Jodel
D-112 |
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Beau,
bien conçu mais…
Présentation
: Xavier Mangogna |
Ce kit n’est plus vendu à
cette échelle à ma connaissance mais le principe
de construction reste inchangé chez Peol : des feuilles
de ctp de 0,4 mm environ découpées au laser avec
une grande précision. On peut être effrayé
par la myriade de petites pièces qu’on y devine :
tout compte fait il n’y en a que 66. Les pièces
ne nécessitent qu’un léger coup de bistouri
final pour vous tomber dans les mains, parfois il n’y
a qu’à pousser du doigt, c’est selon, mais
ce sera moins long et difficile qu’on pourrait le penser.
Si la conception (géniale) du modèle mâche
un peu le travail, elle ne tolère pourtant que les doigts
souples et agiles, pas trop virils sinon c’est vite cassé.
Un modèle statique présentable est à la
portée de beaucoup de modélistes.
Caractéristiques
Marque : Peol peol-microaviation.com
Echelle : 1/20
Envergure : 40 cm
Longeur : 31 cm
Poids : 32,6
Surface : 3,2 dm²
Charge alaire : 9,5 g/dm²
Moteur : MV 20 A réducté 6:1
Batterie : 1 élément Li-Po 145 mAh |
Le kit de ce petit Jodel à
l'échelle 1/20 n'est plus fabriqué. Cependant,
Peol en propose une nouvelle version une peu plus grande
(1/15) qui se monte de la même façon. |
Les quelques acccessoires
livrés dans le kit.
Les roues, trop lourdes, ont été remplacées
par de plus légères réalisées
par l'auteur.
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Avant de commencer
L’outil qui sauve la vie pour effectuer
des collages précis est révélé dans
la notice : une canule en guise d’applicateur de
cyano : avec du fil de cuivre de 0,3 mm (celui qu’on
utilise beaucoup en ce moment pour bobiner les petits moteurs
brushless) on confectionne un anneau minuscule qui piège
la colle avant de la déposer sur la fine structure. C’est
comme pour faire des bulles d’eau savonneuse, il y a toujours
la même infime quantité de liquide prise dans l’anneau.
Avec cet ustensile on ne craint plus les pressions excessives
sur le tube ni les effusions de cyano sur la structure et les
doigts. Excellente astuce. Pinces brucelles d’une main,
canule de l’autre et les mains restent propres. Le chantier
idéal pour ce genre d’oiseau n’est pas en
bois mais en polystyrène extrudé. Une plaque de styro
de 2 cm d’épaisseur (50 cm x 50 cm) est assez rigide
et plane pour construire bien droit et l’on peut aisément
y planter des épingles sans avoir à appuyer comme
un furieux avec les risques que l’on sait. Il va sans
dire que les épingles ne doivent jamais traverser le
bois de la structure. Pour les découpes délicates
de petites sections de balsa rien ne vaut la lame de rasoir
cassée en biseau, à remplacer au premier signe
de faiblesse pour avoir toujours des baguettes bien nettes.
En observant bien le flanc,
on s'aperçoit sur cette image que la nervure d'emplanture
est calée à environ 6° ! Etonnant. C'est
sans doute a raison des qualités de vol très
médiocres. |
La découpe au laser
est superbe. Les pièces se détachent pour
la plupart par simple pression. |
Les deux flancs tout juste
sortis de leur planche de contre-plaqué 4/10. |
Le fuselage
Tout commence par deux flancs en dentelle de
ctp de 0,4 mm doublés à l’intérieur
par des baguettes en balsa de 0,8 mm à découper
dans la planchette fournie. Quelques couples plus tard on peut
déjà cintrer les flancs en s’assurant à
l’aide du plan que rien n’est tordu. On colle les
minuscules cintres sur le dos du fuselage reliés entre
eux par une baguette centrale en balsa de 0,8 mm, puis le treillis
du dessous dans la même baguette s’il en reste.
Sinon on en taille une autre… Il y a un stock de bois
plus que suffisant dans le kit, on a le droit d’être
un peu maladroit et d’en casser quelques unes. Les coffrages
à découper sont simplement imprimés sur
une feuille de papier A4, on peut les utiliser tels quels à
condition de peindre l’avion après entoilage pour
les protéger. Et pourquoi pas en balsa ? Pour l’essai,
une très vieille planchette de 0,7 mm carrément
lyophilisée (5,9 grammes) est tirée du stock de
l’essayeur. Les coffrages papier font office de gabarits
pour découper les coffrages fonctionnels dans le balsa,
c’est tellement plus joli sur une fine structure. Il faudra
ramener l’épaisseur à presque rien par ponçage.
Tous les coffrages du Jodel méritent ce petit travail
supplémentaire. La pose du capot se fera plus tard, après
installation de la propulsion et de la radio. On peut passer
à l’arceau de verrière confectionné
en lamellé-collé dans des chutes de ctp de 0,4
mm, un gabarit en balsa est fourni dans le kit. Il suffit de
le recouvrir de scotch avant d’y attacher les deux fines
lamelles de ctp enduites de colle blanche diluée. Après
une nuit de séchage on démoule et on pose en s’aidant
de la vue de profil du plan pour trouver le bon angle. C’est
tout pour le moment et si on en est là c’est que
le reste est à portée de tir…
Des baguettes de balsa viennent
renforcer par l'intérieur les flancs en feuille de
contre-plaqué. |
Un gabarit sert à coller
le couple pare-feu à la bonne inclinaison. |
Pose des couples sur l'un
des flancs qui repose sur le chantier. |
Les deux flancs sont réunis
avec quelques baguettes transversales. |
Le dessus de la partie arrière
reçoit des demi-couples. |
Le fuselage prend forme. Même
pas 30 cm de long, difficile à croire vue la finesse
de la structure. |
Le dessous est croisilloné. |
Les empennages
On aurait pu se contenter d’empennages
tout bêtes et tout plats mais c’était sans
compter sur la philosophie très « maquette »
de ce kit. La dérive et le stabilo sont pourvus d’un
profil biconvexe symétrique obtenu sans aucune nervure,
simplement en cintrant la dentelle de contreplaqué de
part et d’autre d’un longeron en balsa de 0,8 mm
mis en forme pour être d’épaisseur dégressive
vers les saumons. C’est simple, rapide et très
léger, il faut simplement veiller à tailler les
longerons à la bonne section pour avoir des profils dignes
de ce nom. Le résultat est une structure souple à
souhait, on peut aplatir le profil en pinçant les empennages
entre le pouce et l’index. On doit consolider la chose
afin d’éviter tout flambage lors de la tension
du papier d’entoilage. Le travail qui consiste à
intercaler de très petites sections de baguettes 0,8
x 0,8 mm en balsa entre les deux faces de la structure est ingrat
mais ne pas hésiter à refaire un bout de bois
s’il est trop court. Faites chauffer les pinces brucelles
et tout ira bien. Les charnières sont en fil nylon fin
comme un cheveu, vous pouvez d’ailleurs en utiliser un
si vous n’avez pas de fil nylon sous la main, c’est
souple et résistant un cheveu et y’a plein de couleurs
disponibles... A cette échelle ça fait d’excellentes
charnières et ce n’est pas une blague ! Les
minuscules guignols sont taillés dans des chutes de contreplaqué
de 0,4 mm. Petit ponçage final et c’est tout.
Les deux "coffrages"
d'extrados et d'intrados, autour du longeron en balsa. |
Les longerons en balsa doivent
être poncées avec soin pour permettre d'assembler
le stab profilé. |
Le stabilisateur en place
à l'arrière du fuselage.
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Des entretoises ont été
ajoutées afin d'éviter les déformations
lors de l'entoilage. |
Même chose sur la partie
fixe du stab. |
Le stabilisateur et son volet.
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La dérive est assemblée
suivant le même principe. |
La dérive après
la pose des petits renforts. |
Le coffarge supérieur,
prévu en papier, a été réalisé
avec du balsa 7/10 très léger. |
Les ailes
Il faut avant tout détacher les nervures
une à une et les évider. Le laser est déjà
passé par là et l’opération ne prend
que quelques minutes. Bien repérer et isoler les nervures
d’extrémité dégressives. On commence
par un demi plan central : les nervures sont collées
à l’extrados sur une dentelle de contreplaqué
en forme d’échelle faisant office de bord de fuite
et de chapeau de nervure. La courbure du profil raidit la pièce
ainsi obtenue qui reçoit alors ses deux longerons d’intrados
en balsa de 0,8 x 0,8 mm. Il faut plaquer la pièce sur
le chantier avant de coller les longerons puis le bord d’attaque
est découpé dans une chute de contreplaqué
de 0,4 mm. Le plan central est à présent rigide
et bien droit, on le laisse de côté pour assembler
les extrémités d’ailes selon le même
principe. Les nervures situées au niveau de l’aileron
sont tronquées, elles reçoivent un minuscule longeron
en balsa de 0,8 mm puis un zig-zag de baguettes qui viennent
mourir au bord de fuite. Avant de coller ce longeron on peut
(et on doit) vriller négativement le bord de fuite de
2 mm environ au saumon, c’est vivement recommandé
pour les qualités de vol du moustique.
A ce stade de la construction il faut choisir son chemin :
la notice prévoit de coller les ailes sur le fuselage
avant entoilage. A mon humble avis il sera difficile après
ça de contrôler parfaitement la tension de l’entoilage,
plis disgracieux et vrillages indésirables en vue…
Modif maison : il est possible de rendre les ailes autonomes
en « fermant » l’aile à l’emplanture
par collage de la première nervure à la bonne
courbure. Pas très commode, on s’appuie sur la
forme du petit coffrage d’extrados en fixant la nervure
par points de cyano épaisse pour épouser parfaitement
l’arrondi du fuselage. On sue un peu mais ce sera beaucoup
plus simple pour la finition. Les clés d’aile en
balsa de 0,8 mm font également office de support de train
d’atterrissage. Une simple entretoise fixée en
travers du fuselage tient lieu de fourreau pour aligner parfaitement
les deux ailes lors de l’assemblage final, après
l’installation de la radio et la finition.
Les nervures de l'aile sont
collées contre un coffrage très ajouré
posé côté extrados. |
Les épingles ne doivent
jamais traverser la structure, ce qui l'affaiblirait. |
Une astuce du constructeur
pour éviter de mettre trop de cyano : un anneau en
fil de cuivre qui aide à déposer la goutte. |
Une demi-aile assemblée.
La partie externe est vrillée en négatif d'environ
2° pour adoucir le décrochage. |
Le bord d'attaque reçoit
un coffrage. |
La clé d'aile (modifiée
par rapport au kit). |
L'assemblage est pratiquement
terminé. Il faut quand même un peu de patience
pour arriver à ce résultat. |
La cellule terminée,
prête à recevoir son équipement radio
et l'entoilage : 10 g tout juste. |
Moteur et radio
Chez Jean-Louis Coural (www.microplanesolution.com).
C’est Monsieur MPS (Micro Planes Solution). Je lui montre
le Jodel en cours d’assemblage, il me montre deux servos
numériques pesant 1,7 gramme chacun, un récepteur
de 1,5 gramme sans quartz et un variateur de 0,5 gramme. Il
s’agit bien de servos et pas d’actuateurs (au passage
un actuateur pèse 1 gramme). Là il y a une cinquantaine
de grammes de couple au palonnier, bien plus que la masse de
l’avion fini. Le neutre est franc et la mécanique
fonctionne à merveille. Vraiment mignon. Et endurants
qui plus est, ma maladresse de soudeur du dimanche les a mis
à rude épreuve mais ils fonctionnent toujours
malgré un court-circuit fumant dont j’ai le secret
(soudures foirées sur le variateur, signal coupé,
pas bon). Moralité : avant de tirer sur le fabricant
toujours vérifier la validité de son travail.
Employer exclusivement de la soudure qualité électronique
et un fer à panne très fine de faible puissance
sinon… Le moteur retenu pour l’essai est un
MV 20 A, un genre de KP 00 en beaucoup mieux puisqu’à
puissance équivalente il consomme beaucoup moins, alors…
Réduction 1 : 6 et hélice balsa maison à
pas réglable au sol. Ca souffle très fort, toutes
proportions gardées bien sûr, avec un accu Lipo
145 mAh.
Le minuscule servo Micro Plane
Solutions. Pas de boîtier, pignons ajourés,
CMS, tout est bon pour réduire la masse finale. |
Le récepteur, ici sans
son quartz. |
Le tout petit variateur BEC. |
Le moteur MV 20 A et son réducteur
6:1. |
L'équipement MPS sur
la balance : 11,9 g. |
Gros plan sur l'installation
radio logée très en avant. |
Les servos de profondeur et
direction. |
Vue de dessus, sans le coffrage
du capot. |
Le support moteur adapté
sur place à la cellule. |
Entoilage et finition
Au papier japon 12 g/m² plus deux couches
d’enduit diluées à 70 % d’acétone
passées au pinceau souple et large à peine chargé
de produit. Les immatriculations sont en décalcomanies
maison dessinées sur ordinateur, imprimées sur
une bête imprimante jet d’encre et recouvertes d’un
voile de vernis acrylique en bombe pour fixer le tout. C’est
une méthode employée habituellement par ceux qui
font de la maquette plastique. C’est très facile
et ça ne pèse presque rien. On trouve son bonheur
chez http://www.interdecal.com/index_fr.php
qui vend aussi par correspondance. Roues maison en balsa et
caoutchouc mousse deux fois moins lourdes que celles du kit,
train en jonc carbone habillé de balsa, il faut être
le plus léger possible sans négliger les détails
(tableau de bord, antenne, tabs…). La verrière
nécessite du soin pour être belle et sans taches
de colle. Les armatures sont figurées par des bandes
de papier japon. Centrage et débattements sont à
vérifier avec attention sur un si petit avion. La masse
finale obtenue est de 32,6 grammes.
L'entoilage a été
réalisé avec du papier japon 12 g/m². |
Séchage de l'aile sous
presse pendant l'entoilage pour éviter les déformations
de la structure. |
Même chose pour le dessus.
L'aile sera assemblée sur le fuselage après
recouvrement complet. |
Les décalcos ont été
tracées à l'ordinateur. |
Pose des décalcos "maison". |
Un vol de vernis acrylique
en bombe protège l'encre de l'imprimante sur les
décalcomanies. |
Le logo du constructeur. |
Le fuselage en cours de finition. |
Et voilà, 32,6 g en
ordre de vol ! |
Essais en vol
Alors là autant le dire tout de suite,
c’est la douche froide. La conception et la construction
du modèle font plaisir mais il a été impossible
de faire un seul virage sans déclencher. Même en
réduisant le débattement au minimum absolu. Le
Jodel engage à la moindre pression sur le manche. L’avion
vole parfaitement en ligne droite et il est bien stable dans
cette position. Mais pas moyen de tourner sans se retrouver
au tapis. Pourtant le vrillage des saumons est bien là,
la vitesse de vol est suffisante et l’hélice ne
produit aucun effet parasite susceptible de précipiter
l’avion au sol. De toute façon c’est la même
chose à gauche ou à droite, dès que l’on
incline un tant soit peu le modèle pour virer il chute
ou déclenche carrément. Les deux grammes supplémentaires
apportés par les modifications ne sauraient être
la cause d’un tel comportement. C’est une réelle
déception après des heures de construction soignée
en atelier. Différents moteurs et hélices ont
été essayés y compris ceux préconisés
par le fabricant, même constat amer. Désormais
le Jodel est un avion statique. Très beau, certes, mais
statique. Ce fut en tout cas l’occasion de tester l’électronique
Microplane Solution dont le fonctionnement est sans faille.
Peut-être que les nouveaux kits Peol désormais
20% plus grands permettent de remédier à cela ?