Le Canadair CL-215 n'est pas un avion récent puisque
son premier vol a été effectué en octobre 1967.
Le succès n'a jamais été démenti et certains
appareils volent encore sous divers horizons. La machine a évolué
depuis cette date, notamment avec le CL-415 bien mieux motorisé
avec des turboprops. Quelques autres appareils, rarement amphibie (Tracker,
Dash 8), sont également utilisés pour la lutte anti-incendie
mais le nom de Canadair est devenu si populaire qu'il est maintenant
synonyme de bombardier d'eau, quel que soit le type d'avion. L'histoire
qui a débuté voilà plus d'une demi siècle
n'est pas terminée puisqu'à l'heure actuelle, le Canadair
n'a pas de remplaçant.
Première séance de
vol avec ce Canadair baptisé lors de la rencontre Hydravions
de Val de Reuil, sur le lac de Lery-Poses.
Le modèle est construit d'après
le plan de Steve Gray. Son fuselage distribué autour de 2010
par New Power Modélisme est moulé en fibre de verre,
tout comme les nacelles et les ballonnets. La voilure est construite
en structure balsa coffrée.
Le décor choisi, doté de
nombreux marquages, reproduit les avions de la protection des forêts
en Turquie.
Le modèle réduit qui nous intéresse aujourd'hui
n'est pas tout récent lui non plus. C'est Steve Gray qui l'a
conçu et qui a publié son article en 1980 dans la revue
américaine Model Airplane News. Il a par la suite été
au catalogue du MRA. François Brethiot, bien avant de créer
New Power Modélisme, a réalisé un master puis un
moule du fuselage, des nacelles, des capots et des ballonnets afin d'en
tirer des pièces moulées en fibre de verre. Il aurait
souhaité le produire en kit mais comme de nombreux autres projets,
ça ne s'est pas fait. Il avait quand même fait fabriquer
une série de pièces moulées.
Une autre vidéo avec poursuite
en immersion. Un immense merci à Pynoyboy
pour le suivi avec son kwad FPV.
Caractéristiques
techniques
Envergure : 196 cm
Longueur : 136 cm
Poids : 5180 g
Surface : 52 dm²
Charge alaire : 99 g/dm²
C'est en 2010, peu avant qu'il ferme sa boutique que j'en ai acheté
un et j'avoue que je me suis longuement demandé pourquoi après
coup... Ce gros fuselage est resté pendant des années
sur une étagère pour diverses raisons dont la principale
était que les profils ne me plaisaient pas : ils semblent dessinées
à la main avec pour l'aile un intrados plat sur toute sa longueur
et pour le stab un symétrique avec l'épaisseur max située
à 50% de la corde. J'ai bien à un moment commencé
par redessiner des pièces mais elles ne seraient pas adaptées
à l'assise sur le fuselage et au karman sur la dérive.
J'ai donc abandonné l'idée mais j'ai quand même
retracé certaines pièces à l'informatique afin
de les faire découper au laser.
Le plan du Canadair CL-215 de
Steve Gray, dessiné en... 1980 !
Je manque de place et il faillait donc que le modèle reste
démontable. Pas question d'avoir un stab fixé à
demeure sur ce fuselage monstrueux, ni une aile de 2 m en un seul morceaux,
avec 2 énormes nacelles qui dépassent. Il a donc fallu
adapter le plan. Ainsi, l'aile est en 2 morceaux réunis par une
longue clé d'aile qui va plus loin que les nacelles. Le stab
est lui aussi en deux parties et les ballonnets sont rendus amovibles.
C'est ce que nous allons voir ici.
Ce Canadair CL-215 a été
conçu démontable pour prendre le moins de place
possible.
Aile et stab amovibles en 2 parties. Nacelles moteur démontables.
Construction
Les bords d'attaque et bords de fuite
du stab sont entaillés pour le passage des nervures. Une
baguette fixée au double-face sur la lame permet de limiter
la profondeur de coupe.
Des cales de la hauteur du futur coffrage
sont glissées sous les nervues. On voit le fourreau de clé
d'aile en fibre de verre. A droite, ponçage du faux bord
d'attaque. Le ruban adhésif évite d'attaquer les nervures
par mégarde.
L'aile possède des cloisons à
l'extrados. Elles sont découpées dans de la carte
plastique, et rendues démontables. Elles seront simplement
emprisonnées entre 2 nervures.
Les ailerons et volets ne sont pas alignés,
d'où le décrochement. Au niveau des volets à
fente, la cloison est d'ailleurs fortement inclinée.
Tous les renforts sont intégrés.
Contre-plaqué au bord de fuite à l'emplanture, c'est
là que viendra la vis de fixaion d'aile. Les platines support
servos sont également glissées entre les nervures
et solidement collées.
Support ballonnets
Même si mon Canadair ne volera (pour
le moment) qu'en hydravion, les ballonnets sont rendus amovibles.
Des demi-nervues traversées par 3 tubes sont intégrées
près des saumons. Les ballonnets reçoivent 2 tiges
en jonc carbone. Celui de l'arrière fait toute la hauteur
et vient en appui contre le fond du ballonnet pour apporter de la
rigidité. Entre les deux, un long écrou est noyé
pour revevoir une vis de 3 mm.
Après coffrage de l'intrados, ne
pas oublier de repercer les trous pour le passage des joncs et de
la vis.
Les joncs carbone prennent sur toute la
hauteur de la nervure. Ca tient déjà bien en force
mais une vis placée par l'extrados assure une totale sécurité.
Volets
Renfort au passage de la vis de fixation
d'aile et mise en place des charnières à axe déporté
pour les volets. On voit aussi le fourreau en alu de la seconde
clé d'aile à l'arrière.
L'articulation de volet doit être
bien alignée sur toute sa longueur. Un jonc carbone glissé
dans l'axe permet de s'assurer que tout s'articule sans forcer.
Une fois le volet sorti, on voit la large
fente créée entre l'aile et la gouverne.
Câblage
De nombreux câbles courent à
l'intérieur de l'aile : servo d'aileron, de volet, contrôleur
mais aussi alimentation du moteur. Des ferrites sont ajoutées
côté amplanture.
L'emplacement des câbles doit être
bien repéré avant de placer le coffrage supérieur.
Les renforts de fixation des nacelles ont également été
mis en place. Des magazines sont bien pratiques pour coffrer l'extrados,
avec l'aile qui ne repose pas complètement sur le chantier
à cause des charnières déportées.
Mise en croix durant la construction,
pour s'assurer que tout s'assemble correctement... et pour rester
motivé !
Les saumons sont de gros blocs de balsa
léger. Ils se prolongent jusqu'au bord de fuite de la gouverne.
Côté intrados, la mise en
forme sera facile, c'est tout plat. Il faudra par contre un ponçage
efficace à l'extrados.
Les charnières à axe déporté
ont été réalisées en contreplaqué
multiplis. Pour les protéger de l'humidité, elles
ont reçu plusieurs couches de bouche-pores puis de la peinture,
posée avant entoilage.
Les cadres de servos ont été
imprimés en 3D avec du filament de PLA.
La platine supportant les écrous
de fixation d'aile est bien large pour répartir les efforts
sans créer de points faibles sur le fuselage fibre. Elle
est en contreplaqué aviation de 5 mm.
Les deux packs de la batterie pèsent
entre 800 et 900 g. Il faut donc prévoir une platine solide
pour la recevoir. J'ai récupéré une mousse
plastifiée très rigide servant de panneau publicitaire.
Ca ressemble à du carton plume mais ça n'a rien à
voir. La mousse à l'intérieur doit être du polyuréthanne
et les peaux extérieurs sont en plastique dur.
Une âme vient en appui contre l'arête
du fuselage et dépasse largement au niveau du nez pour permettre
un calage précis et solide.
Malgré la forme, aucun
risque que ça se gondole... Une large bande de Velcro adhésif
est collée sur une bonne longueur. De chaque côté,
deux baguettes sont collées, emprisonnées par des
boulons. Elles reçoivent des crochets où viendront
se prendre de gros élastiques. Ainsi, les deux packs ne pourront
vraiment pas bouger. La platine est collée dans le fuselage
puis une bande de tissu de verre de 5 cm de large, pliée
à l'équerre, recouvre la jonction sur toute la longueur.
Le stab est prévu démontable.
Pour le recevoir une platine est confectionnée autour des
fourreaux en alu. Elle viendra se glisser dans la dérive
au niveau des karmans. A l'intérieur, des prises Multiplex
sont emprisonnées. Elles permettront une connexion "automatique".
Bien repérer les branchements avant de les noyer... Comme
il y a 6 broches pour seulement 3 fils destinés au servo,
elles sont réunies deux par deux.
D'un côté, elles sont collées
à l'époxy aditionnée de micro-ballons. De l'autre,
c'est de la colle au silicone qui permet de donner un peu de souplesse
lors du branchement et d'éviter tout mauvais contact. Les
câbles allant au récepteur ont par la suite été
recoupés pour ne conserver d'un seul +, un - et le signal
de profondeur.
Finition et décor
Un peu de peinture sur les pièces
en plastique ou en bois restant visibles. L'extrados de l'aile a
nécessité un peu de mastiquage pour venir épouser
la forme du fuselage. Le scoct noir est ici posé pour protéger
le fuselage lors du ponçage.
Le décor a été découpé
à l'informatique puis découpé dans du vinyle
à l'aide d'une petite machine numérique Silhouette
SD.
Comme j'aime bien les décos un
peu "chiadées" avec de la lecture et des détails,
je me suis inspiré des avions de la protection civile des
forêts en Turquie.
Les logos et drapeaux ont également
été retracés avec des fichiers pour chaque
couleur.
Les différents morceaux sont échenillés
puis superposés sur le fond.
Le film transfert permet une pose précise,
en une seule fois. Il est bien sûr retiré une fois
l'autocollant appliqué.
Les moteurs n'étant pas assez longs
pour que les hélices ne frottent pas sur les capots, des
entretoises ont été découpées dans du
contreplaqué de 15 mm d'épaisseur. Elles sont prolongées
pour servir également de fixation aux capots qui seront tenus
par 3 vis.
Le moteur est tenue par de longueurs vis qui traversent
la nacelle et viennent se serrer dans des écrous noyés
dans un couple, placé à l'intérieur.
Roues factices
Les roues n'ont aucun rôle à
part celui d'apporter un peu de réalisme. Elles n'ont donc
pas besoin d'être solides, et comme un avion vole mieux s'il
est léger, elles ont été confectionnées
dans de la mousse de Sturofoam tournée à la perceuse.
Peinture noir mat pour le pneu, gris argent
pour la jante. C'est bien suffisant pour l'illusion. Et côté
poids, ça ne sera pas pénalisant puisque chacune pèse
un peu plus de 3 g.
Sortie des commandes de profondeur, avec
des mini-servos installés directement dans l'épaisseur.
Le guignol (un peu long) est en époxy de 2 mm.
Détail des connecteurs noyés
dans l'emplanture des demi-stab et dans la dérive.
Le branchement se fait naturellement lors
de la mise en croix.
Le servo de dérive est monté
sur une robuste mais légère platine confectionnée
à l'aide de planchettes enveloppant un croisillonnage en
baguettes. Deux cloisons sont intégrées contre les
flancs afin d'éviter les déformations du fuselage.
Les commandes sont en câble métallique. Au niveau de
leur sortie à l'arrière, une portion de tube est collée
à l'époxy pour assurer l'étanchiété.
L'alimentation est confiée à
2 packs Li-Po 4S de 3750 mAh montés en parallèle.
Ainsi, les moteurs tirent simultanément sur les packs et
ne risquent pas d'en décharger un plus que l'autre. Effectivement
car les moteurs sont combinés à la gouverne de direction
et il arrive de devoir les solliciter différemment lors de
la navigation par vent de travers.
En plus de reposer sur un lit de Velcro,
ils sont maintenus par des élastiques. Les connecteurs XT-60
sont branchés sur les contrôleurs.
Le décor est
posé, l'hydravion a de l'allure... et prend déjà
une place folle...
Quelques détails
Les lignes de structure ont été
gravées dans le moule mais elles sont finalement peu visibles.
Un jus de peinture a été
appliqué au pinceau puis essuyé aussitôt pour
ne salir que les rainures, en balayant la surface dans le sens du
vol.
La roue en mousse est collée au
double-face mousse sur le flanc. A droite, commande d'aileron en
prise directe.
Tourillon au bord d'attaque de l'aile.
Le récepteur et son satellite sont fixés sur du Velcro
à l'emplanture d'une demi-aile.
Les nacelles sont tenues par 2 vis nylon
à l'intrados et 2 tourillons au bord d'attaque.
Les contrôleurs Roxxy BL-Control
755 S-Bec sont un peu perdus, tout seuls dans les nacelles.
Sur l'un d'eux, le fil + est retiré
afin de neutraliser un BEC car un seul suffit pour alimenter la
radio. L'intéreieur des capots est peint en noir mat pour
donner une impression de prodonfeur.
Les hélices tournent en sens contraire
afin d'annuler les effets de couple. Elles tournent de façon
à éjecter les embruns vers les bouts d'ailes.
Cloison d'aile amovible. Ce n'est pas
pour la place que ça prend mais simplement pour pouvoir les
remplacer en cas de casse.
Volet rentré... et sorti avec une
commande très courte..
Les clés d'aile en carbone. Une
grosse de 16 mm et l'autre de 6 mm.
Installation des ballonnets : deux tiges
en carbone enfoncées par l'intrados.
Une fois plaqué, ça tient
déjà très bien en force. Par sécurité,
une longue vis de 3 mm glissée par le dessus vient se prendre
dans un insert noyé dans le ballonnet.
En vol
Première séance de vol avec
ce Canadair baptisé lors de la rencontre Hydravions de Val
de Reuil, sur le lac de Lery-Poses. Belle ambiance et très
chouette endroit pour essayer un nouveau modèle.
L'avion est très maniable et très
sain. La charge alaire est d'environ 100 g/dm² pour cet avion
de 2 m d'envergure.
La motorisation très efficace est
confiée à 2 moteur brushless Roxxy C35-48-05 qui entrainent
des hélices 11x7 tripale, l'une avec pas à gauche,
l'autre à droite (CC et CCW) afin d'éliminer les effets
dus au couple. Les batteries EPS sont des 4S2P 3750 mAh qui autorisent
des vols de 20 minutes.
Non, un moteur n'a pas calé... C'est la combinaison
débrayable du mixage des moteurs avec la gouverne de direction.
Ce qui est beau aussi en hydravion, ce
sont les gerbes d'eau au décollage et à l'amerissage.
Finalement, je ne regrette pas cet achat. Ce que je regrette un peu,
c'est de l'avoir laissé 10 ans sur l'étagère car
ce Canadair est un appareil très sain, bien motorisé avec
une durée de vol importante. Les couleurs sont assez chatoyantes.
Le comportement sur l'eau est correct avec les moteurs combinés
sur l'axe de lacet pour un taxiage plus facile. Il déjauge rapidement.
Seuls les amerrissages sont un peu délicats car il y a une nette
tendance au rebond mais ça doit pouvoir s'arranger en dosant
bien les volets, légèrement sortis avant d'arrondir et
complètement baissés dès le toucher de l'eau.
Caméra embarquée contre
un ballonnet et sur la dérive pour des angles de vues originaux.
Courrier
reçu le 12 janvier 2023
Version CL-415
Bonjour Laurent,
Il y a une petite dizaine d'années,
avec un fuselage de Canadair CL215 de chez New Power acheté
sur Leboncoin, j'ai construit un Canadair CL415 de 2 mètres
d'envergure.
Je suis parti d'un triptyque et de photos pour sa construction.
La voilure est en polystyrène coffré. J'ai refait
et thermoformé de nouveaux capots moteurs.
A ce jour, je n'ai pas encore collé
le dôme sur le bord d'attaque de la dérive. Il pese 4945 g, il est équipé de 2 brushless
Protronic DM2825-650 en 4S 5000 mAh, pour une autonomie d'environ
15 mn.
C'est Thierry Martinet du club qui a
fait la décoration en vinyle. Il est plus beau qu'un grandeur,
même neuf.
Les photos sont prises sur le lac du Sautet dans le sud de l'Isere.
Bonne journée.