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Présentation : Jean-Baptiste Gallez
Il n'y a pas longtemps, dans ces mêmes
colonnes, j’avais constaté (et déploré) le
peu de représentantes de la gent féminine dans notre discipline
favorite.
J’avais alors relevé qu’en
compétition de voltige grandeur, les femmes sont souvent bien
supérieures aux hommes, et je vous avais cité Catherine
Maunoury, Patty Wagstaff et Svetlana Capanina, toutes trois multiples
championnes.
Dans tous les autres domaines de l’aviation,
des femmes ont toujours été à la pointe et ont
su se faire respecter par leurs qualités de pilotes dans ce monde,
il faut bien l’avouer, essentiellement masculin, lui aussi.
Commençons
par ma préférée :
Amélia Earhart |
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Née
dans le Kansas en 1897, Amélia se passionne pour
le pilotage après un baptême de l’air,
en 1920, en compagnie d’un de ces « Barnstromers
» qui proposaient alors des démonstrations
itinérantes de village en village. Elle travaille
comme infirmière et se paie son premier avion, un
vieux biplan jaune vif qu'elle nomma "Canary"
avec lequel elle eut de nombreux accidents. Il est vrai
que les appareils de l'époque n'étaient pas
d'une fiabilité exemplaire. |
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Elle battra très tôt un record d’altitude,
sera la première femme à traverser l’atlantique
comme passagère puis prendra sa revanche en étant
la deuxième (et première femme) à le faire
comme pilote en 1932, cinq ans après Lindbergh. Je vous passe
ses nombreux autres records et sa vie particulière, elle
disparu à tout jamais dans le Pacifique lors d’une
tentative de tour du monde en 1937. |
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Une
autre aviatrice à la vie
bien remplie est Hanna Reitsch |
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« Petit » (1,55
m) bout de femme née en 1912, c’est justement
sa taille, son poids et bien sûr ses talents de pilote,
qui vont lui valoir ses premiers records en planeur, 1932,
durée 5h30 et distance 305 km en 1936.
Wolf Hirth, le concepteur entre-autre du Minimoa, lui demande
d’intégrer son école de planeur comme
monitrice. Puis Ernst Udet, instigateur de la Lufthansa
et de la future Luftwaffe, l’engage à son tour
comme pilote d’essai.
A ce titre elle participe à la mise au point du JU87
« Stuka », du planeur géant puis avion
de transport Me 321. Elle présente dans la grande
salle du Deutschlandhalle, à Berlin, le premier hélicoptère
vraiment pilotable, le Focke Wulf FV61, et subit un très
grave accident lors des essais du premier avion à
moteur fusée au monde, le Messerschmitt ME163 Komet.
Après la guerre Hanna accumulera
encore de nombreux records en planeur et volera jusqu’à
son décès, en 1979. |
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Belge,
née en 1877, elle fut d’abord coureuse cycliste
professionnelle, elle bat le record de l'heure sur piste
en 1895, puis d’autres prix et records. Ayant tout
gagné, Elle gagne sa vie grâce à ses
acrobaties (dont des loopings), dans un premier temps à
vélo, puis en moto.
Elle essaye ensuite la "Demoiselle"
de Santos Dumont pour un tout petit vol de quelques secondes
mais qui la décide à se consacrer à
l'aviation. |
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Le 25 novembre 1910
elle reçoit le premier brevet aérien belge attribué
à une femme. Au niveau mondial elle est la deuxième
femme, après la baronne de Laroche, une française.
Le 21 décembre 1910, à Étampes,
Hélène Dutrieu à bord de son biplan Henry
Farman remporte la Coupe Femina, couvrant plus de 167 kilomètres
en 2H35.
Pilote d'essai, elle recevra la légion
d'honneur en 1913.
Hélène, appelée "Quart
de Vichy" par ses amis à cause de sa petite stature,
décède en 1961 à Paris, après une
vie où son courage était apprécié
autant que son sens de l’humour. |
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Née en 1908, c'est
à 22 ans qu'Hélène décide de
devenir aviatrice pour "venger" la mort d'un ami
de son frère, le pilote d'essai Jean Hubert. Elle
obtient son brevet de pilote de tourisme le 21 juin 1931,
puis son brevet de pilote professionnel de transport public
en juin 1932.
Avec l'aviatrice Maryse Bastié,
elle milite dès 1933 pour la cause féminine
et le droit de vote des femmes.
Elle signe un contrat avec la société
Caudron (la branche aviation de Renault) qui lui accorde
tous les moyens techniques et financiers dont elle rêve,
mais doit se plier à l'utilisation publicitaire de
son image. C'est aux commandes d'un monoplan Caudron de
140 CV qu'elle remporte le record mondial de vitesse sur
100 km, à 412 km/h et le record sur 1000 km, à
409 km/h.
Le 30 novembre 1934, Hélène
se tue lors d'un vol d'entraînement sur le Caudron
Rafale. |
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Née
en 1898, Maryse doit sa vocation d'aviatrice à son
deuxième mari, le lieutenant pilote Louis Bastié.
En 1925, elle passe son premier brevet de pilote sur la
plaine de Teynac, qui deviendra plus tard l'aéroport
de Bordeau-Merignac, mais en 1926, son mari se tue... en
avion.
Vivant de "petits boulots" aériens,
baptêmes, remorquages, elle est remarquée par
Maurice Drouhin, pilote de chez Farman et accumule de nombreux
records de durée et de distance pour lesquels elle
reçoit la Légion d'honneur et le Harmond Trophy
américain, pour la première fois accordé
à une Française.
En 1935 elle crée son école
"Maryse Bastié Aviation" et fait avec Mermoz
une traversée de l'Atlantique Sud. A peine un mois
après la disparition de celui-ci, elle relie Dakar
à Natal, seule aux commandes d'un Caudron Simoun.
Elle fut aussi une militante de l'esperanto,
cette langue universelle qui devait permettre à toute
l'humanité de se comprendre. |
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Maryse trouvera la
mort en 1952 dans le crash d'un Noratlas. |
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Née Jacqueline Douet
en 1917, elle épouse Paul Auriol, fils de Vincent
Auriol qui deviendra président de la république.
Jacqueline ne passe pas inaperçue dans les salons
parisiens. Sportive, belle, des yeux bleus immenses, elle
est considérée comme l'une des femmes les
plus élégantes de la capitale.
Après la guerre elle passe son brevet,
puis se passionne pour l'acrobatie aérienne. |
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En 1949, un accident comme passagère
d'un hydravion la laisse avec de nombreuses fractures du crâne
et défigurée. Après deux ans et une vingtaine
d'opérations, elle se remet à piloter et passe ses
brevets militaires, d'hélicoptère et de planeur.
La suite de sa carrière est principalement
marquée par la course aux records à laquelle elle
se livrera avec son "homologue" américaine, Jacqueline
Cochran.
Le 11 mai 1951, elle est sacrée «la
femme la plus rapide du monde» sur 100 km en circuit fermé
: 818 km/h.
Dès lors, la Française va livrer un chassé-croisé
sensationnel avec sa rivale, première femme au monde à
avoir franchi le mur du son. Jacqueline Auriol fait mieux qu'elle
une deuxième fois, en 1952, aux commandes d'un Mistral
(855 km/h).
Cochran se venge quelques mois plus tard à bord d'un Sabre
canadien.
Le duel entre les deux adversaires passionne les foules. La Française
est la coqueluche du pays.
La compétition entre les Jacqueline se poursuivra durant
des années. Insatiable, la Parisienne s'attaque à
un domaine réservé aux hommes. La voilà pilote
d'essais en vol (1954).
Au manche d'un Mystère-IV N, elle bat un nouveau record,
à 1.151 km/h. En 1962, elle est créditée
de 1.849 km/h sur l'avion de chasse français Mirage-III-C,
puis d'un 2.030 km/h sur le Mirage-III-R en 1963.
Mais Jacqueline Cochran, qui est devenue sa meilleure amie, aura
le dernier mot dans cette course de vitesse : l'Américaine
atteint 2.097 km/h sur un Lockheed-F-104. |
Parlons donc de Jacqueline Cochran |
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Née
en 1906, elle prend ses premiers cours de pilotage en 1932
et maîtrise rapidement les aspects techniques de l'aviation.
En 1935, Jacqueline Cochran devient la première femme
à participer à la compétition d'aviation
transaméricaine (le trophée Bendix). En 1937,
elle prend la troisième place de cette compétition
et, en 1938, elle la remporte. |
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En 1942, elle reçoit
pour mission de se rendre en Angleterre pour observer le
tout nouveau corps des Air Transport Auxiliary, formé
au sein de la Royal Air Force ; rien que des femmes pilotes
chargées du convoyage des avions des usines vers
les unités opérationnelles
A son retour aux États-Unis, elle entreprend le même
type de programme au sein de l'armée de l'air américaine.
En juillet 1943, elle est nommée directrice du Women
Air Force Service Pilots, qui fournit plus d'un millier
de femmes pilotes aux forces armées.
La suite, vous la connaissez, la Française
courant pour Dassault et l’Américaine pour
Lockheed.
Elle s’éteindra d’une
attaque cardiaque en 1980. |
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Je ne pouvais pas m’arrêter
là sans vous parler justement de ces milliers de femmes
des Air Transport Auxiliary (ATA), en Angleterre et des Women
Airforce Service Pilots (WASP), aux Etats-Unis.
L'Air Transport Auxiliary, active du 15 février
1940 au 30 novembre 1945 est créée pour assurer
le transfert des avions neufs, des avions réparés
ou endommagés entre les usines et les dépôts
de maintenance vers les aérodromes militaires en service
actif.
Ce service livra plus de 300.000 avions de tous
types, incluant des Spitfire, des Hurricane, des Mosquito, des
Mustang, des Lancaster, des Halifax et des B17 "Forteresses
volantes". |
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Savez-vous d’où vient
le "copilote" ? Question de sécurité…
NON ! Quand on a commencé à faire de "grands"
avions, la taille des volets devenait telle qu’il fallait
bien une deuxième paire de biceps pour tirer ou pousser
ce manche. Pas question, à l’époque d’assistance
électrique ou hydraulique.
Imaginez ces "faibles femmes" aux commandes
d’un bombardier de plus de 30 tonnes !
Les Women Airforce Service Pilots comptèrent
plus de 1200 pilotes et près de 100 millions de kilomètres
parcourus. |
Les tâches étaient plus variées
: convoyage, vols de réglages et d’essais, démonstrations,
remorquage de cibles pour l’instruction de la chasse et
de l’artillerie anti-aérienne, missions de recherche
…
Malheureusement, en 1944, pour des raisons économiques,
le congres leur refusa le statut de militaires (et les avantages
qui y étaient liés) et le corps des WASP fut dissout.
Mais en 1977, le président Jimmy Carter
signe la loi qui accorde aux anciennes membres du WASP un statut
militaire complet pour leurs services rendus.
Le 1er juillet 2009, le président Barack Obama et le Congrès
des Etats-Unis décerne au WASP la médaille d'or
du Congrès. Trois des 300 anciennes membres encore vivantes
sont présentes. Le 10 mars 2010, 200 membres survivantes
viennent au Capitole de Washington, D.C. pour accepter la médaille
des mains de la présidente de la Chambre des représentants
des Etats-Unis |
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Je pourrais encore évoquer
Jean Batten, Bessie Coleman, Raymonde de la Roche, Amy Johnson,
Ruth Law, Anne Morrow Lindbergh (oui, la femme de Charles), Ruth
Nichols, Jeana Yeager… mais je ne peux que vous renvoyer
à internet si le sujet vous passionne.
A ce sujet, vous mettre des liens longs à
recopier serait fastidieux, mais si vous le désirez, un
petit mail et je vous enverrai une série de liens sur lesquels
vous n’aurez plus qu’à cliquer. |
Contact : jean-baptiste@jivaro-models.org
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