|
Collez moins...
mais
collez bien !
|
|
Présentation : Pierre
Alban
Il y a des dizaines de colles différentes. Toutes ne
se valent pas. Si, bien entendu, il y a une colle à chaque usage,
faut-il encore les utiliser à bon escient et surtout avoir les
bons gestes pour être efficace et pérenne dans le temps.
Car s'il y a beaucoup de façon de réaliser un mauvais
collage, il y en a peu de bonnes. Vous ne trouverez donc pas un catalogue
des colles, mais juste ce qu’il y a de mieux, ce que j’utilise.
C’est assez restreint, ce qui est important ensuite, ce sont…
les bons gestes.
Un collage mal fait est souvent la cause d’un crash. Trompeur,
il donne l’apparence de quelque chose de solide, mais en fait
il ne résistera ni aux vibrations ni aux chocs répétés
d’atterrissages successifs. C’est quasi indétectable
avant qu’il ne soit trop tard. Et le pire, c’est que cela
se produit aussi dans certaines productions industrielles, au plus mauvais
endroit et au mauvais moment bien entendu. Ainsi, une variante de la
fameuse loi de Murphy "colle" parfaitement au sujet du jour
: "S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose
et qu'au moins l'une de ces façons peut entraîner une catastrophe,
il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter
cette voie." (Wikipédia)
Cet adage est ici à prendre, non pas comme une fatalité,
mais au contraire comme un principe de précaution lors d’une
conception ou d’une réparation. Ici, le collage. Tout peut
arriver, mais si on est inconséquent sur un point, il deviendra
le maillon faible, alors tôt ou tard, l’accident ne pourra
que survenir. La loi de Murphy deviendra alors "loi des emmerdements
maximum". On passera alors du principe de précaution à
la fatalité de la cascade d’évènements négatifs.
Tout cela pour dire qu’il est vraiment important de se donner
les moyens de faire les choses bien, d’autant que le collage touche
à l’intégrité structurelle de notre aéronef.
Les tours de main, les accessoires, les produits dont nous allons parler,
ne sont pas une énième façon de prendre les mouches
à la Grecque. C’est une question de sécurité
basique. "Les bons gestes", ce n’est pas un concept
dont on peut "picorer" quelques tours de mains à appliquer
à la "va comme je te pousse". C’est une procédure
qui doit être intégralement appliquée. Une façon
de faire globale qui doit être respectée à la lettre.
La sécurité est à ce prix. Qui n’est pas
chère payée eu égard aux enjeux.
C’est souvent là où le bât blesse.
Coller sur une surface grasse, ou pire, comportant — c’est
très courant — des traces de démoulant, ne
peut amener qu’à une catastrophe. C’est bien
entendu sur les surfaces en fibres que l’on trouve du démoulant.
En fait, il y en a presque systématiquement, d’où
le danger. La préparation de surface avant collage est
valable pour tous les matériaux, on adaptera juste le traitement
au matériau.
De manière générale, sur surface dure,
cela se passe en trois étapes :
- D’abord dépolir au papier de verre 80.
- Puis rayer la surface avec une pointe de scalpel en pratiquant
une sorte de scarification.
- Enfin bien nettoyer à l’alcool 90°, ce qui
a pour but à la fois de dépoussiérer et de
finir de dégraisser.
Bien entendu ce traitement est à appliquer aux deux surfaces
à encoller.
S’il s’agit de mousse, si on n’a pas graissé
les surfaces avec ses doigts, vu les colles employées,
ça demande qu’à être tenue propre, sans
autre préparation de surface. Sinon un coup de chiffon
imprégné d’alcool est une bonne précaution
d’usage.
|
Nouvelles colles époxy, pas si simple
|
Matériel nécessaire :
- Chiffon
- Alcool 90°
- Godet propre
- Bâtonnet touilleur
- Floc de coton
- Balance de précision
- Colle UHU Plus Endfest 90 min ou 5 min
Si il est un domaine où la technique a progressé, c’est
bien celui des colles époxy. J’avoue être impressionné
par la résistance obtenue. Je comprends maintenant pourquoi la
plupart des fabricants de planeurs très haut de gamme recommandent
spécifiquement la Uhu Endfest.
La version 90 minutes (manipulable mais séchage lent : une nuit)
offre une résistance hors du commun (environ 300 kg par cm²
selon les premières notices), mais nécessite une dosage
précis, comme les résines époxy d’ailleurs.
C’est pour cela que j’utilise une balance de précision
pour faire les dosages. Non seulement c’est précis mais
à l’usage c’est vraiment pratique et économe
en colle, car on n’en gâche pas, en s’autorisant de
très petites quantités.
|
|
|
La fameuse UHU Endfest. En bleue celle à prise
rapide, la verte, à prise lente, présentée
en deux quantités différentes. |
|
Bois sur fibre, bois sur métal, collée
à la UHU Endfest lente, la roue de ce 4 m. est inarrachable. |
Il vaut mieux l’économiser d’ailleurs, car on ne
la trouve qu’en magasin de modélisme (en tout cas jamais
vu ailleurs, mais cela doit bien se trouver). Ainsi pour coller deux
palonniers, j’utilise 0,7 g de colle (0,3+0,4 g), 1,2 g pour coller
deux cadres de servos. La précision au dixième de gramme
est donc pratique et à l’usage très précieuse.
Croyez-moi, entre par exemple 0,4 et 0,8 g, la différence de
quantité de colle est relativement importante. La balance au
1/10e de gramme peut sembler un luxe superflu, mais à l’usage
la facilité et surtout la tranquillité d’esprit
valent bien cela, d’autant que l’on touche ici à
des collages vitaux à la machine. Concernant le mélange,
attention le dosage 50/50 concerne le volume, pas le poids. En effet,
un tube contient 15 g et l’autre 18 g ! Soit quand même
20% d’écart. Il faut donc tenir compte de ces 20% quand
on utilise la balance. Facile, Par ex 1,2 g et 1 g ou bien la moitié
soit 0,6 et 0,5 g.
La Uhu Endfest existe aussi en 5 minutes, avec un écart de dosage
de seulement 10% au lieu de 20% entre résine et durcisseur. Elle
sent aussi beaucoup plus fort, mais ce n’est pas pour cela que
l’autre est moins toxique. Elle a la particularité de polymériser
brutalement en se mettant à chauffer au bout de quelques minutes.
Je suis également surpris de la résistance de cette colle,
je m’en suis rendu compte à mes dépends lorsque
j’ai du recommencer un collage suite à une erreur de positionnement,
heureusement que la pièce collée étant en métal
et qu’elle conduit la chaleur, car il m’a fallut vraiment
insister sur la chaleur pour enfin décoller la pièce.
|
|
|
La surface de collage sur un cadre de servo est réduite,
il faut vraiment être sûr de son collage. |
|
Le grand bras de servo est là provisoirement
pour aider à la préhension et au bon équerrage.
|
On peut avoir besoin de fluidifier le mélange pour l’infiltrer
dans un endroit inaccessible, bien souvent au moyen d’une
seringue (sans aiguille). Pour cela on peut chauffeur le mélange
avec le décapeur thermique (celui qui sert pour la gaine
thermo rétractable). Par petits à coups, le mélange
se liquéfie très rapidement. Il polymérisera
aussi plus rapidement, mais comme de toute façon la UHU
Endfest 90’ est à prise lente…
Plus systématiquement, il convient de structurer un peu
le mélange avec une pincée de floc de coton, pour
encore améliorer la résistance. Bien entendu il
convient de prendre son temps pour toujours bien mélanger
l’ensemble. Je recommande le floc de coton plutôt
que le micro-ballon ou silice car c’est moins cassant.
Même si l’on a travaillé proprement, on passera
un petit coup de chiffon imbibé d’alcool autour de
la zone de travail, ce qui évitera de laisser de belles
empreintes digitales, quasi définitives malheureusement.
C’est utile aussi d’avoir ce chiffon sur les genoux,
pour d’une part éviter de recevoir une goutte de
colle à la place du pantalon et surtout pour s’essuyer
facilement les mains en ayant préalablement mis une petite
giclée d’alcool.
|
Matériel nécessaire :
- Bicarbonate de soude
- Accélérateur
- Cyano diverses
La cyano est extraordinairement efficace sur le bois et la fibre pour
de petites réparations. Ainsi faire une ligature avec de la mèche
de carbone "mouillée" à la cyano permet d’obtenir
quelque chose de très solide, d’autant plus qu’il
y a plusieurs épaisseurs de carbone. Pour renforcer un tube carbone,
c’est vraiment extra.
L’inconvénient de la cyano est d’une part de n’offrir
aucune souplesse, un collage à la cyano est très cassant,
mais aussi il est impossible de s’en servir pour combler une jeu
entre deux pièces ou de remplir quelque espace que ce soit. Pour
ce faire il y a un produit miracle. On trouve en effet de la poudre,
qui sera "mouillée" par la cyano, faisant ainsi un
congé de colle, un peu comme le micro ballon pour la résine.
Encore mieux, le bicarbonate de soude (rayon "sel" en magasin)
est parfait et ne coûte presque rien. Il faut l’appliquer
progressivement en mettant une pincée, puis la mouiller à
la cyano et recharger en poudre, etc. Le résultat est d’une
solidité incroyable. On peut difficilement l’attaquer à
la lime ! Par contre, là aussi, le manque de souplesse peut rendre
le collage cassant, si le support est trop souple. Par exemple la corde
à piano que l’on colle sous une verrière en fibre
sera mieux tenue avec de la colle époxy, car le collage pourra
davantage épouser les déformations qu’avec de la
cyano + bicarbonate.
On trouve de la cyano fluide, qui coule comme de l’eau et va
donc aller s’infiltrer partout. C’est pratique quand on
n’a pas accès à toute la surface endommagée,
où, par capillarité elle ira imprégner plus profondément.
Attention aux doigts, objets et vêtements, c’est vraiment
terrible.
La cyano normale, plus épaisse est quand même plus facile
à travailler.
Inutile de la mettre au frigo pour la conserver, cela fait l’effet
inverse. De toute façon, inutile d’en acheter d’avance,
ça ne vieillit que très mal quoi que l’on fasse.
La Zap est chère mais de très bonne qualité et
un peu plus durable.
Pour les kits en mousse, j’utilise la Zacky préconisée
par Multiplex, mais il y a la UHU Por pour les grandes surfaces…
La nouvelle Zacky verte ne semble pas présenter de grosses différences
lors du collage, mais elle parait un poil plus souple et ne jaunirait
pas avec le temps. Je n’ai pas eu encore l’occasion de la
tester sur un kit complet ni à long terme pour vraiment me rendre
compte.
P'tite note d'un autre utilisateur
Les polystyrènes expansé et extrudé sont
sensibles à certaines colles et aux solvants qu'elles
contiennent. La Uhu Por est parfaitement adaptée pour
ces matériaux, l'époxy aussi.
Pour les autres mousses comme l'EPP, l'EPO, le Vector, il est
possible d'utiliser des néoprènes classiques et
de la cyano "tout usage". Cependant, cette dernière
reste cassante sur la mousse souple. Dans ce cas, on lui préférera
la cyano Foam safe, qui conserve une certaine souplesse... et
qui convient aussi pour les polystyrènes...
Quand aux accélérateurs ou activateurs de cyano,
si la plupart attaquent les polystyrènes, il en existe
également qui sont adaptés.
|
|
|
Il existe des cyanos pour toutes sortes d'applications,
y compris le collage des polystyrènes. |
|
Différents flacons et bombes d'accélérateurs
de cyano. Certains sont adaptés au polystyrène
et dérivés. |
Pour l'EPP, l'Elapor, le Vector, il n'est pas nécessaire
d'utiliser de la Uhu Por. Ces mousses ne sont pas attaquées
par d'autres colles néoprènes. J'en ai essayé
plusieurs, en tube, en pot. Certaines sont plus épaisses
que d'autres donc moins faciles à étaler. Certaines
sont aussi un peu plus dures ou plus souples. Et il faut également
faire attention à leur couleur. Transparent, c'est l'idéal.
Certaines deviennent jaunes ou marron après séchage,
ce qui est très moche au niveau des jonctions.
|
|
|
Pour le polystyrène, on
utilise de la Uhu Por. Pour les autres mousses, il existe
toutes sortes de néoprènes classiques qui
vont bien. Attention, toutes ne sont pas transparentes. |
Pour le stockage de la cyano, je place pour ma part les tubes
neufs, non débouchés, et si possible protégés
de la lumière, dans le haut du frigo. La OK Bond (plus
disponible) était vendue dans un petit sachet hermétique
et opaque, avec sa petite pastille absorbant l'humidité.
J'en ai acheté un lot et les derniers ont été
conservés 5 ans sans qu'un seul tube montre une qualité
dégradée.
Laurent Berlivet
|
Matériel nécessaire : rien de particulier
Usage : polystyrène expansé et extrudé, Depron,
et éventuellement EPP et mousses diverses
Là aussi on ne la trouve pratiquement qu’en magasin de
modélisme. C’est une colle fondamentale pour monter un
kit en mousse. De type "contact", on aura plutôt intérêt
à procéder en deux étapes. D’abord rassembler
les deux surfaces préalablement encollées à la
Uhu Por, puis les séparer et attendre 10 minutes avant de les
réassembler. Le collage est alors immédiat.
On peut aussi, mais c’est moins bien, faire des réparations
en enduisant de colle les pièces, les assembler et attendre 10 minutes
que cela sèche. C’est ce que l’on fait beaucoup en
indoor, pour réparer une déchirure de la mousse et recoller
un renfort carbone. La Uhu Por est, elle aussi, plus souple que la cyano.
On peut l’utiliser à 100% dans le montage d’un indoor
en mousse. Il est quand même utile de ne pas toucher aux pièces
encollées pendant une nuit, ce qui assurera la meilleure solidité
possible. Par exemple, on assemble les ailes, puis on les laisse sécher
en passant au fuselage, etc. C’est juste une petite question d’organisation.
Pour un kit genre Funray ou autre, cette colle est précieuse
pour tous les gros collages, genre les demi-coquilles du fuselage. Je
n’utilise plus la cyano que pour les petites pièces en
plastiques à coller dans la mousse, genre guignols des gouvernes
(en mettant tout de même une bonne quantité de cyano, que
l’on terminera éventuellement à l’accélérateur).
|
|
|
Pour les réparations en salle, la UHU Por est
utilisée comme une colle contact classique, juste 10 minutes
d’attente avant de revoler. |
|
Les haubans et autres renforts de l’indoor en
cours de séchage nocturne bien à plat sur le sol.
|
Matériel nécessaire : rien de particulier
Usage : charnières, verrières, collages souples.
Voici une colle que j’utilise
depuis peu mais qui a tout de suite trouvé son champ d’application.
On la trouve sur Internet.
Elle demande une bonne ventilation et l’odeur est assez
forte.
Temps de séchage assez long, puisque l’idéal
est de laisser sécher 72H. Elle est cependant manipulable
en quelques heures.
Transparente, restant relativement souple, je l’utilise
pour articuler les gouvernes de planeurs et pour coller les verrières
sur leur baquet.
Parfaite aussi pour coller les couvercles de trappes de servos
car ils restent démontables.
Je m’en sert également pour recoller certains bijoux
en lieu et place de la cyano, plus sensible aux chocs.
Ne pas s’en servir pour des collages structuraux genre
bois sur bois ou même une platine radio. C’est un
autre usage bien pratique. |
|
|
Les trappes de servos collées à
la B7000 restent démontables. |
|
|
|
|
Avec le temps, les charnières au scotch prennent
du jeu… |
|
La colle B7000 reste souple et permet d’articuler
les gouvernes, ici à titre de réparation. |
|
|
|
Séchage de la charnière pendant 72 heures
avec des poids… |
|
Avant / Après ! Reste plus qu’à
faire le second aileron. |
Je ne saurais terminer ce cahier sur mes
collages sans redire l’importance d’utiliser
du frein-filet, sur les filetages métal sur métal.
Je pense en particuliers aux tringleries. Grâce à
cela, on évite aussi de mettre des contre-écrous
pour bloquer les chapes. D’une part on n’est
jamais certain que l’écrou ne bouge pas à
long terme, mais il peut gêner la tringlerie dans
son mouvement. L’autre intérêt du frein-filet
— comme avec un contre-écrou — est de
supprimer le jeu relativement important qu’il y a
entre une chape et sa queue de chape. On évitera
le frein-filet "hard", trop dur pour d’éventuels
démontages au profit de la version "médium",
autorisant plus facilement le démontage.
L’isolant liquide permet d’accéder où
la gaine thermo ne va pas, ou mal. Je la trouve chez Lindinger,
c’est vraiment bien utile.
Le bicarbonate de soude est l’indispensable complément
à la cyano, pour combler tout espace.
|
|
|
Pas vraiment des colles, le
frein filet, l’isolant électrique liquide
et le bicarbonate de soude comme complément à
la cyano, sont d’autres produits indispensables
dans un atelier. |
|
|
Pour finir, on voudra bien me pardonner de ne pas parler des colles
à bois et autres, l’objet de cette présentation
n’étant pas de faire un catalogue des colles, mais d’aider
à faire connaître et bien utiliser ce dont je me sers dans
mon quotidien modéliste. A mon sens, il n’est pas possible
de ne pas trouver ces produits dans un atelier, encore fallait-il qu’ils
soient connus et que l’on explique comment les utiliser. C’est
chose faite.
|
L’auteur
et deux de ses avions pour l'indoor, collés à la
Uhu Por, bien plus souple et durable que la cyano. |
|
|