Présentation : Jean-François
Durix
Voilà un peu plus d’un an que je me suis remis
au modèle réduit et l’envie d’acquérir
un motoplaneur électrique performant se faisait de plus en plus
pressante à la fin de l’été 2014. Nous avions
fait beaucoup de remorquage mais vu mon agenda de travail il m’arrive
de vouloir aller voler à des moments où mes amis retraités
ne sont pas là à m’attendre au terrain avec leur
remorqueur. Mon Ka6e vole à la perfection dans les thermiques
mais ce n’est pas non plus ce que l’on appelle une bête
de voltige et de vitesse.
Cela faisait quelques temps que j’en parlais avec mon ami Jürgen
quand un jour il me demande si ça me dirais que l’on monte
ensemble les 2 mêmes planeurs. Notre choix c’est rapidement
arrêté sur le Sharon 3700 E de Valenta. Voilà un
bon projet pour occuper nos soirées d’hiver et être
prêts pour la reprise au printemps.
Je vous propose ici de partager mon expérience
avec ce projet.
CHK, Valenta annonçaient 4 à 6 mois de délais
de livraison. Modellbau
Schmierer annonçait de 3 à 4 mois. Nous avons donc
passé commande chez lui. La suite nous a prouvé que tous
les fournisseurs ont la même source : Valenta qui semble
avoir du mal à tenir la cadence de fabrication. Résultat :
une commande passée en octobre 2014, une livraison le 1er avril
2015 !
Côté prix, tous les fournisseurs sont alignés et
notre Sharon 3700 E avec D-Box m’a coûté 855 €.
Il est possible de choisir la décoration parmi une vaste gamme.
Mon ami Jürgen n’a pas eu la patience d’attendre et
a trouvé une bonne occasion pour un Sharon 4200 avec D-Box ;
celui-ci va donc nous servir de référence pour le montage
du mien.
|
Pour le choix du moteur, nous nous sommes adressés à
Andy Reisenauer avec le cahier des charges suivants : que nous
conseillez-vous pour Sharon 3700 alimenté en 4s ; on souhaite
avoir un taux de monté max de 45° ?
Le lendemain sa réponse était la suivante : hélice
18''x10'' avec 2 options de groupes motopropulseurs :
Le second est 40 € moins cher mais pour ce genre de projet, je
n’étais pas persuadé de l’importance de 40
€ comme nous le verrons plus tard !
Par contre, voici les paramètres clés que l’on peut
trouver sur le site de Reisenauer :
-
Peggy Pepper : 4s - 14,8V
– 18’’x10’’ GM CFK M35, 6598 rpm, 44
Amp. 649 Watt, Poussée 5862 g, Vit max 101 km/h, Eta 83,8%
- 25Sek, Poids : 162 g
-
Leopard : 4s - 14,8V - 18x10
GM M40, 6948 rpm, 56 Amp. 831 Watt, Poussée 6576 g, VPitch
106 km/h, Eta 79%, Poids : 230 g
Mon choix s’est donc porté sur le Peggy Pepper qui même
s’il est moins puissant devrait permettre de bien monter et surtout
pèse 70 g de moins.
En plus de la commande du modèle, il vous faudra acheter un
nombre certain d’équipements supplémentaires. Mon
ami Jürgen (retraité et passionné) a passé
des heures pour nous préparer une liste super détaillée
de tous les éléments. Je la partage ici avec des prix
indicatifs ainsi que le lien vers les sites où je me suis procuré
le matériel. Je ne suis pas sponsorisé et libre à
vous d’acheter où vous le souhaitez. J’ai juste pensé
que vu le temps passé à mettre cette liste en place, il
serait dommage de ne pas en faire profiter les lecteurs du site intéressés.
Mine de rien, il y en a pour plus cher que le modèle…
Description |
Quantité |
Fournisseur |
€ approx. |
Servos d’aile S3150 |
5 |
Voelkner |
160 € |
Servos profondeur et dérive DES 678 |
1 |
Voelkner |
60 € |
Châssis pour les servos d’aile…
les plus petits possible car il n’y a pas beaucoup de place |
4 |
Schweighofer |
20 € |
Peggy Pepper mit 4plus Inject |
1 |
Reisenauer |
247 € |
Contrôleur avec un BEC qui assure (> 6A) : YGE 90 |
1 |
Reisenauer |
159 € |
Cône d’hélice avec ouverture frontale pour
le refroidissement
(Diamètre 45 mm, longueur 37 mm) |
1 |
Reisenauer |
5 € |
Moyeu pour l‘hélice |
1 |
Reisenauer |
12 € |
Hélice 18''x10'' GM en carbone |
1 |
Reisenauer |
37 € |
Élastique pour hélice M |
1 |
Reisenauer |
2 € |
Accu propulsion 4s 4500 |
1 |
|
50 € |
Contre-plaqué 2 ou 3 mm |
|
|
|
Connecteur mâle/femelle
MPX pour connexion
des parties extérieures des ailes |
2+2 |
Lindinger |
6 € |
Sub-D connecteur mâle/femelle15-pol |
1 |
|
2 € |
Cable servo 0,25 mm² |
6 m |
Lindinger |
9 € |
Connecteurs pour accu |
|
|
|
Housses de protection pour le modèle |
|
RC-TASCHEN |
139 € |
1er avril, un énorme carton de plus de 2 m de long arrive à
la maison. A l’ouverture, ce n’est pas un poisson, l’impression
est bonne : le carton est un double carton ondulé, plein
de papier journal. Les 3 morceaux d’aile et le stabilisateur sont
soigneusement protégés dans du plastique à bulle.
La qualité de surface, la finesse des ailes, la perfection des
assemblages et de la construction sont incroyables pour un bleu comme
moi qui n’a eu jusqu’à présent que des machines
en structure ou styro coffré. La seule surprise fût de
voir qu’il n’y avait pas de tige kevlar dans le fourreau
de la commande de profondeur et que le guignol de commande de profondeur
n’est pas en équerre comme indiqué sur le plan très
sommaire de montage fourni par Valenta mais prévu pour une commande
directe et donc un servo monté directement dans la dérive.
Il nous a fallu 5 séances d’environ 6 heures de travail
pour venir à bout de l’assemblage.
Commençons par le plus pénible : la commande des
volets. Vous allez rire mais je pense avoir passé pas loin de
5 heures à étudier la meilleure manière de faire
fonctionner celle-ci. Les indications de longueur de commande fournies
par Valenta ne m’ont été d’aucune utilité .
Voici en gros les grandes étapes que j’ai suivies (je vous
passe les divers essais infructueux) :
-
Visser le guignol à œil en place dans
le volet
-
Côté intrados, placer servo + châssis
dans l’aile en vérifiant
- Alignement palonnier et guignol
- Possibilité d’accéder aux vis de fixation du
servo ; il m’a fallu rogner un peu l’ouverture
-
Souder queue de chape 2,5 mm à un morceau
de corde à piano de 2 mm de diamètre
-
Repercer le palonnier pour qu’il s’ajuste
sans jeu au guignol
-
Côté guignol, il a fallu me résoudre
à tordre la corde à piano À 90° et sécuriser
le tout avec une goutte de coller UHU Stabilit Express ; la commande
est trop courte pour pouvoir accepter 2 chapes + pied.
-
Bien vérifier que les débattements
élevés vers le bas ne créent pas de problèmes
La bonne chose, c’est que lorsque l’on a fait une commande,
l’autre est terminée en très peu de temps !
J’ai passé les fils de servo torsadés dans les ailes
avant l’encollage des châssis de servo ; il n’a
pas beaucoup de place. Après avoir tous vérifié
une dernière fois, poncé légèrement l’intérieur
de l’aile, dépoussiéré et dégraissé,
les châssis de servo sont collés en place à la UHU
Stabilit Express.
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|
Servo de volet de courbure monté.
Le montage des commandes d’aileron ne m’a pas posé
de problème particulier, je vous passe donc les détails. |
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|
Servo d’aileron avec connecteur Multiplex |
Connexion de l’aile au fuselage |
L’étape suivante a été de faire un peu
de soudure dans les spaghettis ! Pour la connexion des éléments
d’aile extérieurs, j’ai utilisé des connecteurs
Multiplex. Le connecteur MPX femelle est collé dans la partie
centrale de l’aile ; la partie mâle et laissée
libre afin de faciliter le montage. Faites un plan des connexions histoire
d’éviter de griller bêtement un servo ! Pour
la connexion des 4 servos d’aile au récepteur, on utilise
les connecteurs à 15 pôles. Je ne sais pas s’il y
a un nom dédié en français mais en allemand ils
appellent cela un arbre à câble (Kabelbaum), ce que je
trouve assez parlant .
(NDLR : Connecteur DB15) Il faut s’armer de patience et bien
s’appliquer pour faire des soudures propres. Prenez le temps de
vérifier et revérifier les connectiques. J’ai bien
failli griller un servo par une petite faute d’inattention.
|
Voici le plan de connexion
que j’ai adopté (vue de face du connecteur femelle) :
Le connecteur est maintenu en place dans l’aile qui a été
pré-percée à l’aide de 2 petites vis. |
Le couple fourni collé avec l’avion nécessite
d’être percé pour le moteur de votre choix. En plus
d’un collage très moyen, j’ai également remarqué
qu’il n’y avait ni piqueur ni anti-couple dans l’assemblage
fourni. J’ai donc passé commande à Reisenauer d’un
couple déjà tout fait spécialement pour le moteur
que je lui ai commandé. Le couple étant légèrement
plus grand, j’ai dû recouper le fuselage derrière
le couple installé d’origine (environ 1 cm).
Le piqueur de 2° et l’anti-couple de 5° ont étés
déterminés et marqués au marqueur. J’ai utilisé
la technique du caoutchouc pour tracer le plus proprement possible.
La découpe est ensuite faite avec un disque monté sur
une mini-perceuse.
|
|
Tracé du plan de découpe |
Chanfrein du couple |
Notez comment j’ai monté le couple sur un boulon. Cela
m’a permis en bloquant le boulon dans le mandrin d’une perceuse
de poncer un angle afin d’avoir une surface de collage optimum
avec le fuselage.
Pour obtenir le collage le plus propre, j’ai utilisé
une plaque de bois sur laquelle et tiré en force le couple encollé
et rentré depuis l’intérieur du fuselage. Collage
à la colle UHU Stabilit Express.
Pas moyen de passer un châssis
de servo dans la dérive. Le servo a été emprisonné
dans de la grosse gaine thermo qui a ensuite été
poncée et collée en place avec de la colle UHU Stabilit
Express. J’ai auparavant fait un test sur une planche de
contre-plaqué.
Après un séchage d’une nuit et un bon « bourrinage »,
c’est la surface du contre-plaqué qui est venue et
la gaine thermo n’a pas bronché. Ça devrait
donc tenir. J’ai pu vérifier également suite
à cet essai que la gaine thermo protège très
bien le servo de la colle et permet un démontage propre.
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|
La commande de profondeur est sécurisée
par une goutte de colle. 10 g sont collés sur la gaine
thermo pour assurer le centrage. |
J’ai choisi de monter le régulateur au fond du fuselage
et de construire une plateforme au-dessus pour soutenir l’accu.
Cette plateforme est démontable afin de pouvoir accéder
au régulateur.
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|
Le régulateur est tenu au fond du fuselage par
du velcro. |
La platine, avec ses anneaux de velcro
pour tenir la batterie. |
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|
Pour tenir
le servo de dérive et le récepteur, une autre platine
a été créée à l’arrière. |
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|
Une petite planche
de contre-plaqué est également collée au
fuselage et au demi-couple arrière pour empêcher
le flambage de la commande de dérive. |
La dernière galère a été l’ajustage
de l’aile sur le fuselage. Il m’a fallu rogner l’arrière
du connecteur à 15 pôles de manière à le
reculer d’1 mm pour obtenir une connexion sans problème.
Une petite planche de 1 mm est également placée sous la
partie arrière de ce connecteur (sainte cyano) de manière
à ce que le connecteur soit légèrement incliné
vers l’avant du fuselage. Il m’a fallu ensuite rogner très
légèrement le fuselage au niveau de son plan de joint
afin de permettre à l’aile de bien rentrer vers l’avant
et ainsi pouvoir proprement la visser sur le fuselage sans trop forcer.
Les divers caches pour les servos sont découpés et collés
en place au scotch afin de permettre une visite de temps en temps. C’est
également utile quand on se rend compte qu’on a besoin
de plomber l’arrière pour centrer le modèle. Seuls
les caches d’extrados des volets sont collés à l’époxy.
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Tracé des axes de découpe au marqueur
(ça s’enlève au diluant pour verni à
ongle) |
Vérification avant tracé
et découpe de l’axe de la commande. |
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Découpe du carénage. |
La friction autour des clés du stabilisateur était un
peu faible ; j’ai mis un peu de cyano et ai ensuite poncé
jusqu’à obtenir « la bonne friction ».
Bien attendre que la colle soit sèche.
J’ai confectionné 2 taquets
avec un système de reliure de bureau pour maintenir les volets
en place durant le transport ; ça évite d’abimer
les arêtes lors de l’extraction des protections. |
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Réglages
de la radio |
Le moteur est commandé
par un interrupteur à 3 positions. La montée en
régime est réglée progressive (1,4 s) pour
ménager le réducteur
J’ai choisi de simplifier
les choses en configurant seulement 3 phases de vol (Valenta
recommande une phase de décollage mais cela s’est
avéré inutile) :
Les débattements adoptés sont ceux recommandés
par le fabriquant :
(+ vers le bas, - vers le haut) |
Ailerons |
+4 mm ; -17 mm |
Volets |
+5 mm ; +49 mm |
Dérive |
24 mm |
Profondeur |
+6 mm ; -6 mm |
Thermique : mixage volet/ailerons |
+1,5 mm ; +1 mm |
Thermique : profondeur |
neutre |
Normal : mixage volet/ailerons |
-1,8 mm ; 0 mm |
Normal : profondeur |
1 poil de piqueur |
Vitesse : mixage volet/ailerons |
-3 mm ; 0 mm |
Vitesse : profondeur |
1 poil plus de piqueur |
Crocodile : mixage volet/ailerons |
+45 mm ; -16 mm |
Compensation profondeur pour
les freins |
+4 mm |
Mixage gaz > profondeur |
Un poil de piqueur avec les
gaz |
Expo profondeur |
30% |
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1 mois après avoir démarré l’assemblage
de mon Sharon, et environ 40 heures de travail, j’ai pu sortir
mon dernier joujou de l’atelier et lui faire prendre l’air
frais. Le vent s’est calmé en cette belle fin d’après-midi
du 10 mai. Essais de portée, centrage, le moteur semble tirer
fort tout en étant extrêmement silencieux. Mon ami Jürgen
lance la bête avec un angle de 20° vers le haut ; le
Sharon monte sous un angle d’environ 45°, les ailes bien à
plat puis d’un coup après avoir pris de la vitesse cet
angle augmente tant que je dois pousser à la profondeur. J’ai
donc configuré un mixage moteur>profondeur qui règle
depuis ce problème.
|
|
Arrivé à environ 200 m sol, je coupe le moteur et entame
mon demi-tour pour revenir. Les commandes sont très homogènes,
réactives mais douces. J’attaque le test de centrage avec
la descente à 30°. Il se remet très rapidement à
plat ; mon modèle est donc légèrement centré
avant. Vient ensuite le réglage des trims de profondeur pour
les phases Normal et Vitesse. J’avais tapé dans le mille
pour la phase Thermique en utilisant le point médian de la commande
du volet de profondeur.
|
Après une remise des gaz, je fais un essai de décrochage
face au vent. Il faut vraiment lui tirer dessus pour le voir décrocher
sans trop de violence. Il s’ensuit toutefois une perte d’altitude
d’un peu plus de 10 mètres donc à éviter
proche du sol. Je remonte et attaque le test des volets crocodile. Je
commence à les sortir doucement et la machine se met à
bouchonner dangereusement et j’ai vraiment du mal à compenser
à la profondeur. Je décide donc de me poser en phase vitesse,
volets à moitié sortis en poussant à la profondeur
et en relâchant pour l’arrondi ; pas idéal mais
j’ai réussi à me poser proprement après avoir
avalé toute la piste. Il m’a fallu 3 vols pour arriver
à trouver la bonne compensation à la profondeur.
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J’ai en tout fait 7 vols en cette fin d’après-midi.
La machine vole extrêmement bien et une fois les premiers vols
de réglage passés, on se relaxe très vite. Passage
plein badin à ras du sol à plat, sur le dos. La machine
restitue très bien et on peut faire en toute tranquillité
son tour de piste. Les tonneaux passent parfaitement dans l’axe
sans besoin de quelque compensation que ce soit.
Y a plus qu’à l’essayer dans les thermiques et à
la pente. Des bons moments en perspective…
Séance vol de pente
à la Banne d'Ordanche
(16 mai 2015)
Pente nord aujourd'hui avec un groupe de joyeux lurons alsaciens.
Un peu plus de 2 heures de vol dans une ambiance géniale
et l'accu est encore à 95% !
Tout y est passé et le Sharon s'avère également
très bon à la pente. Passages dos au ras des moustaches
(il faut pas mal pousser quand même !). Virages tranche
avec resources magistrales à la suite.
J'ai fait des envieux et le Sharon était l'attraction
l'après-midi.
Là où il a vraiment fait des jaloux, c'est à
l'atterrissage. Avec la puissance de freinage des crocodiles,
j'arrivais à me poser aux petits oignons dans les myrtilles
et surtout entre les rochers.
Il y a eu pas mal de casse sur des machines plus petites qui
n'avaient pas le bénéfice de ce système de
freinage... |
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Contacter l'auteur : jean-francois.durix@jivaro-models.org
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