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Présentation : Franck Aguerre
Ce réglage se décompose en celui du centrage
et celui des calages de voilures.
Il conditionne à l’ordre :
- un : les qualités de vol, pouvant aller
d’un comportement pataud à une vivacité excessive qui peut même rendre
le modèle impilotable.
- deux : les traînées du stab et du fuselage, qui influe sur les performances
du modèle : taux de chute, finesse, ainsi que besoin en puissance du
moteur (donc autonomie).
- l’opération de centrage consiste à déplacer
les masses de l’appareil (ou, si besoin, ajouter une masse) pour positionner
le centre de gravité de l’avion (CG) à une certaine distance (appelée
marge statique) devant le foyer aérodynamique de l’avion.
- le foyer est un point fixe autour duquel une variation d’incidence
n’engendre pas de variation de moment de l’avion, c'est-à-dire n’engendre
pas d’effort tendant à changer la trajectoire de l’avion (généralement,
quand l’avion est stable, il tend à se remettre naturellement à plat).
- la position du foyer ne dépend que de la géométrie plane (en vue de
dessus) de l’avion et absolument pas du profil (fort heureusement… sinon
comment cela pourrait-il fonctionner en vol dos, puisque le profil est
inversé et même « autostable » ?). C’est donc la répartition des surfaces
(fuselage y compris) de cette géométrie plane qui joue, ce qui explique
pourquoi un canard se centre « très avant », une aile volante autour
de 20% de la corde moyenne ou un oldtimer à gros stab se centre « très
arrière ». C’est exactement le principe d’une girouette, le foyer correspondant
au point où, si l’on y positionne l’axe d’articulation de la girouette,
cette dernière n’est ni stable ni instable dans le vent. Cela vaut évidemment
aussi pour l’axe de lacet.
- la marge statique ne dépend que du besoin en stabilité, dans une plage
assez étroite (généralement de 0% = parfaitement neutre à +7% = très
stable) indépendante de la formule de l’appareil. Les logiciels ou les
méthodes de calcul qui conseillent des marges plus élevées sont donc
à écarter, la marge statique servant dans ce cas de variable d’ajustement
pour masquer des calculs insuffisamment précis.
Pour
détailler un peu plus : |
- le foyer de l’avion est déterminé par les
surfaces de chaque élément de l’avion (aile, stab, fuselage) et les
positions relatives de leur foyer respectif (25% de leur corde moyenne).
Leur efficacité de portance -pour une variation d’angle donnée (rappel
essentiel : la portance est proportionnelle à l'incidence)- importe
aussi, cette efficacité dépendant de l’allongement (plus il est faible
et moins l'aile est efficace) ainsi que, pour le stab, de sa position
par rapport à l’aile : plus il est proche de cette dernière et plus
il subit l’effet de la couche d’air qu’elle dévie vers le bas (sillage)
et moins il est efficace. Le calcul de la position du foyer de l’avion
n’est donc pas si simple… mais, heureusement, il y a PredimRc
- la position du foyer, donc du CG, se calcule généralement
par rapport à la corde moyenne de l’aile, car c’est le principal élément
porteur de l’avion. Par commodité, on l’exprime relativement au bord
d’attaque à l’emplanture (= plan d’interface avec les flancs du fuselage)
de l’aile. D’où probablement la confusion qui s’est installée : une
géométrie d’avion classique donnant généralement un CG autour de 30
à 35% de la corde moyenne, ce qui donne autour de 30 à 35% de la corde
d’emplanture pour une aile rectangulaire, il en a résulté à force de
simplifications le dogme d’un centrage universel au tiers de la corde
(laquelle ?), mais qui n’est donc que la conséquence d’une géométrie
d’avion courante et, en conséquence, n’est ni une généralité ni une
règle de calcul.
- la stabilité en tangage (= capacité à conserver naturellement
une trajectoire sur cet axe, ou y revenir après une perturbation) est
proportionnelle à la marge statique :
-
plus le CG est placé devant le foyer (ms
> 0), et plus l’appareil est stable.
-
si le CG est positionné sur le foyer (ms
= 0), l’appareil est neutre, il n’a pas de trajectoire préférentielle.
-
si le CG est positionné derrière le foyer
(ms < 0), l’appareil est instable et potentiellement involable.
Vol
équilibré |
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Pour voler droit, la portance
de stab (via le calage / trim de stab) équilibre les moments
autour du CG (moment de profil et portances * bras de levier
entre foyers et CG). Pour un appareil donné, à chaque position
de CG correspond donc une portance -donc un calage particulier-
de stab permettant d'assurer l'équilibre longitudinal. |
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Après
perturbation
(= changement d'incidence) |
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CG très avant : Les variations
de portance participent toutes à la remise en ligne. |
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CG neutre : Les variations de
portance s'annulent, il n'y a pas de tendance à se remettre
en ligne ou à diverger. |
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CG très arrière : Les variations
de portance accentuent la perturbation, la trajectoire est
divergente. |
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Quelques
éléments complémentaires : |
- le besoin en débattement de la commande de
profondeur est inversement proportionnel à la marge statique.
- les calages se déterminent par rapport à la ligne « neutre » du fuselage,
c'est-à-dire son axe moyen (comme pour un profil).
- le calage de l’aile permet de positionner la ligne de vol du fuselage
et conditionne l’incidence de l’aile pour laquelle la traînée du fuselage
est minimale.
- le calage du stab permet d’équilibrer les forces (les moments, pour
être précis) autour du CG sur l’axe de tangage. Si le CG est avant,
il conditionne donc la trajectoire et, en l'absence de moteur, la vitesse
naturelle de vol manche de profondeur lâché. Tandis que, si le Cg est
neutre, il n'y a pas de vitesse naturelle de vol.
- dans le cas d’une aile volante, dépourvue
de stab, c’est la modification du profil (précisément de son Cm = coefficient
de moment) par les gouvernes de bord de fuite qui permet d’équilibrer
les moments autour du CG.
- trimmer la profondeur revient à modifier le calage de stab (ou la
cambrure du profil pour une aile volante), sans aucun autre effet induit
sur les qualités de vol si le réglage est raisonnable (jusqu’à +/- 5°
environ).
L'enchaînement
des réglages à l’atelier, dans l’ordre chronologique : |
- on place (support de centrage, méthode de
la pesée, méthode du fil à plomb) le CG à l’endroit calculé pour un
niveau de stabilité voulu (en fait toujours le même, 3% de marge statique,
sauf application spécifique), indépendamment de toute autre considération.
- on cale l'aile pour l'allure visuelle du fuselage et/ou optimiser
les perfos de l’appareil (pour le régime de vol où le fuselage est aligné
avec la trajectoire).
- on cale le stab pour voler droit (= équilibrer longitudinalement).
- au besoin (une construction n’est jamais parfaite…), on trimme la
profondeur pour affiner le calage de stab.
Les
interactions entre réglages : |
- modifier le calage d'aile ne change pas
l'incidence de l'aile en vol (puisque, pour un besoin de portance donné,
il faut toujours la même incidence...).
- modifier le calage d'aile change l'incidence du fuselage, avec trois
effets : allure visuelle, décalage de la courbe de traînée du fuselage,
décalage de la courbe de portance du fuselage (=> nécessite de corriger
le calage / trim de stab).
- modifier le calage du stab change uniquement le trim de profondeur
(à iso-trajectoire), ce sont juste deux facettes de la même chose.
- modifier le centrage nécessite une correction du trim de profondeur
(non pas parce qu’il y a plus ou moins de poids à l’avant, mais parce
que l’équilibre des forces de portance de l’aile et du stab n’est plus
le même, les bras de levier entre le CG et les foyers aile et stab -où
s’appliquent leurs portances respectives- changeant avec le déplacement
du CG).
- un mauvais calage de stab (ou mauvais trim de profondeur) ne se corrige
pas (pour voler droit) par une modification du CG (!) mais par un réglage
dudit calage (ou trim de profondeur).
La
méthodologie de réglage en vol, dans l’ordre chronologique : |
- on met l’appareil dans une situation confortable
(à environ 20-30 m de hauteur, face au vent).
- si l’appareil est motorisé, on coupe le moteur ou du moins on réduit
les gaz au minimum.
- on trimme la profondeur pour avoir une trajectoire rectiligne naturelle
(sans toucher les manches) et à une vitesse modérée (ce qui facilitera
l’interprétation du test du piqué).
- on vérifie le CG avec le test du piqué (on inscrit sèchement la trajectoire
sur une pente d’environ 30 à 45° puis on lâche le manche de profondeur
et on observe ce qu’il se passe), toujours moteur coupé ou réduit :
l’appareil doit se remettre à plat en douceur. Si la remise à plat est
trop brutale, le CG est trop avant, si le piqué est accentué il est
trop arrière.
- si le CG doit être modifié, on reprend la boucle de réglage au départ
(moteur réduit => réglage trim de profondeur => test du piqué).
- on adapte enfin le débattement de la profondeur, de préférence de
manière mécanique (et non par la radio) pour exploiter toute la course
(et donc la résolution et le couple) du servo.
- on finit par régler les angles moteur (piqueur, anti-couple) pour
minimiser autant que faire se peut tout effet parasite en tangage et
lacet.
Contacter l'auteur : franck.aguerre@jivaro-models.org
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