|
|
Réalisation :
Pascal Bourguignon |
Photos de
l’auteur et de Laurent Berlivet |
|
“Rendez-vous à Paiha beach“
Le G-44 Widgeon,
c’est avant tout un hydravion militaire de 4, voire 5 places.
Baptisé tout d’abord Grumman J4F-1, le prototype
vole pour la première fois en juillet 1940. Il a été
utilisé à différents usages par l’U.S.
Navy qui en commanda 25, essentiellement pour la patrouille maritime.
En 1942 arrive une version plus orientée transport ou entraînement
sous l’appellation J4F-2 Gosling puis Widgeon. C’est
sous cette appellation que la RAF les utilisera en Inde pendant
les 3 dernières années du 2ème conflit
mondial. En 1945, la production de cet avion est arrêtée
; on dénombre alors plus de 130 appareils.
La guerre étant
terminée, il fallait bien trouver une nouvelle activité
à cet avion. Il fut donc modifié et reconstruit
par Grumman et rebaptisé G-44A. Construit également
en France sous licence, il devint pendant quelque temps le SCAN
30 et c’est avec lui que Jacqueline Auriol eut un grave
accident le 11 juillet 1949 non pas en tant que pilote mais
simplement comme invitée aux essais. Après divers
rase-flotte sur la Seine, l’hydravion se retourna brutalement
aux environs des Mureaux. Parmi les quatre passagers, seule Jacqueline
Auriol fut blessée.
Il n’eut pas le succès escompté et fut finalement
revendu aux américains. Beaucoup utilisé par les
compagnies charter, il continue de voler dans les îles du
pacifique, en Australie ou dans les caraïbes et fait désormais
partie des avions mythiques de la firme Grumman. |
Le modèle
A l'époque, je cherchais une idée d’hydravion en
vue de la rencontre Hydr’indoor de Versailles 2002 et c’est
en feuilletant ma bibliothèque de plans Bill Hannan que j’ai
découvert un magnifique 3 vues du Widgeon. Fuselage coque, des
formes généreuses comme j’aime, une bouille un peu
cartoon, tout ce qui a de plus pacifique, enfin tout pour plaire. Dans
le genre, je voulais que le public découvre autre chose que le
classique Canadair vu et revu à maintes reprises dans les rencontres,
ou les magnifiques bombardiers monstrueusement efficaces. C’était
décidé, ce serait ce modèle.
Roofmat et Dépron®
C’est le type de construction qui offre beaucoup d’avantages.
Les matériaux utilisés sont peu onéreux, la structure
de l’avion se limite à quelques renforts, sans aucun couple.
Ce concept à ses revers, le modèle est plus fragile et
vieillit souvent mal dans le temps.
Les gabarits
Pour le fuselage, je les ai fabriqué en contre-plaqué
de 3 mm. Ils sont au nombre de deux car j’utilise la vue de côté
beaucoup plus complexe que la vue de dessus. La première étape
consiste à reproduire une vue de chaque gabarit sur du papier
calque assez épais. J’ai trouvé du 115 grammes de
la marque Canson. Il est vendu en rouleaux de 10 m en plusieurs laizes
et il a une excellente tenue. Une fois les formes dessinées,
je découpe et je reporte les silhouettes sur mon contre-plaqué.
Ensuite, j’ai quand même reproduit la vue de dessus sur
une feuille cartonnée qui me sert de gabarit. J’aime bien
avoir des références en sculptant. Pour les nacelles et
les ballonnets, j’ai utilisé du contre-plaqué de
0,8 mm découpé au ciseau.
Le fuselage
Entièrement sculpté dans du Roofmat de 50 mm, c’est
la taille maximum que vous trouverez dans les magasins spécialisés,
grand public. J’ai commencé par couper 4 formes rectangulaires.
Ces formes sont collées deux par deux à la colle blanche.
Ensuite, ces deux blocs de 100 mm sont maintenus entre eux à
l’aide ruban adhésif double face fin. L’étape
suivante, c’est la sculpture jusqu’à obtenir la forme
la plus fidèle. J’opère à l’aide de
divers outils, le cutter pour dégrossir, la brosse métallique
pour affiner les détails. J’oubliais le papier à
poncer sur une forme en bois arrondie pour éviter de marquer
le support. Une fois satisfait de mon ouvrage, je sépare les
deux demi-coquilles et j’évide l’intérieur
en laissant 1 cm de matière sur l’ensemble. Enfin, je colle
définitivement pour obtenir un fuselage creux très léger.
Des roues renfendues sont intégrées dans
l’épaisseur
des flancs en polystyrène. |
Les empennages
Pour la dérive, découpez selon le gabarit dans du Roofmat,
une fois la silhouette obtenue, mettez en forme par ponçage en
essayant d’obtenir un profil symétrique. A la base de la
dérive, j’ai fraisé l’intérieur afin
de réaliser la commande du stabilisateur, celui-ci étant
monobloc. Une chape à rotule en attaque directe sur le stab via
une gaine blanche et une corde à piano de 0,8 mm et le tour est
joué. J’en connais qui se seraient compliqué la
vie avec un système de renvoi. Sur un modèle de 500 g,
point de fioritures et l’avion n’en sera que mieux. Le plan
vous indique toutes les astuces.
Malgré ce que laisse penser la peinture en trompe
l’oeil, l’empennage est pendulaire et non à
volets. |
Les nacelles
Comme pour le fuselage, j’ai préparé des gabarits.
J’ai découpé mes nacelles au fil chaud et j’ai
poncé l’ensemble jusqu’à l’obtention
de la forme voulue. Ensuite, je les ai séparées en deux
parties afin de les évider. Vous voyez, rien de bien complexe.
Les ballonnets
Ils sont fabriqués dans des chutes de Roofmat. La mise en forme
se fait également par ponçage. Par contre, ils ne sont
pas évidés. Les mâts sont tout simplement des pics
pour brochette en bambou rentrés en force et collés à
la cyano spécial Dépron®.
Les balancines indispensables évitent à l’aile
de tremper dans l’eau. |
L’aile
Profil creux ou profil plat, il n’y a pas comme certains le croient,
une science exacte. L’aile du proto était constituée
d’une seule pièce en Dépron® de 6 mm, comme
beaucoup de modèle du commerce avec le classique profil Göttingen
417 revu et corrigé. C’est le bon plan dans le tout petit
temps mais dès qu’il y a du vent, le vol est désagréable
car le profil étant très porteur, le modèle est
très chahuté. J’ai donc choisi un profil plat très
proche du Clark Y et j’ai construit l'aile en Dépron®
de 3 mm intrados et extrados. Le bord d’attaque est en balsa,
la clé d’aile en contre-plaqué de 0,8 mm contre-collée
sur balsa 1,5 mm. Les ailerons sont directement découpés
dans l’aile et renforcés sur leur chant à l’aide
de balsa de 1 mm. Tout d’abord, j’ai découpé
l’intrados de l’aile d’une seule pièce. J’ai
collé le longeron au tiers de l’aile ainsi que la clé
en contre-plaqué. J’ai découpé les puits
de servo et j’ai passé les rallonges avant de coller l’extrados.
Ensuite, j’ai confectionné une nervure en Dépron
de 6 mm que j’ai collé à l’emplanture. Après,
j’ai découpé l’extrados et je l’ai séparé
en deux parties pour éviter un vrillage lors du collage. La mise
en forme et la pose de l’extrados ne peut se faire sans l’aide
de la nervure centrale et du longeron. Pour ce faire, j’ai roulé
la feuille autour d’un tube PVC en n’oubliant pas que le
Dépron® possède un sens. L’avant-dernière
étape de la construction, c’est la découpe des ailerons.
Rien de plus simple, une fois découpé, j’ai collé
un morceau de balsa de 1 mm sur le chant de l’aileron et bien
sûr de l’aile. La charnière est en Blenderm, lui
seul accroche vraiment à la surface du Dépron®.
Les moteurs
Oubliés les DC.17/17 des premiers vols, j’ai choisi deux
célèbres GWS réductés 5:1 et des hélices
de la même marque 9”x7” et je vous garantis qu’ils
emmènent les 580 grammes du Widgeon sans broncher. Le poids de
ce moteur est ridicule : 26 g. Il est monté sur roulements et
la fixation se fait au choix : Par l’avant à l’aide
de minuscules vis parker ou alors par l’arrière à
l’aide d’un tourillon central fixé en force sur le
moteur. Le câblage des deux moteurs est fait en parallèle.
Dans les nacelles, les moteurs réductés
sont
des petits GWS utilisés généralement en indoor.
|
Electronique
Ma crainte, c’est l’eau, tous les modélistes qui
pratiquent la formule hydro le savent, elle s’infiltre on ne sait
où. Pour parer à cette éventualité, rien
ne doit être posé au fond du fuselage. Seule, la batterie
pour une question de centrage a été collée sur
une platine. Les servos et le récepteur ont été
collés au double-face sur les flancs. Le variateur étant
le plus vulnérable est suspendu au milieu du fuselage. Les servos
d’ailerons se trouvant à l’intrados recevront peut-être
quelques fines gouttelettes à leurs extrémités,
mais ils sont protégés par les ballonnets qui évitent
à l’aile de plonger dans l’eau lors du gîte.
C’est un park flyer donc on va faire light. J’ai monté
deux servos NS 500 aux ailerons pour pouvoir effectuer les mixages utiles,
même servo pour la dérive ainsi que pour la profondeur.
Les moteurs ne consomment pas exagérément mais j’ai
quand même choisi la sécurité, un variateur Schulz
censé encaisser 10 Ampères. Il est aussi léger
mais plus performant que le Jeti 05. Trouvé du coté d’Athis-Mons
chez l’ami Jean-Michel Cœur, il est vendu non câblé
mais cela permet de déterminer vous-même la longueur de
vos fils et de vous assurez de l’état de vos soudures.
La liaison de tout çà, c’est le récepteur,
j’ai monté le petit 5 voies de chez Jeti. Pour alimenter
l’ensemble, j’ai utilisé tout d’abord des Sanyo
370 mAh en 8 éléments, ce qui donne une autonomie de 6
minutes environ. J’ai ensuite testé les 700 mAh Ni-MH de
chez NPM. A masse égale, l’autonomie est considérable
: 16 minutes ! Ca en fait des ronds dans l’eau, n’est ce
pas ? Néanmoins, je ne vous conseille pas de faire tourner ces
petits moteurs au-delà des 5 mn, car ils vont chauffer plus que
d’ordinaire et vous allez les détruire rapidement. Vous
me direz : mais quel intérêt alors d’avoir autant
d’autonomie et ne pas pouvoir s’en servir ? Eh bien, la
gestion va se faire différemment. Avec le même pack, vous
faites deux vols avec des interruptions pour laisser refroidir les moulins.
Si vous possédez 3 packs, vous allez faire 6 vols. C’est
souvent ce que l’on fait lors des déplacements sur le terrain.
Par conséquent, le chargeur ainsi que la grosse batterie de 12
volts qui se baladent dans le coffre deviennent obsolètes. Si
vous passez aux Li-Po, vous aurez une autonomie à n'en plus finir.
|
|
Finition
Pour atténuer l’effet “peau d’orange”
du roofmat ainsi que les différents raccords, j’utilise
de l’enduit Polyfilla, le même depuis des années.
Attention, la boîte rouge n’existe pratiquement plus, elle
a été remplacée depuis peu par un nouvel emballage
et rebaptisée “Rebouchliss” mais rassurez-vous, le
produit est rigoureusement identique. Avant de peindre, j’utilise
parfois un apprêt blanc acrylique Gesso de Pébéo
très efficace mais à petites doses car un peu lourd. Pour
ce modèle, j’ai choisi la colle blanche diluée à
l’eau pour 30%. L’avantage de cette technique est double.
D’une part, l’eau s’évapore donc la masse supplémentaire
est infime. En séchant, il ne reste plus qu’un film, ce
qui atténue considérablement les imperfections dues aux
nombreuses interventions sur le Roof. Pour améliorer l’état
de surface, j’ai poncé légèrement avec du
papier 400. Après avoir choisi la décoration chatoyante,
j’ai peint tout le modèle en blanc. Pour cela, j’ai
utilisé de la peinture acrylique Buntlak de chez Marabu. Vendue
en bombe, elle a un pouvoir couvrant extraordinaire, ce qui est un gros
avantage pour le poids du modèle. Les autres couleurs ont été
réalisées au pinceau et les diverses salissures en trompe
l’œil, à l’aérographe. J’ai découvert
également chez Marabu des teintes acrylique glossy en flacon
de 15 ml sous la dénomination Décorlack. Miscibles entre
elles, je vous assure qu’avec un brin d’idées, on
peut faire des miracles. Si vous recherchez une décoration entièrement
maquette, j’ai trouvé sur le net deux sites qui traitent
du sujet. Tout d’abord un site néo-zélandais dont
l’adresse est http://www.kiwiaircraftimages.com
et un site très connu des modélistes qui possède
une banque d’images très importantes mais attention, elles
ne sont pas libres de droits, voici l’adresse http://www.airliners.net/.
Le vieillisement a été réalisé
à l’aérographe car l’aile est en Dépron®.
|
La check-list
Tout d’abord, j’ai vérifié le centrage qui
s’est révélé être bon du premier coup,
il se situe à 50 mm du bord d’attaque à l’emplanture.
Les débattements suivants sont à respecter du fait du
lacet inverse important. J’ai ajouté 50% de différentiel,
sur chaque aileron bien entendu. Pour un confort supplémentaire,
j’ai préféré les mixer à la dérive,
dans le même sens s’il vous plaît et à 100%.
On voit le redan qui permet à l’avion de déjauger.
|
Les vols
Les premiers essais ont été effectués à
l’occasion de la rencontre hydr’indoor de Versailles. Le
modèle équipé de la toute première motorisation,
à savoir le fameux DC17/17 de la marque Faulhaber qui a fait
les beaux jours de l’aéromodélisme indoor s’est
révélé incapable de propulser mon modèle.
Après deux tentatives infructueuses, il a fallu se rendre à
l’évidence, le modèle manque cruellement de puissance.
Je les ai remplacés par deux GWS plus puissants. Cette fois-ci,
le modèle a été testé en extérieur,
en milieu naturel. En moins de deux mètres, le Widgeon monte
sur son redan et décolle dans la foulée. Premier constat,
le lacet inverse est très important, c’est normal. Je voulais
respecter scrupuleusement les cotes du modèle grandeur et de
ce fait, un fuselage important, qui plus est avec une aile à
flèche inverse au ¾ du bord de fuite, le diagnostic est
vite fait. Amerrissage d’urgence, le modèle glisse tout
naturellement sur l’eau, remise progressive des gaz pour le ramener
au bord et éviter qu’il se retrouve sur un des ballonnets
et fasse girouette. J’ai mis du différentiel aux ailerons
et j’ai mixé ceux-ci à la dérive. Remise
à l’eau, je m’éloigne du bord pour prendre
l’axe. Le modèle à tendance à gîter,
c’est là que l’on voit l’utilité des
ballonnets. Je mets les gaz progressivement et le modèle se trouve
de nouveau rapidement sur son redan et décolle sans l’effet
de succion que l’on retrouve souvent sur certains hydravions.
J’effectue quelques hippodromes pour faire plaisir au photographe
qui apparemment est sous le charme. Le modèle n’a pas une
plage de vitesse importante et les prises de badin ne se font qu’après
un piqué de quelques mètres. La voltige même de
base est à proscrire, d’une part parce que ce n’est
pas sa vocation première et qu’il n’a pas une inertie
extraordinaire, vraiment ; vous allez être déçu.
Son domaine, ce sera plutôt le vol pépère avec des
passages au raz de l’eau. Pour les pilotes dégrossis, pas
de problème. Attention tout de même au décollage,
c’est tout un art, la mise des gaz est progressive et la profondeur
au ventre. On relâche dès que le modèle accélère
sur l’eau tout en maintenant le cap à la dérive.
C’est pour cela que l’exponentiel est bien utile sur cette
gouverne.
|
|
Conclusion
Juste par curiosité, j’ai chiffré le coût
de la matière : il est d’environ 6 euros, vraiment ridicule.
Alors, si vous souhaitez sortir des sentiers battus et découvrir
les vraies joies du modélisme à peu de frais et bien voilà
mon petit Widgeon sera sûrement le modèle idéal.
Vous verrez que les quelques heures de ponçage intensif seront
vite récompensées. Et si après ça, vous
n’avez pas envie de vous jeter à l’eau, c’est
que vous n’avez rien compris. Bons vols à tous.
Grumman J4F/G-44 Widgeon
Caractéristiques
Envergure : 122 cm
Longueur : 78 cm
Surface : 25 dm²
Poids : 580 g
Charge alaire : 23 g/dm²
Moteurs : 2 x GWS LPS-RXC-B
Hélices : GWS 9”x4,7”
Variateur : Schulz Slim 10
Batteries : 8 élts 370 à 700 mAh
Radio : 4 voies |
|
|
Pascal vend le plan du Widgeon échelle 1 tiré sur
papier 15 €, auxquels il faut ajouter les frais de port.
Cliquer ici
pour le contacter. |
Contacter l'auteur : pascal.bourguignon@jivaro-models.org