Un monstre de puissance
Présentation : Romain
Berlivet
Tout comme les warbirds, les racers fascinent les modélistes.
E-Flite a été bien inspiré en reproduisant le fameux
Rare Bear. Bien qu'assez rapide puisque la vitesse annoncée est
de 160 km/h en palier, le pilotage reste très abordable. Quant
au montage, il l'est également puisqu'il suffit de serrer quelques
vis avant de se lancer dans la course.
Caractéristiques
techniques |
Nom
: Rare Bear
Fabricant : E-Flite
Envergure : 865 mm
Longueur : 880 mm
Corde : 270 / 140 mm
Profil : Biconvexe 11%
Surface : 18,5 dm²
Masse : 1285 g (1325 g annoncés)
Charge alaire : 69,5 g/dm² |
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Equipements
Moteur : E-Flite
EFLM 1215-1200 kV
Contrôleur : EFLA 1070 70A
Hélice : 8''x8''
Pack prop : Lipo 4S 3300 mAh 50C
Servos : Spektrum A320 MG
Radio : 4 voies |
Une
légende vivante |
Le Rare Bear est un appareil développé
sur la base d'un Grumman F8F-2 Bearcat, chasseur embarqué
sur porte-avions, entré en service en 1945. C'était
un adversaire redoutable contre les Zero japonais dans le
Pacifique.
Bien des années après le conflit,
comme quelques autres warbirds survivants, il a été
remis en état, largement modifié afin de participer
à des courses aux pylônes, la plus célèbre
étant la Reno Air Race qu'il a remportée et
dominée durant des décennies, luttant aux
côtés de Sea Fury, de Corsair, de P-38 Lightning
ou de non moins fameux P-51 Mustang.
Motorisé par un Pratt & Whitney R-2800,
une équipe de passionnés l'a métamorphosé
en y installant un monstrueux Wright R-3350 de 4500 cv.
Ce moteur était destiné au Skyraider, énorme
bombardier monoplace mesurant une fois et demie sa taille
et pesant le double ! On imagine donc sans peine le
supplément de puissance dont il bénéficie.
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Grâce à ça, le Rare
Bear est détenteur de plusieurs records fantastiques
jamais égalés comme celui de vitesse pour avion
à hélice puisqu'il a atteint 850 km/h en 1989,
ou celui de vitesse ascensionnelle datant de 1972, en grimpant
à 3000 m en 91,9 secondes !
E-Flite a choisi de le reproduire, sous licence, dans sa dernière
livrée très colorée portée lors
du championnat du monde de courses aériennes 2014.
Sur le papier, sa taille peut sembler bien petite avec 88
cm d'envergure seulement. En réalité, son allure
trapue lui donne un aspect imposant au sol, et sa puissance
le rend impressionnant en vol. |
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Emballé...
dès le déballage ! |
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L'avion est livré dans un grand carton coloré avec une
belle représentation du modèle en vol. A l'intérieur,
des caissons en polystyrène calent parfaitement les morceaux
qui ne seront pas altérés durant le transport.
La qualité de l'état de surface marque aussitôt
le regard. On ne croirait pas avoir affaire à un modèle
en EPP tellement la surface est lisse. Pas de billes apparentes, l'aspect
est à peine granuleux et les trappes, lignes de tôles et
reliefs des gouvernes reproduisant des structures entoilées ressortent
sans être trop marqués en profondeur. La peinture est réussie :
violet nacré pour le fuselage et nuances orangées pour
l'aile. Les progrès réalisés par les fabricants
sont vraiment éblouissants. Les autocollants bien opaques sont
très fins et posés sans le moindre pli et ajustés
parfaitement.
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Les éléments tout
juste déballés, on voit qu'il n'y aura même
pas un autocollant à poser, tout est déjà
fait ! |
Détaillons d'abord ce fuselage énorme, affublé
d'un cône monstrueux et d'une hélice qui semble ridicule
en dépassant à peine de chaque côté du capot.
C'est une hélice 8''x8'', dite « carrée »,
que l'on trouve sur les racers, capable de procurer une grande vitesse
grâce au pas important, au détriment parfois du taux de
montée mais on verra que ce n'est pas toujours le cas...
Le fuselage est creusé au niveau de l'emplanture des ailes et
des stabs, le passage de ces derniers étant renforcé par
du plastique dur moulé et exactement ajusté. Le volet
de direction mobile est déjà articulé par une charnière
discrète en demi-lune, le guignol est une pièce moulée
qui répartit les efforts sur une large surface.
La petite verrière occupée par un pilote et son tableau
de bord est placée sur une longue trappe amovible qui commence
juste après le moulage du faux capot moteur. Elle est fixée
par un tenon à l'avant et fermement plaquée à l'arrière
avec un aimant. Ses dimensions offrent un accès très aisé
à l'équipement. Elle est malheureusement trop large de
2 millimètres environ par rapport au reste du fuselage, cela
ne se voit pas mais on le remarque assez vite au toucher.
Sur les flancs sont intégrées des pipes d'échappement
factices en plastique dur, suivies un peu plus loin d'ouïes assez
discrètes pour l'évacuation des calories.
Sous le fuselage, à peu près au niveau du centre de
gravité, sont creusées deux cavités qui permettront
une prise en main pour le lancer. On aurait souhaité qu'elles
soient placées un tout petit peu plus en avant, et surtout qu'elles
soient renforcées car la mousse s'écrase entre les doigts
quand on tient fermement l'avion pour le lancer. Pour y remédier,
certains y collent 2 lamelles de papier de verre très fin. Le
dessous de l'appareil est recouvert d'une bande de plastique de même
couleur que le fuselage et qui protégera efficacement le fond
lors des atterrissages. La même pièce, moulée en
intégrant la forme des poignées de lancement serait idéale.
Dans le nez, le moteur brushless 15BL de 1200 kV est vissé par
l'arrière sur un bâti tubulaire en plastique qui permet
une excellente ventilation.
Le contrôleur de 70A est immobilisé au fond du fuselage,
sous la platine en plastique tapissée de Velcro pour recevoir
la batterie Lipo 4S 14,8 V de 3300 mAh. Deux sangles supplémentaires
permettront de la maintenir de façon optimale. Le récepteur
trouvera sa place juste après, s'il n'est pas déjà
en place comme c'est le cas sur la version BNF. Nous avons installé
celui qui est recommandé, un Spektrum AR636 doté de la
stabilisation débrayable AS3X. Il est bien sûr plus intéressant
financièrement d'acheter le modèle en version équipée
plutôt que de l'acquérir séparément.
Les servos de profondeur et de direction Spektrum A320 de 16 g à
pignons métal sont placés tout à l'arrière
de l'ouverture, actionnant des commandes en corde à piano de
bon diamètre et bien guidées pour éviter tout flambage.
On notera encore les renforts en plastique guidant le passage des 4
vis servant à maintenir les ailes dans le fuselage. Ces dernières,
constituant 2 moignons, sont réunies par une robuste clé
en carbone qui traverse le fuselage de part en part. Elles semblent
bien petites par rapport à la masse du modèle et la grosseur
du fuselage mais c'est réaliste. Sur chacune, l'emplanture est
renforcée et comporte 2 ergots intégrant des inserts filetés
qui permettront une fixation efficace lors de la mise en croix.
En dessous, on voit une saignée qui court jusqu'au servo, dans
laquelle est glissé le câblage, recouverte par un autocollant
du décor. Le servo est masqué par un carénage profilé
en plastique. Il reçoit une courte tringlerie en corde à
piano filetée, terminée par une chape en plastique sécurisée
par un anneau de durit qui la maintient fermée. Il est placé
tout près du saumon, en face d'un curieux aileron très
étroit mais à la corde très importante. Des raidisseurs
en plastique sont intégrés dans l'épaisseur, le
guignol en appui dessus ne prendra pas de jeu à la longue. La
conception est donc optimale. En vol, on constatera que ces ailerons
restent néanmoins très efficaces à toutes les vitesses.
Un cordon en Y permettra de raccorder les deux ailerons sur une seule
voie du récepteur. Vu leur position très éloignée
vers les extrémités des ailes, il est évident qu'ils
ne pourraient pas être mixés pour une utilisation comme
volets. De toute façon, pour que l'AS3X fonctionne, il est impératif
de brancher les 2 ailerons sur une seule sortie du récepteur.
En observant plus attentivement les ailes, on remarque de minuscules
saignées débouchant sur des longerons en fibre de verre
intégrés directement dans l'épaisseur de l'aile
lors du moulage, lui donnant une grande rigidité. Les charnières
sont réalisées par amincissement du matériau.
Le stabilisateur est lui aussi en deux parties à réunir
par une clé en carbone. Les volets de profondeur se connectent
automatiquement lors de la mise en place. Grâce à d'astucieuses
pièces moulées dont l'une intègre le guignol, les
volets sont solidaires et bien alignés.
Une notice multilingue termine l'inventaire.
Il faudra donc juste ajouter une batterie 4S 3300 mAh avec une bonne
capacité de décharge.
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Montage...
si l'on peut dire ! |
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Prévoir un tournevis cruciforme... et ¼ d'heure devant
soi. On prendra soin de retirer l'hélice pour commencer afin
d'éviter de marquer les autres éléments, mais surtout
pour épargner les blessures durant la programmation de la radio.
Les demi-stabs sont enfilés sur la clé en carbone et enfoncés
dans leurs compartiments respectifs. Les volets se raccordent durant
le serrage. Il suffit de serrer 2 vis pour les maintenir en place...
et les démonter si nécessaire par la suite.
Même principe pour l'aile en deux parties. Il faut juste prendre
soin de glisser les fils d'alimentation des servos dans la saignée
présente dans le fuselage. L'aile est tenue par 4 vis.
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4 vis métal maintiennent les ailes
dans leur logement. A droite, les chapes en plastique, verrouillées
par un morceau de durit. |
Appairer le récepteur et l'installer sur sa platine, bien aligné
par rapport au sens du vol ; c'est indispensable si on souhaite
utiliser sa fonction de stabilisation.
Si besoin, reprendre mécaniquement les commandes en resserrant
ou en dévissant les chapes, plutôt que de se servir des
sub-trims de l'émetteur.
Réglages |
Centrage : 89 mm
du bord d'attaque |
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Petits débattements :
Tangage : + 3 mm, - 3mm,
Roulis : + 12 mm, - 14 mm, 15% d’expo
Lacet : 10 mm |
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Grands débattements :
Tangage : + 5 mm, - 5 mm, 20% d’expo
Roulis : + 9 mm, - 11 mm, 20% d’expo
Lacet : 15 mm |
Les débattements sont indiqués dans la notice, tout
comme le centre de gravité qui doit être situé à
89 mm du bord d'attaque à l'emplanture, en déplaçant
si nécessaire la batterie. Attention, la mesure est à
prendre au niveau où le bord d'attaque est quasiment perpendiculaire
au fuselage, et non pas sur le petit apex, sous peine de centrage vraiment
trop avant.
Sur la balance, notre modèle accuse 1285 g, soit 40 g de moins
que la notice. Tant mieux, car la charge alaire est déjà
importante pour un modèle de cette taille.
Les amateurs de programmation pourront paramétrer le récepteur
suivant 3 configurations, débrayables via un interrupteur sur
l'émetteur. Désactivé, c'est la configuration habituelle
où c'est le pilote qui fait tout. Le mode Compensation stabilise
l'appareil et gomme les oscillations en air turbulent. Enfin, le Verrouillage
de cap maintient la trajectoire jusqu'à ce que le pilote reprenne
la main.
Attention : Un câble vendu séparément (coûtant
quand même plus de 20 €) est indispensable si on souhaite
accéder aux 3 modes de programmation. Il en existe 2 types, l'un
pour PC, l'autre pour smartphone. Il faudra donc disposer d'un de ces
2 appareils pour retoucher le moindre paramètre...
Si l'AS3X est activé, il est impératif d'attendre l'initialisation
des gyros durant 5 secondes sans remuer l'avion après avoir connecté
la batterie.
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Le décor reprend celui que le grandeur
arbore depuis les championnats du monde de courses aériennes
2014, sauf au niveau du capot où le damier n’apparaît
pas. |
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Le Rare Bear peut sans problème voyager tout
monté dans le coffre ou sur la banquette arrière d'une
petite voiture. Sinon, les ailes se démontent très
facilement avec 4 vis et les stabs avec 2. |
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Ouïes d'aération latérales. |
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Pipes d'échappement factices. |
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Le dessous du fuselage est échancré
pour favoriser la prise en main pour le lancer. Il est également
renforcé avec un morceau de plastique moulé. |
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Commande de profondeur. |
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Petit aileron très profond, avec servos en
bout d'aile. |
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Fixation du stab par vis, dans un support en plastique
moulé. |
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Le moteur est installé sur une robuste portion
de tube en plastique. |
Pour le décollage, on demandera l'aide de quelqu'un pour le
lancer, au moins pour les premiers vols. Malgré la puissance
fournie par le moteur, il faut quand même une certaine vitesse
pour que la petite hélice accroche. De plus l'avion a tendance
à partir vers la gauche sur les premiers mètres à
cause du couple important et il faut aussitôt compenser aux ailerons.
En fait, un décollage avec 80% de puissance mais une bonne impulsion
pour le départ est idéal.
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L'avion part très vite et le couple
moteur au décollage est important. Mieux vaut se faire aider
pour le lancer afin d'avoir les doigts sur les commandes dès
le départ. |
Aussitôt parti, il file comme une flèche. Il est très
fortement conseillé de voler dans de grands espaces bien dégagés
car la zone de vol est traversée en seulement quelques secondes.
Les trajectoires sont tendues, les courbes larges avec les débattements
normaux mais elles peuvent aussi être très serrées,
l'avion semble rebondir en repartant dans l'autre sens. En terme d’accélération,
on atteint une vitesse max en quelques secondes. Le fabricant indique
une vitesse de pointe de l'ordre de 160 km/h avec la configuration de
base, ce qui semble tout à fait plausible.
La puissance disponible permet de monter à la verticale rapidement.
Pour les descentes, je n'ai jamais mis plein pot car la profondeur est
assez sensible à pleine vitesse et on sent que l'aile est très
sollicitée dans les ressources, mais elle encaisse très
bien.
Le taux de roulis est élevé, on arrive à passer
2 tonneaux par seconde.
L’inertie du modèle est importante, après un passage
suivi d'une chandelle à la verticale, on peut enchaîner
3 tonneaux d'affilée.
Pour les loopings bien ronds, on coupe le moteur au sommet et dans le
quart suivant pour ne pas trop accélérer dans la descente.
A pleine vitesse et en tirant à fond, le Rare Bear tourne des
boucles très serrées sans tendance à décrocher,
moins réalistes mais spectaculaires.
Le vol dos tient en poussant à peine sur le manche. L'avion
vole sur la tranche, cependant il faut beaucoup de badin en compensant
légèrement à la profondeur car il a tendance à
s'enfoncer sur l'axe de tangage.
On peut aussi passer des renversements mais ceux-ci sont vraiment très
lents car la dérive reste peu efficace à basse vitesse.
Les déclenchés sont intéressants, plus sensibles
en inversé qu'à plat, tout comme les vrilles assez plates,
qui tournent mieux sur le dos en accompagnant aux ailerons.
Après une dizaine de minutes il faut penser à préparer
son approche. Le plané reste vraiment bon mais rapide et pour
poser il faut venir de loin. On coupe tout et on tire légèrement
sur la fin à environ 1 mètre du sol pour garder le nez
haut, ne pas abîmer l'hélice et essayer de freiner au maximum.
J'ai remarqué que le moteur est un peu trop cabreur mais avec
un centrage un peu plus avant que celui indiqué cela disparaît.
Pour un vol toujours à fond, il est fortement conseillé
d'utiliser des batterie 50C car des 35C chauffent un peu. Par contre
le contrôleur et le moteur sont parfaitement adaptés et
restent froids.
Nous avons effectué des vols simultanés avec un autre
appareil équipé en 5S alors que le nôtre restait
en 4S. L'autre va plus vite évidemment mais on arrive à
se tirer la bourre. Par contre dans les virages très serrés,
on voit nettement l'aile prendre un dièdre prononcé mais
elle ne casse pas.
Certains volent en 6S, sans avoir eu besoin de changer la motorisation
de base. La vitesse frôle les 240 km/h mais la cellule peut entrer
en flutter, il faut donc rester vigilant et être un bon pilote
de racer.
Le vol est très agréable, le vent ne perturbe presque
pas les trajectoires et le décrochage intervient tard, il faut
vraiment insister sur la profondeur et réduire toute la puissance.
C'est donc un appareil de course performant qui reste accessible à
bon nombre de pilotes.
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Les trajectoires sont tendues, pas besoin
d'installer la stabilisation AS3X optionnelle du récepteur
conseillé. |
Adeptes de racers à fière allure, le Rare Bear est l’avion
à posséder. La qualité de fabrication et la finition
sont remarquables sans nécessiter le moindre travail à
l'atelier. L'avion reste vraiment très agréable dans toutes
les configurations avec une très large plage de vol ; on
ne se fait jamais surprendre. Et ceux qui en veulent encore plus pourront
le motoriser avec un élément supplémentaire sans
avoir à changer l'équipement et sans fatiguer la cellule.
On se fait déjà très plaisir avec l'équipement
de base.
On
aime
- Allure
fantastique !
- Etat
de surface et qualité du décor
- Puissance
disponible
- Autonomie
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On
aime moins
- Mousse
qui s'écrase au niveau de la poignée de lancement
- Chapes
en plastique
- Saumons
un peu fragiles
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