Original,
durable et facile
Présentation : Laurent.Schmitz
Depuis quelques temps je
rêvais d’un grand modèle rapide à
mettre en œuvre. Je savais précisément
ce que je voulais : une semi-maquette de plus de 2
m qui rentre dans ma voiture, monoplan, monomoteur, capable
de voltiger un peu et surtout qui vole ‘comme un avion’.
Ah, et original aussi. Hmmm… Voyons ce qu’on
trouve dans cette catégorie. Eh bien pas grand-chose
à vrai dire. Un Piper Cub ? Non, on a dit :’original’!
Un Beaver alors? Trop pataud! Il y a bien un Décathlon,
mais trop gros. C’est alors que Laurent Berlivet,
patron des Jivaros, me lance sournoisement: « Ça
te dirait d’écrire un test du Rearwin Speedster
A2Pro ?» Coup de foudre immédiat !
Caractéristiques
du modèle |
Nom : Rearwin Speedster
Marque : A2Pro
Echelle : 1/4
Envergure : 245 cm
Longueur : 181cm
Masse au décollage : ± 8200
g
Surface alaire : 94dm³
Charge alaire : ± 90 g/dm²
Moteur : DM5330, 260 kV
Contrôleur : HV80A
Hélice : 18"x8"
Batterie : 8S 8000 mAh
Centre de gravité (premier vol) : au
milieu de la clé d'aile, au niveau du
longeron principal.
Mode d'emploi : Téléchargeable
ici |
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Le Rearwin Speedster
filmé avec une GoPro au-dessus du terrain du
club des busards, en Belgique. (Ajoutée
le 19 décembre 2013) |
« C’est
pour vous, le cercueil ? » |
Le livreur pointe d’un doigt goguenard
une énoooorme boîte qui dépasse de sa
Kangoo. Je signe d’un air distrait et sors le cutter
à grosse lame. Une demi-heure plus tard, je viens
à bout de la double caisse renforcée par des
cornières dures comme du bois. Le blindage a fait
son œuvre, le contenu est intact. Deux ailes, un fuselage,
des empennages et les bricoles habituelles : j’ai
devant moi un kit ‘ARF’ moderne en tout point
semblable à n’importe quel modèle standard…
à part la taille !
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La taille du colis annonce celle
de l’avion…
La boîte très solide peut servir à
dresser le chien ou à enterrer votre belle-mère...
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Sous
l’entoilage en authentique Oracover se cache
une superbe construction tout bois, solide et bien
pensée. La précision des assemblages
est diabolique, la colle bien dosée, c’est
« de la belle ouvrage ». La
clef d’aile façon tuyau d’aspirateur
respire la santé. Elle se trouve au point le
plus épais du profil et au centre de gravité.
Aucun doute, ce modèle a été
conçu par un « pro »!
Le profil quasi-symétrique est épais
comme un lutteur de sumo et inspire confiance. Tiens,
une troisième aile ? Non, cette pièce
d’un mètre d’envergure, c’est
le stab au profil planche, très léger.
Les charnières en tissu sont posées
mais pas collées.
Passage admiratif sur les haubans peints, l’accastillage
bien dimensionné et le train en aluminium pas
maquette mais poli comme un miroir. Je tombe en arrêt
devant un capot en fibre décorée sublime
mais très (trop ?) fin. L’inventaire
se termine avec les vitrages à découper
et la notice en français toute en couleur et
très explicite. Dans un second carton de bonne
taille, je découvre la motorisation et tous
les accessoires recommandés par A2Pro: servos,
accu de réception, hélice, etc. Il ne
manque qu’un pilote à l’échelle
¼, un cône d’hélice et quelques
lettrages. La décoration posée d’origine
(en Oracover) se limite aux filets rouges typiques
de cet avionneur, le modéliste se charge du
reste, ce qui permet de « maquettiser »
l’appareil à son goût. Notez qu’A2Pro
vend aussi une livrée mauve moins réaliste
mais plus chatoyante que mon exemplaire beige antique.
Au moment d’écrire ces lignes, A2Pro
propose le Speedster à 349 €. Compte tenu
de la qualité de ce gros modèle et de
ses accessoires, c’est une bonne affaire, d’autant
qu’il doit pouvoir durer des décennies.
On est loin du « prêt à crasher »
qui inonde le marché depuis quelques années.
Acheter un Speedster, c’est opter pour le modélisme
durable. |
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Comment rester de marbre devant tant
d’élégance ? |
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Les accessoires sont de
qualité et la notice un exemple du genre
- en français ! |
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Oubliez la table de la cuisine, le Speedster a besoin d’un
espace de travail adapté à son gabarit. Pour
le reste, ce gros bourdon se monte comme n’importe
quel avion de début à aile haute. Aucun outil
spécial n’est nécessaire et la préfabrication
permet de mener l’aventure à terme assez rapidement.
Bon, il faudra quand même compter une quinzaine de
soirées pour terminer l’avion, ce n’est
pas une mousse à emboîter.
On commence par les ailes. A2Pro a prévu des ficelles
pour le passage des allonges de servos. La notice recommande
75 cm mais il vaut mieux 50 cm et une seconde allonge de
30 cm qui reste branchée au récepteur, dans
le fuselage. L’installation des servos est classique,
il faut toutefois agrandir les ouvertures pour le palonnier
car elles sont trop étroites d’origine. Il
peut aussi être nécessaire de plier légèrement
les cordes à piano pour que le servo ne force pas
en butée. Les guignols en nylon et les solides tringleries
sont à la taille du modèle et ont la bonne
longueur, c’est assez rare pour le souligner. Un filet
de cyano fluide pour les charnières et les ailes
sont presque terminées. On ajoute les astucieuses
fixations de haubans par chapes à boules et elles
retournent dans leur emballage en plastique épais,
qui pourra éventuellement servir de housse pour le
transport.
|
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Le moteur DM5330, 260 kV
pèse 800 g pour près de 3 CV, ça
ne rigole pas chez A2Pro. |
Les servos sont fixés
sur des plaquettes. Attention aux blocs de bois dont
le collage est un peu faible ; j’ai renforcé
les miens à la cyano. |
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Préférez un
fer à souder à une lame de cutter pour
retirer l’entoilage. Il existe des « pannes »
spéciales pour la découpe à chaud
mais ce n’est pas indispensable. |
1,5 kg pour 8 éléments
de 8000 mAh.
Il faut ça pour équilibrer l’avion. |
Passons au train principal. Rien de particulier si ce
n’est que les superbes roues de 90 mm livrées
dans le kit semblent minuscules dans leurs gigantesques
carénages. Je les ai remplacées par une paire
de 100 mm (4 pouces) que j’avais de stock mais il
aurait fallu encore plus grand, de l’ordre de 120
mm pour respecter l’échelle. La difficulté
étant alors de trouver des roues assez étroites
(4 cm max). Notez que la fibre des carénages est
très fine et cassante, il faut être prudent
quand on introduit les roues munies de leur axe.
La roulette de queue suit logiquement, sauf que la notice
décrit sa fixation à une dérive qui
a ce stade se trouve encore au fond de la boîte. On
terminera donc ça plus tard. Le montage est sans
surprises, cette roulette est très belle et son mouvement
amorti par des ressorts de rappel. Pensez à déposer
une goutte de frein filet sur la vis qui sert d’axe
à la roue car elle a tendance à se desserrer.
J’ai choisi ce moment pour installer la motorisation.
Le fuselage repose sur ses roues mais reste manipulable
tant que le stab n’est pas présent. A2Pro prévoit
soit une cage tournante électrique, soit un moteur
à essence de 40 à 50 cc. Un réservoir
est d’ailleurs inclus. Si vous comptez l’utiliser,
vérifiez si le flexible du plongeur est compatible
avec votre carburant. J’ai choisi le moteur électrique
recommandé (DM5330, 260 kV) pour des accus 8 éléments
(de 8000 mAh). Par rapport au moteur Turnigy de mon Stampe
SV4 (±7 kg) à la même échelle,
le Pro-Tronik fait figure de mastodonte ! Tant mieux,
ça aidera au centrage. Comme l’avion, le moteur
est en tout point identique à ses petits frères.
Ce n’est que quand on l’a en mains qu’on
s’aperçoit de sa taille et de sa masse (800
g !). Sa couleur anodisée verte est très
moche et la finition est un peu « brute de fonderie »
mais il tourne rond et sans jeu inutile, c’est le
principal. Son arbre porte-hélice fait 12 mm de diamètre
(il m’a fallu un nouvel alésoir d’hélice).
A l’usage, ce moteur s’est avéré
excellent. Même monté « par l’arrière »,
il ne produit aucune vibration. La puissance mesurée
est de 2,1 kW avec l’accu 8S sorti de charge et l’hélice
18''x8" (soit 70 A max). Le moteur encaisse tout ça
sans broncher ni chauffer. Pas de bruit de turbine ni de
sifflement indésirable non plus avec mon contrôleur
(dlux HV80) ; on entend surtout l’hélice et
c’est bien agréable. L'accu sollicité
à moins de 10C en pointe ne souffre pas et sort tiède
de l'avion. La combinaison moteur/accu/hélice recommandée
par A2Pro est donc parfaite, pas besoin de procéder
par essais-erreurs comme c'est souvent le cas avec les productions
asiatiques bas de gamme.
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Attention, le gabarit n’est pas imprimé
à la bonne échelle. |
Le moteur se fixe à
l’aide de tiges filetées de 5 mm sur
la croix livrée. Notez le compartiment imprégné
contre le carburant. |
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J’ai habillé les tiges filetées
de tubes en carbone mais ce n’est pas indispensable.
Dans cette configuration, les câbles du contrôleur
ne doivent pas être allongés vers l’accu. |
Agencement très
logique pour la propulsion.
Notez l’angle d’anticouple. |
Petite surprise au montage du moteur :
le gabarit imprimé au dos de la notice n’a
pas la bonne taille ! Il faut donc tracer les cotes correctes
directement sur le bois. Heureusement, c’est très
facile. La fixation du « géant vert »
est rondement menée. J’ai juste ajouté
des bouts de tubes en carbone sur les tiges filetées
pour contrer un éventuel flambage, une précaution
surtout psychologique.
L'accu est formé de deux packs 4S de 8000 mAh montés
en série et scotchés ensemble. On peut les
glisser contre la cloison pare-feu par le dessus du fuselage,
il suffit d’agrandir un poil l’ouverture pour
que ça passe. Dans cette configuration, les câbles
de mon contrôleur (un HV 80A) sont juste assez longs
quand celui-ci est fixé derrière le moteur.
Un montage de l’accu sous le fuselage comme recommandé
par la notice obligerait à utiliser une allonge.
Dans ce cas, il serait primordial d’ajouter un gros
condensateur électrolytique à l’entrée
du contrôleur, sous peine de griller celui-ci. Pour
faciliter les connections, j’ai collé les fiches
du contrôleur dans le fuselage car on ne peut y accéder
que d’une main. Notez que mon contrôleur prévoit
un dispositif « anti-étincelle »
avec deux fils rouges : un fin à connecter d’abord
puis le gros câble habituel, après avoir branché
le noir.
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Le pack se loge à l’emplacement
du réservoir,
en passant par la trappe de la cabine. |
Les contacts venant du
contrôleur sont collés dans la structure,
ce qui facilite les branchements d’une main. |
Ce gros pack “Black Lithium 35C”
pèse 1,5 kg. Cela peut paraître élevé
mais c’est nécessaire pour centrer l’avion,
dont le bras de levier avant est fort court. Entre parenthèses,
je ne vois pas comment on peut obtenir un centrage correct
en positionnant l’accu sous l’avion, à
l’endroit prévu. Le logement du réservoir
est un meilleur choix car la masse de l'accu se trouve plus
en avant et l’accès par le dessus de la cabine
juste suffisant. Il ne faut pas non plus retourner l'avion,
une opération scabreuse avec un appareil de 2,50
m et 8 kg. Mon accu est maintenu contre la cloison pare-feu
par un bout de velcro. Un gros élastique tendu sous
le tableau de bord empêche tout déplacement
vers l’arrière si le velcro venait à
lâcher, on n’est jamais trop prudent ! Latéralement,
c’est la découpe dans le bois qui immobilise
le pack, aucun souci de ce côté.
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Le cas des servos…
Ce Speedster
est équipé de servos Pro-Tronik 7813MG-D.
Lors du montage, j’ai voulu régler le
neutre des commandes à l’aide d’un
testeur mais aucun des cinq servos ne fonctionnait
! J’ai bien sûr incriminé le testeur,
qui marchait pourtant avec d’autres servos.
Un autre testeur a hélas donné le même
résultat. Tous deux étaient alimentés
par un accu LiPo via un petit régulateur basé
sur un circuit de type « LM7805 ».
J’ai alors connecté le régulateur
de tension ProTronik LVR6A ainsi que l’accu
LiPo 2S recommandés par A2Pro, directement
sur le récepteur. Résultat : un fonctionnement
erratique et des mouvements intermittents… |
La
panique n’était pas loin lorsque j’ai
eu l’idée de brancher un condensateur
en parallèle avec les servos. Plus de soucis,
ça marche parfaitement. Toutes ces configurations
ont en commun qu’elles possèdent un régulateur
de voltage linéaire qui permet de réduire
la tension d’entrée à une valeur
standard proche de 5 V. Or ces régulateurs
sont très sensibles aux fluctuations provoquées
par les servos. Un condensateur électrolytique
de 2200 µf permet de rétablir un fonctionnement
normal. J'ai soudé le mien directement sur
le module LVR6A, à la place d'un des deux câbles
d'alimentation du récepteur. Une fois le problème
corrigé, les Pro-Tronik 7813MG-D se sont avérés
à la fois puissants et précis, avec
très peu de jeu mécanique malgré
leurs engrenages en métal.
Entre-temps j’ai contacté A2Pro à
ce sujet et là, bonne nouvelle ! Le problème
a été identifié et corrigé
chez le fabricant. Si jamais vous possédez
un servo de la même série que moi, avant
de le renvoyer pour échange, pensez au coup
du condensateur, simple et efficace. Avec plus de
11 kg de couple, un boîtier étanche,
deux roulements et un potentiomètre haut de
gamme, ces servos de taille « standard »
à moins de 16 € sont une alternative intéressante
aux servos 6 fois plus coûteux des grandes marques... |
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Non, vraiment, rien à
voir avec un Piper Cub… |
Le collage des empennages est une formalité,
tout était d’équerre du premier coup
sur mon exemplaire. La notice recommande une lame de cutter
pour enlever l’entoilage. Préférez un
fer à souder guidé par une règle en
métal. Cette façon de faire a l’avantage
de ne pas endommager le bois et soude en même temps
le film plastique à l’endroit de la découpe.
Pour les commandes de profondeur, il faudra élargir
les ouvertures comme pour les servos d’ailerons. Comme
les bras de servos sont un peu trop courts, j’ai dû
plier la corde à piano de façon à obtenir
un mouvement sans point dur.
J’ai aussi enfilé des bouts de tube en carbone
sur une portion des cordes à piano pour éviter
un hypothétique flambage. A ce stade, on s’aperçoit
que le fuselage ne passe plus les portes en largeur et tout
juste en hauteur. Il faut l’incliner et la manœuvre
est à haut risque de collision. C’est un bon
moment pour déménager dans un espace plus
large et/ou fabriquer des housses de protection pour tout
ce qui dépasse. J'utilise de la mousse recouverte
d'aluminium destinée normalement à isoler
l'arrière des radiateurs. Celle-ci est découpée
en forme et simplement agrafée en périphérie.
La découpe des vitres latérales est facile,
il faut seulement penser à laisser au moins 10 mm
en périphérie pour le collage (à l’Uhu
« Por »), les 6 mm recommandés
sont insuffisants. Au lieu d’utiliser de la colle
ou du scotch, j’ai fixé le pare-brise avec
des petites vis. A l’échelle ¼, c’est
assez réaliste et ça reste démontable.
Je vous recommande de poser les vitrages tout à la
fin, ça facilite les manipulations dans le fuselage.
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Les haubans restent sur l’aile, inutile
de les démonter. |
Les lettrages caractéristiques
sont découpés à la machine numérique
dans du vinyle autocollant. |
La dernière étape consiste
à fixer le capot en fibre. Après découpe
des ouvertures typiques du Speedster, j’ai tenté
par tous les moyens d’aligner ce gros pot de yaourt
pour que les lignes du fuselage et l’arbre moteur
soient bien placés. Peine perdue, c’est impossible.
Après une vaine bataille, j’ai dû me
résoudre à aligner une seule bande et le cône
d’hélice. La matière trop fine a visiblement
été déformée, peut-être
au démoulage. Pour respecter la forme du fuselage
il faut aussi ruser à coup de scotch transparent
et de petites vis. En vol ça ne se voit pas, mais
c’est un peu dommage quand même.
Voilà, il ne reste plus qu’à fignoler
les réglages comme indiqués dans la notice
et le bel oiseau est prêt à rejoindre le terrain.
En le voyant posé sur ma terrasse, je suis pris d’un
doute soudain : pourvu qu’il entre dans la voiture
!
Modifications
sur mon modèle |
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Pilote et tableau de bord richement
équipé… pour 1935. |
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La platine ajoutée sous le moteur
accueille l’accu de réception et
le plomb éventuel. |
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Le verrou en nylon se « clipse »
sur l’antenne : plus pratique que la vis
creuse prévue d’origine. |
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Au lieu du couple vis+boulon prévu,
j'utilise des vis percées et une goupille
en corde à piano de 1 mm pour maintenir
les haubans, c'est plus rapide. |
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Habillage des ouvertures du capot :
grille en alu, section de peigne en plastique,
carton roulé et moustiquaire. |
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On l'a vu, ce modèle est destiné
aux amateurs d'aéromodélisme
« durable ». A2Pro a
judicieusement laissé certains choix
à l'appréciation du propriétaire,
entre-autres l'aménagement de la cabine
et la décoration finale.
Après l’installation
de la radio, j'ai donc décidé
d’habiller un peu l’habitacle.
Ne cherchez pas un pilote à la bonne
taille, ça n’existe pas !
Tous ceux qui sont vendus pour un avion au
quart mesurent moins de 40 cm du casque aux
bottes, soit 160 cm à l’échelle
: des nains ! Je me suis rabattu sur un buste
« Made in China », lui
aussi un poil trop petit, mais ça passe.
« Georges » est collé
sur un bloc de mousse PU agrémentée
d'un dossier de siège en Dépron
peint. L'ensemble (130 g) est fixé
au velcro sur le plancher et peut être
retiré pour accéder à
l'accu.
Pour cacher le trou
béant entre le couple principal du
cockpit et le capot, j’ai simplement
scotché un bout de bristol noir en
guise de « casquette ».
Un tableau de bord en balsa et des instruments
imprimés à l’échelle
donnent le change… de loin ! Dans mon
cas, l'accu vert pomme qui dépasse
en-dessous ne permet pas de « maquettiser »
beaucoup plus.
Outre le déménagement
de l'accu détaillé dans le paragraphe
sur la motorisation, j'ai décidé
d'ajouter une platine sous le moteur afin
d'obtenir plus facilement le centrage préconisé.
L'accu de réception 2S de 2600 mAh
y est maintenu par un bout de velcro et une
bride « ProTronik »
du même matériau (très
pratique d'ailleurs). Pour le premier vol,
j'ai ajouté un plomb de 300 g fixé
de la même façon.
Lors du montage,
j'ai découvert avec plaisir que la
trappe bleue au sommet de la cabine s'emboîte
avec une précision diabolique, sans
le moindre jeu. Elle est maintenue par une
grosse vis « allen ».
Tout ça c'est très bien, mais
non seulement il faut garder la clé
en poche mais après avoir retiré
la vis, comment enlever le cadre de son logement
? J'ai donc collé un bout de gaine
en plastique dans l'ouverture de la vis et
ajouté un petit verrou sur le fuselage,
découpé dans une contre-plaque
de nylon pour guignols. La fausse antenne
permet de retirer facilement le cadre et sert
à bloquer le verrou.
Toujours par souci
de facilité, j'ai remplacé les
vis et écrous Nylstop pour fixer les
haubans par des vis percées et une
goupille façonnée dans de la
corde à piano 1 mm. Les deux vis allen
qui plaquent les ailes contre le fuselage
sont simplement serrées à la
main. De cette façon, aucun outil n'est
nécessaire au terrain. Je garde toutefois
une vieille pale d'hélice APC à
portée de main pour aider à
séparer les ailes du fuselage après
le vol. Selon l'humidité ambiante,
la cheville d'incidence serre un peu dans
son logement. Il suffit d'insérer l'hélice
dans la fente et de faire doucement levier,
après avoir détaché les
haubans bien entendu.
Enfin, mon hélice
est couverte d'aluminium autocollant mis en
forme à la petite cuiller et à
l'huile de coude. Deux autocollants « Hamilton »
achèvent sa décoration.
Les lettrages ont
été découpés dans
du vinyle adhésif.
Quelques bricoles fixées dans le capot
font illusion derrière les ouvertures
béantes. |
|
A droite, une Skoda Octavia break. A gauche,
le Speedster au quart. Et au milieu, un modéliste
dubitatif : ça ne rentrera jamais ! Et pourtant,
ça passe. En avançant le siège passager
à fond, en mettant le fuselage en oblique et les
ailes sur le côté, on ferme le hayon sans soucis.
Après cette bonne nouvelle, le transfert vers le
terrain est une formalité, tout comme le montage
de l’appareil, aussi rapide que pour un avion de début.
« Qu’est-ce qu’il est beau »,
même si c’est moi qui le dis… Sa bouille
digne d’un album de Tintin ne passe pas inaperçue
et bientôt les copains se pressent autour du Speedster,
chacun y allant de son compliment. Une dernière vérification,
contact, magnétos… moteur !
|
|
Avec son empennage d’un mètre,
l’engin passe difficilement les portes. Tenez-en
compte! |
Bon, c’est pas une
Clio mais ça rentre… tout juste. |
Un rapide point fixe permet de dissiper
tout doute concernant la motorisation : ça tire fort
! Heureusement car la masse au décollage s'établit
à 8400 g, y compris 300 g de plomb nécessaires
pour centrer l'avion pile au milieu de la clé d'aile.
A2Pro annonce « de 6,3 kg à 8 kg
en ordre de vol ». C'est possible… si on
oublie l'accu ! Cela dit, un rapide calcul établit
la charge alaire à 90 g/dm² ce qui est peu pour
un avion de 2,50 m. Un dernier contrôle des gouvernes
et je pousse lentement le manche des watts.
Malgré l'herbe haute et irrégulière,
le Speedster accélère bien dans l'axe, sans
compenser à la dérive. L'empennage quitte
le sol et après une trentaine de mètres, une
légère sollicitation le met dans son élément.
Alors qu'il s'éloigne sous une pente réaliste,
je m'aperçois que les gaz sont loin du maximum. Plein
pot et l'appareil grimpe franchement. En quelques secondes
il est à l'altitude de sécurité. Virage
en vent arrière, deux crans de trim à cabrer,
je réduis en palier car le bougre est rapide ! Après
une belle ligne droite « comme sur des rails »,
je vire en base et le voilà en finale, moteur réduit.
La pente est franche et « naturelle »,
sans tendance à flotter. Je remets un peu de gomme
et l'avion caresse la piste pour un « touch and
go » superbe sur son train principal : le pied
total ! Pendant ce temps, mon copain Bernard immortalise
l'événement aux commandes du Nikon.
Le temps gris et maussade de ce mois de
novembre est oublié, les doigts gelés ne se
plaignent plus, je prends un plaisir immense à piloter
le Rearwin. L'avion est absolument homogène et d'une
précision totale. Avec le léger différentiel
aux ailerons, le pilotage aux pieds est plus symbolique
que nécessaire. La puissance est confortable et permet
l'acrobatie classique sans arrière-pensée.
A ce sujet, plein pot, le tonneau lent tourne presque sans
barriquer. Une légère compensation sur le
dos suffit à le maintenir dans l'axe. Le test de
centrage à 45° indique un équilibrage
parfait mais un essai plein cabré n'a pas permis
d'obtenir un décrochage franc à ce débattement.
L'avion s'enfonce en se dandinant un peu. En insistant,
il tourne tout seul à gauche et reprend de la vitesse
sans vraiment engager. Aux prochains vols, j'enlèverai
progressivement le plomb.
|
Pour voler en palier, un soupçon
de watts suffit. Dans cette configuration économique
le Speedster conserve une assiette correcte, sans trop lever
le nez. Sur une remise brutale des gaz, l'avion accélère
fort en dérivant à droite, signe d'un anticouple
un poil généreux. La vitesse de pointe est
impressionnante. Le grandeur ne s'appelait pas « Speedster »
(« véloce » en français)
pour rien.
En petits débattements les commandes sont réalistes
mais un peu molles pour moi. Par rapport à un trainer
de 160 cm, le pilotage est facile et précis mais
on ressent bien l'inertie d'un gros modèle. Il faut
anticiper un peu, sans que ce soit jamais critique. La réponse
à la dérive est excellente, l'avion se met
en dérapage et il faut très peu contrer aux
ailerons pour le maintenir à plat. Cette neutralité
se retrouve sur les autres axes. Elle révèle
une aptitude à la voltige inattendue pour ce type
d'avion. Par ailleurs, il n'est pas vicieux pour un sou.
Dès les premières secondes on se sent en confiance,
c'est un vrai régal !
|
La radio Multiplex annonce sept minutes
de vol, il est temps de se poser pour vérifier l'accu.
Pour un premier vol, il vaut mieux garder une grosse réserve.
Vent arrière, virage sur la tranche et je laisse
l'avion s'enfoncer dans une longue courbe qui l'emmène
au seuil de piste. C'est presque trop facile ! Contrairement
aux « touch and go » précédents,
j'abandonne l'atterrissage « de piste »
et j'arrondis progressivement pour un « trois
points » classique. L'avion touche bien à
plat mais un peu trop vite, j'aurais dû le freiner
encore plus. Après deux rebonds minimes, il s'immobilise
rapidement dans l'herbe trempée. Les roues disparaissent
complètement dans le sol mou, j'abrège le
taxi pour préserver les carénages. J'active
l'inter de blocage des watts et porte l'avion jusqu'au parking.
Là, le testeur d'accus annonce 3,92 V par élément.
L'autonomie devrait allègrement dépasser les
15 minutes !
Le
bilan de ce premier essai est remarquable |
Ce gros avion vole vraiment bien et cache
même un tempérament joueur que son aspect d'aile
haute rétro ne laissait pas soupçonner. Il
est assez facile à piloter, au point qu'on pourra
le mettre entre les mains de tout pilote capable de maîtriser
un avion de transition 3 axes. S'il n'était pas si
rapide à plein gaz, il pourrait presque servir d'avion-école.
Les modélistes expérimentés prendront
beaucoup de plaisir à le faire voler lentement et
de façon réaliste, tout en gardant la possibilité
de se défouler en passant une voltige onctueuse à
souhait. La motorisation électrique en 8S est efficace
et totalement adaptée au modèle. Sur-motorisé
avec un ProTronik 5330 de 200 kV en 10/12 éléments
(ou un 50 cc à essence), il doit convenir parfaitement
au remorquage des planeurs à la même échelle.
Un Duo Discus de 5 m par exemple…
Rearwin
Speedster, anno 1935 |
A son premier
vol en 1935 le Rearwin Speedster était
un appareil ultramoderne. Ce petit monoplan
aux lignes épurées possédait
des performances extraordinaires. Avec une vitesse
maximale approchant les 270 km/h, il était
plus rapide que de nombreux avions de combat
de l’époque. En comparaison, le
biplan Stampe SV4 sorti deux ans plus tard faisait
figure de dinosaure, tout comme d’autres
avions contemporains : Fairey Swordfish,
PT-17, Gloster Gladiator…
Le Speedster était deux fois plus rapide
que le Piper Cub mis en service en 1938. Il
grimpait plus vite et son autonomie était
double. Avec son moteur Menasco de 125 ch, sa
cabine fermée et son cockpit moulé,
il préfigurait déjà l’aviation
d’après-guerre. Malgré une
charge alaire élevée, ses pilotes
le considéraient comme maniable et facile
à piloter.
|
|
Malheureusement le
prototype ne respectait pas les normes américaines
en matière de sortie de vrille et a dû
être modifié pour recevoir sa certification.
A son entrée en production, la seconde
Guerre Mondiale menaçait. Le marché
civil laissait la place aux demandes des militaires
qui cherchaient surtout des avions d’écolage
faciles à produire en très grande
série et à petit prix. La petite
compagnie Rearwin avait raté le coche et
finalement seule une poignée de Speedster
devait sortir des ateliers. |
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Le
Speedster semble tout droit sorti d’un album
de Tintin |
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Contact
: laurent.schmitz@jivaro-models.org
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