcer en les imprégnant de cyano fluide 
              ou en les marouflant à la fibre de verre ou de carbone. Un 
              ‘emballage’ d’Oracover les rend encore plus solides 
              pour une augmentation de masse minimale.
 
               
                | Abandonnons les tubes et autres 
                    tuyaux pour revenir aux lattes et longerons de balsa. Pour 
                    obtenir une baguette courbe plusieurs solutions s’offrent 
                    à vous. Après un sérieux trempage on 
                    peut déjà obtenir des résultats étonnants 
                    en travaillant le bois à la main. En ‘forçant’ 
                    l’arrondi centimètre par centimètre et 
                    en répétant l’opération on obtient 
                    une courbe modérée. Ce travail demande un peu 
                    de doigté pour forcer le bois sans le briser. Le balsa 
                    tendre façonné de cette manière peut 
                    présenter des ‘criques’ peu esthétiques 
                    et fragiles. | 
                     
                      |  |   
                      | Après trempage on peut ‘travailler’ 
                        des courbes modérées dans les baguettes. |  |  
               
                | Il existe une méthode 
                    extrêmement solide et qui permet des arrondis spectaculaires 
                    : le lamellé-collé précontraint. Le principe 
                    est simple : au lieu d’essayer de courber une latte 
                    massive, on courbe autant de fines lattes que nécessaires 
                    pour obtenir la section désirée. Les lattes 
                    sont maintenues (contraintes) dans la forme désirée 
                    à l’aide de gabarits, de poids ou d’épingles, 
                    superposées et imprégnées de colle. Après 
                    séchage la pièce est certes un peu plus lourde, 
                    mais vraiment très solide. C’est la solution 
                    idéale pour les saumons d’ailes. | 
                     
                      |  |   
                      | Le lamellé-collé précontraint 
                        est très solide et permet des courbes prononcées. |  |  
               
                | Certains recommandent de cranter 
                    l’intérieur de la courbe à la scie ou 
                    au cutter de façon à ‘plier’ la 
                    baguette en une suite d’angles, puis d’arrondir 
                    l’extérieur au papier de verre. Le résultat 
                    est approximatif et la pièce perd en résistance. Pour les courbes complexes ou en ‘S’, 
                    il vaut mieux recourir au ‘contre-collé’. 
                    Comme expliqué pour le lamellé-collé, 
                    on empile des épaisseurs de balsa, mais cette fois 
                    les pièces sont découpées dans une planchette 
                    directement selon la forme désirée. Il ne faut 
                    rien plier, juste superposer et coller. Pour améliorer 
                    la résistance de la pièce il peut être 
                    nécessaire de l’imprégner de cyano ou 
                    d’époxy fluide. Pour les formes en ‘S’ ou en 
                    ‘U’, on alterne les couches découpées 
                    avec les fibres de bois à la verticale et à 
                    l’horizontale. Le contreplaqué ainsi obtenu est 
                    d’autant plus solide qu’il y a de couches. Cette 
                    technique entraine de nombreuses chutes de bois et déchets 
                    mais c’est parfois le seul moyen de façonner 
                    des pièces en bois aux courbes harmonieuses. | 
                     
                      |  |   
                      |  |   
                      | Contre-coller plusieurs épaisseurs 
                        permet d’obtenir n’importe quelle courbe. |  |  
               
                | 
                    Des tubes en balsa ? Pour quoi faire 
                      ? Les tubes de balsa sont un bon 
                      moyen de fabriquer un fourreau pour une clé 
                      d’aile. Le fourreau en lui-même ne doit pas 
                      être très solide, il ne sert qu’à 
                      guider la clé et à transmettre les efforts 
                      de celle-ci à la structure. Or, l’extérieur 
                      d’un tube en balsa se colle facilement et comme il 
                      ‘travaille’, il ‘lie’ parfaitement 
                      la clé aux nervures et longerons. On peut en outre 
                      l’enduire de cyano ou de fibre, si nécessaire. 
                       
                        |  |  |   
                        | Les tubes en balsa sont incroyablement 
                          légers et rigides. | Le balsa fait un très bon fourreau 
                          de clé d’aile. |   Les tubes peuvent aussi servir 
                      de tige de commande rigide, éventuellement 
                      après avoir été enduits de cyano fluide 
                      pour les raidir. On peut en faire des haubans d’ailes, 
                      il est d’ailleurs facile de les profiler lors du collage. 
                      Dans un fuselage ils font d’excellents raidisseurs 
                      et ils peuvent guider des commandes ou des câbles. 
                      Et que diriez-vous de simuler une structure en tubes 
                      d’acier soudés à l’aide de tubes 
                      de balsa ? Leur résistance à la traction/compression 
                      et au flambage est bien supérieure à une simple 
                      baguette de masse égale.Enfin, sur les maquettes les tubes de balsa peuvent 
                      figurer des canalisations, échappements fictifs, 
                      habillage de train, canons, missiles et roquettes.
 
                       
                        |  |  |   
                        | Sur les maquettes les tubes de balsa habillent 
                          les échappements, haubans, canons et missiles 
                          pour une masse ridicule. | Diamètre intérieur 
                            de 2 mm ! Qui dit mieux ? |  |  
               
                |  |   
                | Pour coffrer ce genre de structure 
                    toute en courbes, une bonne technique de cintrage est essentielle. |  Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org |