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Texte :
Pascal Cepeda
Photos :
Toto |
La mode du polystyrène, du Dépron et de l’EPP
est en plein boum, mais la plupart des kits sont à peindre ou à
recouvrir de scotch d’emballage pour la finition. Ce kit de Piper
EM qui m’a été confié, lui, est entièrement
en polystyrène et Dépron et a la particularité d’avoir
toute la finition déjà faite, décoration comprise,
de plus le temps de montage est très réduit par une préfabrication
très avancée.
Vous allez me dire : encore un Piper, mais celui-ci
est tout petit ; 88 cm, il est livré quasiment fini et en
plus il est trois axes, ce qui est rare dans cette taille… Ce Piper
Guindeuil EM, tel est son nom, est distribué par ce revendeur allemand
spécialiste de tout ce qui est électrique, Guindeuil Elektro-Modellbau.
Il fait partie d’une série de deux modèles dont il
a l’exclusivité, l’autre est un petit avion de voltige
mignon comme tout, le Cap 232 EM dont on reparlera. On m’a confié
ces modèles de présérie afin de les tester.
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Le kit
A la commande de votre kit, vous avez le choix entre deux couleurs :
soit le jaune bien connu, soit le rouge. Vous recevez l’ensemble
dans un carton où tout est bien calé et ne risque pas de
s’abîmer pendant le transport. On trouve tous les éléments
sous sachets individuels ; une aile en polystyrène blanc entoilée
avec une sorte d’adhésif style Oratrim. Son profil est le
fameux Clark Y. L’état de surface est très propre
et au premier abord on ne pense pas que c’est du simple polystyrène
entoilé. Les ailerons en balsa sont aussi entoilés et articulés
par du scotch déjà en place, les barres de torsion sont
posées et le tout s’articule parfaitement. En regardant par
transparence, on aperçoit un longeron en balsa noyé à
l’intrados au tiers de l’aile. Au centre, on distingue à
la jonction un renfort en tissu de verre qui relie les deux panneaux ensemble,
l’emplacement pour le servo d’ailerons est déjà
prévu. Des renforts en balsa sont noyés au bord d’attaque
pour que les élastiques ne marquent pas le polystyrène tandis
qu’au bord de fuite, au centre de l’aile, des sortes de U
en plastique protègent les barres de torsions de l’écrasement.
Les bord d’attaque et de fuite sont fermés par des baguettes
de balsa poncées dans le prolongement du profil, ainsi que le saumon
où l’aile se finit inclinée. Si on la regarde par
l’arrière, on remarque un vrillage négatif en bout
d’aile, sans doute pour retarder le décrochage à basse
vitesse. En fin de compte cette aile est légère et très
jolie.
Dans un autre sachet on trouve les empennages avec leurs volets, le tout
en Dépron entoilé. A l’articulation du volet, on distingue
une baguette de balsa qui sert de renfort pour les charnières en
tissu déjà en place.
Le fuselage est aussi en Dépron avec des renforts en balsa placés
judicieusement au niveau de l’aile, du train d’atterrissage
et du moteur. L’avant est prévu sans cloison moteur et un
capot plastique déjà peint recouvre le tout sur la version
de présérie. Maintenant, dans les nouveaux kits, le capot
moteur est en balsa et fait partie intégrante de la structure.
Juste sous le pare-brise, on trouve un capot en polystyrène amovible
pour avoir accès à toute la chaîne de propulsion.
Des baguettes en balsa servent pour la fixation des servos de profondeur
et de direction, dessous on trouve même une écope d’évacuation
de l’air chaud. Bien sûr, le tout est entoilé en jaune
et la décoration est déjà en place ainsi que les
vitrages. Dans les sachets restants, on trouve tout l’accastillage
pour la radio le train d’atterrissage, les raccords rapides, guignols,
cordes à piano avec leur gaine, deux jolies petites roues en mousse
et leurs arrêts. Le train d’atterrissage fini et entoilé
était déjà en place sur mon kit. Maintenant, sur
la nouvelle version, on a la possibilité de le rendre démontable.
On trouve des élastiques pour la fixation de l’aile et même,
ce qui est plutôt rare, un morceau d’entoilage au cas il y
aurait une réparation à faire. Une notice en français
de cinq pages retrace le montage avec photos et réglages de base.
L’ensemble du kit est de très bonne facture. Le poids à
vide, après vérification sur ma balance, est de 190 g. Au
vu de l’avancement de ce kit, le temps de montage sera plutôt
réduit.
Le fuselage est une structure légère en balsa
habillée de Dépron, le tout recouvert d'un film adhésif.
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Le profil est plat à l'intrados. On cale ainsi les
ailerons très facilement afin de déterminer la longueur
des commandes. |
L’aile
Le seul travail consiste à poser le servo d’ailerons dans
l’emplacement prévu. Je disposais d’un servo de 9 g,
je l’ai donc simplement fixé avec un peu de double-face sur
le fond du boîtier après avoir effectué quelques tours
de scotch papier afin de rattraper le jeu car il était plus fin
que prévu. Le palonnier du servo est tourné côté
bord d’attaque, on fixe les raccords rapides sur les barres de torsion
puis on pose la corde à piano avec la manivelle sur le palonnier.
Pour régler le neutre des ailerons, il faut aligner ceux-ci avec
un règle posée sous l’intrados de l’aile. Il
faut régler le différentiel en déportant les cordes
à piano vers l’avant sur le palonnier.
Sur la version de pré-série essayée,
le train est fixe sous l'avion.
Maintenant, il peut être démonté. |
Le Speed 300 prévu a été avantageusement
remplacé par un petit brushless en bois réalisé
par l'auteur. |
Le fuselage
Pour lui, il y a un peu plus de travail. Tout d’abord on colle le
stabilisateur avec un peu d’époxy en dégageant l’entoilage
aux endroits de collage, on l’aligne dans tous les sens et on vérifie
bien sa géométrie avec l’aile sur le fuselage. La
dérive peut être aussi collée à l’époxy
ou à la cyano polystyrène pour les plus pressés.
Les roues sont enfilées sur le train et bloquées par les
arrêts fournis. J’ai intercalé un tube en plastique
de 2 mm dans la roue pour rattraper le jeu par rapport au diamètre
de la corde à piano du train. A l’arrière du fuselage,
il faut coller le petit patin d’atterrissage livré. Il ne
reste plus qu’à percer sur le côté du fuselage
les trous pour les tourillons d’aile en suivant les marquages au-dessus
des vitrages.
Avec un brushless qui entraîne une grande hélice,
il faut prévoir de l'anticouple et du piqueur. |
Ici, le capot est en plastique. Sur les modèles de
série, tout l'avant de l'avion est en bois. |
Installation de la radio
Pour la commande de direction et de profondeur, il suffit de visser les
deux servos sur les taquets en place dans le fuselage. N’oubliez
pas les avant-trous pour les vis, j’ai tout simplement suivi la
notice et ses photos.
J’ai posé les gaines de commande en perçant l’arrière
du fuselage aux endroits indiqués en suivant les deux photos et
la cotation, c’est très bien expliqué. Petite astuce,
les trous ont tout simplement été percés avec un
bout de corde à piano chauffé sur le gaz, c’est net
et précis sur le Dépron. Les gaines livrées sont
enfilées par l’arrière et guidées au niveau
des servos avec une baguette balsa placée en travers du fuselage,
un peu de cyano scelle le tout. Les raccords rapides sont montés
côté servos. Côté guignols, j’ai fait
un pliage à 90°. Ces guignols collés ont été
faits avec des chutes de palonniers de servos plutôt que d’utiliser
ceux à visser livrés. J’ai enfilé un petit
bout de gaine sur les cordes à piano pour qu’elles ne se
détachent pas.
Le récepteur ACT 6 trouve sa place devant les servos sur le plancher
avec un bout de Velcro, l’antenne est guidée à travers
l’écope d’évacuation de l’air chaud à
l’arrière du fuselage. J’ai placé une rallonge
pour le servo d’ailerons et du scotch papier guide les fils sur
les flancs avec le fil du contrôleur.
Une trappe amovible autorise un accès facile à
la batterie. Ici, un pack Li-Po 3S 1200 mA. |
Les deux petits servos, "perdus" dans le fuselage.
Le récepteur est glissé dessous. |
Et la motorisation
On peut le motoriser avec un moteur Speed 300 et la petite hélice
Günther blanche. J’ai monté un petit moteur brushless
LRK fait maison en contre-plaqué, sa construction a été
décrite dans le numéro 7 de votre revue préférée.
J’ai tout simplement changé l’hélice pour une
8”x4,3” car la 9”x4,7” ne passe pas en hauteur
quand l’avion est en ligne de vol au décollage. Pour le monter,
j’ai collé une cloison en contre-plaqué avec deux
renforts en baguettes 4x4 balsa. J’ai mis un peu de piqueur et d’anticouple ;
on finira par valider ces réglages en vol. Le contrôleur
est fixé juste derrière sur le côté du fuselage
avec un peu de Velcro adhésif. C’est un Jeti Advance 08 en
mode 2 avec le frein programmé sinon vous n’avez pas la coupure
Li-Po. Un petit conseil en passant si vous avez un contrôleur pour
Li-Po ou autre avec un inter pour la coupure radio : ne pas penser qu’en
coupant celui-ci le contrôleur est éteint, il “consomme”
toujours tant que l’accu est branché et finit tranquillement
de le vider. Donc attention car un Li-Po déchargé en dessous
de 2,5 volts par élément : direction poubelle. Il faut toujours
débrancher l’accu du contrôleur. Je parle en connaissance
de cause, j’ai dernièrement vidé un accu Konion complètement
et impossible de le rattraper.
L’accu de propulsion trouve sa place en fonction du centrage. Pour
obtenir celui de la notice, mon accu 3S 1200 mA E-Tech se trouve juste
dessous le pare-brise sous le capot amovible, c’est très
pratique pour son changement sans démonter l’aile.
A l'arrière, le patin est indispensable pour les décollages
et les atterrissages sur piste en dur. |
Une large ouverture existante sous le fuselage permet l'évacuation
des calories. |
Réglages d’avant vols
Le centrage se trouve à 5 cm du bord d’attaque soit 33% de
la corde, du classique en somme.
Mes débattements sont de 10 mm vers le haut et 5 mm vers le bas
pour les ailerons, 10 mm en haut et en bas pour la profondeur et 20 mm
de chaque côté pour la dérive, au plus large de la
gouverne.
Mon Piper EM pèse exactement 390 g prêt au vol avec le pack
de 3S 1200 mA E-Tech. On peut faire plus léger avec des servos
de 6 g et un micro-récepteur ou tout simplement en mettant un accu
de plus faible capacité vu qu’on atteint déjà
les 25 minutes de vol. La charge alaire de 26 g/dm² est très
bien pour un park flyer.
Les essais en vol
Les premiers vols se sont passés le soir même tellement j’étais
impatient de le faire voler, l’accu était à charger
depuis le début de la construction. Je suis allé dans un
pré pas loin de chez moi. La fixation de l’aile avec les
élastiques fournis est rapide, on branche le servo d’ailerons
au passage, on fait passer l’accu par l’avant et paré
pour le vol. Vu l’herbe haute, je n’ai pas tenté de
décollage. Après les vérifications d’usage,
le contrôleur est branché et le moteur chante. On pousse
le manche et hop ! Une petite poussée et il rejoint son
élément, le moteur tire plus que vaillamment et l’angle
de montée est très confortable. Je réduis avant de
ne plus le voir et reviens gentiment en faisant un virage vers la gauche.
Là je m’aperçois que les ailerons répondent
bien mais qu’il y a du lacet inverse et le fait de trop les braquer,
l’avion aurait tendance à repartir de l’autre côté,
on met un peu de dérive et là les virages s’enchaînent
ainsi très bien. Je n’aurais jamais pensé avoir à
cette échelle un tel phénomène malgré le différentiel
réglé au servo. En fin de compte il faut peu de débattement
et la petite dérive est très efficace, si bien que je me
suis amusé à faire des hippodromes complets rien qu’à
la dérive et profondeur et cela répond très bien
ainsi malgré le faible dièdre de l’aile. A la rigueur,
on pourrait le piloter en deux axes.
Ce qui est impressionnant au début c’est qu’on dirait
qu’on pilote un avion plus gros, il est précis et stable
en l’air. J’ai effectué plusieurs aller retour et il
ne tire ni d’un côté ni de l’autre, la vitesse
de vol est rapide si on monte les gaz mais on peut voler plus lentement,
de plus pour ce vol j’avais une hélice de 8”x6”
GWS et la traction était bien présente.
Je suis monté plus haut pour faire un test de décrochage.
Après un total ralentissement et en tirant à fond la profondeur,
l’avion quasiment arrêté ne bouge pas et hésite,
puis il me fait une petite abattée en partant d’un côté
ou de l’autre sans préférence. En relâchant
le manche de profondeur après 2 ou 3 mètres, il revient
en ligne de vol. En fin de compte rien de bien méchant, c’est
même très sain pour cette échelle, le vrillage du
bout d’aile doit y être pour beaucoup. En ligne droite pleins
“gaz” il aurait tendance à monter plus facilement.
Le Clark Y l’aide bien. Un peu plus de piqueur sera nécessaire,
l’anticouple semble correct et sur une montée à 45°
il ne dévie pas de sa trajectoire. Je n’ai pas pu résister
à passer quelques figures de voltige au vu de la puissance moteur
disponible. Le looping est une formalité et les gaz contrôleront
le diamètre. Le renversement se passe très bien à
droite comme à gauche, la petite dérive étant très
efficace. Le tonneau passe mais n’est pas très joli, il faut
aider les ailerons avec un peu de dérive. Le début est plutôt
lent et sur la fin il s’accélère, je n’aime
pas trop. En fin de compte, ma figure préférée est
tout simplement la glissade, une figure qui peut paraître anodine
mais pas si facile que ça, il faut veiller à ne pas mettre
trop d’ailerons et juste ce qui faut de dérive en contre
tout en gérant l’altitude au moteur et à la profondeur.
Sur une longueur de terrain, quel plaisir… Il a bien fallu atterrir,
la nuit commençant à tomber ; dernier virage, on baisse
le moteur et on tire légèrement, il ralentit et le voici
qui se pose, avec un petit cheval de bois tout à fait normal avec
cette herbe haute du pré. Ce premier vol aura duré 17 minutes
et l’accu n’est pas vidé. Moteur et accu sont froids.
Le
modèle est livré entoilé. |
Ce Piper est piloté en 3 axes. |
Suite des vols
Après augmentation du piqueur en intercalant une cale de balsa
entre le moteur et la cloison puis changement de l’hélice
par une 8”x4,3”, direction la piste. Cette fois-ci les vols
se sont déroulés sur la magnifique piste en dur du terrain
du club voisin à La Réole. On décolle depuis la piste
comme un grand. Pas de problème à l’accélération,
on contre le couple moteur avec la petite dérive et il décolle
rapidement en quelques mètres, la montée est franche et
la hauteur de sécurité est rapidement atteinte. Cette fois-ci
à la mise en puissance, il monte moins, le piqueur a l’air
correct et le plein pot en palier tient facilement, les virages s’enchaînent
bien, toujours conjugués avec un peu de dérive mais on n’est
pas obligé de piloter parfaitement trois axes. Plusieurs passages
lents à hauteur des yeux ont été faits pour le photographe
de service, Toto le roi de la photo, un filet de gaz suffit. Le look en
vol est vraiment réaliste, la décoration rend bien le change.
Si le vent se lève un peu, on peut jouer à faire du sur-place
sans difficulté et si le vent souffle fort il le remonte bien grâce
à la puissance du petit moteur qui le tire vaillamment. Juste l’atterrissage
sera plus difficile mais vu le faible poids de l’avion, il n’y
a aucun risque et l’inertie est vraiment faible. L’atterrissage
de piste n’est pas trop facile, comme le touch and go, car la garde
au sol est faible et l’hélice est grande, mais c’est
réalisable, sinon le mieux est un atterrissage trois points avec
un petit contrôle des gaz sur la piste vraiment immense à
son échelle.
Vols en salle
Pour la rencontre indoor de Bordeaux des 16 et 17 octobre 2004 au vélodrome
j’avais amené le Piper. Au vu des dimensions de la salle
et du bon caractère en vol, c’était jouable. Il faut
dire que la salle est énorme : 3000 m2, 30 mètres au
plus bas et 40 mètres au plus haut pour le plafond. Que voulez-vous
de mieux ? Après les salutations aux collègues du club
de l’ASCPA que dirige avec une gentillesse égale à
lui-même M. Jean-Pierre Darrouzes, j’ai fait les premiers
vols assez tôt dans la journée pour ne pas gêner les
autres pilotes, on n’est jamais trop prudent. Je me suis mis sur
un côté de la salle pour pouvoir exploiter le volume au maximum.
Il décolle très rapidement, vite on réduit. Pour
tourner court, je m’aperçois que j’utilise à
peine la moitié de la salle, quelques tours plus tard et un pilotage
appliqué j’agrandis mon circuit, je me détends et
ça va mieux, en fin de compte on peut le ralentir pas mal mais
ce n’est pas un indoor classique, le vol est plaisant et au bout
de quelques minutes me voici en train de faire des passages bas sans difficulté,
le vol n’est pas trop rapide et la salle est vraiment grande, je
me suis même amusé à passer quelques renversements
et des grands huit paresseux. Cela passe mais il faut bien gérer
les gaz. L’atterrissage ne fut qu’une formalité et
la tension est retombée. Le vol en salle est possible, mais dans
des grandes salles. C’est avant tout un park flyer réservé
plutôt aux pilotes aguerris. Le vol avec d’autres avions n’est
pas possible.
Conclusion
Que dire sinon que je suis enchanté par mon Piper EM, les qualités
de vol sont très bonnes, au-dessus de la moyenne pour un si petit
avion qui en plus est trois axes ce qui est rare. Il est très réaliste
en vol et le kit est très complet avec la finition comprise, tout
cela pour un prix très attractif. Le vieillissement est très
bon, malgré la construction en polystyrène, Guindeuil ditribue
un très bon avion qui charmera tous les amoureux du Piper.
Caractéristiques
Nom : Piper
Marque : Guindeuil (www.guindeuil.de)
Envergure : 88 cm
Longueur : 63,5 cm
Profil : Clark Y
Surface alaire : 14,96 dm²
Poids : 390 g
Charge alaire : 26 g/dm²
Equipement
Accu : Li-Po 3S 1200 E-Tech
Moteur : LRK bois
Autonomie : + de 25 mn
Prix : 58 € |
Contact :
pascal-cepeda@jivaro-models.org
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