Un avion, un mythe...
Présentation : Pascal Bourguignon
Si je dis aile delta de type « gothique
», ça ne parle pas à grand monde. Par contre, si je dis Mach 2.02,
« l’oiseau blanc » là, on sent déjà le frémissement curieux du
novice comme du passionné. Pour les plus familiers, je veux parler
du « pointu ». Quand on évoque l'histoire du Concorde
avec autant de passion et de ferveur, l’analyse devient vite péremptoire.
Mais, qu’importe, si c’est l’une des façons la plus noble de perpétuer
le mythe et pour un modéliste, le meilleur moyen d’exploiter son
sujet. Dès lors que l'on s’engage dans la construction du Concorde,
pour coller au plus proche de l'esthétique, il faut s’éloigner
un peu des standards habituels. De ce fait, sa conception peut
faire appel à un mode opératoire complètement différent. En tout
cas, en ce qui concerne celui que j’ai construit, vous verrez
que ma méthode et le résultat sont vraiment dans l'air du temps.
Au départ, je partage cette ambition avec un
modéliste novice qui rêve de posséder un Concorde. Le seul souci,
c’est qu’il n’a jamais construit d’avion. Cependant, ce passionné
a énormément travaillé son sujet, toutes ses réflexions sont documentées
et son approche très objective. Il ne manque plus que la main
qui va concrétiser tout ça. Bien évidemment, c’est autour d’un
bon repas que l’on décide de donner vie à ce projet conjoint...
|
|
Modélisation du
Concorde en 3D. |
Après avoir tracé les grandes lignes, il a fallu
définir le mode de construction, sachant que le collègue veut
une réplique du Concorde assez fidèle et qui soit construite en
mousse expansée, le matériau du moment qu'il affectionne tout
particulièrement. Exigence supplémentaire, le respect du profil
évolutif complexe de l’aile. Pour le reste, il a fallu s'adapter.
Pouvoir intégrer les turbines de 69 mm, avec une échelle
de 1/25, l’adaptation n’a pas été simple, sachant qu’en réalité,
il aurait fallu se contenter d’un diamètre de 55 mm. Autant
vous dire qu’on était pas sorti de l’auberge. En tout cas, l’essentiel
est conforme, de la cinématique du train à l’allure en vol. Bref,
un avion de 2,50 m de longueur avec un poids de théorique de 2900
g. Selon nos calculs et les différent essais de turbines que j’ai
pu effectuer au cours de ces 10 dernières années, le choix a été
décisif, mais sans grande originalité. On utilise toujours ce
qui marche. Ensuite, il sera toujours temps d’optimiser. En vue
d’une possibilité de commercialiser ce modèle, il a fallu aussi
prendre en compte le coût de l’ensemble de propulsion. Donc, on
a utilisé la traditionnelle turbine Minifan 480 au diamètre de
69 mm. Ensuite, pour le moteur, on a testé toute une gamme Typhoon
et le seul qui a su répondre à deux exigences, à savoir puissance
et consommation moindre est le 2W25. Pour rester dans la sobriété,
on a utilisé deux contrôleurs Turnigy. Malgré l’origine de ce
modèle, j’avoue qu’il est assez fiable. Il faut juste l’utiliser
sans le surestimer. Donc, ce sera un 60 A Plush, ce qui est convenable
pour une consommation en pic de 52 A. Pour finir, le pointu va
carburer aux lipos 6S 5000 mAh, ce qui donne une autonomie légèrement
inférieure à 5 mn. C'est largement suffisant pour un avion de
démonstration. De toute façon, à cette échelle, il est quasiment
impossible d’intégrer des turbines plus grosses au risque de dénaturer
l’oiseau. Le jour où la technologie permettra d’obtenir le double
de puissance sur 69 mm de surface balayée, tout sera permis. Pour
l’instant on est loin du compte, les compromis succèdent aux compromis...
Concorde
Caractéristiques techniques
Echelle : 1:25e
Longueur : 250 cm
Envergure : 100 cm
Profils : Evolutifs dérivé du grandeur
Poids : 4 kg
Surface : 63 dm²
Equipements
Turbines : 2x Minifan 480, 69 mm
Moteurs : 2x Typhoon 2W25
Contrôleurs : Turnigy 60 Plush
Batteries : Lipo 6S 5000 mAh
|
|
|
Une nuit de découpe à la CNC. |
Pour l’ébauche du modèle, on a utilisé une machine
CNC professionnelle et on a fait l’acquisition du plan 3D du grandeur.
Après avoir défini les points de découpe et d’assemblage, la machine
a fonctionné pendant 14 heures environ et le résultat est pour
le moins bluffant. Les marquages dus au passage de la fraise sont
présents, mais discrets. Ensuite, c’est 1 mois de modifications,
de surprises et de doute et puis...
|
Respect total du profil évolutif
de la voilure. Jolie pose pour l’oiseau blanc. Gros contraste
avec le tarmac pour le moins accidenté. |
|
|
Ce n’est pas une illusion,
l’arrière parait bas. Pour intégrer les turbines de 70 mm,
j’ai triché sur la taille des nacelles. |
|
|
Les nacelles moteur construites en balsa,
légèreté oblige. |
|
|
Le couple en contre-plaqué va servir
de renfort à la turbine. |
|
|
Assemblages des nacelles qui restent
très simples, avec uniquement des baguettes triangulaires
dans les angles. |
|
|
On termine les nacelles avec la fausse tuyère qui
va intégrer la turbine. |
Rien de tel que deux bossages en roofmat pour simuler
les sorties de tuyère. |
|
|
Les sorties de tuyères doubles pour faire oublier
qu’il n’y a qu’une turbine par nacelle... |
|
|
|
On devine un train avant parfaitement
intégré à la partie centrale du fuselage. |
|
|
Le train est solidaire du fuselage,
monté sur un boîtier en contre-plaqué et fermement maintenu
par des raidisseurs. |
|
|
La longue pointe avant reste démontable,
laissant l'accès à la mécanique. |
|
|
Le train principal va prendre place
dans un large puits. |
|
|
Fabrication des longerons aux courbes
tout à fait particulières. |
|
|
Il faut être à la fois, léger et costaud.
Un contre-collé carbone de 0,4 mm et contre-plaqué de 1,5
mm pour une clé d’aile digne de ce nom. |
|
|
Le longeron réalisé, il est inséré par
l'intrados de l'aile, dans une saignée faite sur mesure. |
|
|
Les chaises vont renforcer l’assise
du train rentrant principal. |
|
|
Lorsque le train est fonctionnel, montage
à blanc du "pointu", ça motive !.... |
|
|
Fabrication de la dérive balsa. Elle
sera amovible. |
|
|
Le nez sera rapporté au reste du fuselage
grâce à un système de verrouillage à baïonnette. |
|
|
Collage du couple avec ses renforts dans le fuselage
circulaire. |
Le mécanisme du train avant intègre l’orientation
et la rétractation. |
|
|
Les extrémités restent fragiles. On renforce avec
du roofmat dense fibré avec un rooving. |
Passage du câblage pour les turbines, en creusant
des saignées dans le matériau. |
|
|
Les contrôleurs son placés au centre
de l’aile avec une trappe d’accès bien ventilée. |
|
|
Contrairement à ce que montre l’image,
la dérive est amovible. L’immobilisation de l’ensemble sert
juste à positionner les fourreaux. |
|
|
Pour renforcer la structure en polystyrène
expansé, rien de tel que des renforts en balsa, surtout aux
endroits très sollicités. |
|
|
Premières étapes de finition, avec une
touche de peinture sur les sorties de tuyères. |
|
|
Préparation des élevons et pose des renforts nécessaires. |
On renforce la trappe du compartiment accus. 2 couches
de fibre 40 g pour un renfort ciblé. |
|
|
L’avion est marouflé au papier kraft
60 g/m². Précaution d’usage pour éviter le vrillage, on commence,
on termine. |
|
|
Le papier se tend très bien et masque
en partie l'aspect rugueux du matériau. |
|
|
Avec un voile de peinture, il est méconnaissable
et devient très attirant. |
|
|
Travail fastidieux, la pose des hublots.
Heureusement, sur le Concorde, ils ne sont pas énormes. |
|
|
Le Concorde a reçu sa livrée british,
ça en jette ! |
|
|
L'élégance des courbes, la pureté aérodynamique
des lignes du seul avion de ligne supersonique, conçu il y
a plus de 40 ans... |
|
|
Double usage, le nez est amovible pour
le transport et le train est entièrement démontable dans l’hypothèse
d’une réparation d’urgence. |
|
|
Non, ce n’est le l’auteur qui est petit,
c’est le fuselage qui est interminable... |
|
|
|
|
|
|
Premier radada nez haut pour le Concorde
sous un angle qui dévoile tout son charme. |
A ce stade, le prototype a effectué trois vols sans aucun soucis.
On a même fait le troisième vol sur un terrain plus qu’improbable.
Seul, le train a souffert de cette expérience unique, mais le
Concorde s’est magnifiquement bien comporté malgré les 4 kg constatés.
Voilà, pour la suite, les images vous donneront une idée du travail
accompli et tout ça pour prolonger un peu plus le mythe, dix ans
après le dernier vol commercial du Concorde.
Contacter l'auteur : pascal.bourguignon@jivaro-models.org
|