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10 octobre 2013
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Présentation : Laurent.Schmitz

Une question de point de vue...

C'est une coutume, avant chaque premier vol on aime prendre une photo de son avion... On ne sait jamais ! Un copain se charge de le mitrailler en vol, à charge de revanche... Mais bien souvent le résultat est décevant. Le fier oiseau est flou, trop sombre ou trop petit. Et même quand la photo est techniquement réussie, le modèle ne ressemble pas au "vrai"... Mais comment font-ils donc chez Modèle Mag ? Pour les amateurs d'avions et de pixels, voici quelques conseils pour que la photo ne soit pas une épreuve et qu'elle n'ait rien de négatif...

De nos jours, la photographie est principalement numérique. Seuls d'irréductibles amateurs éclairés conservent les pellicules d'antan. Vous êtes donc probablement muni d'un "APN" (Appareil Photo Numérique).
Bien entendu, on fait les meilleurs clichés avec un "Reflex"équipé d'objectifs interchangeables mais c'est un matériel complexe qui demande un minimum de connaissances pour s'y retrouver. Rassurez-vous, il est tout à fait possible d'obtenir de bons résultats avec un APN compact et bon marché, à condition de s'en servir judicieusement. Le seul appendice incontournable, c'est le zoom optique. Il est en effet impossible de photographier un modèle réduit en vol si l'appareil photo n'est pas doté d'une position "télé". Celle-ci va réduire le champ de vision de façon à "agrandir" le modèle sur la photo, comme un télescope ou des jumelles. C'est que nos petits avions sont justement ça : petits... en plus, ils volent loin et vite, ce qui n'arrange rien. Notez que les téléphones, intelliphones et autres tablettes ne possèdent pas de zoom optique et ne conviennent donc pas.

Laisser de l'espace devant le modèle
Laissez un peu d'espace devant le modèle, il doit pouvoir "avancer" dans la photo !

Réglages

Petit sourire vert
Beaucoup de gens se contentent de brancher leur APN sur la position standard : "Petit sourire vert". C'est parfait pour les photos de madame et du chien, mais pas pour les avions. Si vous voulez de bons clichés, il faut choisir le programme adapté.
Mode sportif
Pour tout ce qui vole, passez en position "sport". Le coureur à pied ou le cycliste gravé sur la molette indique que le temps d'obturation sera le plus court possible, permettant de "figer" l'action, et donc d'éviter le "flou de bougé". Malheureusement, la quantité de lumière arrivant sur le capteur sera moindre. Il faudra peut-être augmenter la sensibilité de l'appareil.

Cela se fait en changeant la valeur "ISO". Ce réglage existe sur presque tous les appareils. La valeur standard est généralement de 200 et peut être augmentée à 400, 800, voire plus. Faites des essais, mais sachez tout de même que la finesse de l'image diminue quand on augmente la sensibilité. En 1600 "ISO", votre avion sera certainement net, mais au prix d'une perte de détails importante. Par très beau temps, il se peut que le modèle soit net mais que ses hélices semblent figées, surtout dans le cas d'un hélico. Pour éviter ce phénomène, vous pouvez tenter d'utiliser le mode "paysage" pour fermer le diaphragme et diminuer la vitesse d'obturation.

Hélice figée
Le mode "Sport" réconcilie mouvement et netteté, mais méfiez-vous des hélices qui semblent parfois figées, comme sur ce Yak-52 !

Portait
Pour le plan rapproché d'un avion au sol, il vaut mieux choisir le programme "portrait", souvent symbolisé par un bonhomme ou un buste féminin. La valeur ISO sera réduite au minimum. C'est le réglage parfait pour mettre en valeur une partie de l'avion : le cockpit par exemple. Le sujet se détachera, bien net sur l'arrière-plan flou. Dans ce mode, il n'est pas rare que l'appareil donne un petit coup de flash, même en plein jour. Sinon, vous pouvez le forcer en activant la fonction "Fill-in" (Appoint) dans le menu. Cela donne un éclairage plus riche et plus homogène au modèle. Cette fonction est également très utile pour photographier un avion complet (jusqu'à deux ou trois mètres de distance).

Gros plan
Le mode "Portrait" convient parfaitement aux détails.

Paysage
Choisissez le programme "paysage" (symbole de montagnes ou d'arbres). Celui-ci favorise une grande profondeur de champ, c'est-à-dire que l'avion et l'arrière-plan seront nets, donnant l'impression de voir un "vrai".
Si vous possédez un Nikon "de l'enfer de la mort qui tue" avec le zoom apochromatique qui va bien, il va de soi que les "petits sourires verts" conviennent encore moins. Laissez même tomber les cyclistes et les bustes féminins au profit du mode "A". Celui-ci vous permet de forcer l'appareil photo à une certaine ouverture du diaphragme. Le reste se réglera tout seul. C'est le mode qui vous donnera le meilleur contrôle de vos clichés.

Hélico

En règle générale, les photos en vol se font à l'ouverture maximale, moins un cran (de f/3.5 à f/5.6 par exemple). Les détails nécessitent une ouverture moyenne (f/5,6; f/8) et les avions entiers une ouverture réduite (f/11; f/16). Vérifiez dans le viseur que la vitesse d'obturation reste compatible avec le sujet. Un avion en vol exige typiquement une vitesse comprise entre 1/500e et 1/2000e.
Pour éviter le bougé, un truc simple est de prendre la photo avec une vitesse au moins égale à la focale de l'objectif. Si le zoom est en position 200 mm, il faut une vitesse de 1/200e. En position 50 mm, une vitesse de 1/50e conviendra. Si le sujet bouge, il faut tripler cette valeur, sauf si l’APN est muni d’un stabilisateur (fonction "VR" ou "IS").

Sur le terrain

Un mot de sécurité d'abord. La photographie, c'est très prenant. L'œil rivé à son viseur, le reporter en herbe mitraille à tout va et son monde visuel se réduit à quelques méga pixels. Or, c'est en dehors du cadre que le désastre guette ! En gros, trois périls vous attendent : le premier vient d'un modèle lancé dans une parfaite trajectoire de collision. N'oubliez pas que le pilote ne vous voit pas, vu qu'il regarde son engin. Les hélicoptères sont particulièrement dangereux car ils volent bas et près, et même en marche arrière. Vous connaissez l'histoire de "Tchac", la girafe ? Attention donc à votre cou...
Le second danger, c'est vous ! Vous reculez pour affiner le cadrage et... Bardaf ! Quatre-vingt kilos de photographe s'étalent dans un craquement sinistre sur le Stampe tout neuf d'un gros type balèze et teigneux. Pariez-vous qu'il n'a pas le sens de l'humour ?
Enfin, le troisième danger c'est le chef de piste. C'est un grand gaillard pas commode qui vous met son 48 dans le derrière pour vous féliciter d'arpenter le terrain sans permission.
Cela dit, passons à la photographie proprement dite. Les avions réels au parking sont souvent photographiés de 3/4 arrière. C'est logique, car devant c'est la piste et elle est interdite aux promeneurs... Si vous voulez un cliché réaliste de votre machine volante, adoptez donc le même point de vue. Et tant qu'on y est, n'hésitez pas à vous pencher, voire même à vous coucher ! Le but de la manœuvre est de mettre l'objectif de votre APN à une hauteur compatible avec l'échelle de l'avion : le bord de fuite de l'aile d'un chasseur ou le haut des roues d'un bombardier. C'est là que l'œil d'un photographe réduit au 1/6e se trouverait !

Cessna au sol
Christent Eagle au décollage Aichi Val en statique
Viseur Les avions sont plus réalistes quand on les photographie au niveau du sol.

Les photos prises de l'avant sont plus réalistes quand l'hélice tourne. Cependant, ne vous mettez pas pile face au modèle. Non seulement ce n'est pas joli, mais en plus vous risquez de prendre le moteur dans l'objectif si celui-ci s'emballe sans crier gare... Dans le même registre, veillez à vos accessoires. Votre écharpe, la sangle ou le bouchon de l'APN sont autant d'objets n'ayant pas leur place dans le disque d'hélice ou l'entrée d'air d'un jet : ça fait désordre. Un cadrage de 3/4 avant est bien plus esthétique, et plus sûr !
Sauf si vous préparez un dossier technique, n'hésitez pas à photographier des gens. Non seulement ça leur fait plaisir, mais l'élément humain est indispensable pour briser la monotonie d'une collection d'images. C'est certainement le cas si vos photos sont destinées à une publication.

La règle des tiers La règle des tiers
Ilustration de la "règle des tiers". L’image est plus agréable à regarder si l’horizon et les sujets sont placés à 1/3 du cadre au lieu du milieu.

Photographier les avions en vol

Traversez la piste et postez-vous face aux pilotes. N'oubliez pas de demander l'autorisation et annoncez clairement votre intention, le but n'est pas de vous faire tuer. Accroupissez-vous en bord de piste, pour deux raisons. D'une part, vous approchez la hauteur d'un "photographe modèle réduit" et gardez ainsi un point de vue réaliste. D'autre part vous diminuez la taille de la cible que vous formez pour les missiles qui tournent autour de vous !

Votre emplacement stratégique vous place bien plus près des avions et lors des atterrissages, vous pouvez même photographier le modèle et son pilote, une composition toujours appréciée. Bien sûr, il vaut mieux avoir le soleil dans le dos ou de côté, mais certains contre-jours peuvent aussi être très beaux. Mitraillez sans réserve car beaucoup de photos seront ratées. Dans le nombre, vous avez plus de chances d'en trouver une bonne.

Il faudra bien toute la puissance du zoom pour cadrer les avions, mais n'utilisez jamais la fonction "zoom digital", qui ne fait que dégrader la résolution. Mieux vaut recadrer la photo par après, sur le PC. Notez qu'un avion qui paraît "grand"à l'œil se révèle souvent être une croix minuscule sur la photo. Demandez donc aux pilotes de faire des passages lents et bas ou des approches. Pour le pilote, un passage à l'anglaise inversé (intrados vers lui) est une figure facile et rassurante et vous serez aux premières loges pour immortaliser le haut de l'avion.

Hélico et pilote
Pensez à l'élément humain pour briser la monotonie d'une collection de "machines".

Photo qui pixellise Recadrage exagéré
L'avion paraît toujours plus grand dans le viseur que sur la photo. Un recadrage exagéré lui rend sa taille, mais au détriment de la qualité...

Question réglages, il faut tenir compte de deux problèmes. Le mouvement et la faible profondeur de champ signifient que la mise au point est plus difficile. Si l'appareil en est muni, choisissez le mode autofocus "continu" ("AF-C"). Pressez le déclencheur et maintenez-le à mi-course, tout en gardant l'avion au centre du viseur. Appuyez à fond au moment voulu et la photo sera nette. Si le mode AF-C n'est pas disponible, enfoncez le déclencheur à mi-course pendant une fraction de seconde avant d'appuyer à fond. Relâchez complètement le bouton avant de recommencer, sans quoi la mise au point restera bloquée au niveau de la première photo.

Correction d'exposition Correction d'exposition
La photo est sous-exposée à cause du ciel lumineux. C'est mieux avec une correction "+1 IL".
Correction d'exposition La luminosité du ciel est un autre piège classique. Les APN sont calibrés pour une exposition correcte avec un ciel d'un bleu profond. Si l'air est laiteux ou grisâtre, non seulement les contrastes et les couleurs seront médiocres, mais le modèle sera beaucoup trop sombre. Le même phénomène se produit en photo "classique" sur la neige ou le sable. Vous devez forcer l'APN à un niveau d'exposition plus élevé à l'aide du bouton de correction manuelle "IL" (+/-). C'est une fonction présente sur la majorité des appareils. En général, un décalage de +1 suffit.

Enfin, vous constaterez que le ciel bleu supporte très mal la compression informatique, avec un effet de pixellisation exagéré. C'est une bonne raison pour choisir un morceau de ciel où des nuages agrémentent l'azur, ce qui est de toute façon plus esthétique.

Après-photo

Résolution, compression, correction ! Ce n'est pas la devise nationale du San Théodoros, mais bien les trois domaines clés de l'après-photo.
La résolution, c'est le nombre de points constituant la photo. Plus il y en a, meilleure est la qualité, mais le fichier informatique sera aussi plus volumineux et l'image plus grande. C'est surtout un problème si l'espace de stockage est limité (carte mémoire) ou si vous comptez l'envoyer par email ou l’utiliser sur Internet. Envoyer des photos de plusieurs MB est le meilleur moyen de bloquer la messagerie de vos amis... C'est d'autant plus inutile que la majorité des écrans ne permettent pas de voir plus de 1280x1024 points (1,3 méga pixels) à la fois. Tout ce qui est plus grand sera plus ou moins bien réduit par le logiciel de visualisation.
Pour réduire la taille d'une image, vous pouvez changer ses dimensions à l'aide d'un programme d'édition photo (The Gimp, Photoshop, etc.), ou de l'application "Paint" livrée dans les accessoires de Windows. Vérifiez la taille dans "Image => Attributs (Attributes)" et réduisez avec "Image => Etendre/déformer (Stretch/Skew)". Avec une extension horizontale et verticale de 50%, vous diminuez la taille de la photo par deux et son "poids" par quatre.

Photo d'origine Photo pixellisée
JPG Photo d'origine, puis sauvegardée 6 fois en format jpg.

Ne modifiez pas l'original, mais faites-en une copie "réduite" pour l'envoyer. 1024x768 points est un bon compromis. En format "jpg", cela correspond à quelques centaines de KB, ce qui est raisonnable. Méfiez-vous cependant des programmes de messagerie de Microsoft (Outlook). Ceux-ci ont la désagréable habitude de réduire d'office les photos attachées à une taille ridicule. Vous pouvez désactiver cette option dans les préférences. Si votre but est d'imprimer un chef d'œuvre ou de le publier dans une revue, il doit posséder une très haute résolution, de l'ordre de 300 points par pouce, soit plus de cent points par centimètre. Ne comptez donc pas faire la couverture de Modèle Mag avec une image de 1024x768 points car cela correspond à ±8x6 centimètres une fois imprimé...
La compression est un autre moyen de diminuer le volume d'un fichier informatique. Elle n'influence pas la taille de l'image, mais cause une perte de qualité. On peut uniquement choisir le taux de compression avec des logiciels plus évolués comme "The Gimp" ou "Photoshop". Sur une échelle de 1 à 12, une compression "jpg" de 7 donnera une image passable jusqu'à dix fois moins volumineuse qu'au niveau 12, c'est-à-dire sans compression ! Un niveau 2 ou 3 réduit davantage le fichier, mais la qualité devient franchement médiocre. Méfiez-vous car la compression se produit à chaque ouverture et sauvegarde du fichier. Même en qualité 10, si vous modifiez six fois l'image elle finira par être abominable.

Image non recadrée Image recadrée
Recadrage Les "lignes de force" se trouvent aux tiers de l'image : c’est là qu’il faut placer votre sujet, l’horizon, etc. Cela peut se faire par recadrage.

Le même programme d'édition photo est bien pratique pour améliorer l'image. Le recadrage permet de "rapprocher" un avion trop petit, ou de le placer à un meilleur endroit. Bien sûr, l'image est alors rognée et devient plus petite, comme une photo papier coupée aux ciseaux. Lorsque vous recadrez une photo, pensez à laisser du ciel devant le modèle au lieu de le placer au milieu ; c'est bien plus agréable à regarder.

Fond filé Fond filé
Appareil
En suivant le sujet dans son mouvement, on obtient un effet de "filé" mais la photo sera floue si la vitesse d'obturation est trop basse ou le suivi imprécis. Un (mono-) pied est alors un atout.
Christen Eagle en vol Christen Eagle en vol
Avec un ciel bleu immaculé, c’est bien mais l’image est encore plus dramatique avec un arrière-plan.

D'autres fonctions utiles permettent de corriger le contraste, la luminosité, l'éclat des couleurs (saturation) ou même la netteté. Attention, chaque opération se fait au détriment de la qualité, un peu comme une compression exagérée. Usez-en avec parcimonie... En revanche, les options de modification de l'image, comme le "pinceau" ou le "tampon" ne diminuent pas la qualité. Elles permettent de gommer un oiseau mal placé, une antenne gênante et même un deux-temps trop visible ; mais c'est une autre histoire qui n'a plus rien à voir avec l'aéromodélisme...

Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org

 
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