L’ami Koamm effectuait
des travaux dans sa maison, et son souhait était
de faire du vol de pente depuis sa nouvelle mezzanine,
rien que ça ! Après concertation, l’idée
farfelue mais plaisante était définie :
portes-fenêtres béantes, quelques gros ventilateurs
posés juste devant, une bâche tendue du sol
au plancher supérieur et bien sûr des Velux
ouverts en grand dans le toit pour permettre à
l’air de circuler sans tourbillonner…
Pourquoi pas ? Avec la miniaturisation de l’électronique,
c’est presque possible et il est certain qu’on
pourra spiraler avec un micro-planeur au-dessus du grille-pain
d’ici peu de temps, qu’on fera déjauger
un hydravion de la baignoire ou qu’on atterrira
avec son hélico sur une étagère du
salon...
La radio donne l’échelle de ce planeur de
poche.
|
Le choix du modèle
Il fallait se fixer sur une cellule, et c’est en tombant
sur le dossier de Jean Molveau dans le magazine Vol à Voile
n° 117 de juillet-août 2004 que j’ai découvert
un planeur grandeur ultraléger baptisé Goat (Glider
Or Airplane Trainer, une cellule pour apprendre à voler)
et ses prédécesseurs les planeurs biplans Bug 2
et 4. Le concept de ces machines, selon leur designer Michael
Sandlin est de pouvoir voler pour le plaisir, le plus simplement
possible… sans se soucier des performances ! Le programme
B.U.G. (Basic Ultralight Glider) regroupe donc des planeurs de
construction amateur, conçus pour apprendre à voler
seul en effectuant des sauts de puce de plus en plus grands puis
s’envoler en roulant depuis une pente ou encore tracté
par une voiture ou un ULM.
Le pilote assis sur la poutre du fuselage dirige son planeur
3 axes au feeling, sans l’aide d’aucun instrument.
Les plans, ou plutôt les bases pour la construction de ces
planeurs échelle 1 sont téléchargeables sur
le Net pour ceux qui se sentent pousser des ailes.
Bien sûr, une cellule plus épurée aurait pu
être choisie pour l’application que nous voulions
faire de ce planeur, mais j’aimais bien le concept de l’appareil
grandeur et les quelques grammes de balsa supplémentaires
ajouteraient un peu de charme au modèle. C’est pareil
avec Zinzin qui prend la place du pilote, personnage de BD que
vous connaissez et qui ne se prend jamais au sérieux. Merci
à Orstunisch de me l’avoir prêté...
Construction
Il suffit de quelques chutes pour pouvoir construire un tel modèle,
moins il y en a, mieux c’est pour la charge alaire... Un
peu de balsa dur pour le bord d’attaque, très tendre
pour les empennages. L’assemblage ne demande pas plus de
2 soirées.
Le stab et la dérive sont réalisés en lamellé-collé
autour de formes en balsa dont les chants sont recouverts de scotch
pour éviter que la colle n’y adhère. Deux
très fines baguettes sont enroulées autour de ces
gabarits, maintenues sur le chantier avec quelques épingles
appuyées contre pour les plaquer sans les abîmer.
Après positionnement, un filet de cyano lente est glissé
entre les baguettes. Il ne reste plus qu’à aplanir
les cadres obtenus, toujours dans les gabarits, en les emprisonnant
entre deux cales à poncer, l’une munie de papier
de verre à gros grain, l’autre à grain très
fin. Ainsi, la pièce est parfaitement immobilisée
à plat et peut être poncée sans exploser entre
les doigts. Quand les surfaces sont lisses, on démoule
et il n’y a plus qu’à coller les traverses.
Les volets de stab sont découpés après assemblage
complet. Ne pas oublier les petits renforts au niveau des guignols.
Il est aussi possible de construire ces empennages en appliquant
la méthode employée sur le Starduster. (../Starduster/page_starduster.lbi)
En bas, le gabarit qui sert à découper
les nervures.
Celles d’emplanture et celles qui tiennent les haubans
ne sont pas creuses. |
La cellule est terminée. Avec du balsa léger
et quelques gouttes de cyano, le poids est d'environ 4 g.
(La balance est imprécise (!)à 2 g...)
|
Les nervures sont découpées à
l’aide d’un gabarit que l’on fait glisser tous
les 2 mm. Celles d’emplanture et celles placées au
niveau des haubans ont une base plane.
Plaquer les bords d’attaque et de fuite le long de règles
sur le chantier, toujours sans les transpercer avec les épingles
pour ne pas le fragiliser. Glisser les nervures entre ces baguettes,
en inclinant les deux qui se trouvent à l’emplanture
pour donner le dièdre. Glisser les saumons qui peuvent
être réalisés d’une pièce ou
bien en lamellé-collé.
Le fuselage est constitué d’une pièce qui
part de l’aile jusqu’au stab. Quelques baguettes rapportées
viennent former l’armature. Un doublage au niveau du patin
est rajouté sur une face, comportant également le
pilote et son siège. Ca permet de renforcer l’avant
et d’avoir une assise pour la radio.
L’ensemble de cette frêle structure pèse seulement
quelques grammes.
Le modèle réduit
n’est pas peint. Attention à ne pas s’éloigner
pour ne pas le perdre de vue. |
Entoilage
Une fois la cellule finement poncée, elle reçoit
partout où il y aura du film une fine couche de Balsaloc
posée au pinceau. Ce produit réagit au contact du
fer à repasser et se colle sur le film de Mylar. Pour éviter
les plis, il faut tendre le film avec des morceaux de ruban adhésif
sur la pièce à entoiler posée sur le chantier.
Un coup de fer partout où il y a contact et c’est
prêt.
Le pilote est à découper et à coller sur
chaque face.
L’aile sera collée sur le fuselage après positionnement
des actuateurs. Les empennages peuvent par contre être mis
en place. Les charnières des gouvernes sont faites avec
de l’élastique rond d’environ 3/10 de diamètre.
Il suffit de faire une fente dans la gouverne et dans la partie
fixe et de les enfoncer “en force”. Une pointe de
cyano pour les tenir en place, sans en faire glisser au niveau
de l’articulation et voilà des gouvernes qui ne forcent
pas, à la hauteur de la faible puissance des actuateurs.
L’actuateur qui actionne la direction traverse le
fuselage. Les commandes aller-retour sont en fil à
coudre. |
L’actuateur de la profondeur est placé horizontalement
pour que les commandes passent du même côté
du fuselage. |
Equipement
La réception est composée d’un Combo JMP qui
contrôle 2 actuateurs à aimants. Un trou rond permet
de placer celui de direction dans le bas du fuselage tandis qu’il
faut coller une baguette pour tenir celui de profondeur horizontalement.
Les commandes sont réalisées en fil à coudre
fin, en aller-retour, jugé plus léger qu’une
tringlerie rigide. Attention à ne pas tendre trop les câbles
pour ne pas bloquer les actuateurs.
La minuscule batterie Li-Po
de 90 mA pèse 2,5 g. |
Le personnage de Zinzin (créé par Orstunish)
change l’allure du modèle.
Il est représenté côté
droit et côté gauche sur le plan, à
l'échelle 1.
|
L’alimentation est faite par un élément
Li-Po de 90 mA. Il en existe de bien plus petits - 60 et même
20 mA - mais il faut un chargeur adapté à des capacités
aussi faibles.
Raccorder les actuateurs au récepteur, en faisant attention
au cheminement du fil de cuivre verni. Brancher et vérifier
que les actuateurs “chantent”, et qu’ils répondent
dans le bon sens. Dans le cas contraire, inverser leurs fils ou
retourner leurs aimants.
L’aile peut alors être collée à sa place,
en alignant le haut des nervures d’emplanture sur le haut
du fuselage. Le dièdre est réglé en ajustant
la longueur des indispensables haubans, réalisés
eux aussi en fil à coudre. Il est aussi préférable
d’inclure un peu de vrillage négatif en bout d’aile,
de l’ordre de 2 à 3 mm de chaque côté.
J’ai placé le modèle sur des boîtiers
de CD pour effectuer cette opération tranquillement.
Les commandes sont réalisées en aller-retour
avec du fil à coudre. Les guignols sont en contre-plaqué
fin. |
On voit les charnières qui sont de simples morceaux
d’élastiques enfoncés dans l’épaisseur
du bois. |
Placer le récepteur et la batterie de
manière à centrer le modèle à 37 mm
du bord d’attaque. C’est une valeur très arrière
mais c’est elle qui a donné les meilleurs résultats
après essais. De toute manière, le réglage
final doit être ajusté après les premiers
vols. La batterie tenue avec un morceau d’adhésif
double face, même déplacée de quelques millimètres
par rapport au centrage, change radicalement le comportement du
modèle. On a plus affaire ici à un vol libre assisté
qu’à une bête qui répondra au doigt
et à l’œil en se jouant des turbulences. Le
Goat doit donc être réglé pour pouvoir voler
sans qu’on ait besoin de toucher aux commandes.
L'entoilage est réalisé au Mylar. Il vaut
mieux ne pas chercher à le tendre sinon la cellule
risque de se vriller. |
Un planeur de 13 g ne vole pas en extérieur par tous
les temps. Il faut que le vent soit totalement absent. |
Pas de vent… c’est le moment !
Avec une cellule aussi frêle, il faut être très
prudent. En fait, le vent idéal est celui qu’on ne
sent même pas sur le visage ! Des essais sur une butte
de 2 mètres de haut, entourée de quelques arbres
situés à une dizaine de mètres ont montré
des qualités de vol étonnantes.
Il est très rare qu’il n’y ait pas le moindre
souffle d’air. Le visage ne sent rien, le doigt mouillé
n’est pas plus froid sur une face que sur l’autre
et les brins d’herbes s’éparpillent aux pieds
du pilote. Le seul moyen de sentir un déplacement d’air
et d’estimer sa direction est de tenir le modèle
à bout de bras, l’effet girouette indique où
il faut lancer… Une pichenette, et le Goat est alors suspendu
dans l’air, montrant tout de suite qu’il est parfaitement
pilotable et qu’il réagit très bien. Il est
aussi sensible à la moindre turbulence. Sa vitesse de vol
est à peu près celle d’un homme qui marche,
et sa finesse est quand même étonnante. Je m’amuse
à descendre un escalier aux larges marches. Il est même
possible de rattraper le planeur à la main en arrivant
en bas, après n’avoir effectué qu’une
simple ligne droite…
Un simple dénivelé suffit
pour que le Goat puisse tenir en l’air, mais le vent ne
doit pas dépasser 5 km/h.
La vitesse de vol est à peine celle d’un homme qui
marche.
Aucun espoir de réaliser la moindre figure acrobatique,
le Goat n’a aucune inertie... mais le vol est relaxant.
Côté voltige, aucun espoir. Une
action à piquer ne permet qu’une faible prise de
vitesse et l’inertie est si faible que seule une petite
abattée peut suivre. Adieu boucles, renversements et autres
figures pourtant simples. Seuls les virages serrés et la
descente parachutale sont possibles…
J’ai effectué quelques vols depuis le balcon par
une belle journée d’hiver. J’ai été
bien surpris de pouvoir enrouler par moments, et effectuer plusieurs
tours, en remontant plus haut que les yeux. C’est plaisant
mais aussi inquiétant car le toit n’est plus très
loin.
Si on sent le vent sur le visage ou que le modèle gigote
dans la main, demi-tour, on rentre à la maison car c’est
la tempête à cette échelle.
En salle, on effectue quelques virages sur un lancé, guère
plus. L’idéal serait d’avoir un petit remorqueur…
On y pense.
Reste à effectuer quelques essais au-dessus d’une
planche inclinée soufflée par des ventilateurs.
Sûr qu’il y a moyen de travailler le sujet. Les essais
chez Koamm ont monté deux choses : que l’idée
est bonne et que le Goat est encore trop grand et trop chargé
pour pouvoir virer dans la maison. Il va donc falloir effectuer
de nouveaux travaux dans la maison pour écarter les murs
ou qu’on retravaille le sujet. Affaire à suivre…
L’objectif était d’obtenir une charge
alaire la plus réduite pour tenter de faire du vol
de pente... en intérieur ! La bâche tendue
est censée représenter la pente...
|
De gros ventilos, fenêtres et Velux ouverts en grands...
Il en faudra plus pour réussir à faire du vol
de pente en intérieur... |
Contacter l'auteur : laurent@jivaro-models.org
Le
Goat en version motorisée
Salut Laurent (16 décembre
2012)
Mon copain
patrick Blanc m'a passé une petite réception
que j'ai montée sur le Bug. Il vole super bien ,
je l'ai essayé ce matin à 8 heures car il
n'y avait pas un brin de vent et chez nous, ça ne
dure pas...
Par contre, c'était tout mouillé et le balsa
n'aime pas trop ça. J'ai quand même pu faire
une petite vidéo
Pour la motorisation,
j’ai utilisé ce matériel :
Le
module d'émission Futaba SuperMicro 2.4 GHz
Le
moteur Brushless Outrunner HexTronik 2 g - 7700 Kv
Le
combo SuperMicro, récepteur, contrôleur,
et 2 servos linéaires
La
batterie 1S 160 mAh
Pour
l’hélice, je l’ai récupérée
d’un petit avion en vente dans les grands magasins,
elle fait 4,5 cm de diamètre.
Au départ, je voulais mettre le moteur dans le dos
du pilote, c’était plus esthétique,
mais j’avais des problèmes de centrage. Du
coup, je l’ai monté devant. Il est ligaturé
au fil à coudre sur un cure-dent et collé
à la cyano. Le pilote Zinzin habille bien le modèle,
en plus il tient la batterie entre ses pieds...
Pour les empenages, je n’ai pas eu le courage de les
faire en dentelle comme toi, je les ai découpés
dans du balsa 1 mm. Les charnières sont faites au
fil de pêche et cyano.
L es ailes sont entoilées avec du film étirable
de cuisine. Elles sont tenues par deux haubans en fil à
coudre. Peut-être qu’il faudrait mettre un mât
en cure-dent au-dessus pour mettre deux autres haubans,
ce serait plus rigide, mais ça marche comme ça,
alors...
Serge
Romani
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