Un remorqueur génétiquement
modifié…
Présentation : Daniel Villa
Photos de l’auteur, de Laurent Berlivet et de Pascal Favreau
Vous en avez marre des remorqueurs thermiques
qui calent en bout de piste, ou qui refusent de démarrer quand
les pilotes de planeurs commencent à se bousculer derrière
avec leurs machines à la main ? Vous voulez faire de vraies
économies ? Alors j’ai quelque chose à vous proposer…
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La puissance des motorisations
électriques est telle qu'on peut envisager la construction
de tous types de modèles. Le Bostok est un remorqueur de
2,35 m, aux lignes originales, équipé de volets de
courbure.
Cet avion est destiné à tracter des planeurs jusqu'à
4 m d'envergure et 4 kg comme l'Alpina que l'on voit ici. |
La propulsion électrique vous tente ?
Côté conception, j’ai souvent quelques problèmes
graves : Faire une caisse à voler est une idée moyennement
motivante pour moi. J’ai plutôt envie d’une réalisation
originale, genre remorqueur full options, avec de gros volets, de vrais
ailerons et une gueule attrayante ornée de fioritures en tout genre
pour épater au bord de la piste. De toute manière, les planeuristes
se fichent complètement de l’esthétique du “tracteur”,
pourvu qu’il sache remorquer correctement.
Ainsi est né le Bostok.
Une grande bouche frontale aidée par une large ouverture du cockpit
assure la circulation et l’expulsion de l’air chaud du groupe
motopropulseur qui est composé d’un moteur d’une puissance
de 1 000 watts environ, alimenté par un pack de 20 éléments,
ce qui me semble être un bon compromis poids/puissance.
Le profil d’aile choisi est le SB 12.7/3 créé par
le “docteur” Serge Barth. Sélectionné pour son
très bon comportement aux forts Cz, il excelle aussi en finesse,
me laissant espérer ainsi des retours de missions en vol plané.
Pas de technologie de pointe en matière de stockage d’énergie,
je ne pense pas qu’il soit nécessaire de passer aux accus
Li-Po pour valider le bien-fondé du concept (une technologie bien
trop onéreuse à l’heure qu’il est sur ce type
de modèle). La technologie des Ni-MH suffit amplement.
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L'aile est en polystyrène coffré. Les
noyaux sont recoupés afin d'intégrer la seconde nervure
percée pour recevoir le fourreau de clé. |
Les passages des câbles de servos sont réalisés
dans le polystyrène avec un fer à souder. |
Fabrication de l’aile
Elle est réalisée en polystyrène expansé coffré
samba 6/10 collé à la P.U., avec comme renfort structurel
juste une cravate en fibre de verre 100 g/dm² stratifiée à
la résine époxy, ainsi que les quelques renforts de puits
de servos en fibre également. Des bandes de tissu d’arrachage
d’environ 25 mm de large sont insérées entre le coffrage
et le noyau, faisant office de charnières, à l’extrados
pour les ailerons, et à l’intrados pour l’articulation
des volets. La clef d’aile est en tube dural d’un diamètre
de 20 mm. Elle mesure 480 mm de long. Un fourreau constitué de
6 enroulements de fibre de verre 160 g/m² préalablement moulé
sur la clef transmet les efforts de charge aux nervures d’emplantures
ainsi qu’aux fausses nervures qui sont toutes réalisées
en contre-plaqué 30/10. Le bord d’attaque est en samba 15x5.
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Réalisation du raccord stab/fuselage avec des
blocs de balsa. |
Le raccord après ponçage. Il n'y a plus
qu'à entoiler. |
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On voit sous le stab les deux tourillons de fixation
en tube carbone. |
Collage d'une des dérives, le gabarit permet
d'assurer une bonne symétrie. |
Les empennages
Le stab est coffré avec du Koto 4/10, toujours sur un noyau de
polystyrène. Tout comme l’aile, le volet de profondeur est
articulé suivant le principe de la bande de tissu emprisonnée
sous le coffrage. Sauf que dans ce cas il s’agit de Kevlar 62 g/m².
Une bande de fibre de verre intrados/extrados et quelques judicieux blocs
de bois dur et de contre-plaqué 50/10 se chargent des contraintes
structurelles de fixation. Les dérives sont taillées dans
une planche de balsa 50/10. Quelques renforts intégrés en
samba 5x10 assurent leur rigidité. Une fois mises en place sur
le stab, elles reçoivent chacune une jambe de force en jonc de
carbone de 3 mm. Les volets sont articulés autour de petites charnières
plates du commerce.
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Début de la construction du fuselage. Les nombreux
couples sont collés sur les flancs en balsa et contre-plaqué. |
Cintrage des flancs qui viendront se coller contre le
couple avant. |
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Assemblage du support de train sur le maître-couple. |
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Le support moteur formant l'avant de l'avion, qui avait
été dessiné pour un moteur Ultra 3300/7. |
Mise en place du support moteur et de ses gabarits avant
le coffrage monocoque du dessus. |
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Collage des 3 lisses principales qui sont
doublées de contre-plaqué fin. |
Renforcement de l'ouverture du fuselage au niveau du
cockpit, au moyen d'une feuille de contre-plaqué. |
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Les lisses sont ajustées l'une après l'autre
puis l'ensemble est soigneusement poncé. |
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Mise en place des câbles et de la prise DB9. Les
puits de servos vont être creusés. On voit aussi l'emplacement
prévu pour les cravates en fibre de verre.
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Un des supports de servos dans l'aile, réalisé
après coffrage. |
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Contrôle d'ajustement de la nervure d'emplanture
directement sur le fuselage. |
Le fuselage
Le fuselage du Bostok est constitué de flancs en contre-plaqué
de 30/10 léger 3 plis jusqu’au bord de fuite de l’aile.
Puis ils sont prolongés par du balsa 30/10 moyen. Les couples sont
de plusieurs essences : il y a du contre-plaqué 30/10 et 50/10
principalement sur la partie en avant du bord de fuite de l’aile,
en fonction des contraintes structurelles. Ensuite on retrouve pour le
reste du fuselage essentiellement du contre-plaqué de balsa 3 plis
de 15/10 largement ajouré. C’est amplement suffisant. Tout
le dessus du fuselage est ensuite recouvert par la technique du coffrage
monocoque en balsa 10x3 à la manière des plus prestigieuses
barriques à vin. Afin de répartir efficacement les contraintes
mécaniques du couple support moteur, quelques lattes de balsa 10x3
du coffrage monocoque sont préalablement doublées de contre-plaqué
4/10. Avec la puissance qui va être installée et sans cette
précaution technique, on pourrait avoir des doutes sur le collage
du couple moteur à même le friable balsa... Pour terminer,
le dessous du fuselage reçoit simplement du balsa 20/10 roulé.
Pour ce qui est du maintien pendant le collages de surface, j’utilise
simplement le scotch. Avant de passer à la suite, il faut veiller
à ce que la porte de l’atelier soit parfaitement hermétique
parce qu’on va faire pas mal de poussière. Arasage des angles
à grands coups de cutter, attention aux doigts, ponçage
général avec les plus performants papiers abrasifs qui soient.
Voilà, c’est fini pour l’instant. Discrètement
je file faire un grand plongeon dans la baignoire pour me débarrasser
de toute cette poussière irritante.
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Mise en forme du capot inférieur dans un bloc
de mousse directement sous l'avion. |
Le capot après stratification. On distingue les
renforts en mèches de carbone. |
Capot d’éjection d’accu
Le Bostok est équipé d’un capot formant un tunnel
orienté vers l’avant et vers le bas dans le but d’éjecter
le pack d’accus de propulsion en épargnant le moteur qui
sera compte tenu de sa situation technique déjà en bien
mauvaise posture dans ce cas d’urgence extrême. Ce capot sert
également à accéder au compartiment moteur. Sa fixation
est assurée par trois vis nylon M4 pouvant donc se sacrifier si
le besoin se présentait. Il est réalisé sur un moule
perdu en Roofmat à l’aide de 3 couches de fibre de verre
220 g/m² et une couche de finition 49 g/m². Après séchage,
pour renforcer les angles, le moule est creusé dans tous les coins
de l’extrudé sur 5 mm afin d’y insérer des mèches
de carbone imprégnées de résine. Après polymérisation
complète, ponçage de la surface avec du papier à
gros grain puis du papier à l’eau 400, voire 800. S’en
suit l’évacuation des gros morceaux d’extrudé
et la dissolution des résidus indésirables à grand
renfort d’acétone. Rien que du bonheur de toxicomane, super
plaisant pour les sinus…
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Stratification de différentes couches de fibre
de verre et de carbone pour confectionner le train d'atterrissage. |
Mise en forme du train dans un moule en arc de cercle.
L'excédent de matière sera recoupé après
polymérisation. |
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Le train en composite découpé à
la forme définitive. Il est à la fois souple et robuste. |
Train d’atterrissage
Alors mes amis, vous faites comme vous le sentez, mais moi quand j’en
arrive à ce stade avec un si joli fuselage, je trouve dommage de
tout gâcher avec un horrible train en corde à piano. En plus,
vu la garde au sol de près de 280 mm et une voie proche de 600
mm, ça m’étonnerait que les cordes à piano
ne se tordent pas de rire à la moindre bobosse… à
moins de mettre de la 8 mm ? Bonjour le poids… Le meilleur compromis
c’est le train en dural. Faudrait-t-il encore pouvoir trouver celui
qui aurait les bonnes cotes ou être copain avec le chaudronnier
du coin ? Devant cet embarras, j’ai réalisé moi-même
mon train en matériaux composites. Un moule en Roofmat à
la forme arquée, des couches de carbone UD, des tissus carbone
à 45°, du tissu de verre aussi à 45°, du pyjama
carbone verre, encore un peu, encore une couche… Et puis en fait,
tout ce que j’avais d’assez épais sous la main a été
balancé dans la stratification. Tout ça afin d’atteindre
un grammage avoisinant les 4,500 kg/m². Ce qui permet d’obtenir
une épaisseur de stratifié égale ou supérieure
à 5 mm. Des roues en mousse de 100 mm viennent assurer le côté
tout terrain du Bostok, bien plus efficace qu’un buggy Bullit des
années 80…
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Le moule de verrière
en Roofmat et ses renforts en bois, prêt à être
fibré. |
Plusieurs couches de fibre éviteront au polystyrène
de se déformer lors du thermoformage de la verrière. |
Finition
Après avoir consommé une quantité considérable
de produits d’entoilage thermorétractables en tous genres,
je me suis depuis peu orienté vers des produits issus de l’industrie
sérigraphique. Plus particulièrement le vinyle publicitaire
autocollant qu’on ne présente plus. Celui que j’utilise
provient des chutes d’un grand atelier de sérigraphie, il
est donc gratuit. Il pèse tout de même plus de 166 g/m²,
soit 66% plus lourd que l’Oracover standard qui ne fait lui que
100 g/m². C’est colossal, mais quand c’est gratuit, on
recouvre l’aile, les empennages et on s’en satisfait…
Pour info, on en trouve en général aux alentours de 130
g/m², c’est plus raisonnable…
Le fuselage quant à lui, est marouflé avec une couche de
fibre de verre 49 g/m² finement imprégnée. Ponçage,
peinture, etc. La déco fait encore une fois appel au vinyle autocollant.
Un baquet, une bulle, un pilote, un arceau de sécurité,
un appui-tête… Tout est bon pour faire le beau…
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Le moteur utilisé
par l'auteur : un Flyware T-Rex 10/500 qui entraîne une hélice
18"x10"
avec 20 éléments. La puissance est au rendez-vous.
Un robuste bâti moteur en époxy est disponible, ainsi
qu'un très sérieux porte-hélice. |
Motorisation
Le Bostok a été conçu autour du moteur Graupner Ultra
3300/7 d’une masse de 515 g. Mais malheureusement, il s’est
foulé l’axe dans un accident de travail (crash) chez son
ancien employeur, en l’occurrence un Alpina CS électrifié.
L’Ultra est donc en rééducation physique en attendant
de pouvoir reprendre du service. En conséquence, j’ai acquis
selon les conseils du magasin New Power Modélisme un moteur à
cage tournante type LRK à fort couple, pour entraîner des
grandes hélices à fort rendement ! Tout bénéf’.
Un Flyware T-Rex 10/500-14P. Au regard de sa très faible masse
tournant autour des 350 g, il est capable d’entraîner des
hélices de 20 pouces, c’est énorme ! Cependant, le
T-Rex 10/500 est bien trop léger pour contribuer naturellement
au centrage du Bostok. Je n’ai vraiment pas de chance et j’ai
été obligé de combler la différence avec du
plomb. C’est moche tout de même d’en arriver là
en électrique… Bref, ce moteur est piloté par un contrôleur
Hacker Master 77-0 Flight, le tout gavé par 20 éléments
NPM 3000 Ni-MH. Dans cette configuration, il entraîne une hélice
Graupner bois 18”x10” ! Attention aux doigts, ce n’est
pas une hélice Günther, ça ne rigole pas !
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En cas de choc, l'accu est éjecté vers
l'avant et entraîne le capot retenu pas des vis Nylon. |
Capot retiré, on voit que le pack d'accus peut
avancer en cas de choc sans rien écraser sur son passage. |
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Le contrôleur est un Hacker Master 77-0 Flight. |
En retirant le cockpit, on accède à la
radio et au pack de propulsion. |
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Une jambe de force vient prendre appui sur chacune des
dérives. |
Les volets de direction sont actionnés chacun
par un micro-servo placé en attaque directe dans l'épaisseur
du stab. |
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La partie arrière du fuselage. Le
stabilisateur est démontable afin de faciliter le transport. |
Le train très haut offre une garde au sol importante,
bien utile pour une grande hélice comme celle-ci. |
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Détail de la fixation du train d'atterrissage. |
Animation des gouvernes
Au début, comme un illuminé que je suis, j’ai réalisé
une commande de couplage de la roulette de queue et des volets de dérives
avec connexion automatique à la mise en place du stabilisateur.
Belle technique sur le papier et résultat très chouette
une fois assemblé dans l’atelier. Sauf que j’ai été
refroidi par le système en manœuvre, car cela se croisait
joyeusement les bras avec le palonnier de profondeur. Si une des deux
commandes arrivait en butée pour une raison X, c’est l’ensemble
des gouvernes qui serait paralysé. Vous imaginez le genre de scénario
catastrophe…
Alors finalement, chaque volet de dérive reçoit une commande
par micro-servo C351 Graupner. Solution luxueuse, mais ô combien
fiable, puisque je ne désirais pas avoir de commande disgracieuse
camouflée sous un stabilisateur du genre : “on ne m’a
pas vu, mais je traîne un max…”. Un servo Hitec HS 605BB
se charge de la profondeur et un autre de la roulette de queue. Quatre
micro-servos C3341 Graupner de 2,500 kg de couple prennent chacun en compte
les volets et ailerons. Un HS 85 MG s’occupe du crochet de remorquage.
Un récepteur tout à fait standard trouve aisément
sa place dans ce volumineux fuselage. A cela, il faut ajouter un accu
de réception genre 6 V 2200 mA Ni-MH pour nourrir tous ces passagers.
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L'aménagement "maquette" réalisé
pour le plaisir : un pilote, son rétroviseur, son marchepied... |
Le crochet de remorquage est placé juste derrière
le cockpit. |
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Toutes les commandes sont intégrées dans
l'épaisseur du profil. |
L'emplanture de l'aile. On voit la prise DB9 qui se
raccorde automatiquement. |
Réglages
- Dérive : + ou – 40 mm
- Profondeur : + ou – 25 mm
- Ailerons : haut 26 mm, bas 15 mm
- Volets 3 positions : 0°, +20°, + 45°
Le centrage est situé à 145 mm du bord d’attaque
mesuré à l’emplanture de l’aile, soit 35
% de la corde moyenne. |
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Le premier vol a été
effectué dans des conditions plutôt extrêmes
:
Température bien inférieure à 0° et un
joli tapis de neige... La puissance disponible a fait disparaître
toute crainte dès les premiers essais de roulage.
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Un premier vol “arctique”…
En cette période du mois de mars, je pensais sérieusement
que le froid serait enfin en congé, que nenni ! Laurent et moi
sommes là sur le terrain de Boissy-sous-Saint-Yon en région
parisienne comme deux pingouins sur la banquise. Une banquise recouverte
d’une épaisse poudreuse fraîche dans laquelle est planté
un avion dépourvu de tout moyen de glisse. Le froid nous gèle
les neurones et s’en prend aux batteries des appareils-photo. Cela
fait maintenant un moment qu’on traîne autour du Bostok en
ne sachant trop quoi faire, tenter de décoller ou pas, that is
the question ? Je tremble de froid c’est vrai, mais aussi de cet
énigmatique décollage façon sports d’hiver
mais sans les skis. Et pour couronner le tout, je commence à ne
plus sentir mes doigts. Alors un gros doute d’incapacité
s’empare de moi. Pas chaud du tout le gars qui n’a pas chaud
aux doigts. Allez, on va commencer par dessiner quelques sillons dans
la neige pour se rassurer. Après avoir retiré le baquet
de verrière du Bostok, la mise en place du pack d’accus de
propulsion par la large ouverture supérieure est vraiment aisée.
C’est d’un confort sans égal, parce que je me voyais
mal retourner les 4,500 kg du Bostok à chaque fois que je voudrai
changer les accus, comme on peut le voir encore trop souvent sur d’aussi
grosses machines. Tout est O.K. Branchement de l’accu, essai moteur
sans tenir l’avion car j’ai déjà assez froid
aux doigts comme ça. Le T-Rex fait un beau panache de fumée
! Ah, non pardon ! C’est la poudreuse qui se pulvérise sous
le souffle de l’hélice 18”x10” dans un silence
dont on ne perçoit que la résonance des molécules
d’air violemment cisaillées. J’exécute quelques
manœuvres de taxiage à grand renfort de manettes des watts.
Les volets de courbures baissés de 20° juste pour faire joli,
le Bostok effectue des bonds sur l’épais matelas de neige
à la manière d’un lièvre qui cherche son terrier.
Et, à force de jouer, j’ai fini par pousser un peu trop la
puissance, le décollage trois points n’a pas tardé
à se manifester sur à peine 10 m libérant les roues
du Bostok d’une engelure certaine. Dans ces conditions, je n’ai
plus le choix, je passe de suite aux trois quarts de la puissance et le
voilà dans son élément sur une pente presque verticale,
peu académique. Rétablissement à plat et réduction
de la puissance. Les premiers virages s’enchaînent facilement,
tellement facilement que j’ai l’impression d’avoir entre
les mains un avion de transition version double XL. Finalement détendu,
je commence à prendre toute la mesure de la puissance du moteur
T-Rex 10/500. L’aile du Bostok se comporte parfaitement bien et
le rendement du profil SB 12.7/3 fait complètement oublier la masse
de la machine. Les passages bas avec un filet de puissance sont d’une
déconcertante facilité sous le feu soutenu de la DCA photographique
enfin réanimée. Il fait toujours aussi frisquet et je ne
sens presque plus du tout mes doigts. Les trajectoires commencent à
devenir aléatoires et dangereuses en l’absence d’une
bonne sensation tactile. J’amorce une PTU afin d’écourter
le vol pour aujourd’hui. Les volets sont restés sortis de
25 mm tout le long de ce vol. La pente de descente est précise
au centrage indiqué. Le Bostok parachute sans histoire, et l’atterrissage
trois points s’exécute presque tout seul, laissant trois
grands sillons dans la poudreuse de la “banquise”. Vraiment
pas méchant ce remorqueur ! Vous avez dis remorqueur ? Alors où
sont les planeurs ?
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Quelques sillons dans la neige. La poudreuse vole derrière
à chaque mise des "gaz". |
Premier décollage presque imprévu malgré
la bonne épaisseur de neige qui recouvrait la piste. |
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Un cran de volets, un filet de moteur, le Bostok met
en confiance son pilote dès les premières secondes. |
Atterrissage 3 points pour éviter le cheval de
bois dans la neige. |
Et le remorquage ?
Une semaine plus tard, sur le terrain de Ribérac en Périgord
(24), tout est presque prêt pour une séance de remorquage.
Quelques planeurs attendent avec impatience ce remorqueur génétiquement
modifié. Un brin de ficelle de rôti qui traînaille
derrière le barbecue, un reste de nylon dont on ignore la provenance
dans le parc avion. Bref, mis bout à bout, on arrive juste à
une quinzaine de mètres de remorque. Ce n’est pas très
long, mais ça ira pour un premier essai. Un DG 600 de 2,80 m fera
un parfait cobaye. Une rigolade…
Alignement de l’attelage sur la piste. Le pouce levé, j’envoie
progressivement les watts, le roulage ne soufre d’aucune critique,
le train amortit bien les irrégularités de la piste, l’accélération
fait vite oublier qu’il y a quelqu’un qui traîne sur
le ventre derrière. L’ensemble prend son envol et la montée
qui suit est rapide et sans surprise. Réduction donc de la pente
de montée dans une trajectoire parabolique à une altitude
d’environ 150 m puis le planeur se largue enfin et peut alors profiter
de cette belle aérologie prometteuse. Réduction des watts,
puis en plané moteur coupé, le Bostok se comporte comme
un véritable motoplaneur. Je suis donc contraint de plonger vers
la planète pour vraiment descendre. Rétablissement et remise
de la puissance, volets rentrés à basse altitude, le Bostok
en approche, il est presque impossible d’atterrir convenablement
car l’engin allonge énormément et arrive facilement
en effet de sol sans ses appendices hypersustentateurs un minimum déployés.
C’est particulièrement dans cette situation que l’on
se rend compte du rendement du profil SB 12.7/3 qui n’a apparemment
pas été dressé pour descendre. Ce sont les inconvénients
de ses avantages... En sortant les volets de 20°, tout rentre dans
l’ordre et cela autorise aussi des décollages et des remorquages
de planeurs lents ou faiblement chargés. Les volets sortis à
45° autorisent un confort d’atterrissage ultracourt avec une
surprenante stabilité. A éviter les jours de vent soutenu,
sous peine de devoir atterrir à reculons et risquer de s’emmêler
dans la ficelle de la remorque avec toutes les conséquences que
l’on devine aisément... Côté voltige élémentaire,
le Bostok, trahi par l’absence de bruit strident, cache une importante
réserve de puissance. Le looping passe à mi-régime
avec facilité. Le vol dos est sans grande surprise et correspond
à l’attitude typique des profils dissymétrique, en
poussant modérément pour le maintenir. Tandis que le tonneau,
malgré la présence de l’empennage bidérive,
s’exécute sans désaxer. De plus, les véritables
ailerons (ce ne sont pas des fullspans !) autorisent une certaine vélocité
sur l’axe de roulis, très pratique pour sécuriser
les nombreux atterrissages qu’un remorqueur en mission officielle
est amené à accomplir.
Les autres essais de remorquage ont permis de tracter un Alpina de 3,800
kg. Ca grimpe sans aucun problème volets rentrés sur une
pente de 15° environ, et on arrive à 200 m d’altitude
en un peu plus d’une minute. Un vrai plaisir sans contrainte de
cafouillage.
Ce remorqueur associé au moteur Flyware T-Rex 10/500 forme un couple
vraiment réussi. Alors qu’est-ce que cela doit être
avec le gros T-Rex 20/560 ? Ce dernier doit pouvoir compenser utilement
le centrage de l’avion sans ajout de plomb, avec en plus une robustesse
à toute épreuve car doté d’un axe de sortie
moteur surdimensionné de 8 mm de diamètre. Il devrait permettre
aussi d’accroître la vitesse, histoire d’être
encore plus polyvalent pour tracter avec une bonne vitesse sur trajectoire
certains planeurs très chargés au dm² et équipés
de profils minces et peu cambrés.
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Premier remorquage sans surprise avec un
DG 600 de 2,80 m accroché derrière. |
Conclusion
Grâce à son très bon caractère et à
sa simplicité de manutention et de pilotage, le Bostok séduira
et deviendra vite un avion dont les clubs ne pourront plus se passer tant
la fiabilité est réelle. Remorquage fiable quelles que soient
les conditions aérologiques, sans stress de voir l’attelage
s’éparpiller en bout de piste pour cause de cafouillage moteur
(tant qu’il y a de l’énergie dans les accus, sinon
ce sera 1 point partout pour les deux modes de propulsion). Le Bostok,
c’est un remorqueur à la puissance amplement suffisante pour
tracter naturellement et en toute sécurité des planeurs
jusqu’à 4 m d’envergure et 4 kg. Equipé de dispositifs
hypersustentateurs, il peut se poser très court, prouvant ainsi
sa grande polyvalence afin de répondre à certains terrains
parfois exigus. Pas de gaspillage d’énergie entre deux expéditions
de planeurs, c’est tout bénéf’. On peut aujourd’hui
parler véritablement de remorqueur fiable, à dispositif
de démarrage incorporé.
Caractéristiques
techniques |
Nom : Bostok
Envergure : 235 cm
Longueur : 150 cm
Corde à l’emplanture : 35 cm
Corde au saumon : 20 cm
Profil d’aile : SB 12.7/3
Profil de stab : symétrique perso
Surface : 63 dm²
Masse : 4 450 g
Charge alaire : 70,6 g/dm² |
Equipement
Moteur : Flyware T-Rex 10/500-14P
ou encore mieux : T-Rex 20/560-14P
Hélice : 18”x8”, 18”x10” ou 20”x8”
Contrôleur : Hacker Master 77-0 Flight
Accu de propulsion : 20 éléments 3 000 mA Ni-MH
Accu de réception : 6 V 2 200 mA Ni-MH
Radio : 6 voies (7 servos + variateur) |
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Sujet ajouté le 6 décembre 2009
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