C'est en décembre 1950,
durant la Guerre de Corée, que l'on assiste pour la première
fois dans l'histoire de l'aviation militaire à un combat fratricide
en plein ciel entre deux avions à réaction. Un Mig 15
piloté piètrement par un Chinois inexpérimenté
et un F-80 américain. Pour le grand public, le Mig 15 est un
pur produit de l'ère soviétique au sens le plus strict.
Néanmoins, vous verrez qu'il a été très
largement inspiré des chasseurs allemands de la fin de la Seconde
Guerre mondiale.
Vidéo du Mig 15 - Alfa
Model
Retour en juillet 1944, l'histoire commence
aux portes de la firme Focke Wulf qui sort à peine de ses usines
un nouvel avion monoréacteur, le Ta 183 Huckebein qui devait
être un nouvel atout pour le IIIème Reich dans sa conquête
insensée. Mais fort heureusement, l'histoire ne lui en laissera
pas le temps. Le 8 avril 1945, l'armée allemande est en déroute
et les Anglais prennent d'assaut l'usine. Ils convoient le maximum d'éléments
vers Berlin. Mais lors d'une autre bataille dans cette ville, ce sont
les Soviétiques et les Américains qui s'emparent du butin
technologique allemand. Des ingénieurs aéronautiques hautement
qualifiés sont arrêtés et expédiés
vers Moscou. La guerre à peine terminée, le Ta 183 de
la firme Focke Wulf va renaître ailleurs. Pour les Russes, ce
sera le Mig 15 et pour les Américains, le F-86. Première
sortie pour la firme Mikoyan-Gourevitch et premier échec du Mig
15 en 1947. Il s'écrase dès le premier vol le 2 juillet
mais après des modifications aérodynamiques, il vole enfin
le 30 décembre de la même année. Dès lors,
on s'enfonce peu à peu dans la Guerre froide et le Mig 15 fait
partie du processus militaire soviétique, conçu pour être
un redoutable intercepteur, capable de détruire les bombardiers
lourds, notamment les B-52 américains.
Les lignes de ce Mig 15 sont
très réussies, notamment grâce au procédé
de fabrication
d'Alfa Model : construction intégrale en
polystyrène extrudé moulé.
Le Mig 15 dans sa livrée
d'origine; le fabriquant
l'a prévu gris métal, la teinte la plus classique…
mais plutôt triste ! La préfabrication est poussée
et la qualité parfaite.
Le kit
Maintes fois évoqués, ce n'est plus un secret que de vous
dire que le fabricant tchèque Alfa Model a mis l'accent sur la
qualité de ses kits. L'emballage est parfait et dès l'ouverture,
on n'a pas de mauvaises surprises, tout y est. Le fuselage est livré
complet, je veux dire par-là que les veines d'air sont installées
et les commandes en place. La veine d'éjection est amovible pour
permettre le montage de la turbine. En parlant de turbine, c'est une
très belle pièce, à part un petit détail
fâcheux : la fixation du rotor se fait uniquement par collage
sur l'axe moteur ! Cela dit, ça marche, tout le reste est
acceptable. Le corps est en fibre de carbone, le redresseur de flux
et les autres éléments en plastique.
Les demi-ailes sont terminées, commandes installées. Tout
l'accastillage est inclus, même le pilote. Là, je suis
déçu : ils auraient pu en mettre un plus authentique
car il est identique aux autres modèles de la gamme, c'est-à-dire
des chasseurs à hélice.
Pour décorer le modèle, vous avez le choix entre la livrée
russe et la livrée tchécoslovaque. C'est bien entendu
une planche de décalcomanies à l'eau, classique.
La commande de profondeur forme
un Y pour actionner les deux volets.
Le pack d'accus en place. Ici, il s'agit
d'un Li-Po 3 éléments de 1600 mA qui alimente
un brushless MP-Jet 25/25-26 MK2.
Le montage
Avant de démarrer le montage de votre avion, vous allez devoir
modifier ou plus exactement consolider la fixation de clé d'aile
car celle-ci présente un défaut majeur. Même si
ce modèle est relativement peu chargé, et qu'un tel montage
peut fonctionner, vous n'êtes pas à l'abri d'un défaut
de collage sur une clé fixée à même le balsa.
La moindre ressource et l'aile fera bravo à coup sûr. Pour
vous éviter ce genre de désagrément, il vous suffit
d'agrandir le passage de la clé dans chaque demi-aile. Ensuite,
il faut prévoir des fourreaux en carbone, diamètre extérieur
4 mm et intérieur 2,5 mm. Leur longueur respective sera d'environ
200 mm. Munissez-vous d'une lampe de poche de petite taille, et observez
attentivement le fourreau de clé d'aile en balsa collé
sur le longeron. Lorsque vous aurez effectué l'agrandissement
du trou, le principe est d'introduire le fourreau en carbone jusqu'au
ras de l'emplanture. A la sortie du fourreau en balsa, donc à
l'intérieur, votre fourreau en carbone se retrouve plaqué
contre le longeron et si c'est le cas, vous pouvez commencer à
faire chauffer la colle.
La voilure
Préparez deux cales de 15 mm d'épaisseur. Ensuite, essayez
d'immobiliser au maximum le fuselage qui est pour le moins rondouillard
et qui ne demande qu'à se coucher. En fonction de la votre décoration,
soit vous choisissez de coller les karmans pendant le montage des demi-ailes
et auquel cas, il faut les mettre en place dès à présent
ou vous ne le faites qu'après, comme moi, en les sectionnant
au bord de fuite et les recollez ensuite en fin de montage. L'étape
ci-après va se faire en deux temps pour assurer le coup. Vous
préparez d'abord une bonne rasade de colle époxy 2 composants
à prise intermédiaire soit 30 minutes. Vous dépolissez
légèrement l'extérieur des tubes carbone ainsi
que la clef en corde à piano. Ensuite, délicatement, vous
badigeonnez de colle les fourreaux en carbone et vous les mettez en
place. Aux trois quarts, vous leur faites faire un quart de tour afin
de répandre le maximum de colle sur le longeron et vous le noyez
complètement. Pour vous assurer que le collage est parfait, faites
couler un peu de colle au travers de l'aile, le long du longeron. Enfin,
vous immobilisez l'aile, le temps du séchage, en appui sur le
bord de fuite.
Jonction aile/fuselage
Le fuselage est bien en place, vous positionnez les cales de 15 mm aux
saumons de l'aile. Vous préparez un peu de colle époxy,
toujours prise 30 minutes. Vous présentez la clé d'aile
par les orifices et appliquez de la colle sur les chants de chaque demi-aile.
Ensuite, vous en faites pénétrer dans le fourreau en carbone.
Vous préparez quelques morceaux d'adhésif de masquage
et vous mettez en place la clé, vous maintenez les parties en
contact avec les karmans à l'aide des morceaux d'adhésif.
Le matériau est parfait ici : la veine d'air de
la tuyère n'offre aucune aspérité, gage de
performances. C'est indispensable sur un avion à turbine.
Détail de la sortie
de la tuyère,
la peinture est passée à l'aérographe.
La turbine
Tous les éléments sont bien emballés séparément
et le montage est un jeu d'enfant. En tout premier lieu, il faut agrandir
de quelques millimètres les trous de passage des fils du moteur.
Ensuite, vous mettez le moteur en place dans le logement et vous mettez
deux vis coupées assez court afin d'éviter le contact
avec l'induit. Pour des raisons pratiques, j'ai d'abord vissé
le support moteur dans le logement du rotor et j'ai collé ensuite
à la Loctite verte l'ensemble sur l'axe moteur. Le profilé
arrière est tout simplement encliqueté sur sa base. Pour
plus de sécurité, rien ne vous empêche d'ajouter
deux points de cyano. Ensuite, il faut l'installer sur l'avion, rien
de plus simple, vous démontez le fuselage en deux parties grâce
aux vis de fixation en plastique. Vous lui faites faire un mouvement
de pivotement sur lui-même comme pour une ampoule à baïonnette
et les parties se désolidarisent automatiquement. Ensuite, il
vous suffit de repérer les avant-trous de fixation sur le couple
et mettre la turbine de telle sorte que les fils se retrouvent aux trois
quarts sur la partie supérieure du fuselage. Vous vissez la turbine
sur le couple en bois, la partie arrière étant amovible,
il vous suffira de présenter l'ensemble au moment du montage
final.
Le servo d'ailerons est installé horizontalement
à l'arrière de l'ouverture, sur une platine confectionnée
sur mesure.
Sortie de commande : l'aileron
est articulé par une commande souple et un servo central.
Les servos
Le Mig 15 étant conçu pour voler sur deux axes seulement,
il vous suffira de monter deux servos de 9 g maxi. Les ailerons sont
actionnés par deux commandes souples en corde à piano
qui vont et viennent dans des gaines plastique. Le montage d'un servo
central est suffisant. Pour la profondeur, l'empennage est constitué
de deux demi-volets. Cela se complique un peu car les cordes à
piano sont individuelles et il vous faudra faire un montage solidaire
et efficace en reliant le tout sur un palonnier commun. Le servo de
profondeur sera monté via une platine en contre-plaqué
sur la paroi du fuselage à la verticale du pied de dérive.
Bien entendu, il se trouve sur la partie arrière du fuseau et
la liaison au récepteur se fera par l'intermédiaire d'une
rallonge servo.
Pour seulement quelques grammes
supplémentaires qui ne nuisent pas aux performances, un pilote
léger est le bienvenu pour habiller la verrière en
goutte d'eau.
Verrière retirée,
on devine le conduit de tuyère renforcé pour recevoir
la clé d'aile en corde à piano pliée ainsi
que le pack d'accu posé dessus.
Moteur et électronique
Tous ces petits modèles à turbine sont pour l'essentiel
bien proportionnés. Néanmoins, les éléments
électroniques sont confinés, le plus souvent pour des
raisons pratiques, au plus près les uns des autres. La première
des précautions, c'est le choix du récepteur qui demeure
l'élément crucial. Il faudra donc éviter tous ces
microrécepteurs dépouillés de tous les filtres.
J'ai utilisé un Jeti 05 qui est fabuleux. Je n'ai décelé
aucun parasite et pourtant je l'utilise sur beaucoup de modèles
de cette catégorie. Le variateur est un Sinus 25 de chez Wema.
Il est relativement simple à programmer et vous permettra de
faire fonctionner votre avion avec 3 éléments Li-Po de
1500 mA. Le moteur est un brushless classique de chez MP-Jet réf :
25/25/26 MK 2. Il tourne à 4100 t/V et consomme 8 A environ avec
le pack d'accus précédemment cité.
Les redresseurs de flux sont posés
d'origine. On voit les lignes de structure et les rivets qui sortent
de moulage : belle maîtrise du matériau de la part
du fabricant.
Le décor a été
tracé sur informatique avant d'être reproduit à
l'échelle sur l'avion.
Centrage et débattements
Pour centrer le Mig 15, rien de très compliqué, il vous
suffit de repérer la marque du fabricant à 120 mm du bord
d'attaque à l'emplanture de l'aile. Il faut déplacer la
batterie de telle sorte que votre avion se trouve en équilibre.
Les débattements donnés par le fabricant sont trop importants.
Pour être pilotable dans des conditions acceptables, conservez
50% de ces débattements.
L'auteur a
choisi de décorer son Mig 15
aux couleurs d'un autre avion : un Mig 17
visibleaux US dans des démonstrations.
Cette flèche rouge est bien plus originale.
La décoration
Il va y avoir du sport, mais moi j'adore. En naviguant sur le net à
la recherche d'une déco sympa, je suis resté franchement
sur ma faim. Pour ceux qui souhaitent garder le gris du modèle,
ils vont être gâtés. Il en existe à foison
mais franchement très austères. Je cherchais quelque chose
de plus pacifique et rutilant. J'ai été servi, je reçois
une photo du rédac'chef représentant une variante du Mig
15, le Mig 17 au décor pour le moins insolite. Rouge dessus,
noir dessous. Pour couronner le tout, une grosse pub pour la firme américaine
Red Bull. Vraiment, tout fout le camp, je vous le dis. Bon, mais pour
le coup, elle me plaît bien cette déco. C'est décidé,
ce sera celle-là. Pour la peinture, rien de bien compliqué.
J'ai masqué tant que j'ai pu et j'ai réalisé un
voile de peinture acrylique satinée en bombe de chez Buntlak.
Les étoiles proviennent du kit et le logo décalcomanie,
c'est perso. Quelques touches personnelles apportent bien évidemment
un peu de vie au modèle. Par exemple, un pilote qui rajoute une
pointe de réalisme. De grâce, pas celui du kit, n'est-ce
pas, Denis ? Il faut dire que la bataille fait rage dans le team.
C'est à celui qui aura son plus beau pilote et on voit bien qu'à
un moment donné, les modèles fabriqués en série
avec le même pilote, ça a ses limites. Un pilote de chasse
dans le cockpit d'un Mig 15, c'est le minimum que l'on puisse demander.
Alors, il faut user de stratagème pour combler ce vide et c'est
ce que j'ai fait en récupérant un faux G.I. Joe sur lequel
j'ai usé du scalpel et de l'époxy chargée au micro-ballons
pour faire ressortir masques, tuyaux, etc.
Le dessous du fuselage est recouvert
d'une feuille de plastique qui protège le matériau
assez fragile lors de l'atterrissage.
L'auteur a confectionné
ce dolly afin de décoller depuis une piste en dur sans abîmer
le dessous du fuselage.
C'est à peine croyable
mais ce petit Mig est capable de décoller d'une piste en
herbe sans train d'atterrissage, simplement en glissant sur le sol.
Qui a dit que les turbines électriques n'avaient aucun rendement
?
Il s'agit bien d'un jet : la
vitesse de vol est assez élevée. C'est un plaisir
à piloter... et même à regarder.
Le vol
Avec ses 480 g affichés, il présente bien. Vous le prenez
et vous êtes complètement désorienté tant
il paraît léger. On est très loin des modèles
chargés devant être catapultés dans des conditions
souvent hasardeuses ou chaque vol est un coup de poker. Non là,
un bon lanceur s'acquittera sans problème de cette tâche.
Tenir le modèle bien à plat, son ventre bien rond aide
pas mal pour la prise en main. Ensuite, il est inutile de courir, il
suffit de mettre les watts à fond et le lancer de manière
franche et le Mig 15 part immédiatement sur des rails. La vitesse
ascensionnelle n'est pas extraordinaire mais constante. Une fois atteinte
l'altitude de sécurité des premiers vols, on effectue
des petits tests qui vont tout de suite vous donner une idée
du modèle, ses qualités de vol et son aptitude à
répondre à la moindre sollicitation. Les premières
impressions laissent le pilote coi tant ce modèle est déroutant
de facilité. Les passages plein badin se font au cordeau, les
montées en chandelles sont faciles, les tonneaux et les boucles
sont de simples formalités. Avec un peu d'entraînement,
les tonneaux à facettes sont propres une fois sur deux. Au bout
de 10 minutes, le variateur vous rappelle qu'il faut poser, on devine
un bruit oscillatoire, c'est tout simplement le variateur qui s'est
mis en protection de sous-tension. Ceci ne vous empêchera pas
de faire une large PTU et atterrir dans de bonnes conditions. Il faut
tout de même faire attention car le Mig allonge pas mal. Au moment
du contact avec la planète, n'hésitez pas à arrondir
afin de ménager le ventre de la bête, relativement fragile.
Si vous disposez d'une piste parfaitement lisse, genre gazon anglais,
vous pouvez même décoller du sol. Vous avez bien lu :
la puissance disponible avec la motorisation préconisée
est telle que le modèle arrive à glisser suffisamment
vite pour pouvoir décoller ainsi. Il faut cependant bien maîtriser
le pilotage pour éviter un roulé-boulé si un saumon
venait à toucher le sol à grande vitesse.
Les trajectoires sont
tendues et la vitesse bien présente. L'original n'avait
pas les performances du modèle réduit !
Conclusion
Si je devais lui décerner un prix, je dirais qu'il arrive largement
en tête dans la catégorie innovation tant d'un point de
vue esthétique que technique. Néanmoins, ce serait une
gageure que de dire que votre modèle sera dans le même
état d'ici quelques mois. Le Dépron est fragile et c'est
son point faible. Enfin, voilà un modèle à turbine
digne de ce nom et qui va ravir, j'en suis certain, le plus grand nombre
d'entre nous.
Caractéristiques
Nom : Mig 15
Fabricant : Alfa Model
Envergure : 75 cm
Longueur : 74 cm
Surface : 12,8 dm²
Poids : 470 g
Charge alaire : 37,5 g/dm²
Equipement
Moteur : Format 280 ou brushless MP-Jet 25/25-26 MK2
Variateur : Wema Sinus 25
Batteries : 3 éléments Li-Po Power Dragon 1 500
mA