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Comment
régler son modèle pour qu’il vole droit |
Impossible
de voler comme ça avec un avion mal réglé. |
Décollez
sans stress ! |
Texte et photos : Laurent Schmitz |
Vous avez certainement
pu le constater : quand deux avions identiques évoluent dans
un club, il y en a toujours un qui vole mieux que l'autre... Le
premier suit une trajectoire hasardeuse, semble animé d'une
volonté propre et son pilote se bat pour le maîtriser.
Le second est en revanche sur des rails tout en restant maniable
et obéit au doigt et à l'œil. Souvent, la différence
n'a rien à voir avec la dextérité du pilote.
Quelques mauvaises habitudes peuvent tout à fait transformer
le plus docile des modèles en monture indomptable.
Vous avez beau faire ce que vous voulez,
le modèle "marsouine": il continue à monter
ou à descendre même après avoir lâché
le manche de la profondeur. Aux ailerons, c'est pareil : impossible
de garder les ailes à plat... Le coupable, c'est vous ! Dans
99% des cas, cela provient d’un mauvais réglage. La
raison est souvent une combinaison des erreurs suivantes : |
La
radio est (mal) programmée |
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Raccordement pour obtenir un maximum de débattement
du volet (servo A) et un minimum de débattement (servo
B). |
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Les servos A et B provoquent le même débattement
du volet mais la solution B amplifie les jeux mécaniques.
Essayez d’utiliser les trous les plus éloignés
de l’articulation sur le palonnier de servo et le guignol
de gouverne. |
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En décalant le palonnier de servo de quelques
degrés, le débattement est plus important dans
un sens que dans l’autre. On obtient ainsi du différentiel
sans programmer la radio. |
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C'est une véritable
plaie qui touche presque tous les débutants et même
des "moustachus" ! Les radios modernes permettent de modifier
la position du neutre et les débattements de chaque servo
individuellement. Hélas, beaucoup usent et abusent de ces
fonctions, au lieu de régler le problème là
où il est : sur le modèle.
Scénario catastrophe : au
premier branchement de votre nouveau RTF, la commande d'un aileron
s'avère être décalée vers le bas. Vous
corrigez dans le menu « neutre » de la radio (Centre+22%).
En passant, vous diminuez le débattement car la commande
bouge trop (Course =70%).
Lors du premier vol, il a fallu trimmer beaucoup (Trim +5) et le
débattement est encore trop important. En plus il faudrait
du différentiel. Et comme les ailerons réagissaient
mal, on ajoute de l'expo en espérant calmer le jeu. Retour
dans le menu de la radio : (Course =50%, Fin de course Canal 1 =75%,
Expo =50%, Diff =50%). Résultat : la course du manche provoque
un déplacement de seulement quelques degrés du servo.
Celui-ci avait une précision de 256 "pas", mais
il n'en reste plus qu'un tiers et l'imprécision autour du
neutre est triplée. Pire que ça : en n'utilisant que
le tiers de la course du servo, celui-ci ne produit plus son couple
normal. Un servo qui suffisait devient alors trop faible. Cerise
sur le gâteau, le second aileron, qui est réglé
différemment, ne s'incline jamais de la même façon
que le premier. Au vol suivant, c'est la cata ! L'avion est instable
aux ailerons et finit par décrocher en approche...
Ce qu'il aurait fallu faire :
A l'atelier (et pas juste avant le premier vol), branchez la radio
et vérifiez d'abord que les servos sont bien programmés
: neutre au milieu, course à 100%, réglages identiques
pour les deux ailerons, trims au centre, pas de double débattements,
expo, ni différentiel. C'est surtout important si on «
copie » la mémoire d'un autre avion.
Branchez maintenant le modèle et vérifiez le neutre
des servos. Si les volets sont décalés, réglez
la longueur des commandes sans toucher à la radio. Toutes
les commandes doivent être au neutre avec les trims au milieu.
Vérifiez maintenant les débattements. Si une commande
bouge trop, il y a deux moyens de régler le problème
: Sur le volet (profondeur, aileron, direction,…) on commence
par déplacer la chape ou le diabolo vers le trou suivant
du guignol, en s’éloignant de l’articulation.
Si ça ne suffit pas, de l’autre côté de
la tige on peut déplacer la chape ou la tige de commande
vers le trou suivant du palonnier de servo, en se rapprochant du
centre. Attention, si on s’approche trop du centre du servo,
la commande peut parfois forcer dans certaines positions, c’est
pourquoi on règle le problème de préférence
sur le volet.
Si vous programmez un double débattement, n’exagérez
pas, ne descendez pas sous les 70%. Pareil pour le différentiel,
l’expo, etc.
Après le premier vol, prenez le temps d’ajuster les
commandes sur l’avion de façon à ramener les
trims au neutre. Dans tous les cas, ne touchez pas à
la programmation des servos dans la radio, réglez plutôt
la commande sur l’avion ! Même le différentiel
peut être réglé mécaniquement sur les
ailerons (voir illustration).
Un gros avantage de cette façon de faire est que le réglage
dans la radio est le même pour tous les modèles : trims
au centre et servos à 100% partout. Aucun risque de crasher
un avion si on se trompe de mémoire de modèle. |
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Modifier les courses des servos
en programmant la radio peut nuire gravement à la santé
de vos avions... |
Les
calages ou la géométrie sont mauvais |
Si votre avion vole plus ou moins bien en palier mais
pas dans les autres attitudes et vitesses, méfiez-vous ! Vérifiez
que le fuselage n’est pas "banane", que les ailes et l’empennage
horizontal sont bien parallèles, que la dérive est verticale,
etc. Parfois, ça ne se voit pas à l’atelier, surtout
quand les ailes sont vrillées. Si pour voler droit vous devez trimmer
une commande de façon importante, c’est mauvais signe. Par
exemple, voler normalement avec les ailerons un peu braqués signifie
que l’aile est vrillée. Si la commande de profondeur n’est
pas à plat malgré un centrage correct, c’est que le
calage du stabilisateur est mauvais.
Un élément déformé rend l’avion désagréable
à piloter mais peut aussi avoir des conséquences dramatiques.
Un empennage tordu ou une aile vrillée peuvent causer un décrochage
brutal, même à haute vitesse.
Souvent, on peut redresser un fuselage banane ou vrillé en appliquant
une torsion dans le bon sens à la main et en chauffant à
l’aide d’un sèche-cheveux, éventuellement après
avoir humidifié le bois. La même méthode peut "rattraper"
une aile tordue. Pour les modèles en mousse, si le sèche-cheveux
ne suffit pas on peut tenter d’immerger la pièce dans de
l’eau très chaude. Si on parvient à ne pas se brûler,
en général on arrive à redresser le matériau.
Quand les servos sont à l’avant du fuselage,
de longues tringles sont nécessaires pour les relier aux commandes
de l’empennage. Essayez de bouger le gouvernail ou la profondeur
à la main : vous avez du flambage si la tige plie et forme une
"banane" sans que le palonnier de servo ne bouge. En vol, non
seulement la commande sera imprécise mais il y aura un gros risque
de "flutter", une oscillation aérodynamique de la commande
qui peut conduire à l’arrachage des charnières ou
même de l’empennage.
A moins d’utiliser une grosse baguette dure ou un tube en carbone
très rigide, il est obligatoire de guider la tringle à intervalles
réguliers. De cette façon, même une tringle fine ne
peut plier. L’idéal est de guider la tringle sur tout son
parcours dans une gaine. Mais encore faut-il que cette gaine soit elle-même
solidement collée à intervalles réguliers.
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Pour éviter le flambage,
les commandes sont guidées à intervalles réguliers
; à chaque passage de couple par exemple. |
Une autre cause de flambage se trouve dans les palonniers
et guignols en nylon qui sont parfois trop souples. Sur les modèles
rapides ou puissants, un matériau plus rigide est préférable
: contre-plaqué aviation, fibre de verre, carbone,…
Enfin, contrôlez la fixation du servo dans sa platine. Sur certains
ARF le bois est tellement fin qu’il plie ou se fend. Si les vis
qui maintiennent le servo sont trop peu serrées, celui-ci peut
bouger dans son logement. Si elles sont trop serrées, le filet
du bois peut être arraché et finalement la vis ne retient
plus rien. La palme revient aux fixations en adhésif double face,
qui finissent toujours par se décoller.
Avant chaque vol, vérifiez vos commandes en bougeant les
volets à la main !
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Guignols et palonniers en carbone
très rigide, pour éviter un flambage par flexion sur
les modèles puissants. |
Tous les servos présentent un jeu mécanique,
certains plus que d’autres. Par ailleurs, les raccords, guignols,
chapes, etc. possèdent également un jeu mécanique
nécessaire à un fonctionnement souple et sans "point
dur". Sur un modèle mal réglé, l’addition
de tous ces jeux fait que l’on peut déplacer les commandes
sans faire tourner les servos. Cet effet s’additionne au flambage
éventuel. Le résultat est le même : un modèle
imprécis et un danger de "flutter".
Il existe plusieurs astuces pour limiter le jeu. Par exemple on peut utiliser
des chapes à boule au lieu des "Kwik-Links" ou "fourchettes"
habituelles. Les diabolos sont aussi un bon moyen de garder une commande
réglable et sans jeu. Attention aux trous dans les guignols et
palonniers. Si le trou est trop grand ou ovalisé, il peut causer
un jeu important.
Tant que vous y êtes, sécurisez vos commandes.
Un peu de frein filet sur la visserie des diabolos évitera bien
des malheurs. Un bout de durit en silicone sur les chapes évitera
une ouverture intempestive.
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Commande de profondeur surdimensionnée
avec diabolo et chape en nylon renforcé : pas de jeu, pas
de flambage. |
Les
commandes sont trop dures |
Beaucoup d'ARF sont livrés avec des commandes
en corde à piano coulissant dans une gaine en plastique. Hélas,
le frottement du métal sur le plastique est très important,
d'autant plus que la tige est rigide et qu'elle doit suivre une courbe.
Dans ces conditions, le servo force pour revenir au neutre, les commandes
"grognent" ou "sifflent". Non seulement l'avion ne
vole pas droit mais les servos consomment trop, au risque de vider l'accu
ou de griller le BEC.
Il faut impérativement assouplir les commandes. Parfois, il suffit
de courber une tige pour qu'elle coulisse mieux. On peut aussi "roder"
des charnières en les bougeant à la main de façon
répétée. C'est nécessaire pour les modèles
en mousse dont le matériau sert de charnière. Le cas échéant
on peut remplacer la tige en corde à piano par une autre, plus
fine ou en plastique. Attention alors à la solidité et au
flambage.
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Si vous utilisez des chapes de type
« Kwik-Links », pensez à les verrouiller à
l'aide d'un bout de durit en silicone et/ou un morceau de gaine
thermorétractable. |
Les commandes de type "Sullivan" en plastique
et nylon glissent exceptionnellement bien, même si le parcours comporte
des courbes. Pour la commande de direction, l'usage de câbles aller-retour
en kevlar garantit une bonne précision pour une masse minimale.
Enfin, les solutions « à l'ancienne », comme une baguette
carrée bien rigide qui court dans tout le fuselage, restent d'actualité,
même si de nos jours on préférera un tube de carbone...
Les trous dans les guignols et palonniers en nylon sont souvent trop petits
et peuvent aussi causer un frottement néfaste. Quant aux chapes
à boule, comme les charnières elles doivent être "rodées".
Le
piqueur et l'anticouple sont inadaptés |
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Trouver les bons calages,
anti-couple et piqueur peut être complexe, mais c'est
la seule façon de voler droit. |
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"Quand je mets les gaz, l’avion
monte comme un ascenseur !"
Pour contrer cet effet aérodynamique, il faut incliner le
moteur légèrement vers le bas. Souvent on incline
aussi le moteur légèrement vers la droite pour contrer
le "couple moteur", le "souffle hélicoïdal"
et la "précession gyroscopique". Pour l’explication
de ces termes cabalistiques, téléchargez l’article
paru dans AAModels-Info
de septembre 2009.
Beaucoup de fabricants asiatiques de modèles à bas
prix laissent ces réglages importants à l’initiative
du pilote. Parfois même ils n’en parlent pas dans la
notice, comme si c’était "évident".
Trop peu de piqueur c’est inconfortable, mais s’il y
en a trop, ça peut franchement devenir dangereux. En effet,
lors d’une remise des gaz brutale, par exemple après
une approche trop longue, l’avion va d’abord piquer
avant de monter. Si l’avion est bas, la sanction est immédiate
!
Ici aussi, il faut régler l’anticouple et le piqueur
sur l’avion et pas dans la radio. Bien sûr, il est plus
simple de programmer une compensation à piquer dans la radio
que de démonter le moteur pour l’incliner un peu vers
le bas. Mais imaginez la situation suivante : vous êtes en
approche d’atterrissage et pour une raison quelconque vous
devez remettre "plein pot". Dès que le manche avance,
la profondeur descend à cause du mixage "Gaz-profondeur".
A ce moment, le moteur n’as pas encore accéléré
et donc le moteur ne tire pas encore le modèle vers le haut.
Par contre l’avion pique immédiatement vers le sol
et ce n’est qu’après quelques instants que les
forces vont s’équilibrer. Entre-temps il est peut-être
trop tard… |
Les
servos sont médiocres ou inadaptés |
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Les fabricants de servos
se battent à coup de couple et de vitesse de rotation mais
"oublient" bien souvent de parler de la précision
et surtout du retour au neutre. De tous les paramètres, c’est
pourtant le plus important ! Un servo qui ne ramène pas la
commande "à plat" transforme un bon avion en piège
difficile à piloter.
Par ailleurs, de nombreux servos, surtout ceux à pignons
métalliques, présentent un jeu important dans les
engrenages. Cette fois le danger est que la commande entre en "flutter",
avec des conséquences dramatiques : commandes sectionnées,
charnières détachées, empennages arrachés…
Pour la majorité des applications, la vitesse du servo importe
moins que son couple, c’est-à-dire la force qu’il
exerce sur les surfaces de contrôle.
Les servos d’ailerons n’ont pas beaucoup de boulot.
La surface est souvent raisonnable, tout comme le flux d’air
sur la commande. Et puis généralement il y a un servo
par aile. À la profondeur en revanche, souvent un seul servo
doit actionner deux surfaces qui sont en plus en plein dans le vent
de l’hélice. La masse à faire tourner est conséquente
et l’action à la profondeur est généralement
de longue durée et associée à des facteurs
de charge. Pour toutes ces raisons, le servo de profondeur doit
être assez costaud, en plus d’être précis.
Quant au servo de direction, c’est celui qui souffre le plus,
surtout quand il doit aussi braquer une roue pendant les décollages
et atterrissages. Il encaisse alors des chocs importants.
Pour résumer, le servo idéal est :
- Léger et précis aux ailerons ;
- Précis et puissant à la profondeur ;
- Costaud (pignons en métal) à la direction.
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Commande de direction par câbles
aller-retour,
une solution simple, légère et précise. |
L'avion
est mal équilibré |
Avant de décoller, il faut bien sûr vérifier
le centre de gravité de l’avion. Trop avant et le modèle
sera lourd aux commandes, désagréable à piloter et
il atterrira trop vite. Trop arrière et le modèle sera instable,
avec une tendance à décrocher à la moindre sollicitation.
On pense moins souvent à vérifier l’équilibre
latéral de l’avion. Or il est rare qu’un avion, même
sorti de sa boîte, ait une masse parfaitement symétrique.
Si en plus une aile a subi une réparation ou comporte un accessoire
supplémentaire (radôme, feu d’atterrissage, prise d’air
du radiateur, etc.), le déséquilibre peut avoir des conséquences
en vol. Par exemple, l’avion ne passe pas un looping l’axe
; il "tire-bouchonne". Ou alors on a l’impression qu’il
faut le trimmer aux ailerons quand la vitesse de vol varie. Ou tout simplement
il faut du trim aux ailerons pour voler à plat, même si l’aile
n’est pas vrillée.
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Un avion bien réglé
vole droit et on peut le mettre où on veut sans le casser
ni décapiter le photographe… |
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org
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