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Usage
des "drones" commerciaux dans un cadre militaire Présentation : Laurent Schmitz (OO-AS300) Depuis quelques années le marché de l’aéromodélisme
est inondé par une multitude de "drones". Certains
de ces engins ont tout du gadget mais d’autres affichent une vocation
qui dépasse le simple cadre ludique. C’est ainsi que les
images prises par ces machines bien connues des modélistes sont
désormais courantes à la télévision : jeux
olympiques, séisme au Népal, combats urbains en Syrie...
L’industrie a aussi recours aux drones, par exemple pour l’inspection
des ouvrages d'art. Les agriculteurs et l’administration cadastrale
font appel aux drones pour des relevés topographiques ou l’évaluation
des récoltes. Le géant de la vente en ligne Amazon parle
même de livraisons par drones. Bien sûr les militaires ne
sont pas en reste et l’usage de drones commerciaux est sérieusement
envisagé par les forces armées. Mais à quoi peuvent
bien servir ces jouets ?
Tout ce petit monde reçoit son alimentation électrique d'accus rechargeables au lithium-polymère ("Li-Po"). Dans le monde de l'aéromodélisme certains Li-Po sont exploités à des taux de décharge ahurissants, que même les fabricants n'envisagent pas. Ainsi, dans sa version 12 V, le petit accu "Turnigy Bolt" de 2800 mAh tient dans la poche et pèse moins de 300 g. Son label "130/65C" signifie qu'il peut théoriquement délivrer un courant de 364 ampères pendant quelques secondes : de quoi démarrer un petit camion ! On l'a vu, les drones "multicoptères" sont tous basés sur la même architecture. Celle-ci est évolutive et s'adapte à toutes les tailles ("scalable"). Les plus petits jouets volants sont les "nano" ou "pico" qui tiennent dans la main. On parle ici de quadricoptères ou de coaxiaux d'une vingtaine de grammes à l'autonomie ne dépassant guère les cinq minutes. Ils sont dédiés au vol d'intérieur en atmosphère calme. A première vue, il s'agit de simple gadgets mais certains emportent malgré tout une caméra et peuvent parfaitement dévoiler ce qui se trouve dans un hangar, une armurerie ou derrière un bâtiment par exemple. Ils sont pilotés à vue et coûtent rarement plus de cent euros. Les drones de taille moyenne sont catégorisés "micro" ou "mini". Ce sont des machines capables de voler en extérieur même dans un vent conséquent. Leur masse atteint ou dépasse le kilo. Ils emportent une charge utile composée typiquement d'une caméra avec retour au sol en temps réel. Selon leur complexité ils sont pilotés à vue, en "FPV" ou de façon autonome, suivant une route préprogrammée de points GPS. Ils ont déjà tout des "grands" mais pour un budget ne dépassant pas quelques centaines d'euros. Les drones "semi-pro", "pro" ou "maxi" représentent le haut de gamme du marché. Il s'agit d'appareils emportant plusieurs kilos de charge utile, par exemple une optique professionnelle dans un tourelle gyrostabilisée. Leur puissance autorise des vols en extérieur par tous les temps. Ce type d'appareil peut atteindre une vitesse horizontale de 90 km/h, ce qui lui confère un rayon d'action de plusieurs dizaines de kilomètres tout en conservant un temps de mission utile sur la cible. Tous les modes de pilotage sont envisageables : à vue, en FPV, autonome ou combiné, en temps réel ou asynchrone. Parfois, deux pilotes exploitent la plate-forme : le navigateur gère les déplacements et l'opérateur manipule la charge utile (cadrage/pointage de la caméra et des capteurs). Enfin, il existe une véritable communauté "Open Source" des multicoptères permettant à n'importe qui de fabriquer un drone selon ses propres exigences. Du fait de l'architecture "scalable" (évolutive), on peut parfaitement envisager de fabriquer un polycoptère de 2 m d'envergure capable d'emporter une centaine de kilos de charge utile. Tous les éléments (moteurs, électronique, structures en carbone, capteurs, etc.) sont disponibles séparément sur le marché. La différence avec les appareils "prêts à voler" comme le célèbre "DJI Phantom" est qu'il faut alors procéder soi-même au montage, inspiré par les nombreux exemples publiés sur internet et aidé par les forums d'amateurs. Certains ont été encore plus loin et il existe déjà des multicoptères capables d'emporter un ou deux passagers. En l'état actuel du marché, une charge utile de 200 kilos est tout à fait faisable au départ de composants COTS et selon l'architecture évolutive standard. Fondamentalement, à part l'effet d'échelle, il n'y a pas de différences majeures entre un tel appareil et un multicoptère de loisirs comme on peut en trouver sur les terrains d'aéromodélisme. Les plus gros moteurs à cage tournante vendus en ligne par les boutiques spécialisées sont des monstres de près de 3 kg et 15 kW capables de soulever une trentaine de kilos. Ils coûtent 400 euros pièce ; beaucoup moins en cas d'achat groupé auprès des usines.
Avant d'en venir aux rôles et missions possibles, il faut encore parler des drones "COTS"à voilure fixe. Ces avions ou motoplaneurs sont des reproductions d'aéronefs réels (maquettes) ou une création du modéliste adaptée à la mission envisagée. Le plus souvent, ces drones sont utilisés pour des vols de longue durée ou de grande distance en altitude. Par rapport aux multicoptères, ils sont beaucoup plus sensibles à la météo mais leurs performances aérodynamiques sont inégalées. En 2003 déjà, un modèle de seulement 183 cm d'envergure a traversé l'Atlantique en 38h de vol ininterrompu. Les plate-formes modernes à propulsion électrique avec apport solaire sont théoriquement capables de voler plusieurs jours dans la stratosphère. Ces engins sont quasi invisibles et impossibles à abattre. Ils peuvent avantageusement remplacer ou compléter un avion ou même un satellite de reconnaissance. Ce sont littéralement les "yeux" du commandement. Enfin, la diffusion de microréacteurs de plus en plus performants permet désormais aux modèles réduits radiocommandés d'atteindre des vitesses élevées, jusqu'à 350 km/h. Cette vitesse n'est pas limitée par le matériel mais bien par la nécessité de garder le modèle à vue. Bien entendu, un avion à réaction piloté de façon autonome par un module Pixhawk selon un parcours GPS peut largement dépasser cette vitesse. Il est à noter que le Pixhawk intègre d'origine un mode de suivi de terrain à altitude constante rendant l'engin très difficile à intercepter. Il est tout à fait possible pour un aéromodéliste de construire et mettre en œuvre un "jet" capable d'emporter une charge utile de plusieurs kilos à des vitesses supérieures à 500 km/h vers une cible de quelques mètres située à plus de 100 km... Le prix d'un tel "missile" s'élève actuellement à ±5.000 € mais devrait diminuer fortement quand les microréacteurs chinois seront disponibles.
Le premier rôle qui vient à l'esprit pour un drone multicoptère
"COTS" est bien sûr la surveillance.
Les appareils sont presque tous munis d'une caméra HD, le plus
souvent avec retour au sol des images en temps réel pour pouvoir
piloter l'engin en "FPV". Des caméras IR légères
sont désormais aussi disponibles, tout comme des capteurs monochromes
très sensibles et utilisables de nuit.
Si plusieurs itinéraires sont préparés, l'opérateur peut en choisir un au hasard et décoller à des intervalles irréguliers, ce qui rend une intrusion plus difficile. Pendant son vol, le drone inspecte certains points vitaux : armurerie, clôture, prison, etc. Si l'image captée en temps réel diffère de l'image de référence, le drone donne l'alerte et signale l'anomalie : bris de clôture, porte ouverte, présence d'un véhicule, etc. Dans un domaine moins spectaculaire, le drone peut compter et identifier les fenêtres restées ouvertes, l'éclairage resté branché dans les bâtiments d'une base ou les véhicules mal garés. En cas d'attaque ou de niveau d'alerte élevé, les drones peuvent voler en trajectoires brutales et aléatoires, à la façon d'une mouche. Ce type de vol les rend extrêmement difficiles à abattre. Du fait de leur vitesse élevée, les drones peuvent patrouiller le périmètre d'une base en quelques minutes. Comme leur temps de recharge dure moins d'une heure, la fréquence des patrouilles est bien plus élevé que celle des soldats (une à deux rondes par nuit). L'équipement complet permettant la surveillance d'une installation de 1 km² comprendrait typiquement cinq drones, une vingtaine de batteries et une station de contrôle, pour un investissement moins élevé que le salaire annuel d'une seule sentinelle. Le même type de matériel peut aussi patrouiller en mouvement, par exemple les coursives et le pont d'un navire ou les abords d'un convoi routier. Outre les missions de patrouille, les drones excellent dans la reconnaissance d'un terrain ou d'un itinéraire inconnu, y compris derrière les lignes ennemies. Ils sont alors équipés de capteurs spécifiques.
Pour ces missions, le drone devient un système d'armes
ou un vecteur d'armes.
En tant que "système d'armes", le drone peut jouer un rôle jusqu'alors inédit. Par exemple des drones antiaériens pourraient être posés au sol dans les directions probables d'attaque aérienne à basse altitude (vallées, corridors,...). En cas d'approche d'un appareil ennemi, un ordinateur relié aux moyens de veille aérienne (radars, AWACS, Link16,...) détermine la trajectoire de l'attaquant et sélectionne le drone le mieux placé. Celui-ci décolle instantanément et se place aux coordonnées x,y,z exactes transmises par le calculateur de tir. Les mouvements requis par le drone sont minimes. Il ne doit pas poursuivre la cible mais simplement se trouver sur son chemin. Chaque drone emporte une charge militaire de l'ordre de 3 kg (comme un missile Mistral). Pas besoin de coûteux capteurs embarqués. Un tel drone basique coûte moins de 800 € (plus la charge explosive). Une barrière de 100 "mines aériennes" reviendrait donc à ±100.000 €, moitié moins cher qu'une unique "jeep" LMV. Le calculateur central peut être n'importe quel PC, le logiciel de tir ne requiert pas une grande puissance. En fait, une tablette ou un "Smartphone" pourraient suffire. Contrairement à un missile antiaérien qui est perdu s'il rate sa cible, le drone AA qui n'a pas explosé revient simplement atterrir à son emplacement de départ, prêt pour une nouvelle attaque. L'unité ne perd qu'un pourcent de ses capacités à chaque interception réussie et elle reste à 100% opérationnelle si l'avion ennemi a interrompu son attaque. Par ailleurs, ce type de mine antiaérienne est indétectable en visuel. Le système d'armes fonctionne par tous les temps, de jour comme de nuit et peut être (re)déployé en quelques minutes. A côté des missions armées, les drones peuvent venir à l'appui d'autres systèmes d'armes en assurant l'illumination ("targeting") des cibles pour les munitions de haute précision. Ils peuvent servir de leurre ("decoy" or "hoax"), en simulant une force importante ou en créant une diversion. Des drones de petite taille peuvent éliminer des cibles ou du personnel clé en remplacement d'un tireur d'élite, même dans un bâtiment ou derrière un abri. On peut aussi faire appel aux drones pour les missions "PsyOps" : largage de tracts, propagande audio, harcèlement nocturne, "show the flag", etc. Les drones COTS sont un outil idéal pour les opérations spéciales, de guérilla ou de (contre-)terrorisme. Ils excellent au sabotage, par exemple sur une base aérienne. En outre, leur grande disponibilité sur le marché libre ne permet pas de les lier à un pays en particulier. Leur emploi est "deniable". Enfin, les drones sont d'excellentes plate-formes pour le contrôle des foules ("crowd control"), par exemple lors de manifestations violentes ou à haut risque. Les engins sont alors équipés d'armes non létales, de gaz incapacitants ou de "Tasers". Leur simple présence peut suffire à dissuader les plus téméraires. Une configuration similaire peut en outre servir au contrôle et à l'escorte de prisonniers.
Pour chaque soldat combattant, on estime qu'il faut entre 7 et 12
militaires en appui. Pas étonnant donc que les drones trouvent
également une place dans ces domaines moins connus des métiers
militaires. En matière de "movement control", Les drones peuvent jouer le rôle de "follow me" pour guider les véhicules dans une base logistique, un port, sur une position de combat ou un itinéraire nocturne en "blackout". Sur une base aérienne méconnue et encombrée, le drone peut guider les pilotes vers leur emplacement de parking même en conditions de silence radio. Les drones peuvent servir de cible mobile et contribuer à l'entraînement des troupes. Dans le domaine des télécommunications ils assurent les relais radio. Une constellation d'engins peut même réaliser un réseau digital instantané et à très faible coût. Dans les unités de combat, un drone "pigeon voyageur" navigant par GPS peut servir de messager furtif pour communiquer avec le commandement sans rompre le silence radio. Lors de déploiement dans une région méconnue, les drones peuvent rapidement pallier au manque de cartes fiables. En mer les drones peuvent en un temps record dresser une carte détaillée de la profondeur et de la température de l'eau, deux données essentielles pour les opérations sous-marines. Les drones peuvent lutter contre le feu avec des mousses spécialisées, jusqu'à l'intérieur des hangars. Ils sont aussi efficaces dans un rôle de recherche et sauvetage au combat ("CSAR"). Pour l'appui médical, on peut imaginer que chaque unité possède son drone "AED volant" (défibrillateur automatique), capable de rejoindre très rapidement une victime, en temps de paix comme en temps de guerre.
Et finalement les drones les plus puissants sont capables d'assurer des missions MEDEVAC de dernier recours sous le feu de l'ennemi. Par exemple pour extraire un soldat trop exposé pour être atteint par ses compagnons. La victime est alors déplacée jusqu'au "role 1" le plus proche. Dans des cas d'urgence ou de saturation, le drone peut poursuivre la mission jusqu'au "role 2", remplaçant ainsi totalement l'hélicoptère dans un rayon d'une dizaine de kilomètres (cfr Medevac Lt Mark Evison en Afghanistan). Le drone a plus de chances de survie qu'un hélicoptère
médicalisé car il est plus compact, plus maniable, moins
bruyant et insensible aux missiles antiaériens. Il peut aussi
évoluer à altitude zéro en profitant du moindre
relief, y compris sous les arbres.
Non seulement les drones COTS sont très bon marchés mais surtout leur emploi permet de substantielles économies de personnel. Les armées occidentales confrontées à des coûts de personnel exorbitants peuvent utiliser le potentiel "force multiplier" des drones pour équilibrer les dépenses sans pour autant compromettre les investissements vitaux dans les programmes militaires majeurs (navires, blindés, armement,...). Il ne fait donc aucun doute que les drones COTS vont rapidement s'imposer sur les théâtres d'opérations, tant au sein des armées "'high tech" que dans celles des pays en voie de développement, sans parler des organisations terroristes et criminelles. Dès lors se pose la question de la lutte contre les drones. On pourrait imaginer que ces "'jouets volants"' sont très vulnérables. Cependant on s'aperçoit rapidement que ce n'est pas le cas. Le premier atout des drones est leur faible coût. Ils sont si bon marchés qu'on peut accepter un fort taux d'attrition. Au point que pour certainesmissions il est plus rentable d'abandonner le drone que de prévoir sa récupération. Le drone est alors "'expendable"'. Les drones pilotés par radio ne sont pas faciles à brouiller, ni même à détecter avec un scanner. Les radiocommandes en 2,4 GHz font appel au saut de fréquence et à l'étalement de spectre, justement pour "déconflicter" l'usage simultané de nombreux appareils. L'emploi de protocoles wi-fi et d'identifiants uniques empêche la prise de contrôle du drone par un émetteur tiers. Les émissions de l'émetteur et du drone se "fondent" dans le paysage électromagnétique ambiant : ville, base militaire ou champ de bataille. On peut bien sûr employer de puissants brouilleurs afin de saturer une large portion du spectre mais ceux-ci sont peu discrets et non discriminants. Techniquement, la tâche est difficile car chaque sous-ensemble de l'appareil utilise une bande de fréquences propre : 2,4 GHz pour la radiocommande et la télémétrie de vol ; 5,8 GHz ou 1,2 GHz pour la vidéo FPV, 1,5 GHz pour le GPS, 900 MHz pour la charge utile, etc. Par ailleurs, les drones qui suivent une trajectoire préprogrammée de points GPS sont totalement passifs. On peut bien sûr brouiller les signaux GPS mais on se prive alors soi-même d'un outil souvent indispensable. Sans compter qu'il existe des accéléromètres et des logiciels de reconnaissance de terrain qui peuvent remplacer le GPS. Lord d'un colloque international organisé fin mai 2015 en France, l'ONERA annonçait que les recherches sur la détection des drones de petite taille avançaient et qu'une solution concrète serait disponible endéans les 18 mois. Le même organisme travaille parallèlement sur la miniaturisation de charges utiles et de capteurs ultra-performants. Les multicoptères sont très difficiles à repérer. Leur construction en plastique les rend furtifs d'autant que leur faible vitesse les confond dans le "ground clutter" des radars à effet Doppler. Ils n'émettent pratiquement pas d'infrarouges et leur forme squelettique rend leur visualisation problématique, surtout devant un paysage complexe. Leur vol peut être erratique ; ils profitent du moindre obstacle, jusqu'à l'altitude zéro. Par exemple, un drone peut se poser derrière un rocher et "attendre" que la sentinelle tourne la tête pour "sauter" jusqu'à un autre couvert. Il peut aussi coordonner son vol avec celui d'autres appareils du même essaim. Les drones peuvent se "coller"à un mur et même à un plafond ! De nuit, le drone est tout simplement invisible et ses moteurs électriques sont inaudibles à quelques dizaines de mètres.
Même quand il est repéré, le drone n'est pas aisé à abattre. La cible est petite et extrêmement mobile. Il faut beaucoup de chance ou une forte densité de feu... Cela dit, les drones ont quelques points faibles critiques lors d'une utilisation militaire. Tout d'abord, la portée réelle des émetteurs-récepteurs. Ceux-ci sont conçus pour une utilisation à vue. N'oublions pas qu'à l'origine ce sont des jouets. Les ensembles RC en 2,4 GHz ont une portée de plusieurs kilomètres en ligne de vue mais celle-ci se dégrade dès qu'un obstacle s'interpose entre le drone et le pilote. Les micro-ondes offrent une bande passante élevée mais sont absorbées par les matériaux diélectriques et réfléchis par les autres : roche, métal, béton, etc. Quand un drone évolue dans un bâtiment, il le fait uniquement sur base des reflets du signal sur les structures environnantes. Dans ces conditions la portée se réduit à quelques centaines ou quelques dizaines de mètres. Techniquement il est possible d'augmenter cette portée à l'aide de relais. Ces relais peuvent être d'autres drones ; ceux-ci forment alors un véritable réseau mobile. Ces solutions exigent une compétence technique pointue. Il s'agit toujours de "COTS" mais la mise en œuvre est réservée aux experts. Les puissances d'émission autorisées pour les jouets volants sont limitées par la législation internationale, particulièrement en Europe. Bien sûr, on peut se procurer en Chine des modules dix ou cent fois plus puissants, simplement via Internet. A nouveau, l'adaptation demande un niveau de compétence suffisant. De nombreux forums permettent cependant de trouver une aide en ligne efficace. Par ailleurs, on peut commander du matériel "direct de Chine" selon ses propres spécifications, par exemple sous le couvert d'une boutique ou d'une fédération de modélisme. Les quantités minimales pour la production de modules "customisés" sont étonnamment faibles, de l'ordre d'une centaine de pièces. Ironiquement, la majorité des usines chinoises produisant des jouets techniques sont directement ou indirectement aux mains de l'armée chinoise...
En fin de compte, même en ayant recours aux moyens COTS les
plus perfectionnés, la portée maximale d'un drone commercial
ne dépasse pas une dizaine de kilomètres en ligne de vue
ou quelques centaines de mètres en terrain accidenté (forêt
ou agglomération). Les opérateurs se trouvent donc relativement
proches de l'action et peuvent donc être exposés, sauf
en cas de vol 100% autonome, à guidage par GPS et parcours pré-enregistré. Sur le plan administratif/logistique, il faut tenir compte de l'absence totale de contrôle de qualité. Comme pour toutes les productions "low cost" chinoises, une pièce sur vingt est défectueuse à la livraison et une autre cassera pendant la première heure d'utilisation. Le SAV chinois contourne ce problème en remplaçant tout matériel défectueux "no questions asked" mais les délais sont importants et entre-temps la mission peut avoir échoué... Curieusement, une fois le drone réglé, testé et "rôdé", il s'avère fiable et robuste. Les modélistes constatent des dizaines voire des centaines d'utilisations entre deux pannes, ce qui est remarquable vu la haute technologie et le coût très bas du matériel.
Le dernier point faible est l'autonomie en vol, qui varie de 5 à 30 minutes selon la taille du drone, charge utile et la puissance maintenue en réserve. 15 minutes de vol peut sembler très peu mais à une vitesse moyenne de 10 m/sec cela suffit pour patrouiller une dizaine de kilomètres : le périmètre d'une base militaire par exemple. Pour conserver un appareil en permanence en vol, il suffit de deux opérateurs, un véhicule de type "pick-up" et au moins deux drones. Le remplacement des batteries et l'initialisation "pré-vol" durent quelques secondes et l'appareil est prêt à repartir. La maintenance est minimale est peut se faire en fin de journée. La recharge des batteries dure une heure (charge normale) ou 15 minutes (charge d'urgence) mais on peut bien sûr emporter assez de batteries pré-chargées pour ne pas devoir s'en préoccuper pendant l'opération. Les accus Li-Po ne se déchargent pas spontanément et peuvent donc être préparés plusieurs jours à l'avance. Typiquement, un détachement de drones militaires COTS comporterait 10 drones, deux véhicules, trois consoles de vol (PC portables avec écrans supplémentaires), des moyens de communications et de camouflage, quatre opérateurs et un chef de section. La formation des pilotes de drones est à la portée d'un soldat technicien, un opérateur radio par exemple. Vu la faible distance par rapport à l'objectif le personnel doit cependant appartenir à la catégorie opérationnelle, ce n'est pas un travail de bureau. En cas d'usage offensif des drones, il faut encore ajouter un véhicule et un armurier pour la manipulation des munitions. Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org Crédit photo : web |
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