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 Petit Manuel du pilote RCPiloter un avion RC est plus difficile que 
          de piloter un avion 'grandeur'. C'est ce que disent tous les 'vrais' 
          pilotes quand ils prennent les commandes de leur premier modèle réduit. 
          La raison est évidente : le pilote RC n'est pas dans son avion... Non 
          seulement il ne dispose pas d'instruments pour l'aider, mais surtout 
          il ne 'sent' pas son avion. Sans parler de l'inversion des commandes 
          quand le modèle revient vers lui... Texte et photos : Laurent Schmitz
 Pourquoi un 'manuel du pilote RC' ?Les élèves-pilotes qui commettent l'erreur d'essayer seuls plantent 
          généralement leur modèle aussi vite qu'ils l'ont décollé... Les autres 
          (ou les mêmes, mais plus tard...) reçoivent l'aide dévouée d'un moniteur. 
          Les moniteurs des clubs sont des bénévoles qui sacrifient une partie 
          de leur temps libre à la formation des nouveaux. Le plus souvent, ils 
          omettent une partie des subtilités du pilotage pour que leur élève soit 
          indépendant le plus vite possible. Le résultat est que dès que le modéliste 
          est capable de voler sans casse, il est voué à lui-même tandis que le 
          moniteur passe au suivant ou s'adonne à son tour au pilotage. Force 
          est de reconnaître qu'à ce moment, le nouveau pilote ne connaît pas 
          encore grand-chose. C'est ainsi que bien des modélistes mettent des 
          années à découvrir que la direction ne sert pas qu'au sol, que le manche 
          des gaz n'est pas un interrupteur et qu'on ne monte pas en tirant sur 
          le manche de profondeur. Comment ? Vous ne le saviez pas ? Alors il 
          est temps de lire ce qui suit...
 
 TaxiVous avez pris contact avec un club et aujourd'hui, vous posez fièrement 
          votre avion tout neuf sur la piste. Allons-y pour la check-list... Le 
          plein est fait ? 'Check !' Portée radio ? 'Check !' Sens et débattement 
          des commandes ? 'Check !' Centrage ? 'Check !' Réglages moteur ? 'Check 
          !' Vous êtres en ordre d'assurance ? (important, l'assurance)... 'Check 
          !'
 OK, passons au pilotage proprement dit.
 Avant même de décoller, il faut se familiariser avec le comportement 
          de l'appareil au sol (taxi). Cela ne s'applique pas aux avions à lancer, 
          bien sûr.
 Le taxi se fait à allure modérée, on doit pouvoir suivre l'avion en 
          marchant. Comme nos terrains sont souvent en herbe, l'avion a parfois 
          du mal à se mettre en mouvement. Il faut alors donner un bref coup de 
          gaz et réduire dès que l'appareil roule. Pendant tout le roulage, il 
          faut garder la profondeur à fond, donc tirer sur le manche. Cela soulage 
          la roue avant et c'est un bon réflexe pour plus tard, quand votre avion 
          aura une roulette de queue. N'allez pas trop vite car dans ces conditions 
          l'avion ne demande qu'à décoller, surtout face au vent...
 Le modèle se dirige avec la commande de direction. Il faut manier les 
          manches avec délicatesse : comme un guidon de vélo, pas comme une manette 
          de Playstation ! Notez que dès que le moteur accélère, votre modèle 
          a tendance à dévier vers la gauche. C'est dû à l’effet de couple et 
          il faut corriger la trajectoire en braquant la direction un peu à droite. 
          Entraînez-vous à faire des '8' sur le terrain, d'abord en suivant l'avion, 
          puis en restant sur place. Quand l'avion revient vers vous, la commande 
          de direction semble inversée : l'avion va à gauche quand le manche est 
          à droite ! Il vaut mieux s'y habituer au sol qu'en vol...
  
          
             
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              | Pour les premiers décollages, le 
                  pilote se tient derrière son avion. |  Décollage !Bon, vous ne vous trompez (presque) plus, même quand l'avion roule vers 
          vous ? C'est le moment de décoller ! Bien sûr, lors des premières séances 
          le moniteur fera ça pour vous et vous prendrez les commandes en altitude. 
          Votre 'parrain' se tiendra prêt à empoigner la radio ou à activer la 
          double commande en cas de panique. Mais un jour il faudra bien décoller 
          soi-même.
 Pour le premier décollage, faites un taxi jusqu’à l'extrémité du terrain 
          et placez-vous derrière l'avion. Alignez le nez parfaitement face au 
          vent. Accélérez lentement avec le manche à cabrer et en corrigeant la 
          trajectoire uniquement à la direction. Dès que l'avion roule bien, relâchez 
          la profondeur. Beaucoup d’avions décollent tout seuls. Si ce n'est pas 
          le cas de votre modèle, laissez-le prendre de la vitesse. Aux 2/3 du 
          terrain, tirez doucement sur le manche. L'avion devrait s'élever en 
          ligne droite. Dans tous les cas, continuez à avancer le manche des gaz, 
          même si l'avion a déjà décollé tout seul. La montée initiale se fait 
          'gaz à fond'.
 Trois pièges classiques sont à éviter au début d'un vol :
 - Le premier est de garder la profondeur cabrée pendant l'accélération. 
          L'avion quitte le sol prématurément, part en forte montée puis 'décroche' 
          et s'écrase. La même chose se passe si vous essayez de décoller alors 
          que l'avion n'a pas assez de vitesse.
 - Le second est de monter sous une trop forte pente après le décollage. 
          La moindre correction provoque alors une perte de contrôle fatale.
 - Le troisième est d'essayer de corriger la trajectoire au sol en utilisant 
          les ailerons. Ceux-ci doivent rester au neutre jusqu'au décollage. Si 
          vous braquez les ailerons pendant le roulage, l'avion capotera dès qu'il 
          quittera le sol...
  
          
             
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              | Palier d'accélération à plat 
                  juste après le décollage : un gage de sécurité. |  Décollage lancéQuand le terrain est mal pavé ou qu'il n'y a pas de roues, 
          on lance l'avion dans son élément. Le lanceur se met bien face au vent, 
          la main sous le fuselage juste derrière le centre de gravité (point 
          d'équilibre). Le pilote met les gaz à fond et dès que le moteur a pris 
          ses tours, l'aide lance l'avion droit devant, les ailes à plat et le 
          nez à plat (pas vers le haut !). Inutile de courir comme un fou, ça 
          ne fait que déséquilibrer l'engin. Les dix premiers mètres se font en 
          vol à plat, après quoi le modèle peut entamer sa montée sans danger.
 Quel que soit le mode de décollage, notez que l'avion prendra plus vite 
          de l'altitude si la pente est modérée. Un avion trop cabré a du mal 
          à grimper, en plus d'être instable.
 Mise en virageLe virage est la première manœuvre du débutant. Le moniteur lui met 
          la commande dans les mains, l'avion s'éloigne rapidement et dans les 
          plus brefs délais il faut le ramener. Les ailerons se retrouvent donc 
          à fond... et l'avion bascule en piqué !
 La bonne façon de mettre un avion en virage aux ailerons consiste à 
          incliner légèrement l'avion puis à tirer légèrement sur la profondeur. 
          La raison est simple : un avion incliné a moins de surface portante 
          et a tendance à descendre. Il faut donc tirer la profondeur (on dit 
          aussi 'soutenir') pour garder une altitude constante. Quand l'avion 
          revient vers vous, les commandes de direction semblent inversées : une 
          action du manche à droite fait partir l'avion sur votre gauche... Il 
          existe heureusement un 'truc' pour redresser un avion venant vers vous 
          : poussez le manche dans la direction de l'aile basse. L'avion se remettra 
          automatiquement à plat. Entraînez-vous à tourner à droite et à gauche 
          en faisant de larges '8' dans le ciel.
 Vous devriez rapidement maîtriser les virages 'de débutants' aux ailerons 
          et à la profondeur. C'est le moment d'introduire une difficulté supplémentaire 
          : la gouverne de direction. En réalité, c'est une commande primordiale 
          pour contrôler un virage mais par facilité on l'oublie pour les premiers 
          vols. Le virage dit '3 axes' se fait en actionnant la direction et les 
          ailerons dans le même sens. Comme deux commandes sont en action, il 
          faut moins braquer les ailerons et l'avion vire en étant moins incliné. 
          La manœuvre est plus efficace, l'avion freine moins et la trajectoire 
          est plus 'propre'.
 Par la suite vous apprendrez qu'à basse vitesse et sur certains avions 
          lents, l'usage de la direction est obligatoire. En effet, si on 'oublie' 
          la direction, l'avion s'incline aux ailerons sans tourner franchement 
          mais avec le nez pointé vers le ciel. Ce 'lacet inverse' freine l'appareil 
          qui peut alors décrocher et s'écraser. Entamer le virage par un ordre 
          à la direction permet d'obtenir une trajectoire correcte. Les ailerons 
          (dans le même sens ou parfois 'à contre') servent à contrôler l'inclinaison.
 Changement d'altitudeOuf ! Le virage s'est bien passé, l'avion revient en ligne droite. A 
          ce stade, les gaz sont probablement à fond et l'avion est franchement 
          haut. Pour le faire redescendre, le réflexe du débutant est de pousser 
          sur le manche. Le résultat immédiat est que l'engin accélère comme un 
          obus en piquant vers le sol... Panique, le pilote tire sur le manche 
          et l'avion 'rebondit' encore plus haut qu'avant !
 Contrairement à ce que l'on croit, on ne se sert pas de la commande 
          de profondeur pour changer d'altitude. Pour descendre, il suffit de 
          couper doucement les gaz sans toucher au reste. Après quelques secondes, 
          l'appareil descend de lui-même sans prendre de vitesse. Pour monter, 
          il suffit d'augmenter les gaz et l'appareil grimpe comme un ascenseur.
 Mais à quoi sert la profondeur alors ? A changer de vitesse, pardi ! 
          Si vous braquez la commande vers le haut, l'avion lève le nez, ce qui 
          le fait ralentir. Dans l'autre sens l'avion accélère. En modifiant simultanément 
          les gaz et la profondeur, on contrôle la trajectoire de l'avion : une 
          descente pas trop rapide et une montée pas trop lente.
 La morale de cette histoire est que la commande des gaz doit être utilisée 
          de façon proportionnelle et non pas voyagée d'un extrême à l'autre. 
          Les gaz se pilotent comme la direction ou les ailerons, leur position 
          change en permanence au cours du vol.
 DécrochageVoler 'aux grands angles' consiste à voler avec le nez de l'avion pointé 
          vers le ciel. On l'a vu, dans cette attitude la profondeur est cabrée 
          et l'avion freine. Bientôt, l'avion freinera trop et n'aura plus assez 
          de vitesse pour voler. Il finira par descendre, comme un 747 en finale. 
          Si la profondeur est vraiment cabrée à fond, l'avion risque de 'décrocher' 
          ('Stall'). Le décrochage se produit quand l'angle d'incidence de l'aile 
          par rapport au 'vent apparent' est trop élevé. Des tourbillons se forment 
          alors sur le dessus ('l'extrados') du profil. Ceux-ci freinent brusquement 
          l'avion qui tombe alors comme une pierre. Sur la majorité des trainers, 
          cela se traduit par des commandes molles et une oscillation de la queue 
          suivie d'une 'abattée'. Le nez de l'avion pointe brutalement vers le 
          bas, ce qui lui permet d'accélérer et de reprendre un vol normal, quelques 
          mètres plus bas. Certains avions ne décrochent pas car leur gouverne 
          de profondeur ne peut pas être braquée assez pour freiner l'avion au 
          point de décrocher. Ils se contentent de descendre, en 'parachutant' 
          le nez en l'air. Sur d'autres avions, une aile décroche avant l'autre. 
          Dans ce cas, l'abatée s'accompagne d'une rotation autour de l'aile décrochée. 
          Si les gouvernes ne sont pas ramenées au neutre, le décrochage peut 
          être entretenu et se transformer en vrille.
 Il va sans dire que l'entraînement au décrochage doit se faire à haute 
          altitude...
  
          
             
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              | Atterrissage 'de piste': avion horizontal, altitude 
                contrôlée au moteur. |  AtterrissageIl existe bien des manières de mettre un avion par terre. Parmi celles 
          qui ne causent pas de dégâts, on peut choisir entre l'atterrissage 'de 
          piste' ou 'trois points'. Le premier, aussi appelé 'deux points', consiste 
          à poser l'avion avec une faible vitesse verticale et une grande vitesse 
          horizontale. Au moment de toucher le sol, l'appareil est presque parallèle 
          au sol. Il freine en roulant encore une grande distance sur son train 
          principal. C'est donc le sol qui le ralentit.
 Le gros avantage de cette méthode est d'exclure totalement le risque 
          de décrochage pendant la finale. Par contre, la vitesse élevée et l'obligation 
          de piloter le manche des gaz forment un réel problème pour les débutants. 
          Il vaut donc mieux se poser 'trois points'.
 Cette fois, la vitesse horizontale est très faible. La pente d'approche 
          est bien plus raide et le moteur est à bas régime, avec juste un filet 
          de gaz. Pour freiner l'avion, à la fin de la descente le nez est graduellement 
          remonté en tirant sur la profondeur : c'est l'arrondi final. Le pilote 
          continue à tirer sur la profondeur de façon à faire tenir l'avion en 
          vol le plus longtemps possible. On dit qu’on ‘refuse’ le sol. C'est 
          ici l'air qui freine l'appareil. Finalement, le modèle ‘tombe’ sur la 
          piste, roule quelques mètres et s'arrête. On dit que c'est un 'trois 
          points' car si l'avion a une roulette arrière, celle-ci touche au même 
          moment que les roues principales.
 Le gros avantage du 'trois points' est que le pilote peut oublier le 
          manche des gaz et se concentrer uniquement sur la profondeur. L'avion 
          se pose très lentement ce qui est rassurant pour les débutants et provoque 
          moins de dégâts en cas d'erreur de pilotage... Mais si l'arrondi est 
          effectué trop haut, trop tôt ou trop brutalement, l'avion peut décrocher. 
          Le résultat est bien connu des élèves-pilotes : train plié, 'soleil' 
          sur une aile ou 'cheval de bois'... Si par contre l'arrondi vient trop 
          tard ou trop bas, l'avion fait le kangourou en une succession de rebonds 
          disgracieux. Théoriquement il faudrait remettre un peu de gaz pour 'aplatir' 
          les bonds au moteur mais à ce moment le débutant est aussi incontrôlable 
          que son modèle...
  
          
             
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              | 'Trois points': nez haut, moteur réduit, avion 
                proche du décrochage. |  Sans moteurQuelle que soit la méthode d'atterrissage, vous pouvez 'allonger' une 
          approche trop courte en donnant des gaz, mais ne tirez jamais la profondeur 
          ! Si au contraire l'avion est trop haut ou trop rapide, recommencez.
 L'atterrissage sans moteur est un exercice auquel il faut s'entraîner, 
          surtout en avion thermique. La procédure est la même que pour un 'trois 
          points', mais sans pouvoir 'allonger' aux gaz une approche trop courte... 
          Posez-vous face au vent mais en cas de panne à basse altitude et vent 
          arrière, l'avion a plus de chances de survie si vous atterrissez droit 
          devant ! Essayer de virer dans ces conditions provoque à coup sûr un 
          décrochage fatal. Et en cas de doute, il vaut mieux un bel atterrissage 
          dans les blés qu’un crash sur le terrain.
 Comme il faut !Que vous appreniez seul, ou plus sérieusement avec un moniteur, il arrive 
          que les conditions météo ou le manque de temps vous empêchent d'aller 
          au terrain. Entraînez-vous donc sur un simulateur de vol RC pour ordinateur. 
          Il existe de nos jours des solutions simples et peu coûteuses pour connecter 
          une radiocommande à votre PC. N'hésitez pas non plus à essayer les nouvelles 
          figures sur le simulateur. C'est moins risqué et vous saurez à quoi 
          vous attendre en vol. Vous l'aurez compris, le pilotage d'un modèle 
          réduit n'est pas simple et exige un apprentissage long et soigneux. 
          La seule façon de devenir un 'bon' pilote est d'adopter dès le début 
          une approche systématique de la formation. Se contenter de virer aux 
          ailerons et toujours voler 'à fond' permet d'être vite indépendant, 
          mais ce sont de mauvais réflexes qu'il est très difficile de perdre 
          par la suite. Alors, soyez patients et entraînez-vous à piloter 'comme 
          il faut'...
 
 Sujet mis en ligne le 4 avril 2010 Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org  
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