Présentation : Christophe
Chanudet
Conçue par Serge Delarbre et
commercialisée par Z système sous le nom "Strange 60M",
la Strange est au départ une aile volante de course aux
pylônes destinée aux concours "60 mousse", une alternative
plus économique aux traditionnelles courses de 60 pouces
dans lesquelles les tous plastiques règnent en maîtres.
Son créateur en a aussi fabriqué plusieurs versions plus
imposantes, visibles ICI.
Pour en revenir à notre sujet, l'histoire
de "notre" Strange a commencé il y a quelques temps lorsque,
voulant initier un ami au vol de pente, je lui ai proposé
de construire une Ixir. Ce modèle a plus que fait ses
preuves et a un rapport qualité prix imbattable; toutefois
son look ne l'a pas du tout séduit. Après une recherche
d'alternatives sur le net, il m'a montré une photo de
la Strange 60M et m'a demandé si l'on pourrait construire
quelque-chose qui y ressemble aussi économiquement qu'une
Ixir… quelques jours plus tard, je lui aie amené le plan
que vous découvrirez plus bas. Je remercie au passage
tout particulièrement Serge Delarbre qui m'a autorisé
très chaleureusement à le publier.
J'ai moi aussi profité de ce plan tout
neuf pour me doter de ma propre Strange, mais pour ma
part j'ai préféré une version motorisée, la destinant
principalement au vol en plaine. Au final, les deux volent
admirablement bien, à la pente par petites conditions
pour la première, et à la plaine ou en pente par grosses
conditions pour la seconde.
Caractéristiques
techniques |
Version |
planeur |
motorisée |
Envergure |
1250 mm (la longueur d'une plaque
de depron !) |
Surface |
29,4 dm² |
Masse |
450 g |
840 g |
Charge alaire |
15,3 g/dm² |
28,6 g/dm² |
Passons aux choses sérieuses : il est
temps de faire de la poussière de dépron. Pour ceux qui
ont déjà construit une Ixir ou autres Ticky, rien de très
nouveau à part que chaque demi aile est en deux panneaux
au lieu d'un et que les élevons sont découpés dans l'aile
et non rapportés. Ils seront tout de même relevés au neutre
afin de rendre le profil auto stable… mais c'est nettement
plus joli que des ailerons rapportés, et aussi nettement
plus rigide.
Materiel nécessaire :
- 1 plaque de dépron 6 mm (1250 x 800 mm)
- 1 plaque de dépron 3 mm (1250 x 800 mm)
- colle à bois vinylique rapide
- 1 tube de colle cyanoacrylate fluide (type
super glue…)
- 1 tube de colle époxy 5 minutes ou un pistolet
à colle chaude
- 1 rouleau de scotch armé
- 1 rouleau de scotch d'emballage transparent
- 1m de tube de carbone diamètre 6 mm (magasin
de sport rayon cerfs-volants)
- 1 tube aluminium ou laiton diamètre 6mm intérieur
- 1 corde à piano 15/10e
- 2 guignols du commerce ou un morceau de plastique
style carté téléphonique
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Le plan,
cinq pages format A4 en PDF pour une impression
à la maison (450 ko). |
Pour commencer, il faut découper toutes
les pièces selon le plan, en n'oubliant pas le passage
du longeron dans le renfort 1. Les plus téméraires pourront
agencer les pièces à leur guise, ils trouveront toutes
les côtes utiles en page 1 du plan. Pour les autres, les
pages 2 et 3 proposent un agencement pratique avec des
côtes prêtes à reporter sur les plaques de dépron. La
page 4 présente la moitié du renfort 3 (il est symétrique)
et le stab échelle 1 : elle peut être utilisée directement
comme gabarit à condition d'imprimer sans aucune mise
à l'échelle. Ne pas découper les élevons dans l'intrados,
ils seront découpés plus tard. Faites l'inventaire : il
doit y avoir 5 pièces en depron de 6mm et 7 en depron
de 3 mm.
Découper un tronçon de 12cm dans le tube
en aluminium ou laiton, et le plier en son milieu à 132°.
Attention à ne pas l'écraser de chaque côté de la pliure,
le tube en carbone devra pouvoir y entrer sans peine.
Découper deux tronçons de tube de carbone de 60 cm.
Insérer les tubes en carbone de chaque côté du tube métallique
et présenter le longeron ainsi constitué dans la découpe
prévue à cet effet du renfort 1. Au besoin, ajuster l'angle
de pliage du tube métallique, puis coller les tubes carbones
dans le tube métallique par infiltration de cyano : c'est
terminé pour le longeron. Fermer un côté de la fente du
renfort 1 au scotch armé, puis y coller le longeron à
l'epoxy 5 minutes ou au pistolet à colle chaude. Fermer
le deuxième côté de la fente au scotch armé. Le scotch
armé augmente considérablement l'efficacité du longeron,
en évitant que celui-ci ne vienne perforer les couches
de depron du dessus ou du dessous lors d'efforts violents
sur les ailes.
|
Présentation
à blanc des différents éléments… ne cherchez pas
le scotch armé, notre cobaye a décidé de s'en passer. |
Coller les différents renforts sur l'intrados
les uns sur les autres, à la colle à bois. Les côtes pour
les positionner correctement se trouvent en page 5 du
plan. Il est inutile de mettre des quantités de colle
à bois, il suffit de mettre un fin film uniforme sur toute
la pièce à coller. Bien appuyer partout pour chasser un
éventuel excès de colle, nettoyer les bavures. Laisser
sécher au moins deux heures sous presse (magazines, bouteilles
d'eau…).
Tracer sur le dessus de l'intrados et
sur l'intérieur des extrados les zones à poncer conformément
aux côtes page 5 du plan. Poncer toutes ces zones "en
triangle" en laissant moins d'un demi-millimètre de depron
au bord de fuite. Poncer aussi à 45° le bord d'attaque
de l'intrados (illustration 2). Personnellement, j'utilise
du papier abrasif grain 120 monté sur une calle souple
à velcros. Ne pas économiser le papier de verre : on aurait
vite fait d'arracher un bout du bord de fuite qui est
très fin. Coller (à la colle à bois) au ras de cette zone
poncée, sur l'intrados, les deux pièces "renfort
élevon", comme indiquée en page 5 du plan (illustration
3). Un petit bout dépasse au saumon de chaque côté, le
couper au ras. Poncer ensuite chacune de ces pièces dans
la continuité du ponçage de bord de fuite de l'intrados
(illustration 4).
Tant qu'à poncer, autant tout faire d'un
coup. Poncer le bord d'attaque des stabs en arrondi et
le bord de fuite en pointe. Si vous n'aimez pas le design
des stabs, vous pouvez les redessiner sans pénaliser les
qualités de vol. Veillez tout de même à conserver une
surface à peu près équivalente.
L'aile est maintenant prête à être coffrée,
toutefois il reste une petite opération qui améliorera
significativement le rendu final. Sur un bord de table,
"rouler" chaque pièce de l'extrados afin de lui donner
un léger galbe. Un bord de table droit fonctionne aussi
bien qu'un bord arrondi, toutefois avec le premier il
faudra opérer en douceur pour ne pas casser le depron…
|
Bien dépoussiérer toutes les pièces,
à l'aspirateur si possible, pour éliminer tous les restes
de ponçage de depron. Vos poumons vous remercieront, mais
aussi le scotch d'emballage qui sans ça ne collerait pas
bien. Coller sur le bord d'attaque d'une des sections
centrales, sur le dessous de l'intrados, une bande de
scotch d'emballage de sorte à ce qu'elle dépasse de la
moitié de sa largeur. Sur cette moitié qui dépasse, venir
coller la pièce d'extrados correspondant, en ne laissant
aucun jour entre les deux. Pour cela, il faut poser le
bord d'attaque de la pièce d'extrados sur le ponçage à
45° de l'intrados puis la faire glisser doucement jusqu'à
ce qu'elle touche le scotch. Bien appuyer sur toute la
longueur pour s'assurer que le scotch est bien plaqué.
On peut maintenant commencer à rabattre la pièce d'extrados
doucement, en appuyant progressivement près du bord d'attaque.
Le surplus de depron au niveau de la "charnière" de scotch
va se compresser, et ce faisant, former un bord d'attaque
arrondi et dur.
|
Répéter ces opérations avec la deuxième
section centrale de l'extrados. Rabattre complètement
ces deux pièces sur l'intrados, et au besoin, découper
une petite bande sur une des pièces au centre afin qu'elles
ne se chevauchent pas. Préparer un certain nombre de poids
qui serviront à maintenir le collage. Préparer aussi deux
planchettes ou morceaux de carton dur d'au moins 60mm
de large par la longueur du bord de fuite des tronçons
centraux, elles serviront à bien répartir la pression
des poids sur toute la surface de collage. Encoller le
bord de fuite de l'intrados sur toute la largeur poncée
des deux tronçons centraux (colle blanche). Rabattre les
deux tronçons d'extrados en les plaquant bien, puis disposer
les planchettes (ou cartons) au bord de fuite. Répartir
les poids sur toute la longueur des planchettes, et laisser
sécher tranquillement.
Répéter toutes ces opérations pour les
tronçons des côtés. Au besoin, enlever une petite bande
d'extrados pour éviter que les différentes pièces ne se
chevauchent.
Après quelques heures de séchage (mieux
vaut attendre un peu trop, il serait très désagréable
de voire l'aile se rouvrir…), retirer tous les poids,
prendre votre boisson préférée et vous asseoir pour apprécier
le travail déjà accompli.
Si vous désirez entoiler votre aile au
papier kraft, il faut le faire maintenant, et couper les
élevons ensuite. Sans ça, vous seriez assurés de les vriller
à l'entoilage. Le bord d'attaque des élevons, les bords
de fuite de l'aile et des élevons seront entoilés dans
une seconde opération. Penser aussi à entoiler les stabs,
ils apprécieront! Je recommande l'entoilage au kraft pour
la version électrique, il rigidifie l'aile et la protège
très bien de toute ce qui fait d'ordinaire de petits trous
dans le depron (tiges d'herbe un peu dures, gravillons,
petits accrochages dans le transport…). J'éviterais par
contre pour la version planeur, car la prise de poids
n'est pas négligeable.
Reporter à l'intrados et à l'extrados
les côtes des elevons qui se trouvent page 5 du plan.
L'idéal est de réaliser un gabarit en depron pour s'assurer
de la meilleure symétrie possible.. Au moyen d'un cutter
bien affuté et en s'appuyant sur une règle de préférence,
inciser l'intrados et l'extrados suivant ces tracés sur
quelques millimètres de profondeur. En sortant entièrement
la lame du cutter, couper ensuite complètement les élevons
en suivant les incisions d'intrados et d'extrados. Une
petite astuce pour faciliter cette opération : bien incliner
la lame pour couper avec le plus de longueur possible,
et surtout l'huiler régulièrement au moyen d'un chiffon
imbibé d'huile. La découpe se fera ainsi sans peine.
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Recouper un peu moins de 2mm des élevons
à l'emplanture. Cela évitera qu'ils frottent contre l'aile.
Recouper aussi les élevons en biais au niveau du saumon.
Sans cela, étant donné qu'ils dépassent de l'aile, on
aurait tôt fait de les accrocher à l'atterrissage. L'articulation
des élevons se fera à l'extrados au scotch. Dans cette
optique, il faut poncer le bord d'attaque de l'intrados
des élevons à un peu moins de 45°. Pour l'articulation
des élevons, procéder comme pour le bord d'attaque : coller
sur l'extrados de l'aile une bande de scotch d'emballage
qui dépassera de la moitié de sa largeur, puis venir y
coller l'elevon en le faisant glisser sur le bord de fuite
de l'aile de sorte à ce qu'il n'y ait pas de jour entre
les deux.
Personnellement, je rajoute une bande
de scotch sur toute la longueur à l'intrados, j'ai toujours
la hantise de voire un élevon se décoller en l'air. Pour
cela, je commence par relever l'élevon d'une vingtaine
de degrés. Ensuite, je plie sur un bord d'une règle métallique
une bande de scotch d'emballage, dans le sens de la longueur,
collant vers l'extérieur (plus facile à dire qu'à faire,
les pertes en scotch sont nombreuses !). Je viens ensuite
plaquer le bord de la règle au fond de l'articulation,
puis je plaque le scotch sur aile et élevon en m'aidant
de la règle. Vu la longueur des élevons, il est bien plus
facile de faire deux bandes par élevon. Vous trouverez
ICI
une technique alternative qui donne de très bons résultats.
Il n'est pas inutile de faire un congé
discret de colle chaude entre les différentes parties
de l'extrados, qu'on pourra recouvrir d'une bande de scotch
d'emballage. Cela participe à rigidifier l'aile, en transmettant
les efforts entre les différentes panneaux.
Dernier petit détail avant de passer
à l'installation radio, le collage des stabs. Ceux-ci
forment un angle de 80° par rapport au plan de l'aile,
mais c'est surtout pour des raisons esthétiques : collés
perpendiculairement, l'aile vole aussi bien (c'est le
cas sur mon aile motorisée).
Il est temps de passer à l'installation
radio, commençons par les servomoteurs. Cette aile n'est
pas très exigeante, nous y avons monté ce que nous avions
au fond de nos tiroirs. Elle a donc reçu indifféremment
deux servomoteurs standards et deux mini servomoteurs
format "9 g". Eviter toutefois ces derniers sur une version
électrique ou sur une version planeur ballastée…
Les servomoteurs sont à loger le plus
en avant possible, avec le palonnier au droit de l'emplanture
des élevons, le corps du servomoteur vers l'intérieur.
Attention à ne pas les placer sur la clé d'aile… Pour
réaliser leur logement, rien de plus simple : placer le
servomoteur sur l'aile à l'emplacement voulu, tracer son
contour puis découper le depron couche par couche jusqu'à
ce que le servomoteur affleure l'extrados. Les fils chemineront
aisément jusqu'au récepteur sous l'extrados. Coller le
servomoteur en place, au pistolet à colle chaude idéalement.
Cette colle tiens très bien sur les boitiers en plastique
mais s'enlève tout de même sans laisser de trace. Si vous
avez opté pour des servomoteurs standards, vous devrez
découper l'aile dans toute son épaisseur! C'est le cas
sur la mienne, et ça n'a pas bougé.
Mettre en place les guignols au droit
des palonniers, et les fixer selon vos habitudes. Collé
ou vissé avec une contre plaque, si le collage est bien
fait les deux se valent. Mettre en place la tringle de
commande en corde à piano 15/10e, avec un Z côté servomoteur
et de préférence une chape à boule côté guignol.
Chercher ensuite l'emplacement idéal
du reste de votre matériel : pour cela, le coller au scotch
double face sur l'extrados et tester le centrage (indiqué
page 5 du plan). L'ajuster en déplaçant les différents
éléments jusqu'à obtenir des positions qui vous satisfassent.
Une fois cette position trouvée, intégrer ces éléments
de la même manière que les servomoteurs. Un simple scotch
d'emballage suffit à refermer leurs emplacements. Sur
la version planeur, nous nous sommes même contentés de
cette solution pour maintenir la batterie… ne pas abuser
du vol dos !
|
Les deux versions de cette
Strange, on voit que le matériel n'est pas du tout
implanté de la même façon. |
Pour la version planeur, l'alimentation
du récepteur a été confiée à un module Ubec et un accu
Li-Po 3S 1800 mAh. On pourrait la centrer avec plus léger,
ici l'accu était assez en arrière. Si vous optez pour
un Ubec, un accu Li-Po 2S 1500 mAh serait à mon sens une
bonne solution. Un pack soudé à plat de piles Ni-MH format
AA devrait aussi faire l'affaire.
Pour la version motorisée, j'ai opté
pour un moteur brushless outrunner 20-20L 1050kv alimenté
par un accu Li-Po 3S 1600 mAh 20C et une hélice 8x8 montée
en propulsif. J'ai aussi testé une hélice 9x6 qui donnait
plus de couple mais moins de vitesse, pour une autonomie
comparable. Avec cette configuration, j'ai 10 minutes
d'autonomie plein gaz et 25 minutes en volant tout doux
au ras du relief… de quoi s'amuser.
J'ai réalisé un bâti en fibre de verre
pour la fixation du moteur, installé très en arrière de
façon à ce que l'hélice ne touche pas le bord de fuite.
Si vous n'avez pas le matériel nécessaire à une réalisation
de ce type, un couple moteur en contre plaqué maintenu
vertical par deux équerres de contreplaqué et solidement
collé à l'aile fera aussi l'affaire. Ayant opté pour une
fixation de l'hélice par prop-saver (sauve hélice, fixation
souple par élastique), il arrive lors de manœuvres violentes
en vol que l'hélice désaxe et vienne taper le bord de
fuite… ça lui fait quelques cicatrices de guerre, mais
rien de gênant d'un point de vue qualités de vol.
Sur mon aile motorisée, je n'ai pas voulu
laisser de scotch apparent. De plus, ayant été obligé
de beaucoup avancer la batterie pour obtenir un centrage
correct (que je n'ai finalement obtenu qu'en rajoutant
80g de plomb supplémentaires à cause de la position très
arrière du moteur) la batterie traverse complètement l'aile
et dépasse encore un peu. J'ai donc réalisé un large capot
en fibre de verre qui englobe et renforce tout le nez
(qui est la partie la plus exposée aux chocs sur une aile
volante), maintient la batterie et referme l'emplacement
du contrôleur et du récepteur. Ce capot est maintenu fermé
par une seul vis papillon, l'ouverture du capot se fait
donc facilement et sans outil pour changer de batterie.
J'ai aussi rendu les stabs démontables
au moyen d'une vis qui traverse l'aile et d'un pion de
centrage, ce qui est très appréciable pour le transport.
Il ne reste plus maintenant qu'à réaliser
la finition. Une peinture acrylique en bombe, ou alors
appliquée au rouleau mousse ou à l'aérographe est l'idéal
autant directement sur le dépron que sur le kraft. Si
vous n'avez pas krafté votre aile, je vous recommande
d'entoiler l'intrados au scotch d'emballage transparent
(après peinture), cela évite tous les petits trous qu'on
fait à l'atterrissage.
Vous voilà maintenant propriétaire d'une
aile de pente ou de plaine selon votre choix. Il vous
reste encore à la faire voler! Premièrement, il convient
de régler la radio. Celle-ci devra permettre un mixage
"aile delta" pour gérer les élevons. Si ce n'est pas le
cas, un module type "V-Tail", monté dans l'aile, peut
s'occuper du mixage. Ces modules se trouvent aujourd'hui
pour une poignée d'euros.
Réglez le neutre des élevons (mécaniquement
de préférence! cela permet de conserver tout le débattement)
de façon à ce que ceux-ci soient levés de 14mm, mesurés
par rapport à l'intrados de l'aile à l'emplanture des
élevons. En fonction de la précision de votre centrage,
il se peut que vous ayez à ajuster cette valeur lors du
premier vol.
J'obtiens personnellement comme débattement
aux élevons 31 mm vers le haut et 15 mm vers le bas (mesurés
par rapport à l'intrados de l'aile à l'emplanture des
élevons). Ces valeurs sont données simplement pour comparaison,
surtout pour diagnostiquer des débattements trop faibles
dus à une tringlerie mal réalisée.
Pour votre premier vol, faites vous aider
d'un lanceur, ça vous évitera un retour prématuré à l'atelier.
Un léger vent de face est appréciable pour ce premier
lancer. Pour la version "pente", je saisis l'aile par
le bord de fuite à l'emplanture, et je la propulse vigoureusement.
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On a testé
pour vous, ça ne l'abime pas... mais préferrez tout
de même un atterissage sur l'herbe. |
Le vol est agréable, le faible poids
permettant de tenir en l'air avec un souffle d'air. La
pénétration est bonne et l'aile vole à une bonne allure.
Les trajectoires sont précises et sans surprise, la stabilité
sur l'axe de roulis est excellente : elle donne l'impression
de voler sur des rails… dont elle sortira sans broncher
si vous le lui demandez. Elle ne présente pas de comportement
vicieux et autorise des virages assez serrés sans décrocher.
Avec un peu plus de vent, on pourra passer après une prise
de badin boucles et tonneaux sans trop de soucis (ces
derniers désaxent pas mal). Le vol dos est possible mais
ce n'est pas la position préférée de l'aile qui aura tendance
à osciller sur l'axe de roulis, surtout si on la freine
trop. L'atterrissage se fait sans problèmes, l'aile allonge
modérément et le dépron autorise de la plaquer au sol
à condition d'avoir bien tangenté l'aire d'atterrissage.
Par grosses conditions, la ballaster permet d'augmenter
la vitesse de vol de façon appréciable sans altérer la
maniabilité. La restitution en est grandement améliorée
aussi, le seul inconvénient vient du décrochage qui arrive
un peu plus tôt. Testée à 1050 g en ordre de vol, l'aile
se comportait encore très bien (avec beaucoup de vent).
Dans la tempête, on pourrait surement monter à près de
1300 g, soit une charge alaire de 44,3 g/dm²… mais alors
attention à la résistance de la structure !
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Pour la version motorisée, il est préférable
de la faire lancer par quelqu'un qui tiendra l'aile par
le bord de fuite au niveau des deux stabs et qui la propulsera
vigoureusement, moteur tournant à fond (attention aux
doigts!), en la tenant à bouts de bras au dessus de sa
tête. L'aile va plonger un peu, la laisser prendre un
peu de vitesse, puis tirer doucement pour la faire monter.
Une fois la vitesse de croisière atteinte, la montée peut
se faire à plus de 45° sans problèmes avec la motorisation
proposée. Avec l'habitude, on peut la lancer seul, mais
la technique est différente. On saisit l'aile d'une main
par le nez, dos à la direction du lancer (dos au vent
donc!) et on lance par-dessus son épaule en effectuant
un quart de cercle avec le bras, gaz à fond la aussi.
Ne pas oublier de se tourner pour regarder où elle va!
Si cette gymnastique ne vous inspire guère, un sandow
devrait pouvoir assurer la prise de vitesse initiale.
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Vidéo du décollage de la
Strange en version électrique. (Format .wmv, 1,8
Mo) |
En vol, les trajectoires de la version
électrique sont tendues et l'aile est très stable. On
se prendra vite à voler au ras du relief tant elle vole
sur des rails. Le poids assez conséquent permet de bonnes
prises de badin mais n'handicape pas trop le taux de montée.
Les boucles passent sans soucis, on peut même sans problème
en enchainer plusieurs. Les tonneaux désaxent pas mal,
et à en enchainer trop on finit par décrocher l'aile de
façon assez désagréable (mais très aisément rattrapable
en coupant les gaz et en la laissant descendre quelques
mètres). Eviter de mettre ailerons et profondeur en butée
au même moment : le déclenché obtenu stoppe l'aile net
mais surtout désaxe l'hélice qui viens arracher un morceau
du bord de fuite. Pire, l'hélice peut se retrouver bloquer
et vous obliger à atterrir en plané (ce qui ne posera
pas de problèmes… sauf si vous êtes au ras du sol !).
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Derniers préparatifs avant
le vol… |
Aux pleins gaz, on peut tourner sur la
tranche sans beaucoup perdre d'altitude, ce qui autorise
d'effectuer ce genre d'évolutions au ras du sol (c'est
tout de suite plus marrant!). Avec du vent, voire avec
beaucoup de vent (voire même un peu plus!), veiller à
conserver du moteur vent dans le dos sous peine de la
voire s'enfoncer. Le comportement en vol dos n'est pas
excellent, comme pour la version "pente", mais à condition
de garder de la vitesse et de ne pas tourner trop serré,
on peut tout à fait voler dans cette position. Quand on
la ralentit, le comportement reste très sain, et c'est
un vrai plaisir de voler en dessous de mi-gaz à quelques
mètres du sol. En plané, manche en butée à cabrer et moteur
coupé, l'aile parachute gentiment sans donner de signes
de décrochage. Eviter tout de même cet exercice par vent
arrière! L'atterrissage est une formalité, tant l'aile
est stable. Personnellement, je coupe les gaz à bonne
distance et je viens tangenter l'aire d'atterrissage en
veillant à garder l'aile bien à plat. Dans cette position,
même si on touche le sol un peu vite, l'aile glisse au
sol et s'immobilise rapidement sans jamais s'abimer. Dernière
chose, on peut aussi utiliser cette version en pente à
condition d'avoir de bonnes conditions. J'ai essayé avec
et sans l'hélice sans constater de grosse différence de
trainée.
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En conclusion, je dirais que depuis maintenant
six mois que je vole partout et très régulièrement avec
cette aile, je n'ai pas réussi ni à la casser ni à m'en
dégouter. Appréciant immodérément le radada, cette aile
me convient parfaitement, puisqu'elle regroupe toutes
les qualités nécessaires à cette pratique : solidité,
vitesse et stabilité. J'espère qu'elle vous plaira autant
qu'à moi et que cet article vous aura donné envie de vous
lancer dans la construction.
J'ai par ailleurs présenté sur l'excellent forum "Modelisme.com"
(sous le pseudo Zarden) quelques modifications que j'ai
apporté à une Strange version planeur pur (notamment l'ajout
d'une soute à ballast), vous retrouverez ces modifications
ainsi que les constructions de certains lecteurs ICI.
Enfin si vous désirez vous aussi doter votre Strange
d'accessoires en fibre (capot moteur, guignols…), vous
trouverez ICI tous
les détails de leur réalisation.
(Sujet
actualisé le 4 novembre 2012)
N'hésitez pas à me faire parvenir
les photos de vos constructions, ou à me poser vos questions
à cette adresse :
christophe-chanudet@jivaro-models.org |