Le "vol relatif", c'est une discipline
du parachutisme qui consiste à réaliser un maximum de figures imposées
en chute libre dans un temps imparti. Les équipes sont composées de
4 ou 8 chuteurs et d'un vidéo-man qui rapportera des images numériques
au sol que les juges utiliseront pour noter la prestation. De la qualité
des images dépendra la note car ces dernières sont prises en compte
pour la notation.
La durée pour effectuer ces figures est de 35 secondes en VR4 et de
50 secondes en VR8.
La Coupe de France 2010 s'est déroulée du 10 au 13
juin au Blanc (36), club réputé qui totalise plus de 25 000 sauts par
an.
Vu du sol, le VR n'est pas forcément la discipline
du parachutisme de compétition la plus spectaculaire. L'avion a mis
près d'une dizaine de minutes pour atteindre 4 000 m, il n'est déjà
pas bien grand, et survole parfois les nuages. Mais en étant attentif,
et c'est encore mieux si on est équipé de jumelles ou d'un téléobjectif,
on devine juste après que le moteur soit passé au ralenti les sauteurs
qui s'accrochent à l'extérieur contre une des parois de l'avion afin
d'effectuer un départ groupé.
Quelques points noirs qui tombent, ce sont les chuteurs qui se mettent
aussitôt en place pour réaliser les premières figures. S'aidant de leurs
membres pour s'appuyer sur l'air et s'accrocher les uns aux autres,
les paras se placent de façon à former des assemblages géométriques,
seuls, à deux, trois, quatre ou huit. Le vidéo-man qui a sauté juste
après se détache un peu au-dessus d'eux tandis que l'avion est déjà
loin. La chute se fait à 200 km/h, les points noirs grossissent à vue
d'œil, et on arrive très vite à visualiser les figures sans instrument.
Cercles, tridents, alignements, tout s'enchaîne sans hésitation, jusqu'au
moment où l'ordre est donné de se séparer. Là, c'est l'éclatement, comme
le font les patrouilles de voltige ou les feux d'artifices, avec des
points noirs qui s’éparpillent dans toutes les directions. Et soudain,
c'est l'explosion de couleurs. Les voiles claquent et le ciel se couvre
de petits rectangles multicolores qui semblent vouloir remplir tout
l'espace. Quelques virages serrés mangeurs d'altitude pour certains,
d'autres préfèrent savourer le vol plané, puis les voiles se rapprochent
du sol l'une après l'autre dans un bruit de claquement de drapeau. Le
parachutiste ramène ses bras vers le bas, creusant l'arrière de son
aile afin de ralentir la vitesse, et l’arrondi se fait tout en douceur
pour finir quasiment à l'arrêt, posé comme une fleur sur le plancher
des vaches. D'autres plus téméraires arrivent plein badin, frôlant les
toits ou les ailes des avions, ou effectuant de longues glissades tangentielles
au carré d'herbe tendre qui borde les bâtiments du
centre de parachtisme du Blanc.
Le vidéo-man arrive le dernier puisqu'il avait ouvert plus haut que
tous les autres. Il lui reste à remettre ses vidéos et à attendre le
verdict des juges.
Après chaque saut, on voit bien dans les yeux des paras
qu'ils sont encore un peu en train de planer, et qu'ils ne demandent
qu'une chose : y retourner !
Il reste cependant à replier soigneusement la voile
suivant une procédure bien établie. Certains s'en chargent eux mêmes,
d'autres le font faire. Pendant ce temps, les équipes continuent à s'entrainer
au sol, allongées sur des planches à roulettes, pour une étonnante chorégraphie.
Les avions - Cessna Caravan, Dornier Do-28 et plus occasionnellement
dans ce genre de manifestation les Pilatus PC-6 - continuent leurs va-et-vient,
escaladant le ciel le plus vite qu'ils peuvent et, après avoir largués
leur cargaisons d'hommes volants, redescendant sous des pentes impressionnantes.
A les voir, on se sent pousser des ailes et on a hâte de faire le grand
saut pour s'appuyer sur l'air, pointer la tête pour accentuer la vitesse,
bouger ses mains, ses bras, et tout le reste pour se diriger, se retourner,
culbuter et voltiger... Se sentir libre comme l'air, découvrir de tout
son corps tel Jonathan Livingston le goéland le véritable sens du mot
"voler".
D'ailleurs, le refrein qu'on entend, c'est que "seuls
les parachutistes savent pourquoi les oiseaux chantent..."
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