Par Laurent Schmitz
Le 3 mai dernier, le club « Les
Busards » accueillait pour la première fois
une troupe de louveteaux(*) sur son terrain de Faimes. Tant le club
que la fédération belge avaient mis les bouchées
doubles pour faire de cette journée un moment inoubliable.
L'occasion pour une trentaine d'enfants de 8 à 12 ans de découvrir
notre hobby et, pourquoi pas, d'attraper le virus de l'aéromodélisme...
(*) Louvetaux ('jeunes loups'): mouvement d'initiation
au scoutisme.
"Akéla, Akéla, je peux essayer celui-là?"
"Akéla, il va à combien ton avion
de guerre?"...
Denis, alias "Akéla", chef de troupe et lui-même
modéliste, tente de répondre patiemment aux louveteaux
et louvettes qui arrivent au terrain : "Non, ça c'est
un "'Funjet" et c'est pas l'idéal pour débuter...
Mon P-40 vole à 100 à l'heure, tu verras ça pendant
les démos".
Sur la piste, les pilotes du club entament leurs premiers vols de
démonstration, pour la plus grande joie des enfants, mais aussi
des parents qui pour une fois s'attardent après avoir déposé
leurs bambins... Près du clubhouse, les volontaires installent
leurs ateliers. Pour ce grand jour, nous avons prévu cinq stands
pouvant accueillir chacun une "sizaine" de garçons
et filles pendant une demi-heure :
- Simulateur de vol
- Double commande
- Construction
- Théorie
- Baptême nounours
La journée comptait aussi des périodes
de jeux, des démonstrations, une longue pause à midi
et un largage de « Chokotoff » par un avion
spécialement équipé pour le bombardement gastronomique
!
"Pas si fort !!!"
Nous avons la chance de compter un artiste de l'informatique dans
nos rangs. Il nous avait donc installé un simulateur de vol
RC Aerofly muni d'une représentation fidèle de notre
propre terrain. Les enfants s'en sont donnés à cœur-joie
et en fin de journée le nombre de crashes virtuels se comptaient
par centaines. Rien à voir avec une "PlayStation"
: l'aéromodélisme demande du doigté et de la
précision... Malgré cette première introduction
au monde de la radiocommande, notre moniteur-président patenté
avait fort à faire pour expliquer aux louveteaux que les manches
d'émetteur se manipulent avec délicatesse. Cent mètres
plus haut, un EasyGlider sauvagement brutalisé tentait d'échapper
à son sort par la grâce de la double commande. Jamais
l'engin n'avait subi autant de "G" mais grâce aux
réflexes de son propriétaire, le sol n'est jamais monté
jusqu'à lui : bravo ! Les élèves-pilotes ont
pu constater que ce n'est pas si facile, mais certains ont visiblement
un don et au bout de quelques minutes, le motoplaneur prenait une
trajectoire plus académique.
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Dépron et sponsoring
L'AAM (fédération belge) sponsorise les formations de
jeunes par le biais d'une aide financière et matérielle.
Nous avions ainsi reçu une trentaine de pochettes A4 contenant
un micro-planeur en dépron et un feuillet d'information. Les
enfants étaient bien sûr ravis, mais si les qualités
de vol des Mustang et Cap 232 étaient très correctes,
la fragilité du matériau n'était pas vraiment
compatible avec l'âge des gamins. Tant à la construction
qu'à l'usage, il a fallu des mètres de papier collant
pour garder les machines en état de vol. Suggestion pour l'AAM
: pour la série suivante il serait préférable
d'employer de l'EPP et concevoir des modèles peut-être
un peu plus grands.
Grâce au chèque promis par l'AAM nous avons pu offrir
une collation aux enfants pendant les démos de l'après-midi
et remplir la soute du bombardier de délicieux Chokotoff. Cinq
vols ont été nécessaires pour rassasier la meute.
Après cela, on n'entendait plus que la mastication du chocolat
(ça fond lentement et ça colle aux dents). Notez que
les adultes aussi se sont battus pour attraper les friandises ;-)
L'atelier de théorie, supposé plus calme, donnait aux
bambins quelques rudiments d'aérodynamique. C'était
surtout l'occasion de balancer un planeur de vol libre (incassable)
le plus haut et le plus loin possible.
Finalement, à l'atelier de "baptême de l'air"
les enfants pouvaient faire voler leur doudou à bord d'un gros
Piper Cub tout jaune (comme il se doit). Les nounours embarquaient
deux par deux pour un tour du terrain et plus si affinités.
Aucun n'a été malade, ce qui arrange bien le pilote
et prouve le courage de ces amis en peluche. Chaque enfant a donc
reçu un brevet commémoratif et un autocollant du club
pour orner le cartable, le vélo ou le frigo de la cuisine.
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Et si c'était à refaire ?
Cette journée a été très enrichissante,
tant pour les jeunes que pour le club. Cela dit, il faut tout de même
reconnaître que ce n'est pas de tout repos. Entre la quiétude
d'un modéliste pensionné et l'exubérance d'un
gamin de dix ans, il y a plusieurs magnitudes de décibels et
d'animation. Faire cohabiter ces deux mondes n'est pas mince affaire
et exige une organisation sans faille et des règles très
strictes. Par exemple, il faut éviter que des modélistes
se présentent comme chaque weekend pour faire voler leurs avions
en tous sens. Seuls les pilotes prévus pour les démos
peuvent prendre l'air ce jour-là. La sécurité
est bien entendu une priorité (voir cadre) et il ne faut pas
hésiter à mobiliser quelques volontaires supplémentaires
pour « faire la police ».
Autre souci majeur : la protection de l'environnement. Les planeurs
de vol libre, emportés par le vent, se posent n'importe où
: entre les modèles, les voitures, près du barbecue,
sur la route... et aussi dans les champs. Vous imaginez aisément
l'effet d'une dizaine de gamins fonçant droit dans les blés
pour récupérer le jouet en criant "à moi,
à moi !". Pas aussi dramatique qu'un nuage de sauterelles,
mais tout de même... Ne vous faites pas d'illusions : crier,
siffler et rappeler à l'ordre n'ont qu'un effet relatif et
de courte durée ; les débordements sont inévitables.
Il vaut donc mieux prévoir le coup et emprunter quelques « barrières
anti-émeutes » à la municipalité.
Pensez aussi au ravitaillement des pilotes et animateurs bénévoles.
Notre club étant généralement fréquenté
l'après-midi, nous n'avons pas l'habitude d'y passer la journée
complète. Un petit-pain-saucisse et une boisson offerts par
le club sont bien plus sympas que des tartines rances et une bouteille
d'eau tiède. Voilà de quoi motiver les volontaires à
se manifester !
Donc pour l'année prochaine et forts de cette expérience,
les Busards auront tout prévu : balisage, encadrement, apéro,
saucisses et surtout pas mal de bonne humeur !
Sécurité: à
revoir !
Notre club
compte en moyenne quinze membres présents le weekend
(sur une trentaine d'inscrits). La zone de parking et de montage,
le local et les accès à la piste conviennent
à l'usage que nous en faisons. Par contre, le terrain
s'est avéré trop petit pour faire face à
une meute d'enfants parfois très (trop) enthousiastes.
Impossible de les reléguer derrière les treillis
de sécurité : ils ont besoin d'espace pour courir,
pour les rassemblements, les jeux, etc. Faute de mieux, c'est
donc la zone située entre la piste et le parking qui
a été transformée en cour de récréation.
Les pilotes étaient postés directement sur la
ligne de piste, ce qui les obligeaient à poser leurs
avions quelques mètres devant eux. Malgré la
vigilance des commissaires, il est arrivé que des enfants
fassent la course entre les modèles au parking (horreur
!) ou traversent la piste à la poursuite d'un planeur
égaré... Par ailleurs, avec un terrain amputé
de moitié et malgré la meilleure bonne volonté,
les pilotes n'avaient pas la tâche facile. Des modèles
ont survolé plusieurs fois les enfants et un appareil
dévié à l'atterrissage a fini sa course
littéralement dans les pieds des pilotes. Plus de peur
que de mal, mais il est clair qu'il faudra trouver une autre
solution pour l'année prochaine.
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Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org