Présentation : Laurent Berlivet
(Photos en vol : Romain Berlivet)
Séance du vol en plaine avec caméra
embarquée et poursuite en immersion par Pynoyboy et son kwad.
Le Graphen, un planeur F3B/F3F tout plastique
"made in France". Deux fuselages existent. Celui-ci est
une version électrique, avec le nez coupé pour recevoir
un moteur brushless.
Planeureux...
"Si à
50 ans, t'as pas de tocante bling-bling..."
Ben moi, je m'en fous, j'ai un
Graphen, avec lequel je ne compte pas regarder le temps passer !
3,22 m de carbone, de Kevlar, doux comme une peau de fesses de
la pointe du saumon au croupion amovible.
Léger, hyper rigide, brillant, avec même la déco
que j'ai voulue.
Version Electro. Certains crieront au sacrilège mais je
souhaite le faire voler souvent. Et dans mon coin, les pentes
sont plates !
Du travail soigné sous toutes les coutures par Rollin
Composites.
Lorsque j'ai commandé le mien, il fallait 6 mois d'attente
(décor personnalisé) mais tout arrive.
Le tout plastique, c'est fantastique !
Envergure : 3,22 m
Longueur : 1,47 m
Profil : Nicolas Matis 8%
Surface : 58 dm²
Masse : 2770 g
Charge alaire : 47,8 g/dm²
Prix indicatif : 1450 €
Equipement :
Moteur : Mega ACn 23/30/3
Contrôleur : Roxxy BL-Control 755 S-Bec
Hélice : 11x8 Aero-Naut
Batterie : Li-Po 3S 3300 mAh
Servos : 2x Graupner DES 567 MG
4x Graupner Eagle S 14012.S
Rollin Composites
Loup Rollin est un jeune modéliste
qui a su progresser très vite dans la construction. Fidèle
lecteur du site jivaro-models, il reconnait que le travail des
contributeurs étendu sur toutes ces pages l'a bien épaulé.
Il a construit de nombreux modèles d'après les plans
téléchargeables, en balsa ou en Depron.
Toujours amateur de nouveautés, de hi-tech, il
s'est lancé dans la construction d'ailes coffrées,
puis de fuselages fibre et finalement de modèles entièrement
moulés.
La modélisation 3D, les moules usinés en CNC, le
travail des matériaux composites, tous bien maîtrisés,
lui ont permis de réaliser des modèles de qualité
professionnelle.
Sa première machine commercialisable est le Graphen,
et vu la demande, il a monté son entreprise Rollin
Composites pour proposer ce F3B en version planeur ou motoplaneur
électrique, avec 2 fuselages différents pouvant
s'installer sur une voilure commune. Du haut de gamme 100% made
in France.
Après 6 mois d'attente,
d'angoisse, le colis arrive enfin ! Entier... Ouf !
A l'intérieur, tout
est bien emballé, protégé individuellement,
et calé par des blocs de mousse aux extrémités.
Les housses de protection sur mesure ont été
commandées en même temps. Une option indispensables
pour ne pas abîmer le bijou pendant le stockage ou le transport.
Illustration du décor
que j'ai dessiné, envoyé au moment de la commande,
bien respecté par le fabricant malgré sa complexité.
Intense bonheur lorsqu'on découvre
sa déco personnalisée, peinte directement dans le
moule. Un planeur unique.
Le tissu de carbone reste apparent au niveau
du noir. C'est voulu pour la touche Hi-Tech. Pour le rouge, il est
un peu trop orangé à mon goût, je l'aurais voulu
plus soutenu. Mais le résultat est quand même très
chouette, et sera bien visible en l'air.
La peinture est réalisée dans
le moule. Le nom du modèle et le logo du fabricant sont en
vinyle, déjà posés.
Sur ce modèle, le nez est coupé.
C'est la version électrique, avec une cabine amovible plutôt
qu'une coiffe.
La tige de verrouillage en carbone est déjà collée
dessous.
Toute la partie située derrière la verrière
est en carbone apparent. A l'avant, pour éviter toute perturbation
radio, le fuselage est moulé en Kelvar. Le moule est donc
peint en noir au préalable sur cette zone, avec un fondu
vers l'arrière. Le tissu n'est donc pas visible de l'extérieur.
A l'arrière, le croupion amovible vient
masquer les commandes de l'empennage papillon. Les clés de
section rectangulaire formant un V sont déjà collées
en place.
Les gouvernes sont articulées
à l'intrados. Il reste donc une fente à l'extrados
au niveau des ailerons. On voit qu'une couche de peinture noire
a été déposée dans le moule au niveau
du puits de servo pour masquer les éventuels défauts
d'aspect du carbone qui n'épouserait pas bien la petite marche
destinée à recevoir le carénage.
La fente des volets est fermée par
une lèvre aérodynamique tandis que celle des ailerons
devra être masquée avec un adhésif talqué.
Je suis resté "scotché" un moment devant
cette fente béante...
Côté clés d'aile, c'est
du très robuste avec deux pièces moulées incluant
le dièdre. Sur la version planeur, la mousse à l'intérieur
peut être retirée pour y caser du lest. Ce n'est par
contre pas très pratique car au moindre décalage de
l'une par rapport à l'autre, il devient très difficile
de les enfiler ou de les retirer. Il ne faut donc jamais les faire
entrer en force.
Une trappe sous le fuselage, fermée par une feuille
de rhodoïd, permettra l'accès aux servos de profondeur
et direction. Elle forme une marche, ce n'est pas très propre,
même si ça reste discret.
A peine déballé, on effectue une première
mise en croix.
C'est beau... mais ça prend déjà un peu trop
de place dans le salon !
Tous les accessoires sont fournis : platine
et cloison moteur en contre-plaqué multiplis, cadres de servos
imprimé en 3D, fil silicone souple torsadé 3 brins,
chapes métalliques, floc de coton, plaques plastique pour
fermer les puits de servos... Une notice est téléchargeable
en PDF.
La
fabrication
Quelques photos en provenance
de l'atelier du fabricant présentant différentes
étapes.
(Crédit Rollin Composites)
Equipements du fuselage
Voici l'équipement choisi pour motoriser
ce Graphen Electro : Moteur Mega ACn 23/30/3, contrôleur Roxxy
BL-Control 755 S-BEC, batterie Li-Po 3S 3300 mAh et hélice
repliable Cam Carbone 11x8 et cône Freudenthaler 38 mm.
La section du fuselage est réduite
au minimum. A première vue, le moteur ne pourra pas y entrer.
En écartant légèrement le fuselage, ça
passera finalement sans problème.
Le couple est ajouré au maximum en
fonction des aérations du moteur. Comme celui-ci a une cage
fermée sur les côtés, ça ne sert à
rien de percer les flancs du fuselage.
Ce sont les seules aérations donc il
faut que l'air puisse y entrer, après avoir traversé
le cône ventilé.
Les aérations donnent directement sur
les ouvertures du moteur. Comme la place est comptée, les
câbles allant du moteur au contrôleur ont été
raccourcis.
Les câbles du moteur vont être
soudés directement sur les sorties du contrôleur pour
gagner de la place et supprimer les connecteurs inutiles.
Les connecteurs PK sont dessoudés.
La gaine est coupée proprement, juste pour dégager
les soudures.
La gaine thermo est maintenue
repliée pendant que les fils sont dessoudés.
Le moteur est relié directement au
contrôleur. Un nouveau morceau de gaine thermo est rajouté
autour des soudures.
L'intérieur du fuselage est soigneusement
rayé et essuyé afin que le collage du couple soit
efficace et durable.
Afin de libérer un maximum de place
pour la batterie, le contrôleur est déporté
vers un des flancs.
Il est nécessaire de déformer
le fuselage pour y faire entrer le moteur. Une fois dedans, il est
facile de le faire glisser.
La cloison moteur est collée à
l'époxy lente. Attention à ne pas en mettre sur la
cage du moteur.
Le cône est vissé sur l'axe,
la base bien alignée sur l'avant du fuselage, pour s'assurer
que le moteur est placé correctement.
Ensuite, un congé
d'époxy et de micro-ballon est déposé sur
la périphérie.
La platine servos ne convenait pas pour mon
équipement. Les cadres pour les servos de l'aile non plus.
Ci-contre, la platine pour servos numériques micro Graupner
DES 567 MG de 19 g. (Gabarit
en PDF téléchargeable.) Les ouvertures sont décalées
par rapport à l'axe, c'est volontaire pour faire passer les
commandes sans qu'elles ne frottent contre les flancs.
Je les ai donc retracés
et découpés dans du contre-plaqué aviation
multiplis de 4 mm.
La position des servos a été
optimisée (ils sont légèrement décalés
par rapport à l'axe) pour obtenir des débattements
sans que les commandes ne frottent contre le fuselage. L'intérieur
du fuselage est soigneusement dépoli au niveau du collage.
Platine et servos fixés dessus sont
glissés dans le fuselage, jusqu'au niveau de l'ouverture,
sous le fuselage. Une fois en place, la platine est pointée
à la cyano.
Les commandes de l'empennage sont en tube
carbone, prolongées par des tiges filetées. Le collage
se fait à l'époxy.
Pour que l'extrémité du tube
ne se fende pas, elle est recouverte avec un morceau de gaine thermorétractable.
La longueur est soigneusement déterminée
puis les tubes sont tronçonnés avec un disque monté
sur une mini-perceuse, meilleur moyen pour couper un tube carbone
proprement.
Côté empennage, les guignols
à boules venaient buter dans l'échancrure déjà
découpée. Dommage. J'ai agrandi un peu l'ouverture
pour supprimer tout point dur.
Le fuselage se trouve très aminci à
ce niveau mais ça reste solide, d'autant qu'il n'y a aucun
effort à cet endroit.
Pour éviter les
taches de colle, les alentours de l'ouverture sont masqués
avec du ruban adhésif.
Mélange de colle
époxy épaissi avec du micro-ballon ou du floc de
coton.
Un congé est posé
tout le long de la platine, le plus régulièrement
possible.
Un renfort en tissu de verre
est collé sur la platine en remontant très largement
à l'intérieur des flancs.
Avant séchage complet
de la résine, lorsqu'elle est "amoureuse", l'excédent
de tissu est recoupé au cutter.
Le dessous du fuselage
est fermé avec une feuille de plastique transparent.
Cette trappe est tenue
avec du ruban adhésif transparent. Ca fait "cheap".
Je modifierai ça plus tard, il y a moyen de faire mieux
facilement.
Passons à la
voilure
Les puits de servos sont déjà
prêts. A noter au niveau du trou : le carbone n'est pas visible.
C'est une couche de peinture noire passée dans le moule qui
pourrait masquer les éventuels petits défauts d'apparence
dus à la déformation des tissus.
Pour favoriser l'accroche
de la colle, le fond des puits a été rayé
par ponçage. Finalement, ce n'est pas utile car c'est du
tissu d'arrachage qui se trouve en-dessous.
Les servos sont recouverts
de film alimentaire pour être isolés de la colle.
Ils sont vissés sur leurs supports en bois.
Les alentours sont protégés
pour éviter les résidus de colle. Le bois est recouverts
de colle époxy chargée de fibrette (fibre de verre
broyée).
Collage sous presse...
improvisée pendant toute la durée du séchage.
Les servos sont dévissés pour
retirer le film plastique puis remis en place pour ajuster au mieux
les tringleries.
Pour définir l'emplacement des guignols,
leur hauteur, celle du palonnier, sa position... le tableur Cinegouvernes
de Renaud Iltis est bien pratique.
Le perçage pour le passage des commandes
doit être ajusté le mieux possible. On retire la matière
très progressivement.
Afin que le guignol soit solidement fixé
dans la gouverne en répartissant bien les efforts, j'ai ajouté
une baguette de bois dur dans la rainure.
Le collage est fait avec
de l'époxy additionnée de micro-ballon.
Une fraise "flamme"
très pointue permet d'effectuer un petit trou sans riper.
Le trou doit être suffisamment étroit
pour que le guignol en laiton puisse se visser en forçant
légèrement.
J'ai recoupé la base des chapes pour
que la commande soit la plus courte possible.
Pour ne pas percer trop profond, un morceau
de ruban adhésif est enroulé sur le foret, servant
de repère visuel.
L'extrados est échancré
au plus juste pour que la chape glisse sans frotter.
De l'adhésif papier est placé
autour des endroits à travailler pour éviter de marquer
la surface.
On procède pour obtenir
le plus de débattements possible avec un palonnier court
et un petit guignol.
Les palonniers de servo
dépassent légèrement de l'épaisseur
du profil.
Connecteurs
L'emplanture est percée pour des prises
Multiplex. J'ai légèrement agrandi les trous pour
qu'elles entrent avec un peu de marge.
Deux bornes sont réunies pour les fils
"positif", deux autres pour les fils "négatif".
Celles des extrémités sont les signaux pour le servo
d'aileron d'un côté et de volet de l'autre.
L'emplacement des connecteurs est également
tracé à l'emplanture sur le fuselage.
Les ouvertures sont reprises avec une mini-perceuse
équipée d'une fraise.
Une plaque d'époxy est découpée
de la largeur du fuselage. Les prises à placer dans le fuselage
sont collées juste aux extrémités.
Les deux prises immobilisées sur la
plaque époxy sont glissées dans le fuselage par l'ouverture
de la clé d'aile.
Rentrées par l'intérieur du
fuselage, les prises affleurent au niveau des karmans.
Si tout est bon, elles sont fixées
de façon rigide avec de l'époxy chargée au
micro-ballon. Ensuite, le fuselage est protégé avec
du film alimentaire.
Côté aile, les ouvertures sont
creusées un peu plus larges que les prises pour un collage
souple au silicone.
Le fuselage est mise en croix pendant toute
la durée du séchage. Une fois démoulé,
la prise dépasse de l'emplanture mais reste bien protégée
grâce au tourillon de centrage.
Avec cette méthode, la connexion de fait automatiquement
lors de la mise en croix. Sur le terrain, on ne s'embête pas
à rattraper des prises qui seraient rentrées dans
l'aile ou le fuselage.
Pour éviter que les connecteurs se
décrochent par inadvertance, ils sont emballés dans
un morceau de gaine thermorétractable.
Carénages des
servos
De simples plaques de plastiques sont livrées
pour fermer les puits de servos. Cependant, avec l'équipement
et l'installation choisis, les palonniers dépassaient à
l'intrados. J'ai donc dessiné des caches adaptés et
les ai imprimés en 3D.
Une feuille de plastique a ensuite été
thermoformée par dessus, sur une "boîte à
trous".
L'aspirateur plaque la feuille de plastique
souple qui épouse les formes imprimées.
Découpage un tout
petit peu trop large avec une paire de ciseaux...
... puis ajustage par
ponçage pour épouser parfaitement les puits de servos.
Ici, le plastique transparent
a été peint par l'intérieur.
Finalement, ces carénages étaient
un peu trop proéminents. Après coup, j'en ai retracé
d'autres mieux ajustés. Il vaut mieux les imprimer avec un
fil blanc qui résiste mieux à la chaleur lors du thermoformage.
Thermoformage cette fois
dans du plastique blanc, peint par l'extérieur.
Carénage de servo
d'aileron, tenu avec du ruban adhésif.
Carénage de servo
de volet, peint en noir en accord avec la déco d'intrados.
Fermeture des fentes
d'ailerons
Les fentes des volets sont fermées
par une lèvre en 1/4 de rond. Par contre, celles des ailerons
sont énormes et doivent être fermées avec du
ruban adhésif talqué, posé sur l'aileron et
courbé pour rentrer dans l'aile.
Réglages
Les réglages qui restent à peaufiner
sont à peu près ceux de la notice, à savoir
un centrage à 95 mm qui pourra sans doute reculer encore
un peu car le Graphen est encore parfaitement sain à basse
vitesse et forte inclinaison.
Débattements :
Ailerons : 25 mm vers le haut. 13 mm vers le bas.
Profondeur : 7 mm vers le haut. 7 mm vers le bas.
Direction : 10 mm de chaque côté.
Crocos : Volets 50 mm vers le bas, ailerons 10 mm vers le
haut. Compensation profondeur 2 mm vers le bas quand tout est
sorti.
Gratte : Volets 2 mm vers le bas. Ailerons 1 mm vers le bas.
Voltige : Volets mixés avec les ailerons, 5 mm de chaque
côté.
En vol !
Avec les périodes de confinement, les
restrictions de déplacement, les vacances... ce Graphen a
mis un certain temps avant de prendre l'air...
On ne fait pas voler ce genre de machine partout.
Il faut de la place autour et un sol accueillant, même si
la vitesse d'atterrissage peut être assez faible grâce
aux crocos.
Le premier lancé a été
effectué à la pente, avec un filet de moteur par sécurité
car le vent était très faible. Après 2 secondes
de vol, le moteur a été coupé : il n'était
pas utile pour rester en l'air...
Le vol de pente permet de peaufiner
les réglages en passant à hauteur des yeux, d'admirer
les lignes... et de l'entendre siffler !
Le décor contrasté est parfaitement
visible, même de très loin.
En plaine, les vols peuvent être interminables
car le planeur enroule très facilement et chute très
peu. On reste facilement en l'air 1/2 heure par temps un peu couvert.
Alors si ça pompe... Attention quand même car l'alimentation
est faite avec le pack de propulsion via le système BEC du
contrôleur.
Après avoir doucement reculé
le centrage (actuellement à 95 mm du bord d'attaque), le
V longitudinal s'est révélé imparfait puisqu'il
faut trimer à cabrer pour un vol rectiligne. Les volets de
prof sont relevés de 1 mm. Bien triste pour un modèle
tout plastique livré ainsi. J'ai cependant ma petite idée
pour corriger ce défaut. On en reparlera ici un peu plus
tard...
Note : Depuis 2021, le problème a été corrigé
par le fabricant et le calage actuel est désormais parfait.
Le vol avec ce type de machine est grisant.
Les prises de vitesse accompagnées d'un long sifflement sont
fantastiques, la restitution qui suit également. Il est possible
de regrimper très haut sur la lancée, ou bien d'effectuer
quelques figures ou de nombreux virages serrés après
un passage.
Les crocos sont très efficaces. Ils
nécessitent une bonne action à piquer, qu'on ajuste
après quelques vols.