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Biplan de poche
ultra léger
Présentation : Laurent Berlivet
Photos de l’auteur et de Séverine Levastre
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Le matériel électrique et électronique embarqué
dans nos modèles s’est allégé de façon
considérable ces dernières années, et heureusement,
pas seulement du côté du poids mais aussi du prix.
A la vitesse où vont les choses, on se demande si l’infiniment
petit ne remplacera finalement pas un jour le simulateur puisqu’on
arrive déjà à faire voler un modèle réduit
dans son salon ! Le virtuel ne reproduira cependant jamais les mêmes
sensations que la réalité d’un courant d’air,
d’un obstacle qui surgit ou tout simplement d’un problème
radio.
Cliquer sur le plan pour le télécharger
au format A3.
Sauvegarde en jpeg (2,14 Mo)
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Caractéristiques
Nom : Starduster
Envergure : 36 cm
Longueur : 32 cm
Surface : 3,6 dm2 environ
Masse : 28 g
Charge alaire : 7,8 g/dm2 |
2 petits films du vol avant peinture (4,66
et 3,12 Mo).
(Le deuxième est très sombre...) |
Equipement :
Moteur : KP00 réd 2,67:1
Hélice : 85x45 mm repliable
Batterie : 1 élément 145 mAh Lipo
Radio : Combo JMP 3 voies (récepteur avec variateur intégré
et deux actuateurs de type « Bird ») |
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La structure du Starduster a été
simplifiée pour le vol indoor. L’avion ressemble
toutefois à un biplan connu outre-Altantique.
On peut penser qu’il s’agit d’une cacahuète
à moteur élastique. C’est pourtant d’un
modèle RC qu’il s’agit, posé ici sur
son émetteur. |
Toujours plus petit, toujours plus léger
!
C’est une devise partagée par de nombreux fabricants. L’électronique
fait appel aux CMS (Composants Miniaturisés de Surface), les
batteries utilisent d’autres technologies permettant d’emmagasiner
une capacité bien supérieure à celles que nous
avons utilisées pendant des années pour une masse nettement
plus faible. Seul notre précieux balsa ne varie pas mais il peut
également être remplacé par des matériaux
modernes.
L’équipement du Starduster présenté ici est
donc un peu singulier mais il est disponible dans le commerce et ne
nécessite aucune connaissance particulière. Un peu de
soin, de la patience, et tout le monde peut faire la même chose
; certains font déjà même beaucoup mieux.
L’électronique est composée d’un ensemble
récepteur-variateur JMP Solutions et de deux actuateurs chargés
d’actionner les gouvernes. Poids de l’ensemble : 3,6 g !
Les actuateurs remplacent les servos utilisés habituellement.
Le principe de fonctionnement est simple : c’est en fait un électro-aimant.
Une bobine est traversée par un courant plus ou moins fort, qui
peut également être inversé. Un aimant puissant
est suspendu au centre de cette bobine. Il est relié de façon
rigide à la gouverne. La force est variable en fonction de la
puissance délivrée, et la gouverne est actionnée
en conséquence. C’est surprenant de simplicité et
d’efficacité : même les trims sont précis.
La puissance est cependant très faible. Il faut donc réaliser
des charnières qui soient très douces à actionner,
et que les gouvernes soient très légères, de préférence
compensées de façon aérodynamique et si possible
également de façon statique.
Côté batterie, on se contente d’un seul élément
Li-Poly de 145 mAh de 3,7 V (10 €) qui pèse à lui
seul 3,5 g. Il est a la limite de la consommation acceptable. Si vous
pensez sortir votre modèle à la masse indiquée,
ça passe. Dans le cas contraire, il est préférable
de placer 2 éléments en parallèle.
Le moteur est un KP00 disponible également dans le commerce (22
€). Les amateurs de cacahuètes électriques l’utilisent
déjà depuis une dizaine d’année. Ce minuscule
moteur très bien conçu est livré monté sur
un réducteur. Il est accompagné d’une hélice
85x45 mm et de 3 portes pales (bipale, tripale ou quadripale). Uun jeu
de pales suplémentaire avec un pas plus important 85x60 mm est
également fourni. De multiples combinaisons peuvent donc être
réalisée avec cet ensemble afin d’obtenir les meilleurs
performances en fonction du modèle équipé. Le système
est très bien conçu et l’hélice est même
repliable. Ca ne sert pas à gratter un peu de traînée
au plané, le vent relatif n’étant pas assez important
pour la replier mais ça évite la casse en cas de toucher
involontaire. L’ensemble est donc tout à fait fiable.
Construction : gros doigts s’abstenir
La cellule est construite à partir d’une demi-planche de
balsa 15/10 léger. Cela signifie que la planche doit peser environ
15 g, guère plus. Elle sera débitée en languettes
ou en baguettes, en fonction de leur destination. L’important
est de bien respecter le sens des fibres afin de donner un peu de résistance
à cette frêle structure.
Les nervures sont creuses, pour faciliter la découpe et aussi
pour gratter quelques dixièmes de grammes.
Elles sont toutes découpées de manière identique,
avec un petit gabarit en contre-plaqué ou avec un pistolet à
dessin que l’on fait glisser. L’usage d’un scalpel
est quasi impératif pour ne pas casser le bois dans le sens des
fibres lors de la découpe. Certains amateurs de cacahuètes
utilisent une lame de rasoir cassée en pointe. Si vous savez
la casser sans vous blesser, vous pouvez essayer.
On travaille sur le plan protégé par un film plastique,
après avoir découpé les pièces l’une
après l’autre avec beaucoup de soin. Le collage se fait
bien sûr à la cyano, question de poids toujours.
Les bords d’attaques sont découpés dans une baguette
balsa 2x2 plutôt que dans une planche. Le bois est en général
plus dense et donc plus solide.
Pour le fuselage, les baguettes sont coupées sur place, éventuellement
reponcées avec une lime à ongle si nécessaire.
Chaque pièce doit venir se positionner parfaitement contre l’autre
; il est absolument impensable de combler le moindre espace avec de
la colle.
Si une pièce doit être maintenue en place, on peut utiliser
un morceau de ruban adhésif, ou bien des épingles à
condition de les planter de part et d’autre des pièces
et non pas au travers, ce qui fragiliserait la cellule.
Quand un élément est terminé, il est aussitôt
mis de côté pour ne pas risquer d’être détruit.
C’est si léger que la balance n’affiche même
pas le poids des éléments séparés.
Les nervures de l’aile, toutes identiques, sont recoupées
si nécessaire en longueur à chaque extrémité
afin de se positionner entre le bord d’attaque et le bord de fuite.
Celles qui se trouvent au niveau des haubans, ainsi que celles d’emplanture
sont plates à l’intrados pour une solidité accrue.
Le fuselage est construit de la même manière. Après
construction et entoilage, une languette placée sur la tranche
évitera les déformations dans le sens longitudinal.
Pour plus de solidité, les montants de la cabane sont en balsa
20/10 un peu plus dur. Le support moteur est en samba 3x8 et la baguette
qui réuni les 2 volets de profondeur est en hêtre, issue
d’un cure-dents… Ce sont les seuls renforts nécessaires.
La cellule seule pèse 4 g sans entoilage.
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Ca prend forme. Il reste à entoiler et à
poser l'équipement radio.
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Sans la peinture, le modèle entoilé
au mylar dévoile sa frêle structure. Il pèsera
4 g de plus après décoration.
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Finition
La cellule terminée a reçu dans un premier temps une couche
de Balsaloc, un produit qui se pose au pinceau et qui devient adhésif
lors du passage du fer à entoiler. Bien sûr, afin de ne
pas alourdir le modèle, seules les surfaces où le film
vient en contact ont été enduites. L’appareil a
été entièrement recouvert d’un film de mylar,
tendu à chaud.
La partie mobile du stab est glissée dans un premier temps au
travers du fuselage puis c’est au tour de la partie fixe. Après
collage de cette dernière, on peut réaliser l’articulation.
Pour les charnières (4 sur le stab, 3 sur la dérive),
j’ai utilisé de l’élastique de mercerie non
gainé, très fin, environ 8/10, collé avec une pointe
de cyano dans une fente pratiquée au cutter (provenance de l’élastique
: la bande ceinture d’un vieux slip, si, si !). La charnière
obtenue est donc très souple et permet d’obtenir un rappel
au neutre si la gouverne n’est pas trop lourde.
L’installation radio peut se faire dès à présent
ou après peinture. Il faudra juste protéger les éléments
des éventuelles projections.
Ce n’est pas parce que l’on souhaite réaliser un
modèle le plus léger possible qu’il faut négliger
les détails qui changeront l’aspect final. Ainsi, un cône
a été tourné dans un petit bloc de balsa monté
sur une mini-perceuse. La fixation se fait sur le moyeu de l’hélice
avec une morceau de chalumeau en plastique (paille alimentaire) qui
rentre juste en force.
Un petit pare-brise a été découpé dans un
emballage en plastique fin. Un trait de feutre indélébile
vient délimiter visuellement le pourtour.
Les roues sont constituées de deux épaisseurs de balsa
15/10, fibres croisées pour plus de solidité. Elles sont
également tournées à la perceuse. Le pneu est simplement
tracé au feutre. Inutile de se compliquer la vie à cette
échelle. Les carénages de roues, indispensables pour le
look, sont également réalisés avec deux épaisseurs
de balsa. Plutôt que de les faire creux, ils ont été
découpés un peu plus large que les roues qui se trouvent
ainsi dans le même axe. La fixation se fait avec un morceau de
balsa placé horizontalement, qui vient se coller sur le pantalon
de roue. Le train est en corde à piano 8/10, plié d’une
pièce. La fixation sur le fuselage se fait au moyen d’un
morceau de gaine thermorétractable, collé après
mise en forme, dans une rainure pratiquée sur le fuselage. Ce
train est donc facilement démontable.
La peinture a été passée à l’aérographe.
C’est de la Humbrol très diluée. L’intrados
des ailes et du stab n’a pas été peint, pour gagner
un peu de poids. Il faut savoir que cette déco supplémentaire
qui change totalement l’aspect du modèle a fait passer
la masse de 24 à 28 g. La peinture représente donc plus
de 15% de la masse du modèle. Si vous avez construit un peu lourd,
il sera bon de s’en passer.
Pour l’aspect final, quelques autocollants ont été
réalisés avec un film plastique autocollant passé
dans l’imprimante et recouvert d’un voile de verni incolore.
Décor léger à l’aérographe.
La peinture est très diluée.
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Une bande de tôle fine est idéale pour
maintenir les aimants au centre de la bobine.
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Détail de l’actuateur qui commande la profondeur.
Il est fixé directement sur le stabilisateur.
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Equipement
Les deux actuateurs sont directement casés sur les gouvernes.
Le support des aimants a été découpé dans
la tôle d’une canette de soda. C’est bien plus facile
à manipuler et à régler qu’une bande de papier
imbibé de cyano, et ça ne bouge pas à l’humidité.
Ces actuateurs sont placés à quelques centimètres
l’un de l’autre, et les aimants sont si puissant qu’ils
produisent quelques interactions, heureusement sans conséquence
quand le modèle est en vol. Ne pas placer ces actuateurs à
moins de 4 ou 5 cm l’un de l’autre pour éviter ce
genre de souci.
Le récepteur est placé dans l’épaisseur du
fuselage, dans une fenêtre découpée un peu juste.
Le moteur KP00 est tenu par 2 vis sur le bâti en samba, une simple
baguette collée contre le flanc du fuselage.
La batterie de 145 mAh tient avec un morceau d’adhésif
double face sur un flanc. Elle peut être remplacée par
3 éléments de 50 mAh Ni-Cd pour ceux qui n’ont pas
encore goûté à cette technologie.
Le centrage est obtenu sans plomb. Déplacer au besoin l’un
des éléments embarqués.
Réducteur simple à pignon. L’hélice
est repliable et le cône est tourné en balsa.
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Le pilotage en 2 axes est à la portée
de tous, ou presque.
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Le vol en intérieur est facile. En extérieur,
il faut que le vent soit totalement absent.
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Vol : On ouvre grands les yeux
Les vols se font de préférence en salle car le moindre
souffle peut perturber la trajectoire. Le décollage du sol est
une formalité, le taxiage aussi car la dérive est parfaitement
soufflée. Il est même très amusant de rouler sur
une roue, queue haute, puis d’alterner le virage d’un simple
coup de direction.
La vitesse n’est pas très élevée et donne
un air de légèreté au modèle. Les gouvernes
sont d’une précision surprenante. On aurait pu s’attendre
au contraire quand on voit la souplesse à l’arrêt
et la faible force exercée par les actuateurs.
Le vol plané est même étonnant malgré la
traînée. Il ressemble à celui d’une cacahuète
lorsque l’écheveau de son moteur caoutchouc est détendu.
Aucun problème de portée radio n’a été
rencontré et le modèle peut voler loin à l’autre
bout de la salle même si d’autres modèles sont en
vol. Il est si petit qu’on le perdra de vue avant que la portée
ne diminue…
Des vols ont été effectués dans une salle de 7x7
m. Bien sûr, il faut décoller en cercle et virer constamment.
Au bout de quelques tours, l’avion finit par croiser son propre
sillage et se fait de plus en plus chahuter…
Par temps très calme, on peut voler en extérieur. La place
disponible apparaît alors immense.
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Une once de plaisir
Effectivement, ce petit biplan de 28 g procure bien du plaisir malgré
son vol simple en 2 axes. Sa construction est assez rapide, même
si elle demande du soin au niveau de l’ajustage des pièces.
L’entoilage est aussi un peu délicat et l’on prendra
garde à ne pas vriller la cellule.
Afin de le garder longtemps en bon état, il est préférable
de lui confectionner une boîte sur-mesure, le moment où
il souffre le plus étant celui du transport entre l’atelier
et le terrain de vol.
A tous ceux qui se lanceront dans l’aventure : bons vols au
pays de Lilliput…
Contacter l'auteur : laurent@jivaro-models.org