Même la visite d'un aquarium peut être source d'inspiration
pour un constructeur d'avions modèles réduits… Lors
d'un voyage en Australie, j'ai visité un parc aquatique dans
les environs de Perth. L'attraction comporte une piscine d’eau
de mer énorme qu’on peut traverser à travers un
tube de verre. Outre les requins, j'ai été fasciné
en particulier par les raies, bien plus élégantes, poussées
par de doux "battements d'ailes" pour sillonner le bassin.
Je me suis dit que ce qui fonctionnait si bien sous l'eau pourrait sans
doute donner de très bons résultats en l’air...
Stingray en train de virevolter.
On devine la très faible charge alaire.
Cette raie Stingray est a réaliser
avec quelques plaque de mousse extrudé. Sa surface d'aile
énorme lui permet des évolutions lentes, tout en douceur,
aussi bien en extérieur qu'en intérieur vu sa charge
alaire vraiment ridicule.
Inspiration...
Rentré à la maison, l’idée a été
oubliée jusqu’à ce que je tombe sur une raie volante
présentée sur le forum américain "RC-Groups".
Le collègue américain avait construit une partie de l’appareil
en plaques d’EPP. Il mesurait environ 70 cm d’envergure
et était contrôlé uniquement par des élevons.
Le principe de conception m’a inspiré mais la description
du vol et la vidéo présentée n’étaient
pas très encourageantes : l’élégance d’une
raie qui se déplace était totalement éclipsée,
l’appareil semblait difficile à contrôler et volait
aussi trop vite à mon goût. Mais de toute façon,
je voulais me lancer. D’où la réflexion : Afin de
piloter la chose correctement, il faut impérativement une commande
sur l’axe de lacet. Les élevons sont en effet placés
trop près de l’emplanture à cause de la forme de
l’aile, ne permettant pas d’obtenir une réponse efficace
et précie. Qu’est-ce qui pouvait être approprié
comme gouvernail ? Le dard, bien sûr !
Mon modèle devrait également voler en intérieur
et donc se déplacer lentement, il a donc fallu viser une faible
charge alaire. L’objet devrait occuper un certain volume et peser
le moins possible ; il fallait donc construire grand afin d’être
bien visible, c’est ce qui plait au public.
La première
Stingray
Caractéristiques
techniques
Envergure : 106 cm
Longueur : 132 cm
Poids : 250 g
Charge alaire : 4 g/dm²
Radio : 4 voies, 3 servos de 6 g
Moteur : Dymond 2730
Li-Po : 350 mAh 3S
Pour la taille du modèle, je me suis orienté en fonction
des plaques de Selitron, qui font 80 x 60 cm. Le Selitron est un matériau
similaire au Depron, qui peut se plier. Et ce qui est encore mieux,
c’est qu’il est plus léger d’environ 20%.
Les premiers essais de la Stingray ont été très
réussis, il a juste a fallu quelques corrections pour la mise
au point. Le «dard-gouvernail» est efficace et semble impressionnant.
La réponse des élevons en roulis est, comme on pouvait
s’y attendre, marginale. J'ai donc programmé la fonction
aileron et le gouvernail de façon permanente avec un mixage couplé
à 100%. Il est ainsi quasiment impossible de tourner un tonneau
mais les boucles sont très serrées, même en salle.
Lors de sa première apparition publique, ma Stingray était
accompagnée par une autre construite pour l’occasion, au
salon de la maquette de Karlsruhe en 2012, dans le cadre du spectacle
« Le monde marin ». Pour les pilotes comme pour les spectateurs,
la démonstration de ces appareils volants était impressionnante,
puisqu’une vingtaine d’espèces du monde sous-marin
évoluait simultanément dans la salle. Le vif intérêt
du public pour les raies m'a incité à élaborer
un plan. Donc si vous voulez construire votre propre Stingray, procurez-vous
du Selitron, téléchargez le plan et c’est parti
!
Vidéo au salon de Karlsruhe
2012 : "le monde aquatique"
Le plan de la Stingray est téléchargeable
(Format PDF, 520 ko).
Clic droit sur l'image, puis "enregistrer la cible du lien
sous..."
Pour ceux qui ne disposent que
d'une imprimante A4, ce fichier permet d'imprimer 18 feuilles
à réunir.
(Format PDF, 600 ko.)
Pour rappel, cette mise à
disposition gratuite des fichiers ne signifie aucunement que
chacun, particulier ou professionnel, est libre d'exploiter
financièrement, de quelque façon que ce soit,
le travail de l'auteur.
Le plan ne peut donc pas être vendu, des kits ou même
des short-kits ne peuvent pas non plus être commercialisés
sans son accord.
En cas de demande particulière, contacter l'auteur
: Lutz
Naekel
Merci également de ne
pas diffuser ces plans sur des forums et autres sites sans
en citer la source.
Les informations associées se trouvent sur cette page
et seront utiles à toute personne intéressée.
En cas
d'usurpation, toutes les mesures nécessaires seront
prises pour obtenir une réquisition judiciaire de la
part des autorités compétentes.
L'aile de la raie
Coupez avec une scie à chantourner à fil chaud –
c’est encore mieux qu’avec un scalpel – les différents
morceaux dans la plaque de Selitron. Si vous ne trouvez pas de Selitron,
vous pouvez vous rabattre sur du Depron, mais il faudra être très
prudent sur les parties qui devront être courbées. La Stingray
est faite intégralement de matériau en 3 mm. Seuls les
couples et le patin d'atterrissage sont en Selitron de 6 mm. Si vous
n'en avez pas en stock dans cette épaisseur, inutile d’en
acheter, il suffit de coller ensemble deux morceaux de 3 mm avec de
la UHU Por.
Dans l’aile, il faut pratiquer des incisions puis coller les
longerons en plat carbone de 0,5 x 3 mm. Avant d’aller plus loin
dans l’assemblage, il faut courber les bouts d'aile en les faisant
glisser de façon répétée sur le bord d'un
plan de travail. Ensuite, un plat de carbone 1 x 3 mm sert de poutre
longitudinale entre les deux moitiés d'ailes. Sur la photo, le
profilé ne court pas tout à fait jusqu’à
l’extrémité de la queue. C'est parce que je n'avais
qu'un morceau de cette longueur dans ma réserve, mais idéalement,
il devrait mesurer toute la longueur.
Le renfort central en forme de croix découpé dans une
plaque de fibre de verre mince (du contre-plaqué convient également)
fait d’abord office de clé d’aile et permet de donner
de la rigidité à l’ensemble...
Le corps de la bête
Les cloisons sont collées à l'avant aux endroits indiqués
pour donner une courbure aux pièces formant le corps. Avant de
coffrer et fermer cette partie, un renfort d’étrave en
plaque de fibre, découpé en forme de croissant, a été
collé. Dans l'ouverture frontale, le tube en aluminium pour maintenir
le moteur est collé à l’époxy avec 5°
d’angle piqueur et 1,5° d’anticouple !
Le diamètre du tube dépend du moteur utilisé. En
général, un diamètre intérieur de 8 mm est
adapté.
Les quatre parties formant le coffrage sont découpées
avec une marge supérieure de 2-3 mm et seront ajustées
plus précisément lors de l’assemblage. Les pièces
seront légèrement bombées à l’avance
en fonction de leur courbure, et les bords qui viennent reposer sur
l’aile doivent être biseautés. Ne pas se précipiter
pour coller, il faut effectuer plusieurs ajustages pour que tout s’assemble
correctement.
Nous commençons avec le collage de la partie centrale, suivie
par les deux parties triangulaires de la «tête». Les
trous pour les yeux sont marqués mais pas évidés
! Avant d'installer le gros morceau arrière du fuselage, nous
formons la partie avant. Il faut plaquer une large bande d'adhésif
sur le dos, afin de lui éviter de se briser lors du pliage. Le
rayon de courbure à l'extrémité de la queue est
extrêmement faible, les deux côtés du fuselage sont
plaqués l’un contre l’autre à ce niveau. Si
ça convient, le fuselage peut être collé tout du
long jusqu’à la tête.
Vous pouvez respirer à l'aise parce que le plus dur est fait.
La Stingray devrait maintenant faire une forte impression. Les éventuelles
fentes qui subsistent au niveau de la jonction des panneaux peuvent
être bouchées à l’enduit léger, comme
du "Rostuff" (ou Polyfilla).
Equipements
Pour rendre le modèle pilotable, il faut désormais séparer
les deux élevons de l'aile. Ils sont ensuite biseautés
sur le bord à l’avant avec un angle à 45 degrés.
Avant de réaliser les charnières avec des bandes de ruban
adhésif, les gouvernes sont renforcées par quelques morceaux
de profilés plats en carbone. Directement en appui sur ces profilés,
nous attachons les guignols qui peuvent être découpés
dans du contre-plaqué ou trouvés dans le commerce. Avant
de continuer, il faut confectionner le patin d'atterrissage avec deux
couches de matériau 6 mm (ou quatre couches de 3 mm) et le coller
exactement dans l’axe sur la face inférieure de l'aile.
Le « dard-gouvernail » peut maintenant être fixé
avec des charnières en bande dans la pointe arrière du
fuselage et dans le patin d'atterrissage. L’articulation doit
être particulièrement résistante. Du ruban adhésif
peut être placé des deux côtés ou bien la
charnière peut être réalisée avec une bande
de tissu.
Les trois servos affleurent à l’intrados. Les commandes
sont réalisées avec du jonc de carbone glissant dans des
inserts et reliées aux guignols. Ainsi, les tiges sont maintenues
à mi-longueur et ne fléchiront pas. J'avais quelques pièces
adéquates dans mon stock. On peut en mettre plusieurs entre le
servo et le guignol pour plus de fiabilité.
Le moteur est installé provisoirement sur la cellule pour s’assurer
que tout fonctionne. Il faut le retirer avec la phase de peinture du
modèle. J'utilise un petit Shocky à cage tournante de
la classe des 20 grammes. Le moteur peut être fixé dans
le tube déjà inséré si son mode de fixation
le permet, ou bien contre une cloison rapportée mais je trouve
que c’est moins joli visuellement. Le contrôleur se trouve
directement derrière le moteur, placé dans la tête.
La batterie Li-Po est située au même endroit, fixée
avec du Velcro. Une trappe triangulaire permet d'accéder au compartiment
batterie, qui peut être fermée avec du ruban adhésif,
ou encore par une fermeture magnétique plus élégante.
Tout est dans le regard...
Passons à la fabrication des yeux. Ils sont issus d’une
balle de tennis de table, séparée en deux hémisphères
avec une paire de ciseaux à ongles. Les demi-sphères résultant
sont peintes avec de la couleur argent et bronze. Les pupilles sont
ajoutées après séchage avec un marqueur noir. Un
bouchon posé dessus sert de gabarit pour tracer un cercle précis.
Il est possible d’ajouter un peu de blanc pour le fond de l'œil.
L’éclat qui leur donne l’air vivant est obtenu en
les recouvrant d’époxy 5 minutes appliquée rapidement
et sans bulles. Il ne faut plus y toucher pendant au moins une heure,
sinon il y aura des taches ternes !
Pour le montage des yeux, il faut découper les orbites au plus
juste dans la peau aux emplacements prévus. Ils sont enfoncés
par l’intérieur. Les paupières des yeux exorbités
sont confectionnée avec du matériau en 3 mm, collé
à la Uhu-Por.
Les yeux et le moteur sont alors retirés afin de procéder
à la mise en peinture. Mais avant de peindre, nous allons encore
supprimer tout excès de colle au niveau des raccords. Cela se
fait très facilement avec un chiffon imbibé d'essence.
J’ai choisi de réaliser une raie mouchetée de taches
bleues. La couleur brun de base provient d'un pot ("Do It"
par Marabout), puis j'ai appliqué les taches avec un aérographe
en les surlignant avec un mélange de bleu et de noir. Les points
s’atténuent en partant vers l’arrière.
Le grand plongeon !
Remettre en place les yeux, le moteur et le récepteur. Bien
vérifier la fixation de la batterie Li-Po 3S 350 mAh et la position
du centre de gravité qui peut varier de quelques millimètres.
Les élevons doivent être légèrement relevés,
d’environ 6 mm mesurés au niveau du bord de fuite pour
le premier vol. Les essais permettront d’affiner les réglages.
Pour que le premier lancer se passe bien, il faut propulser la Stingray
légèrement vers le haut avec un peu de vitesse.
A plein régime, le vol peut être assez rapide. Dans une
salle d’un volume habituel, on se contentera de 1/3 de la puissance
pour voler convenablement.
Je souhaite une bonne construction à tous ceux qui se lanceront
dans la construction de ce poisson volant en espérant qu’ils
prendront beaucoup de plaisir à le piloter !