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Fun World EP
Champion
du vol 3D
Présentation : Thierry Rose
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Le vol 3 D n’est plus une mode, c’est
devenu un type d’acrobatie à part entière avec des
avions conçus pour ces vols extrêmes. Il en existe d’intérieur
avec les avions à la mode Shock Flyer, et d’extérieur
avec tous ceux nés dans la série du Madness. D’une
façon générale, ces avions se doivent d’avoir
un rapport puissance/poids très nettement supérieur à
1 avec une charge alaire la plus faible possible, un profil épais
et des gouvernes hyperdimensionnées.
Bien motorisé, le Fun World
EP devient un appareil performant permettant d’effectuer des
figures de vol 3D vraiment extrêmes.
La qualité de fabrication est étonnante, et encore
davantage en regard du prix vraiment compétitif. |
World Models propose depuis quelques mois en France
toute une série d’avions dédiés uniquement
à la propulsion électrique. Le Fun World EP est de ceux-là.
Ce 3 D a une envergure de 1,27 m pour un poids annoncé de 1 500
g. Il est proposé à un prix défiant toute concurrence
puisqu’à moins de 90 €.
L’aile est en deux parties.
Ca n’est pas courant sur ce type de modèle, mais c’est
extrêmement pratique pour le stockage. |
Caractéristiques
Nom : Fun World EP
Fabricant : World Models
Envergure : 127 cm
Longueur : 127 cm
Surface : 45 dm²
Masse obtenue : 1 400 g
Charge alaire : 31 g/dm²
Equipements
Moteur : Twister 40 Electronic Model
Hélice : APC 12,25”x3,75” spéciale 3D
Batterie : 4 éléments Li-Po de 3 000 mA
Puissance : 570 W
Prix : 90 € |
Présentation
A la réception du colis, on est immédiatement surpris
par sa taille et son très faible poids. La boîte joliment
décorée, présente le modèle réduit
sur toutes les coutures et affiche ses caractéristiques principales
: envergure 1,27 m, longueur 1,27 m, surface alaire 45 dm², masse
annoncée 1 500 g soit une charge alaire de 33 g/dm²;
l’ensemble devant être propulsé par un moteur délivrant
au moins 350 W. A l’ouverture du carton, on est littéralement
“scotché” par la qualité de ce qui nous est
proposé. Toute la structure est réalisée en dentelle
de balsa découpée au laser. Les évidements sont
omniprésents, la qualité du bois excellente, les assemblages
sont réalisés sans jour, la colle n’est pas visible,
mais je pense qu’il y en a puisque les morceaux restent ensemble…
L’entoilage est réalisé en Oralight ou équivalent.
Le poids des différents sous-ensembles est incroyable puisque
la structure nue (hors électronique) entièrement assemblée
et avec son accastillage n’est que de 520 g. Devant tant de qualité,
on n’a plus qu’une envie, le faire voler pour voir ce que
cela va donner. Mais avant, il faut passer par l’assemblage.
La clé d’aile très résistante
est composée de tubes concentriques réalisés
dans différents matériaux. |
Gros plan sur le flanc du fuselage au niveau du passage
de la clé. |
Construction
Plutôt qu’une construction il s’agit d’un montage,
ou d’une grosse mise en croix. Le kit est livré avec une
notice très explicite qui reprend avec de nombreuses photos toutes
les étapes à suivre. Celle-ci, bien qu’en anglais,
est parfaitement compréhensible. Plutôt que de la réécrire,
voici donc les différentes grosses étapes et réflexions
ou modifications éventuelles.
Avant toute chose, je vous conseille de passer un petit coup de fer
d’entoilage sur chacun des évidements du fuselage que vous
allez désentoiler. Ainsi le film adhère parfaitement au
bois et ne risque pas de se décoller à court ou moyen
terme. Les évidements seront percés au cutter ou éventuellement
à l’aide d’un fer à souder. Personnellement
je n’ai jamais essayé cette technique mais il semblerait
qu’elle donne de très bons résultats. Pensez à
ouvrir une sortie pour l’air chaud. J’ai choisi d’utiliser
les évidements placés sous le stabilisateur, ainsi l’air
circule dans tout le fuselage et ventile moteur, contrôleur et
accus. Tant que vous avez en main le fuselage, vérifiez et au
besoin renforcez le collage de la platine de support du train d’atterrissage
principal. En effet, au premier vol sur mon terrain en herbe, après
un atterrissage franchement doux, le train est resté sur place
et le fuselage a terminé sa course en glissade. Cela fait désordre
et gâche un peu le plaisir de ces premiers instants.
La voilure est constituée de deux demi-ailes reliées entre
elles par un tube de clef d’aile en alu “composite”.
Il s’agit en fait d’un tube alu dans lequel sont incérés
pas moins de 4 autres tubes de matières différentes. Pour
un poids de 40 grammes, l’ensemble est très résistant.
L’aile reste donc démontable en deux parties, ce qui est
franchement très pratique vu la taille de ladite voilure. La
mise en place des empennages ne sera évidemment réalisée
qu’après avoir installé les ailes. Les découpes
réalisées sont parfaites, ne nécessitant sur mon
modèle aucune retouche. Attention, il y a un morceau de balsa
entre les deux flancs au droit de la réservation pour la dérive
qui maintient l’ensemble au bon écartement. Pensez à
le retirer avant de la coller en place… Tous les collages sont
réalisés à la cyano fluide par infiltration, l’ensemble
est très résistant. Une fois ce dur labeur réalisé,
il ne reste plus qu’à coller en place les charnières
des différentes gouvernes. Il s’agit de charnières
sans axe d’excellente qualité. Les fentes sont, comme il
se doit, déjà réalisées. Une simple goutte
de cyano fluide permet de les immobiliser. N’oubliez pas que les
débattements vont être très importants, je vous
conseille donc de laisser un léger jour entre le bord de fuite
de l’aile et le bord d’attaque de la gouverne de façon
à pouvoir obtenir au moins 60 degrés de débattement
de part et d’autre.
On voit ici l’énorme profil symétrique utilisé,
ainsi que les nervures ajourées. |
La fixation de l’aile est originale et efficace : des vis
Allen viennent bloquer la clé d’aile. |
Au sujet des deux volets de profondeur, une petite
remarque concernant la corde à piano en “U” qui relie
les deux volets. Celle-ci est vraiment beaucoup trop souple, entraînant
une imprécision de pilotage et des flips qui désaxent.
Il faut donc au choix, soit renforcer la liaison mécanique, soit
installer un deuxième servo de profondeur.
La mise en place du train d’atterrissage n’appelle aucun
commentaire hormis le renforcement du collage de la plaquette support
(comme dit plus haut). Volant sur une piste en herbe, je n’ai
pas souhaité rendre la roulette de queue directrice. Non que
cela ne me soit pas utile mais j’ai eu peur, vu l’épaisseur
et la légèreté de la structure du volet de dérive,
que tout ne s’arrache au premier atterrissage. Je l’ai donc
laissée folle.
La mise en place de la verrière se fait avec quatre petites vis
fournies et de petits silentblocs translucides (le grand luxe). Pour
faciliter la visualisation en phase d’acrobatie “hard”,
j’ai appliqué, après quelques vols, un voile de
peinture effet fumée, ce qui me facilite grandement la localisation
dans l’espace.
Une étape beaucoup plus délicate est la mise en place
du système de verrouillage des demi-ailes sur la clef. Le principe
est simple, il s’agit d’immobiliser les demi-ailes en utilisant
des vis qui font clavette avec le tube de clef d’aile. On installe
donc une vis autotaraudeuse côté demi-aile gauche et une
vis à métaux côté droit. Après un
perçage judicieux au travers d’une pièce en contre-plaqué,
on arrive sur le fourreau puis dans le tube. Cette technique qui m’a
fait vraiment peur, fonctionne en fait très bien et demande simplement
un peu de soin pour être correctement réalisée.
Personnellement, j’ai préféré remplacer la
vis à tête fendue par une vis à tête 6 pans
creuse pour éviter au cours des divers démontages et remontages
de voir mon tournevis riper et passer au travers de l’entoilage.
The End… nous en sommes à ce stade de la construction en
moins de 4 heures. Il ne reste plus que l’installation radio et
moteur.
Un des rares points faibles concerne la fixation du train
d’atterrissage. Un renfort interne à ce niveau est
recommandé. |
Equipements
Les réservations pour les servos seront éventuellement
à réajuster en fonction des servos que vous allez utiliser.
Il faut au minimum des rallonges de 50 cm pour le fuselage et des 27
cm pour l’aile. J’ai choisi d’installer des HS 81
pour la profondeur (2, pour compenser la souplesse du raccord entre
les gouvernes) un HS 81 MG à la dérive, et deux Tini S
de Multiplex aux ailerons. Je n’ai pas installé de ferrite
mais cela pourrait être judicieux. Le tout est alimenté
par un pack de 5 cellules Ni-MH de 700 mA. L’usage du BEC sur
un avion tel que celui-ci me paraît dangereux. En effet, 5 mini-servos
en mouvement permanent et en charge ont une consommation non négligeable.
Attention, il est utile de renforcer la fixation du couple
avant car la puissance du moteur est énorme. |
On
accède à la batterie par une trappe amovible située
sous l’avion. Ici, l’auteur utilise des Li-Po. |
Propulsion
World Models recommande d’installer un moteur pouvant fournir
une puissance d’au moins 350 W. Si le poids de votre propulsion
va amener la masse de l’ensemble à 1 500 g, vous risquez
d’être un peu juste. En effet, l’avion devient agréable
à partir de 300 W par kilo et franchement fun à plus de
350 W par kilo. Le moteur que j’ai installé est un Twister
40 équipé d’une hélice 12,25”x3,75”
spéciale 3D. Il est alimenté par 3 ou 4 éléments
Li-Po de 3 000 mA. Disposant de Kokam 3200 aptent à délivrer
plus de 40 A en continu, mon choix était tout fait. Le moteur
est géré par un Flash 60 Pro. Word Models fournit plusieurs
couples en contre-plaqué pour installer le moteur.
Une petite remarque ou plutôt un gag qui aurait pu mal tourner
: Etant donné que je souhaitais minimiser la longueur d’axe
libre du Twister 40, j’ai collé le couple moteur à
plus ou moins 15 mm du bout des flancs. L’assemblage a été
réalisé a la cyano avec mise en place d’un doublage
en balsa 15/10 sur les flancs afin de répartir les efforts et
de créer une butée mécanique. (entre nous, l’ensemble
était vraiment résistant). Avant d’aller voler,
j’ai réalisé, comme toujours, des essais de consommation
pour valider l’option motorisation (en 4S à ce moment ).
A la mise en puissance, les flancs se sont littéralement arrachés
laissant partir le moteur à plus de 30 m. Heureusement il n’y
avait personne devant (c’est la moindre des précautions),
mais je ne vous raconte pas la peur rétrospective ! Moralité,
il faut impérativement coller le couple moteur “dans”
le fuselage, en appui sur le couple déjà en place et en
faisant un collage à l’époxy qui répartisse
les efforts ! (Ceux d’entre vous qui achèteront ce kit
comprendront en ayant le fuselage dans les mains.)
En 3S, la fixation des accus se fait directement sur la platine prévue
à cet effet dans le fuselage. A noter que les colliers Velcro
de fixation sont fournis, ce qui est rare et très agréable.
En 4S, il faut repenser l’installation de l’accu, mon pack
étant un tout petit peu trop épais.
Entièrement équipé, mon Fun Word accuse en 3S la
masse record de 1 300 g soit une charge alaire de 29 g/dm2 avec une
puissance consommée de près de 380 W soit 290 W par kg.
En 4S la masse atteint les 1 400 g (oups, mon Dieu, va-t-il encore voler
?) ce qui nous donne une charge alaire de 31 g/dm2. La puissance consommée
est de 570 W soit un rapport puissance/poids de 400 W/kg... Là,
ça devrait pousser !
C’est classique sur ce genre d’appareil : les servos
de profondeur et de direction sont placés tout à l’arrière,
dépassant largement des flancs. |
L’auteur a ouvert l’entoilage à l’arrière
de l’avion afin de permettre à l’air de circuler
et ainsi de ventiler tout l’intérieur du fuselage.
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Réglages
Les réglages moteur proposés par World Models sont une
bonne base de départ. De toute façon, piqueur et anticouple
seront à adapter en fonction du moteur installé et de
la puissance délivrée.
Là où par contre je suis très surpris, c’est
lorsque je vois apparaître dans la notice une proposition de réglage
des débattements qui risque de transformer notre tigre volant
en chaton somnolant, et que dire du centre de gravité qui n’atteint
même pas les 30 % de la corde moyenne. Il y a comme un léger
flottement sur le coup. Pour moi les réglages sont simples. Au
niveau des débattements c’est 100 % sur toutes les gouvernes
dans la limite des possibilités mécaniques bien sûr
et avec 50 % d’expo. En ce qui concerne le centre de gravité,
je considère que l’avion commence à être agréable
avec un réglage à 14 cm du bord d’attaque et non
10 cm soit près de 40 %. Mais voyons cela dans les essais en
vol.
Des mini-servos sont ulisés en attaque directe sur les ailerons.
Il est impératif qu’ils soient de qualité. |
Que la puissance soit avec toi !
Franchement, pour le premier vol, je n’étais pas du tout
inquiet. L’avion alimenté en 3S a déjà une
traction statique supérieure au poids, et avec une si faible
charge alaire et des gouvernes pareilles, aucune configuration de vol
ne devrait être critique. Le décollage, comme sur tous
les 3 D est sans problème. Gaz à 50 % (sur piste en herbe)
petite correction à la dérive et l’avion décolle
seul ou presque. Il ne faut surtout pas tirer fortement mais le laisser
faire. Passé les 10 premiers centimètres d’altitude,
vous pouvez faire ce que vous voulez et monter directement à
la verticale. Pour cette première série de vols, je me
suis concentré sur les réglages et caractéristiques
du Fun 3D. Avec le centre de gravité à 14 cm du bord d’attaque,
l’avion est très légèrement divergent. Dans
cette configuration, l’avion est capable de conserver une trajectoire
(en effet les 3 D, de par leur centre de gravité très
arrière sont très handicapés pour conserver une
trajectoire correcte, l’ultra-manœuvrabilité étant
à ce prix).
Les figures peuvent être de plus ou moins grande amplitude.
La boucle positive ou négative est sans problème. En ce
qui concerne le vol vraiment 3D, le passage du vol parachutal au stationnaire
demande a être un peu travaillé. La tranche au grand angle
ne tient pas. Le stationnaire est confortable avec par contre une impossibilité
de le rattraper s’il diverge sur l’axe de lacet. Le torque
demande beaucoup de précision, la réserve de puissance
étant très (trop) limite. Les flips sont très sympas.
Les tonneaux sont bluffants de simplicité mais demandent tout
de même à être corrigés pour compenser les
passages tranche. Les vrilles positives ou négatives sont sans
problème, on peut facilement les ralentir et les aplatir ou les
inverser en soufflant correctement les gouvernes. Il faut pas mal de
finesse pour les maintenir en rotation sans perte d’altitude.
Il faut en permanence adapter la puissance moteur aux actions enclenchées
afin de compenser la traînée générée
par les immenses gouvernes. En fait, on sent que l’avion est encore
centré trop avant et que la puissance est juste limite. Donc
après réflexion et concertation avec quelques copains
modélistes (et avis du rédac chef !), on décide
de passer aux choses sérieuses.
de voltige intense, il ne reste plus qu’une
figure imposée : l’atterrissage qui est une formalité
à la condition de conserver suffisamment de vitesse horizontale.
La puissance est telle qu’il suffit
de poser l’avion dans l’air. |
Conclusion
Powerfull is beautifull ! Le Fun
World est un avion de vol 3 D à part entière sans aucune
réserve, avec des performances hallucinantes Il ne me reste plus
qu’à ne plus avoir peur du sol. Car autant avec un Reflex
il est simple de venir tutoyer le plancher des vaches, autant au vu du
volume de l’avion et du sentiment de puissance qu’il dégage,
il va me falloir encore un peu de temps ! Si toute gamme World Models
est de cette qualité, il va falloir se pencher dessus très
sérieusement.
Avec ses gouvernes immenses, le Fun World n’est
pas destiné au vol à plat...
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Suspendu à l’hélice au ras du sol. Les
gouvernes très efficaces permettent des corrections instantannées
et précises. |
Pour contacter l'auteur : thierry-rose@jivaro-models.org