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Présentation : Laurent.Schmitz
Une question de point de vue...
C'est une coutume, avant chaque premier vol on
aime prendre une photo de son avion... On ne sait jamais ! Un copain se
charge de le mitrailler en vol, à charge de revanche... Mais bien
souvent le résultat est décevant. Le fier oiseau est flou,
trop sombre ou trop petit. Et même quand la photo est techniquement
réussie, le modèle ne ressemble pas au "vrai"...
Mais comment font-ils donc chez Modèle Mag ? Pour les amateurs
d'avions et de pixels, voici quelques conseils pour que la photo ne soit
pas une épreuve et qu'elle n'ait rien de négatif...
De nos jours, la photographie est principalement numérique.
Seuls d'irréductibles amateurs éclairés conservent
les pellicules d'antan. Vous êtes donc probablement muni d'un "APN"
(Appareil Photo Numérique).
Bien entendu, on fait les meilleurs clichés avec un "Reflex"équipé
d'objectifs interchangeables mais c'est un matériel complexe qui
demande un minimum de connaissances pour s'y retrouver. Rassurez-vous,
il est tout à fait possible d'obtenir de bons résultats
avec un APN compact et bon marché, à condition de s'en servir
judicieusement. Le seul appendice incontournable, c'est le zoom optique.
Il est en effet impossible de photographier un modèle réduit
en vol si l'appareil photo n'est pas doté d'une position "télé".
Celle-ci va réduire le champ de vision de façon à
"agrandir" le modèle sur la photo, comme un télescope
ou des jumelles. C'est que nos petits avions sont justement ça
: petits... en plus, ils volent loin et vite, ce qui n'arrange rien. Notez
que les téléphones, intelliphones et autres tablettes ne
possèdent pas de zoom optique et ne conviennent donc pas.
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Laissez un peu d'espace devant le modèle,
il doit pouvoir "avancer" dans la photo ! |
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Beaucoup de gens se contentent
de brancher leur APN sur la position standard : "Petit sourire
vert". C'est parfait pour les photos de madame et du chien,
mais pas pour les avions. Si vous voulez de bons clichés,
il faut choisir le programme adapté. |
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Pour tout ce qui vole, passez
en position "sport". Le coureur à pied ou le
cycliste gravé sur la molette indique que le temps d'obturation
sera le plus court possible, permettant de "figer" l'action,
et donc d'éviter le "flou de bougé". Malheureusement,
la quantité de lumière arrivant sur le capteur sera
moindre. Il faudra peut-être augmenter la sensibilité
de l'appareil. |
Cela se fait en changeant la valeur "ISO".
Ce réglage existe sur presque tous les appareils. La valeur standard
est généralement de 200 et peut être augmentée
à 400, 800, voire plus. Faites des essais, mais sachez tout de
même que la finesse de l'image diminue quand on augmente la sensibilité.
En 1600 "ISO", votre avion sera certainement net, mais au
prix d'une perte de détails importante. Par très beau
temps, il se peut que le modèle soit net mais que ses hélices
semblent figées, surtout dans le cas d'un hélico. Pour
éviter ce phénomène, vous pouvez tenter d'utiliser
le mode "paysage" pour fermer le diaphragme et diminuer la
vitesse d'obturation.
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Le mode "Sport" réconcilie
mouvement et netteté, mais méfiez-vous des hélices
qui semblent parfois figées, comme sur ce Yak-52 ! |
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Pour le plan rapproché
d'un avion au sol, il vaut mieux choisir le programme "portrait",
souvent symbolisé par un bonhomme ou un buste féminin.
La valeur ISO sera réduite au minimum. C'est le réglage
parfait pour mettre en valeur une partie de l'avion : le cockpit
par exemple. Le sujet se détachera, bien net sur l'arrière-plan
flou. Dans ce mode, il n'est pas rare que l'appareil donne un
petit coup de flash, même en plein jour. Sinon, vous pouvez
le forcer en activant la fonction "Fill-in" (Appoint)
dans le menu. Cela donne un éclairage plus riche et plus
homogène au modèle. Cette fonction est également
très utile pour photographier un avion complet (jusqu'à
deux ou trois mètres de distance). |
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Le mode "Portrait" convient
parfaitement aux détails. |
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Choisissez le programme "paysage"
(symbole de montagnes ou d'arbres). Celui-ci favorise une grande
profondeur de champ, c'est-à-dire que l'avion et l'arrière-plan
seront nets, donnant l'impression de voir un "vrai".
Si vous possédez un Nikon "de l'enfer de la mort qui
tue" avec le zoom apochromatique qui va bien, il va de soi
que les "petits sourires verts" conviennent encore moins.
Laissez même tomber les cyclistes et les bustes féminins
au profit du mode "A". Celui-ci vous permet de forcer
l'appareil photo à une certaine ouverture du diaphragme.
Le reste se réglera tout seul. C'est le mode qui vous donnera
le meilleur contrôle de vos clichés. |
En règle générale, les photos en
vol se font à l'ouverture maximale, moins un cran (de f/3.5 à
f/5.6 par exemple). Les détails nécessitent une ouverture
moyenne (f/5,6; f/8) et les avions entiers une ouverture réduite
(f/11; f/16). Vérifiez dans le viseur que la vitesse d'obturation
reste compatible avec le sujet. Un avion en vol exige typiquement une
vitesse comprise entre 1/500e et 1/2000e.
Pour éviter le bougé, un truc simple est de prendre la photo
avec une vitesse au moins égale à la focale de l'objectif.
Si le zoom est en position 200 mm, il faut une vitesse de 1/200e. En position
50 mm, une vitesse de 1/50e conviendra. Si le sujet bouge, il faut tripler
cette valeur, sauf si l’APN est muni d’un stabilisateur (fonction
"VR" ou "IS").
Un mot de sécurité d'abord. La photographie,
c'est très prenant. L'œil rivé à son viseur,
le reporter en herbe mitraille à tout va et son monde visuel se
réduit à quelques méga pixels. Or, c'est en dehors
du cadre que le désastre guette ! En gros, trois périls
vous attendent : le premier vient d'un modèle lancé dans
une parfaite trajectoire de collision. N'oubliez pas que le pilote ne
vous voit pas, vu qu'il regarde son engin. Les hélicoptères
sont particulièrement dangereux car ils volent bas et près,
et même en marche arrière. Vous connaissez l'histoire de
"Tchac", la girafe ? Attention donc à votre cou...
Le second danger, c'est vous ! Vous reculez pour affiner le cadrage et...
Bardaf ! Quatre-vingt kilos de photographe s'étalent dans un craquement
sinistre sur le Stampe tout neuf d'un gros type balèze et teigneux.
Pariez-vous qu'il n'a pas le sens de l'humour ?
Enfin, le troisième danger c'est le chef de piste. C'est un grand
gaillard pas commode qui vous met son 48 dans le derrière pour
vous féliciter d'arpenter le terrain sans permission.
Cela dit, passons à la photographie proprement dite. Les avions
réels au parking sont souvent photographiés de 3/4 arrière.
C'est logique, car devant c'est la piste et elle est interdite aux promeneurs...
Si vous voulez un cliché réaliste de votre machine volante,
adoptez donc le même point de vue. Et tant qu'on y est, n'hésitez
pas à vous pencher, voire même à vous coucher ! Le
but de la manœuvre est de mettre l'objectif de votre APN à
une hauteur compatible avec l'échelle de l'avion : le bord de fuite
de l'aile d'un chasseur ou le haut des roues d'un bombardier. C'est là
que l'œil d'un photographe réduit au 1/6e se trouverait !
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Les avions sont plus réalistes
quand on les photographie au niveau du sol. |
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Les photos prises de l'avant sont plus réalistes
quand l'hélice tourne. Cependant, ne vous mettez pas pile face
au modèle. Non seulement ce n'est pas joli, mais en plus vous risquez
de prendre le moteur dans l'objectif si celui-ci s'emballe sans crier
gare... Dans le même registre, veillez à vos accessoires.
Votre écharpe, la sangle ou le bouchon de l'APN sont autant d'objets
n'ayant pas leur place dans le disque d'hélice ou l'entrée
d'air d'un jet : ça fait désordre. Un cadrage de 3/4 avant
est bien plus esthétique, et plus sûr !
Sauf si vous préparez un dossier technique, n'hésitez pas
à photographier des gens. Non seulement ça leur fait plaisir,
mais l'élément humain est indispensable pour briser la monotonie
d'une collection d'images. C'est certainement le cas si vos photos sont
destinées à une publication.
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Ilustration de la "règle
des tiers". L’image est plus agréable à
regarder si l’horizon et les sujets sont placés à
1/3 du cadre au lieu du milieu. |
Photographier
les avions en vol |
Traversez la piste et postez-vous
face aux pilotes. N'oubliez pas de demander l'autorisation
et annoncez clairement votre intention, le but n'est pas
de vous faire tuer. Accroupissez-vous en bord de piste,
pour deux raisons. D'une part, vous approchez la hauteur
d'un "photographe modèle réduit"
et gardez ainsi un point de vue réaliste. D'autre
part vous diminuez la taille de la cible que vous formez
pour les missiles qui tournent autour de vous !
Votre emplacement stratégique vous
place bien plus près des avions et lors des atterrissages,
vous pouvez même photographier le modèle et
son pilote, une composition toujours appréciée.
Bien sûr, il vaut mieux avoir le soleil dans le dos
ou de côté, mais certains contre-jours peuvent
aussi être très beaux. Mitraillez sans réserve
car beaucoup de photos seront ratées. Dans le nombre,
vous avez plus de chances d'en trouver une bonne.
Il faudra bien toute la puissance du zoom
pour cadrer les avions, mais n'utilisez jamais la fonction
"zoom digital", qui ne fait que dégrader
la résolution. Mieux vaut recadrer la photo par après,
sur le PC. Notez qu'un avion qui paraît "grand"à
l'œil se révèle souvent être une
croix minuscule sur la photo. Demandez donc aux pilotes
de faire des passages lents et bas ou des approches. Pour
le pilote, un passage à l'anglaise inversé
(intrados vers lui) est une figure facile et rassurante
et vous serez aux premières loges pour immortaliser
le haut de l'avion.
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Pensez à l'élément
humain pour briser la monotonie d'une collection de "machines". |
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L'avion paraît toujours
plus grand dans le viseur que sur la photo. Un recadrage exagéré
lui rend sa taille, mais au détriment de la qualité... |
Question réglages, il faut tenir compte de deux
problèmes. Le mouvement et la faible profondeur de champ signifient
que la mise au point est plus difficile. Si l'appareil en est muni, choisissez
le mode autofocus "continu" ("AF-C"). Pressez le déclencheur
et maintenez-le à mi-course, tout en gardant l'avion au centre
du viseur. Appuyez à fond au moment voulu et la photo sera nette.
Si le mode AF-C n'est pas disponible, enfoncez le déclencheur à
mi-course pendant une fraction de seconde avant d'appuyer à fond.
Relâchez complètement le bouton avant de recommencer, sans
quoi la mise au point restera bloquée au niveau de la première
photo.
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La photo est
sous-exposée à cause du ciel lumineux. C'est mieux
avec une correction "+1 IL". |
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La luminosité du ciel est un autre piège
classique. Les APN sont calibrés pour une exposition correcte
avec un ciel d'un bleu profond. Si l'air est laiteux ou grisâtre,
non seulement les contrastes et les couleurs seront médiocres,
mais le modèle sera beaucoup trop sombre. Le même phénomène
se produit en photo "classique" sur la neige ou le sable.
Vous devez forcer l'APN à un niveau d'exposition plus élevé
à l'aide du bouton de correction manuelle "IL" (+/-).
C'est une fonction présente sur la majorité des appareils.
En général, un décalage de +1 suffit. |
Enfin, vous constaterez que le ciel bleu supporte très
mal la compression informatique, avec un effet de pixellisation exagéré.
C'est une bonne raison pour choisir un morceau de ciel où des nuages
agrémentent l'azur, ce qui est de toute façon plus esthétique.
Résolution, compression, correction ! Ce n'est
pas la devise nationale du San Théodoros, mais bien les trois domaines
clés de l'après-photo.
La résolution, c'est le nombre de points constituant la photo.
Plus il y en a, meilleure est la qualité, mais le fichier informatique
sera aussi plus volumineux et l'image plus grande. C'est surtout un problème
si l'espace de stockage est limité (carte mémoire) ou si
vous comptez l'envoyer par email ou l’utiliser sur Internet. Envoyer
des photos de plusieurs MB est le meilleur moyen de bloquer la messagerie
de vos amis... C'est d'autant plus inutile que la majorité des
écrans ne permettent pas de voir plus de 1280x1024 points (1,3
méga pixels) à la fois. Tout ce qui est plus grand sera
plus ou moins bien réduit par le logiciel de visualisation.
Pour réduire la taille d'une image, vous pouvez changer ses dimensions
à l'aide d'un programme d'édition photo (The Gimp, Photoshop,
etc.), ou de l'application "Paint" livrée dans les accessoires
de Windows. Vérifiez la taille dans "Image => Attributs
(Attributes)" et réduisez avec "Image => Etendre/déformer
(Stretch/Skew)". Avec une extension horizontale et verticale de 50%,
vous diminuez la taille de la photo par deux et son "poids"
par quatre.
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Photo d'origine, puis sauvegardée
6 fois en format jpg. |
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Ne modifiez pas l'original, mais faites-en une copie
"réduite" pour l'envoyer. 1024x768 points est un bon
compromis. En format "jpg", cela correspond à quelques
centaines de KB, ce qui est raisonnable. Méfiez-vous cependant
des programmes de messagerie de Microsoft (Outlook). Ceux-ci ont la désagréable
habitude de réduire d'office les photos attachées à
une taille ridicule. Vous pouvez désactiver cette option dans les
préférences. Si votre but est d'imprimer un chef d'œuvre
ou de le publier dans une revue, il doit posséder une très
haute résolution, de l'ordre de 300 points par pouce, soit plus
de cent points par centimètre. Ne comptez donc pas faire la couverture
de Modèle Mag avec une image de 1024x768 points car cela correspond
à ±8x6 centimètres une fois imprimé...
La compression est un autre moyen de diminuer le volume d'un fichier informatique.
Elle n'influence pas la taille de l'image, mais cause une perte de qualité.
On peut uniquement choisir le taux de compression avec des logiciels plus
évolués comme "The Gimp" ou "Photoshop".
Sur une échelle de 1 à 12, une compression "jpg"
de 7 donnera une image passable jusqu'à dix fois moins volumineuse
qu'au niveau 12, c'est-à-dire sans compression ! Un niveau 2 ou
3 réduit davantage le fichier, mais la qualité devient franchement
médiocre. Méfiez-vous car la compression se produit à
chaque ouverture et sauvegarde du fichier. Même en qualité
10, si vous modifiez six fois l'image elle finira par être abominable.
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Les "lignes de force" se trouvent
aux tiers de l'image : c’est là qu’il faut
placer votre sujet, l’horizon, etc. Cela peut se faire
par recadrage. |
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Le même programme d'édition photo est bien
pratique pour améliorer l'image. Le recadrage permet de "rapprocher"
un avion trop petit, ou de le placer à un meilleur endroit. Bien
sûr, l'image est alors rognée et devient plus petite, comme
une photo papier coupée aux ciseaux. Lorsque vous recadrez une
photo, pensez à laisser du ciel devant le modèle au lieu
de le placer au milieu ; c'est bien plus agréable à regarder.
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Avec un ciel bleu immaculé, c’est
bien mais l’image est encore plus dramatique avec un arrière-plan. |
D'autres fonctions utiles permettent de corriger le contraste,
la luminosité, l'éclat des couleurs (saturation) ou même
la netteté. Attention, chaque opération se fait au détriment
de la qualité, un peu comme une compression exagérée.
Usez-en avec parcimonie... En revanche, les options de modification de
l'image, comme le "pinceau" ou le "tampon" ne diminuent
pas la qualité. Elles permettent de gommer un oiseau mal placé,
une antenne gênante et même un deux-temps trop visible ; mais
c'est une autre histoire qui n'a plus rien à voir avec l'aéromodélisme...
Contact
: laurent.schmitz@jivaro-models.org
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