Douglas C-47
Shortkit en 2 m d’envergure
Texte et photos : Laurent
Schmitz
C’est peu après la publication des plans de ce
DC-3 (C-47 en version militaire) dans RC-Pilot que j’ai acquis
ce "shortkit" conçu par Laurent Buyssine. Tout ça
ne nous rajeunit pas puisque c’était en 2005.
Très vite, j’ai assemblé le squelette d’un
demi-fuselage… qui a orné le mur de mon atelier pendant
presque 15 ans !
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Malgré ses 80 ans, le DC-3 reste
l'un des bimoteurs préférés des modélistes.
Cette reproduction mesure presque 2 m d'envergure et est motorisée
en électrique. |
C’est récemment que je suis tombé par hasard sur
le reste du fagot de bois, soigneusement stocké à la cave.
Il y a avait même le CD-Rom d’origine avec la notice de
construction illustrée. Après un sérieux nettoyage
des champignons (!) couvrant le disque, je trouve un PC avec un lecteur
en état de marche et… ouf ! Le fichier pdf est encore lisible
! Plus d’excuse, je dois monter cet avion. D’autant que
j’ai deux moteurs brushless avec contrôleurs 50A, un peut
gros mais ça fera l’affaire. Sans parler des hélices
tripales "Master Airscrew" 9x7 qui équipaient mon drone
(et sont donc disponibles en version droite et gauche).
Pour rappel, un "shortkit" ne contient que les pièces
complexes, comme les couples et nervures. Le coffrage et les baguettes
sont à acquérir séparément. J’avais
un stock de planchettes de balsa de 1,5 mm pour le coffrage et de 5
mm pour les baguettes, à débiter soi-même à
l’aide d’un outil "balsa stripper". Je ne vais
pas vous refaire la notice, qui est assez complète. Ce modèle
s’adresse à des constructeurs qui ont quand même
un peu d’expérience et sont capables d’improviser
un peu. Voici en revanche les modifications apportées au kit,
mes solutions pour les trains rentrants et quelques points qui méritent
une certaine attention.
Caractétistiques techniques |
Échelle : 1/14,6
Envergure : 197 cm
Longueur : 135 cm
Surface alaire : 43 dm²
Masse au décollage : 3215 g (avec accu de 465 g et 80
g de plomb)
Centrage : 11 cm du bord d’attaque à l’emplanture
de l’aile
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Equipement :
Moteurs : minimum 2 x 4,5cc 4T ou 2 x 300 watts
Accu : Li-Po d’une masse de ± 450 g pour un centrage
facile |
La construction en demi-coquilles ne pose aucun souci et est très
rapide. J’ai quelque peu "maquettisé" l’articulation
de dérive ainsi que la roulette arrière, qui déménage
au bon endroit. Les deux sont commandés par câbles aller-retour
(4 en tout) sur le même servo standard à pignons métalliques.
Les câbles de la roulette sont cachés à l’intérieur
et donc inaccessibles… C’est du kevlar, espérons
que ça ne casse pas !
La tentation était forte d’ajouter une clé d’aile
de chaque côté pour faciliter le transport car d’origine,
l’aile est d’une pièce. Finalement, j’ai choisi
la simplicité et monté le tout comme prévu sur
le plan. En revanche, toute mon aile est entièrement coffrée
en balsa 1,5 mm. La jointure est renforcée à la fibre
de verre. Quelques acrobaties non prévues ont permis de vérifier
que c’est du solide, même si je n’étais pas
trop rassuré au départ. Pour le transport, il faut une
grande voiture et pour monter l’aile sur le fuselage, un peu d’aide
n’est pas superflue. En effet, il faut en même temps tenir
l’avion et raccorder les servos et les contrôleurs. Le plan
fait l’impasse sur les volets. Le modèle n’en a absolument
pas besoin, ils sont donc simplement dessinés à l’intrados.
Pareil pour les ouïes des moteurs, qui sont figurées au
marqueur noir.
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Mes trains rentrants sont faits de tubes en alu aux extrémités
écrasées dans un étau. Chaque nacelle héberge
un servo standard, lent mais au couple élevé. Il y
a de la place puisqu’en électrique, l’emplacement
des réservoirs est libre. Cette modif permet de sortir les
roues à deux vitesses différentes, comme c’était
souvent le cas sur les vrais. |
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Le train rentrant n'est pas trop
complexe, les pièces peuvent être réalisées
sans outillage spécifique. |
Mes capots moteurs sont en bois taillé et poncé, conformément
à la notice. De grosses couches de pâte Polyfilla "Superlight"
rendent l’opération plus simple en bouchant les trous sans
alourdir l’ensemble. Ce même produit fera aussi des miracles
sur les karmans, particulièrement complexes sur cet avion. Pour
le coffrage, n’hésitez pas à humidifier l’extérieur
des planchettes et lattes pour qu’elles se mettent en forme sans
casser.
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Le nez est prévu amovible pour
accéder au pack d'accus. A droite, ajustage des empennages
contre le fuselage. |
L’installation de la propulsion électrique demande un
peu de boulot. J’ai choisi de mettre l’accu dans le nez,
en rendant le "cône" amovible devant le cockpit. De
petits aimants le maintiennent en place. Un 4S de 5 000 mAh suffit largement
et tient dans l’espace prévu d’origine pour l’accu
de réception, en y adaptant une "boîte" de balsa.
J’ai finalement dû ajouter 80 g de plomb dans la queue (!)
pour obtenir un centrage correct. Chaque moteur avale 35A en pointe
sur un accu plein, soit près d’un kilowatt de puissance.
Avec ça, l’avion grimpe à la verticale. On vole
donc sous le tiers des watts avec le chrono à 12 minutes en conservant
une large réserve d’électrons.
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La pointe et les capots sont recouverts d'aluminium
adhésif. |
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Les condensateurs de protection sont soudés
à l'extrémité du câble d'alimentation. |
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Le récepteur et les contrôleur sont immobilisés
au centre de l'aile. |
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Le train est en tube et plats d'aluminium plié,
relativement facile à faire. |
Il est important de régler les moteurs en "contrarotatif".
Vu de face, celui de gauche tourne dans le sens des aiguilles d’une
montre tandis que le moteur de droite tourne dans l’autre sens.
De cette façon, pas de soucis d’anticouple, l’avion
tire droit à tous les régimes moteur. Il faut bien sûr
utiliser des hélices tournant en sens différents. C’est
le cas des Master Airscrew tripales 9x7, qui sont en outre à
la bonne échelle. Notez que le vrai avait les deux moteurs qui
tournaient à gauche (vu de face), principalement pour des raisons
économiques et logistiques : comme il est impossible de prédire
quel moteur tombera en panne, il aurait fallu stocker deux fois plus
de pièces de rechange. Je ne peux pas vous dire grand-chose de
mes moteurs car ils n’ont pas d’inscriptions et je ne me
souviens plus de ce que j’ai acheté à l’époque,
outre le fait que ce sont de vieux "Turnigy" jaunes. Probablement
des 4240 avec un KV de 650 ou 700. Le modèle actuel (argenté)
en 620 KV conviendrait certainement. De moteurs plus petits permettraient
d’encore gagner du poids mais pour conserver de belles hélices
tripales à l’échelle il faudrait passer à
un accu 3S. Les contrôleurs sont montés au velcro sur le
coffrage au centre de l’aile. Leurs câbles d’alimentation
sont soudés ensemble. Comme il faut une énorme rallonge
pour aller jusqu’à la pointe avant où se trouve
le raccordement de l’accu, il est indispensable d’ajouter
de gros condensateurs électrolytiques au plus près
des contrôleurs. J’ai utilisé deux 6800 µf
35V en parallèle (4€ sur eBay). Le récepteur se trouve
lui aussi dans l’aile, entre les nervures au centre. Pas besoin
de sortir les antennes sur cet avion tout en bois. Finalement, le fuselage
n’héberge que les servos de profondeur et de direction
et pèse 865 g (sans accu). En comparaison, l’aile avec
les moteurs, 4 servos et les trains semble très lourde (1 885
g).
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C'est le décor
d'un avion canadien qui a été reproduit, bien visible. |
Je suis tombé amoureux des C-47 canadiens, aux couleurs bien
visibles. Ça tombe bien puisque je voulais une finition partiellement
métallique. Les capots et la pointe avant sont en alu autocollant,
mis en forme en frottant avec le dos d’une cuiller. Le reste est
du film thermorétractable "Bright silver" de chez Hobbyking.
Ce film bon marché est facile à poser, bluffant de réalisme
et il ne "cloque" pas trop au soleil. Comme c’est du
plastique et qu’il ne contient pas réellement de métal,
pas de souci pour la radio. Le blanc est de l’Oracover et pour
le bleu clair de l’intrados, j’ai enduit le balsa de bouche-pores
nitrocellulosique, poncé puis peint à l’acrylique
pour murs à l’aide d’un petit rouleau.
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Les cocardes et inscriptions sont sortis sur de l’autocollant
à l’imprimante laser. Le rouge des capots est peint
et les filets blancs et rouges sont en film autocollant. L’astrodôme
est tiré d’une petite boule de Noël transparente.
J’ai limité le détaillage au profit d’une
mise en œuvre rapide.
(Clic droit sur l'image pour télécharger le fichier
de déco en pdf.) |
Le mât d’antenne est en bois recouvert d’alu autocollant.
Le brin est en élastique de mercerie noir. L’antenne en
fer à cheval est en carbone décoré d’alu.
Les pitots sous le nez sont en corde à piano et gaine de plastique
chauffée et aplatie. Les six hublots ont été découpés
après avoir fini la structure. Il est difficile de trouver où
il n’y a ni couple, ni longeron. J’ai donc introduit une
lampe LED puissante dans le fuselage qui m’a permis d’identifier
la structure par transparence. Le plan ne permet pas d’avoir des
ouvertures à l’échelle, elles sont un peu trop petites.
Les vitres sont en film rétractable transparent et l’intérieur
est habillé d’un filet d’emballage pour oranges.
Ce matériau ressemble remarquablement aux treillis de sangles
rouges qui se trouvaient dans les C-47 canadiens, similaires à
ce qu’on trouve encore de nos jours dans les C-130. C’est
réaliste, léger, bon pour la santé et ça
ne coûte rien.
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Le revêtement est en film
thermorétractable. |
Les DC-3 sont souvent délicats à piloter, avec une tendance
à décrocher brutalement à basse vitesse. L’aile
en flèche est étroite au saumon, ceci explique cela. Ce
modèle possède heureusement un vrillage négatif
en bout d’aile et comme il est léger, je ne me faisais
pas trop de souci. En fait, cette version électrique est un peu
plus légère que le DC-3 thermique de Laurent Buyssine.
Tout de même, c’est pas mal de boulot qu’on met en
l’air et comme toujours lors d’un premier vol, c’est
avec les fesses serrées que je pousse progressivement le manche
des watts. Il lève tout de suite la queue au roulage et je dois
tirer pour qu’il ne passe pas sur le nez. Après dix mètres,
les moteurs sont à moitié quand il décolle d’un
coup et part à la verticale ! Je pousse les gaz à fond
et le voilà satellisé, façon Ariane V… Je
sais maintenant que la propulsion est surpuissante. Entre-temps, j’ai
dû trimmer beaucoup à cabrer pour qu’il vole en palier.
Un filet d’électrons suffit à promener le modèle.
Il est précis mais il se cabre à la remise des watts,
signe d’un manque de piqueur sur les brushless.
Pour le reste, c’est un avion sain et à l’allure
réaliste. La vitesse de vol en palier est faible, ce qui ajoute
à la magie de cette "presque" maquette. Après
8 minutes de circuits trains rentrés et sortis (sans incidence
sur le vol), je pose facilement l’avion "de piste".
L’accu n’est même pas à moitié déchargé,
j’allonge donc le "chrono" sur l’émetteur
pour sonner après 12 minutes.
Pour le second vol, le décollage est moins acrobatique mais
à cause du manque de piqueur aux moteurs, je dois contrer la
tendance à cabrer. Je n’ai pas encore réglé
les tringleries et mon trim de profondeur est quasi à fond. Du
coup, le débattement vers le haut est un peu faible. Une tentative
de looping se terminera d’ailleurs manche au ventre et très
bas... En revanche, les ailerons répondent bien. Le tonneau est
très moche, comme on s’en doute. Toute la masse est dans
les ailes et dès que l’engin est sur le dos, la rotation
accélère et la figure se termine brutalement. Il n’est
clairement pas fait pour ça. La dérive est efficace mais
je suis presque déçu de ne pas l’employer souvent
car j’ai prévu un différentiel de 50% (2x plus de
débattement aux ailerons vers le haut que vers le bas). Le lacet
inverse est donc quasi inexistant.
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Pas de volets, c'est inutile :
la vitesse d'approche est raisonnable. |
Le test de centrage confirme le centre de gravité recommandé
par Laurent Buyssine. Le décrochage se produit assez tard mais
vient sans prévenir et s’avère spectaculaire. D’un
coup, l’avion passe sur le dos puis pique à la verticale.
Le rattrapage demande beaucoup d’altitude, qu’on se le dise
! Bref, pas question de circuler nez en l’air au ras du sol. Je
n’ai pas tenté la vrille à cause de la masse élevée
dans les ailes. Je ne doute pas qu’elle passe, mais je suis quasi
certain que la sortie sera chaude et demandera quelques tours...
Au final, voici une belle semi-maquette de cet avion mythique qui en
plus se pilote facilement, ce qui n’est pas toujours le cas. Il
ne se monte pas tout seul en secouant la boîte mais ça
contribue aussi au plaisir de la construction traditionnelle. Un shortkit
chaudement recommandé à tous les inconditionnels du DC-3
/ C-47 !
Le "shortkit" du DC-3 est toujours
disponible pour la modique somme de 129 €, mais il faut ajouter
un peu de bois ainsi que le tirage des plans et la notice en pdf.
(Cliquez sur le logo Guix Model)
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Je répondrai volontiers à toutes les questions mais inutile
de demander une copie de ma notice sur CD. Laurent Buyssine a conçu
ce beau DC-3, il mérite de récolter les fruits de son
labeur.
Contact : laurent.schmitz@jivaro-models.org